C'est un grand homme de l'éducation populaire qui nous a quittés. Grand par sa stature qui en imposait, tranchant avec sa petite voix paisible, mais surtout grand par l'œuvre qui fut la sienne depuis la création, à La Seyne, de la toute première école municipale de musique il y a près de soixante ans.
Jean Arèse fut de ceux grâce à qui des générations d'enfants, d'adolescents et de jeunes, de tous quartiers, de tous milieux sociaux, ont eu accès à l'éveil aux faits culturels émancipateurs et élévateurs des consciences par la découverte et la pratique musicales, à l'effort, la rigueur et la constance dans les apprentissages, et au faire et vivre ensemble, au travers notamment de la Philharmonique La Seynoise dont il fut le chef de musique pendant six décennies, prolongement associatif de ce service public culturel seynois devenu l'un des pôles majeurs du conservatoire métropolitain.
Écrire Jean Arèse nécessiterait un très long message. Je ne m'y engagerai pas, d'autant que deux textes parmi bien d'autres rendent de remarquables hommages à Jean Arèse, rappelant le parcours exceptionnel du jeune menuisier des chantiers navals qui, après d'autres grands noms de l'art musical à La Seyne, fut de très longues années clé de voute de sa promotion pour le plus grand nombre.
Un chapitre de l'excellent livre de Marius Autran, complété en 2010 par son fils Jean-Claude, dédié à l'histoire de La Seynoise, est consacré à Jean Arèse. On peut le lire en cliquant ICI.
Et Mathieu Dalaine, journaliste à Var-matin, a également consacré un très bel article à Jean Arèse à l'occasion, il y a cinq ans, de sa dernière direction de l'orchestre de la Philharmonique. On peut le lire en cliquant ICI.
Nombreux sont les Seynois qui sont aujourd'hui dans la tristesse et entendent adresser d'affectueux messages de compassion à la famille et aux proches de Jean Arèse, à l'équipe pédagogique du conservatoire de musique qu'anime avec brio Christine Reggiani, et aux musiciens et administrateurs de La Seynoise autour de son dévoué président Frédéric Denoyer.
Note : Jean-Claude Autran ne m'en voudra pas d'avoir emprunté les images illustrant cet article à son remarquable et incontournable site Internet.
Aucune voix du conseil municipal n'avait fait défaut lorsque, après le décès de Paul Raybaud en 2015, j'avais proposé que sa mémoire soit honorée en donnant son nom à notre mairie sociale. Même les plus anticommunistes de nos collègues élus seynois reconnaissaient alors qu'il était normal que la Ville rende hommage à cet homme d'exception qui fut un résistant de la première heure et consacra le reste de sa vie à s'investir avec humanisme pour les Seynois.
Mais ce n'est plus le cas depuis que les services sociaux municipaux ont été installés, il y a quelques mois, dans de nouveaux locaux. La mairie sociale n'est plus l'Espace Paul-Raybaud. J'ai d'abord pensé que, avec les difficultés propres à tout déménagement, la question allait être traitée après le transfert. Mais non, une nouvelle signalétique a depuis été installée. Et, à sa lecture, notre mairie sociale, lieu public s'il en est, a bel et bien été débaptisée et porte désormais le nom... de la société commerciale de promotion immobilière qui avait jadis son siège en ce lieu, l'Espace Hermès.
HERMÈS, DIEU DES CAMELOTS, DRÔLE DE NOM POUR UN SERVICE PUBLIC
On pourrait sourire de la bévue, se disant que choisir pour un service public le nom du messager des divinités de l'Olympe, dieu des orateurs, des colporteurs et autres bonimenteurs, conducteur des âmes vers les Enfers, est un acte artistique d'autodérision auquel se seraient livrés les politiques locaux. Ça pourrait prendre sens si ça ne s'était pas fait au détriment de la mémoire de l'homme qui était précédemment honoré et est désormais invisibilisée.
