5 décembre 2023 2 05 /12 /décembre /2023 14:07

 

Il est des dépenses publiques qui questionnent. Ainsi en est-il de récents travaux ayant  radicalement transformé l'insertion du collège Henri-Wallon de notre quartier Berthe dans son environnement urbain. Un grillage incliné anti-intrusion et des panneaux occultant la clôture sont venus donner une image d'ultra-sécurisation inutile d'un établissement scolaire qui prend des allures de camp retranché.

 

Mais que craint-on donc ? Quelle mouche a piqué ceux qui ont pris cette décision ? Quel sens donner à cette initiative qui nie le parti pris d'ouverture du collège au quartier de résidence de ses élèves qui avait présidé à la fin des années 90 à une conception architecturale et fonctionnelle support d'un projet éducatif fondé sur la réconciliation avec l'École de jeunes et de familles dont les réalités sociales, économiques et culturelles constituent pour beaucoup des freins à tirer plein parti de la belle œuvre émancipatrice de l'Éducation nationale ?...

 

 

UN COLLÈGE VOULU OUVERT À SON ENVIRONNEMENT URBAIN

 

Ça avait été en effet, il y a tout juste un quart de siècle – à peine une génération d'élèves et de parents – un choix délibéré, impulsé par l'État et soutenu par le conseil général du Var. Il fallait imaginer avec les personnels du vieux collège datant de 1969 à reconstruire, mais aussi avec les familles, les associations partenaires, les élèves eux-mêmes, un établissement conjuguant d'une part des locaux d'apprentissages scolaires "sanctuarisés", et d'autre part des espaces ouverts servant de médiation avec le quartier. C'étaient des terrains de sport accessibles hors des temps scolaires, un gymnase spécialement adapté à un usage extra-scolaire, des locaux d'animation socio-éducative, d'aide aux devoirs, d'accompagnement de la scolarité et d'appui à la fonction parentale, un auditorium pouvant offrir des événements culturels aux habitants du quartier, et des lieux d'accueil, de rencontre et d'échange entre familles et enseignants.

 

C'étaient autant de choix d'infrastructures permettant de favoriser une image positivée de l'institution scolaire, une compréhension de ses codes, dans une démarche plaçant les jeunes, pour leur réussite et leur insertion, au cœur d'une stratégie éducative globale, de tous leurs temps de vie, associant professeurs, éducateurs, animateurs culturels et sportifs communaux et associatifs, fratries et parents.

 

 

UNE ARCHITECTURE VITRINE TRANSPARENTE DE L'ÉMANCIPATION 

 

Des sommités de renom des champs de la psychologie, de la pédagogie et de la sociologie avaient pris part à "l'équipe-projet" autour des architectes choisis pour leur appropriation de cette démarche inédite d'ouverture de l'École à son environnement, Jean et Marie Parente (voir ICI la page Internet dédiée de Marie Parente). Le conseil général de l'époque – ancêtre de l'actuel conseil départemental – avait opté pour investir dans ce chantier novateur un budget une fois et demie plus important que celui dédié à la réalisation d'un collège lambda. La Ville avait apporté sa part en budget de fonctionnement des actions péri– et extra–scolaires et l'État en moyens financiers et humains spécifiques.

 

Et l'établissement a largement tiré parti de ces efforts institutionnels exceptionnels. Ses résultats en matière d'insertion scolaire et sociale sont généralement au-dessus de ceux des collèges des sites urbains vulnérables classés "éducation prioritaire". Grâce à ses espaces spécifiques, il fut pionnier des opérations "École Ouverte", "Ville Vie Vacances", "Réseau d'appui, d'écoute et d'accompagnement des parents", "contrat local d'accompagnement scolaire", et de bien d'autres dispositifs. Des visites de ministres s'y sont succédé au fil des ans, vantant l'innovation architecturale et sociale. Alors maire, j'y ai ainsi accueilli le ministre de la Ville Julien Denormandie en 2019 à l'occasion de l'obtention par La Seyne du tout premier label "Cité éducative", que la maire d'aujourd'hui a heureusement la bonne idée de poursuivre ainsi que Var-matin vient de le rappeler (voir ICI).

 

 

UN ACTE AUSSI INEFFICACE QUE LOURD DE SYMBOLE DE RELÉGATION

 

Après les baisses de moyens humains de l'Éducation nationale, son repli sur elle-même, son obstination à se recentrer – sans succès – sur les fameux "apprentissages fondamentaux" à la mode IIIème République, après les chutes des subventions départementales et communales permettant les actions périscolaires et des temps libres des associations partenaires du collège, après le refus du Département et de la Ville de considérer le quartier Berthe dans le schéma de rénovation de la carte scolaire qui permettrait la mixité sociale que la République doit à ses enfants (voir ICI), voilà qu'on vient de commettre un acte symbolique aussi stupide qu'inefficient : barricader et cacher à la vue de tous un lieu majeur de l'émancipation de ceux de nos jeunes concitoyens que certains auront désormais beau jeu de qualifier du vilain mot "d'invisibles"... 

 

Qu'en pensent Lydie Onteniente et Ludovic Pontone, adjoints à la maire et surtout conseillers départementaux du canton de La Seyne-Nord et, à ce titre, représentants du Département auprès de trois des quatre collèges publics seynois ? Ils ont le devoir de justifier publiquement ce choix inepte.