Là, c'est choquant et la maire doit rapidement faire machine arrière. Je ne peux pas croire qu'il s'agisse d'un choix délibéré, mais c'est au moins un manque d'attention porté à l'histoire de notre commune se traduisant par un acte inconsidéré d'irrespect pour la mémoire d'un combattant de l'ombre décoré de la croix de guerre, cité à l’ordre de la XVème Région militaire, qui a grandement compté pour La Seyne tout au long de son existence. Des excuses à sa famille et à l'Association départementale des anciens combattants et amis de la Résistance dont il fut longtemps président seraient à tout le moins bienvenues.
PAUL RAYBAUD, TOUBIB SEYNOIS DES PAUVRES ET GRAND RÉSISTANT VAROIS
Je laisse aux historiens le soin de détailler qui fut Paul Raybaud. Un article complet lui est consacré sur le site Internet "Le Maitron", dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social que j'invite à consulter (EN CLIQUANT ICI). Un autre article lui est dédié sur le site Internet "Les Résistances" de France 3, que l'on peut aussi visiter (EN CLIQUANT ICI).
À leur lecture, même si on ne partage pas les idéaux communistes qui étaient les siens, voire même si on s'emploie à les combattre, on ne pourra pas justifier qu'on déshonore le souvenir d'un des tout premiers résistants des Francs Tireurs et Partisans du Var et de Provence, qui a pris toute sa part dans la lutte contre le nazisme et pour la liberté de notre pays, qui fut du lendemain de la guerre à l'heure de sa retraite un pionnier des soins pour tous au Centre médico-social municipal de La Seyne, un médecin engagé pour les pauvres et auprès des sapeurs-pompiers, et un inlassable transmetteur de mémoire auprès des jeunes générations.
Il est des erreurs qui peuvent devenir des indignités fautives si elles ne sont pas promptement reconnues et réparées. Ce doit être une leçon à mûrir pour prévenir d'autres velléités de changements de dénominations d'autres lieux et édifices publics. Surtout quand on touche à l'histoire ouvrière et sociale qui est celle de La Seyne...
Ci-dessous, l'hommage rendu à Paul Raybaud par Gérard Estragon, président de l'ANACR de Toulon, à l'occasion de son décès (article de Var-matin)...
C'est vrai que notre petit "square de l'Abbé Pierre" seynois passe inaperçu pour beaucoup de nos concitoyens.
Mais la question de sa dénomination se pose tout de même après les révélations d'accusations de violences sexuelles du fondateur de la communauté Emmaüs.
D'autant plus que beaucoup d'écoliers et écolières, lycéennes et lycéens, et familles, passent chaque jour devant cet espace urbain.
C'est pourquoi je me suis autorisé à adresser une suggestion en forme de lettre ouverte à la maire de La Seyne. Je la partage ici (cliquez sur la lettre pour l'agrandir)...
CLIQUEZ SUR LA LETTRE POUR L'AGRANDIR
Oui, la question des dénominations de lieux pour des hommages publics et toujours chose sensible. Je me souviens avoir été maintes fois sollicité, notamment par des camarades de mon parti d'alors, le Parti socialiste, pour que je propose au conseil municipal d'honorer la mémoire de Mitterrand en donnant son nom à un lieu de la commune.
Autant le président de la République qu'il fut aurait mérité qu'il fût honoré, autant son passé de vichyste en sa jeunesse me semblait l'interdire. Mais j'ai pris mes solliciteurs au mot. L'allée principale du parc Fernand-Braudel des Sablettes porte le nom de Mitterrand... mais de Danielle, née Gouze, son épouse, figure de la Résistance et de la solidarité internationale, du soutien aux droits des peuples et aux biens communs tels que l'eau dont elle rappela à La Seyne qu'elle « n’est pas une marchandise, mais un bien commun non seulement pour l’Humanité mais aussi pour le vivant », et que « l'accès à l'eau est un droit humain fondamental qui ne peut être garanti que par une gestion publique, démocratique et transparente »...
C'est un immense vide qui s'est ouvert ce vendredi pour tous ceux qui ont connu Michel Stien, un des grands pionniers de l'éducation et de l'émancipation des enfants et des jeunes à La Seyne depuis plus d'un demi-siècle.
Depuis le patronage laïque du jeudi au square Ernest-Renan, les centres aérés des vacances scolaires, l'Office municipal de l'action socio-éducative, la formation des animateurs dans les cours municipaux puis avec les Francas du Var, l'Association d'animation et d'aide à l'insertion (APEA), l'entreprise d'insertion Pro-jeunes, jusqu'à la Maison associative enfance famille école (MAEFE), l'Association vivre en famille (AVEF), la Maison intergénérationnelle de quartier (AMIQ) ou le Foyer Wallon Berthe, il n'est guère à La Seyne de structures socio-éducatives, d'accompagnement à la parentalité, de formation d'acteurs de l'animation, complémentaires de l'enseignement, que Michel n'ait fondées ou qu'il ait accompagnées, développées, promues et défendues lorsque ce fut nécessaire.
Michel Stien s'est investi sans relâche chez nous depuis cette année 1966 où, âgé de 23 ans, il fut affecté comme instituteur à La Seyne. Pour lui, l'Éducation était un tout, celle de tous les temps de vie des enfants, ceux de l'École, ceux de la vie familiale, et ceux des temps libres de la journée et la semaine scolaires, des petites et grandes vacances. L'Éducation, ce devait être l'affaire partagée des parents, de la fratrie, des enseignants, et de tous les acteurs des temps socio-éducatifs périscolaires. Si, en 2019, notre ville a été parmi les 40 premières de France à être labellisée "Cité éducative", c'est aux pionniers précurseurs dont il était qu'elle le doit.
Si tant de nous sommes, c'est parce que Michel a été. Merci.
Nous témoignons à son épouse Christiane, à sa famille, et à tous ses proches, notre très affectueuse compassion.
Ses obsèques seront célébrées ce jeudi 29 juin à 17 heures, au crématorium de La Seyne. Sa famille nous fait savoir qu'a été mis en ligne un espace privé destiné à recueillir des témoignages de ceux qui l'ont connu et tant apprécié : un message, un souvenir, une anecdote ou une photo, illustrant un moment de vie. On y accède en cliquant SUR CE LIEN.
Le magazine "Camaraderie" de l'association nationale des Francas, dont il a été un pilier au cours de soixante ans de sa vie, avait donné la parole à Michel il y a une dizaine d'années. Cliquez sur l'article pour y accéder au format original.
Veuve du poète seynois Pierre Caminade, qui a donné son nom à l'une de nos médiathèques publiques, Madeleine Caminade vient de s'éteindre.
Mon ami Gilles Triquet, adjoint en charge de la Culture et de l'Éducation du maire Maurice Paul entre 1997 et 2001, qui la connaissait de toujours, a rédigé un message chaleureux en mémoire de cette belle dame seynoise...
Se surprendre mortel…
Madeleine Caminade est décédée ces jours, elle avait 96 ans.
Professeur de sciences-éco, mariée au poète Pierre Caminade disparu en 1998, elle n’a eu de cesse de valoriser, avec succès, son œuvre. Lors de la préparation de l’ouvrage « Présence de Pierre Caminade », publication de l’Université de Toulon, sous la direction de Michelle Gorenc, elle m’écrivait : « Son œuvre résulte de plusieurs démarches, de l’élan sensorialiste à l’analyse philosophique, de la poésie au nouveau roman, de la libération de la femme à la mémoire des chantiers navals, du journalisme à la recherche, du sport à la critique d’art, de la mer à l’amour… Son écriture est énergie, la plus pertinente et la plus fervente des fidélités ».
Comme lui, elle était passionnée de littérature, de politique, d’arts plastiques.
Pour l’un de ses anniversaires – elle était née un 20 novembre – il lui avait dédié ce poème (extraits) :
Madeleine, ma miroitante au sourire d’Arc-en-ciel…
Ici et de l’ailleurs
Navigue le temps de notre amour
Encore et nie le dam.
Je garderai, Madeleine, ton souvenir, ta passion pour la culture.
Elle fut la toute première maire-adjointe à se voir confier une délégation aux « Femmes dans la ville » (*). Solange Andrieu vient de nous quitter. La Seyne est très triste.
Son engagement pour plus de justice sociale l’avait conduite à accepter des responsabilités dans l’équipe municipale de Maurice Paul (1995-2001) puis dans l'une de celles (2008-2014) que j’ai animées où elle était en charge des solidarités.
On lui doit des initiatives majeures qui perdurent aujourd’hui : les premières animations municipales autour de la journée internationale des droits des femmes, le festival initié avec l’association « Les chantiers du cinéma », devenu « Portraits de femmes » puis « Femmes ! » et désormais élargi de La Seyne à la Métropole, ou un partenariat avec l'association « Habitat et humanisme » pour la création d'une résidence temporaire d’urgence pour les femmes que les circonstances de la vie ou les violences intrafamiliales contraignaient à se retrouver sans domicile, préfigurant l’esprit de la « Maison Françoise-Giroud » d’aujourd’hui.
Solange Andrieu, ce fut aussi l’action publique communale pour nos seniors avec, entre autres, la « Semaine du bien vieillir » et la « Semaine bleue », autant d’initiatives couronnées par l’obtention par la Ville du label national « Bien vieillir, vivre ensemble ». Et ce fut enfin une vie professionnelle marquée par un dévouement à l’accompagnement des locataires de notre office d’HLM en situation de grande précarité.
Son départ en cette semaine dédiée aux droits des femmes va laisser un grand vide dans le cœur de ville de La Seyne. Sa gouaille inimitable, son franc-parler, sa franchise, sa sincérité, et son immense gentillesse, vont manquer à notre cité.
À sa famille et ses amis proches, à ses camarades communistes, ses anciens collègues et moi-même voulons témoigner de notre tristesse et notre compassion.
(*) : Sous l'intitulé "Femmes dans la Ville", car Danielle Bouron, dans ce même mandat, l'a précédée avec une délégation aux droits des femmes.
Les Seynois se souviendront longtemps de Jacqueline Bonifay, qui nous a quittés ces jours derniers à 92 ans, après une vie consacrée, comme présidente locale de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes (FNDIRP), à promouvoir le devoir de mémoire des victimes de la barbarie nazie.
Autour du Monument aux Morts, chaque dernier dimanche d'avril, à l'occasion de la cérémonie nationale du souvenir des déportés, au nombre desquels elle fut elle-même dans son enfance, elle égrenait de sa voix teintée de son accent de native de l'Alsace la funeste liste des camps de concentration et d'extermination assortie du nombre abominable de morts de chacun d'eux.
Beaucoup de nos concitoyens, écoliers ou collégiens d'hier et d'aujourd'hui, se rappelleront surtout son engagement inlassable auprès des enfants et des jeunes pour porter son témoignage vécu de la pire période qu'une idéologie abjecte a contraint des dizaines de millions d'Européens à subir, pour trop d'entre eux jusqu'à l'issue fatale. Afin que nul ne subisse plus jamais ça. C'est indispensable. L'actualité nous montre que ce n'est jamais acquis. Et Jacqueline n'est plus des nôtres pour forger les consciences et prévenir l'atroce abomination.
Parmi les innombrables souvenirs de cet investissement sans relâche, jusqu'au bout de ses forces, on se remémorera le travail mémoriel qu'elle a conduit avec l'équipe enseignante de l'école primaire Lucie-Aubrac, que je relatais dans un article de ce blog il y a près de dix ans...
« Après les cérémonies du 8 mai la semaine dernière, l'émotion était bien perceptible ce lundi matin dans le potager pédagogique de l'école Lucie Aubrac, à la cité Berthe. Avec des enfants de CM2 et leurs professeurs, Jacqueline Bonifay, Seynoise rescapée du camp de concentration nazi de Schelklingen, présidente de la fédération nationale des déportés, internés, résistants et patriotes (FNDIRP), nous avons planté le "rosier de la Résurrection" dont l'histoire est racontée sur le site des amis de la fondation pour la mémoire de la déportation.
« Après le témoignage poignant de cette belle dame âgée qui consacre beaucoup de son temps à cultiver le devoir de mémoire, notamment auprès des enfants (et qui a d'ailleurs regretté que tel collège de chez nous, jadis très impliqué dans ce type d'activités partenariales avec les associations d’anciens combattants et de victimes des guerres, lui ferme désormais la porte en expliquant que la mémoire, ce n'est pas important, et qu'il faut regarder vers l'avenir...), j’ai à mon tour prononcé une allocution et, avec les enfants, nous avons entonné "Le chant des partisans".
« Il n’est jamais inutile de donner de la solennité à ces moments. C’était le cas à Lucie Aubrac ce jour-là. Nul doute que les enseignants, avec le jalon que représente ce rosier symbole de l’aspiration à la vie des femmes internées à Ravensbrück et que les enfants vont désormais soigner, auront mille et une occasions pour, non seulement, apprendre aux jeunes les faits d’un temps tragique, mais aussi et surtout entrouvrir les portes de la réflexion.
« Merci aux professeurs et à leur directeur Éric, aux anciens de la FNDIRP, aux services communaux, et aux élus présents, Raphaëlle Leguen, Christine Sampéré, Isabelle Renier, Rachid Maziane et Christian Bianchi. Ça compte pour nos petits concitoyens. Et pour l’éveil de leurs jeunes consciences pour que vive la Paix dans le Monde. »
La Seyne pourrait, si c'était possible, honorer la mémoire de Jacqueline en donnant son nom à un lieu de notre commune. Mais les plus beaux témoignages resteront sûrement les images des enfants et des jeunes qu'elle – et d'autres – ont accompagnés dans des démarches d'éducation active sur le chemin capital de la connaissance objective des méfaits mortels de la peste brune, bien loin des nauséabondes paroles révisionnistes qui continuent de semer le doute. Certaines de ces images illustrent le présent article.
En particulier l'une des toutes dernières de ces images, qui illustre l'en-tête de cet article, celle de Néo Verriest qui a rendu visite à Jacqueline il y a quelques mois dans le centre de retraite qui l'accueillait, et qui, il y a trois ans, alors élève en classe de troisième, a rédigé un beau texte à partir du recueil de son témoignage que je m'autorise à inviter à lire en cliquant sur CE LIEN ou sur l'image ci-dessous de sa page de couverture.
CLIQUEZ POUR LIRE LE TÉMOIGNAGE
Et, peut-être, en hommage à Jacqueline, et aux millions d'autres victimes du nazisme, décédées ou marquées à vie dans leurs chairs et leurs âmes, les professeurs d'allemand des collèges et lycées de notre ville pourraient-ils apprendre à leurs élèves la version originale, en allemand, du "Chant des marais", le "Moorsoldatenlied", écrit en 1933 par les tout premiers prisonniers communistes allemands enfermés pour leurs idées au camp de Börgermoor, et, si la municipalité le permettait, le chanter lors de la commémoration du souvenir des déportés d'avril 2023...
« La mairie, que l’on appelait autrefois “La maison pour tous” est devenue à La Seyne [sous les mandats Vuillemot] la maison de la CGT. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que le maire [Vuillemot] a fait le choix d’aller à Toulon défiler avec les siens plutôt que d’être présent au Monument aux Morts où se déroulait la cérémonie d’hommage aux Morts pour la France lors de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie… », se scandalisait à mon propos dans Var-matin, en 2019, un conseiller municipal d'opposition de droite, me reprochant de n'avoir pas empêché le déploiement d'une banderole revendicative au fronton de l'hôtel de ville.
Le même élu, devenu adjoint à la maire en 2020, est désormais bien silencieux. Pourtant, la maire et la majorité municipale ont boudé la dernière commémoration rendant hommage aux morts de la guerre d'Algérie qui s'est tenue il y a deux mois. Et je ne l'entends pas plus pousser de cris d'orfraie tandis que le même syndicat de fonctionnaires territoriaux a déployé ce jeudi une autre banderole sur la façade de la mairie sociale Paul-Raybaud, qui ne doit pas revêtir pour lui le même caractère de « maison pour tous » que la mairie principale en 2019.
CLIQUEZ POUR AGRANDIR
Je ne lis pas non plus dans les colonnes du quotidien régional de déclaration offusquée du responsable du groupe du Rassemblement National qui, en cohérence avec « La Coalition » regroupant des gens de droite et d'extrême-droite qui allait remporter les élections, tenait en 2019 à peu près les mêmes propos outragés au sujet de cette banderole que son collègue de la droite républicaine : « La mairie de La Seyne n’a pas vocation à être l’officine de quelconque syndicat ou parti politique ; c’est avant tout la maison du peuple. ». Il n'était d'ailleurs pas plus présent que ses collègues de droite à la récente cérémonie d'hommage aux disparus de la guerre d'Algérie.
Si une nouvelle banderole a flotté sur la façade d'un édifice public communal, c'est qu'un mouvement social mobilise des personnels pour leur défense.
Et les deux élus donneurs de leçons, en tous cas, seraient bien inspirés de s'intéresser au sort peu enviable réservé aux fonctionnaires territoriaux du Centre communal d'action sociale qui assurent le service public des aides à domicile des personnes âgées ou en perte d'autonomie, auxquels la maire refuse le dialogue pour négocier de meilleures conditions de travail et de salaire, ce qui justifie le mouvement social qu'accompagne en ce moment la CGT, comme celle-ci défendait en 2019 les retraites, les emplois, les salaires, la sécurité sociale et les services publics.
Et de répondre à leurs légitimes attentes. On le leur doit. Rappelons-nous : ils étaient parmi les « premiers de corvée » qu'on applaudissait tous les soirs pour leur abnégation au début de la pandémie de coronavirus...
Alors que, dans toute la France, la Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc est célébrée dignement, à La Seyne la municipalité a choisi de ne pas prendre part à la commémoration pourtant officielle depuis 2012.
Le premier adjoint s'en explique dans une déclaration qui a été publiée par Var-matin. À la lire, on est frappé par le décalage existant entre la parole commune de Paix de la ministre de la Mémoire et des Anciens Combattants, honorant toutes les victimes, pieds-noirs, harkis, soldats de métier et du contingent, qui ont souffert avant et après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, et la vue étroite de la municipalité seynoise, délibérément oublieuse d'une bonne partie de ceux qui furent victimes de cette guerre.
Il n'empêche, la cérémonie s'est déroulée dans la dignité. Et les Seynois, eux, étaient au rendez-vous.
DES ABSENCES QUI NE FONT PAS HONNEUR À LA SEYNE
Les Seynois, en effet, ont répondu à l'appel de l'État, lancé par Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants, du Comité de coordination des associations d'anciens combattants et victimes de guerre de La Seyne, et de la FNACA (Fédération nationale des anciens combattants d'Algérie).
Si Hakim Bouaksa et Olivier Andrau, conseillers municipaux du groupe des gauches et de l'écologie, étaient bien présents, l'absence des élus de la majorité municipale, comme celle, tout aussi incompréhensible, de la presse locale qui "couvre" habituellement les temps mémoriels, a été mal vécue par les anciens combattants venus en nombre malgré le poids des ans que supportent désormais beaucoup d'entre eux.
UN MESSAGE MINISTÉRIEL DE CONCORDE ET DE FRATERNITÉ
En ces temps où le Monde tremble et se mobilise pour la Paix, ces absences ont résonné de façon sinistre comme celles de voix de gens refusant que se referment les plaies de la discorde, en opposition frontale au discours de fraternité de la ministre qu'a lu Christian Durand, vice-président du Comité de coordination, qui a notamment souligné que, « pour le soixantième anniversaire de la fin de la Guerre d’Algérie, la France a besoin de se retrouver sereinement en un lieu et en un temps commun, de se rassembler sans polémique autour de tous ceux qui ont été touchés par ce conflit, de faire unité autour du souvenir et de la transmission. »
On ne retiendra heureusement de ce rendez-vous manqué de nos édiles que ces paroles officielles de concorde et la ferveur des anciens combattants, jeunes Seynois appelés du contingent dans les années 1950-1960 qui ont souffert deux années dans une guerre qui ne disait pas son nom, des enfants de harkis et de rapatriés vivant chez nous qui étaient là, plaçant le vivre ensemble au-dessus des rancœurs, et de nos concitoyens pour lesquels les hommages ne peuvent être sélectifs et désireux « de regarder l’histoire en face et de faire dialoguer les mémoires ».
OUI, À LA SEYNE, LA MAIRIE ET LA PRESSE SE SINGULARISENT... (Var-matin - 20/3/22)
Leurs engagements militants les avaient conduits à se côtoyer sur les mêmes chemins conduisant à un monde qu'il voulaient meilleur. Les circonstances de leurs vies ont fait le reste. Ces deux-là, Yvette Hénaff et Jean(not) Di Pilla, ont parcouru ensemble de longues années de leurs existences, jusqu'à ces jours derniers où le destin a voulu que, après quarante ans de vie commune et à quelques heures d'intervalle, survienne le triste terme de leurs belles existences engagées au service des autres.
La Seyne vient de perdre deux de ses grands vétérans qui ont beaucoup compté.
L'un et l'autre, très investis pour porter les idéaux de la gauche communiste et humaniste, n'ont jamais failli dans leurs déterminations à faire vivre chez nous les valeurs de ces "Jours Heureux" que nous a légués la Résistance au fascisme et au nazisme et que, jusqu'au bout, ils n'ont cessé de défendre.
Ils l'ont fait dans leurs vies professionnelles comme dans leurs engagements syndicaux et bénévoles. Ils l'ont fait en acceptant de conforter de leurs sages mais actives présences les équipes du camp du progrès social qui se sont présentées aux élections municipales en 1995 (Yvette sur la liste "Du neuf pour La Seyne"), en 2001 (Yvette et Jeannot, sur la liste de la "Gauche singulière") et en 2008 (Yvette, sur la liste "La Seyne dans le bon sens" que j'animais).
Yvette Hénaff, qui avait 85 ans, a forgé sa dignité de femme debout au fer du militantisme depuis son enfance, alors que ses parents, Eugène Hénaff et Germaine Chaplain, étaient militants de la CGTU et du PCF dès avant la deuxième guerre mondiale, puis résistants très engagés dans la lutte clandestine contre l'occupant nazi. La vie d'Yvette s'est inscrite dans leurs traces.
Jean – Jeannot – Di Pilla, qui allait sur ses 94 ans, a consacré son existence professionnelle à notre corps de sapeurs-pompiers, comme volontaire depuis sa création ou presque, avec d'autres comme Marius Don qui nous a lui aussi quittés il y a quelques mois, puis en tant que professionnel jusqu'à sa retraite qui n'a pas un été un terme de son engagement de vétéran des pompiers qu'il complétait d'une implication volontaire dans la formation de nos concitoyens aux gestes du secourisme, et notamment, avec l'Office municipal de l'action socio-éducative (OMASE), de nos animateurs de centres de vacances et de loisirs.
Et tout ça dans l'humilité et la discrétion, au point qu'il m'a été impossible de dénicher des photos correctes d'eux parmi les nombreuses publications qu'on trouve sur le net...
Ce sont deux belles vies bien remplies d'empathie et de vie sociale qui viennent de s'arrêter. À leurs enfants et leur proches, à leurs amis militants et à la grande famille des pompiers seynois, La Seyne peut témoigner son affectueuse compassion.