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28 octobre 2023 6 28 /10 /octobre /2023 13:21

 

Outre les nombreux maires qui expriment leur rancœur, ce sont les présidents et directeurs d'associations, notamment celles qui jouent un rôle majeur de régulation du climat social dans nos quartiers fragiles, qui doivent grincer des dents après les annonces de la Première ministre de ces derniers jours en matière d'accès à l'emploi des habitants des sites populaires urbains.

 

Malgré les demandes répétées des maires de toutes sensibilités des communes abritant des quartiers populaires vulnérables, l'État demeure sourd à la supplique de revenir sur la décision de M. Macron de 2017 mettant un terme aux dispositifs des "emplois aidés" qui permettaient depuis les années 80 à la fois aux associations et services publics communaux de conforter leurs actions sociales, éducatives, culturelles et sportives en faveur des publics les plus défavorisés et à des personnes éloignées de l'emploi de mettre le pied à l'étrier vers une formation professionnelle et un emploi durable.

 

Qu'en pensent les maires concernés de notre métropole toulonnaise ?... Leur silence, tranchant avec la colère de leurs collègues du reste du pays, est inquiétant.

 

 

LA FIN DES CONTRATS AIDÉS, PLAN SOCIAL D'UNE AMPLEUR JAMAIS VUE

 

On se souvient sûrement des "TUC" (travail d'utilité collective), suivis des "CES" (contrat emploi solidarité), puis des "CAE" (contrat d'accompagnement vers l'emploi), des "CEJ" (contrat emploi jeune) et enfin des "CUI" (contrat unique d'insertion) brutalement supprimés par décision du gouvernement macroniste jugeant, avec la logique ultra-libérale qui préside à son action, qu'il n'appartenait plus à la puissance publique de s'impliquer dans l'accompagnement des plus fragiles vers l'emploi. L'État fut alors responsable du plus vaste plan social jamais vu, concernant plusieurs dizaines de milliers de personnes. Conséquemment, des centaines d'associations, privées des ressources humaines qui leur étaient apportées par ces dispositifs, ont dû ralentir leur activité régulatrice et émancipatrice, voire mettre la clef sous la porte, abandonnant leurs publics fragiles à leur détresse. Aucun gouvernement depuis 40 ans, même le plus à droite, n'avait osé le faire !

 

 

L'ÉTAT REFUSE TOUT ACCOMPAGNEMENT PUBLIC VERS L'EMPLOI

 

Parmi les mesures que, répondant à la demande de la Première ministre après les révoltes ayant suivi la mort du jeune Nahel, les maires et présidents d'intercommunalités regroupés au sein de leur association "Ville & Banlieue" lui ont proposées (voir ICI), il en était une qui visait à corriger le tir de la compression budgétaire malveillante qui a conduit à la suppression de plus de 400.000 emplois d'insertion : « remettre en place les “emplois aidés” pour les associations et les services publics locaux et d’État, à raison de 100.000 par an pendant trois ans. »

 

Cette demande simple a été purement et simplement balayée par le gouvernement, comme d'autres visant à lutter pour l'accès à l'emploi des habitants des quartiers fragiles : « abonder de 20 millions d’euros le budget pour pérenniser les “Territoires zéro chômeur de longue durée” [refusé !] et habiliter 50 nouveaux territoires [refusé !], en parallèle au confortement des actuelles “cités de l’emploi“ et leur doublement sur trois ans [refusé !]. »

 

 

LE NÉO-LIBÉRALISME NE RÉSOUDRA RIEN

 

Les quelques "mesurettes" (voir ICI) annoncées par la Première ministre « pour le plein emploi » (sic, il faut oser !) fourmillent de termes qui ont dû faire glousser d'aise le président de la République, boss de la "start-up France" et les ultra-riches qu'il sert abondamment : travail indépendant, Entrepreneuriat Quartiers 2030, bourse French Tech, entrepreneurs à potentiel, Team France Export, projets à l’international, option « entreprenariat » dans les lycées, classes prépas Talents, « Les entreprises s’engagent pour les quartiers », etc.

 

Mais rien, aucune annonce, aucun programme, aucune échéance, aucun budget, pour tenir la main des plus nombreux, ceux qui sombrent dans la désespérance, dont les meurtrissures sociales les rendent incapables d'entreprendre ou même oser l'imaginer, et les soutenir pour qu'ils (re)mettent le pied à l'étrier afin de chevaucher vers un regain de confiance en eux-mêmes, la formation, l'emploi assisté, et enfin le travail durable, leur permettant de (re)devenir des hommes et des femmes debout, empreints d'une dignité (re)trouvée, gage d'un simple statut de citoyen, de parent, d'être social.

 

 

ÉLUS ET ACTEURS ASSOCIATIFS ET DE L'ÉCONOMIE SOLIDAIRE DE LA SEYNE, ÇA VOUS CONVIENT ?

 

Moi, ça me révulse, comme – la presse nationale s'en fait l'écho depuis ces annonces de pacotille – ça indigne beaucoup d'élus locaux de droite comme de gauche, et d'acteurs associatifs et de l'économie sociale et solidaire. Quel mépris pour les quelque six millions d'habitants de nos territoires urbains précaires qui ne demandent qu'un peu de cette équité que la Nation leur doit !

 

Et j'avoue avoir de la peine à supporter le silence assourdissant des élus communaux et responsables associatifs et de l'économie sociale en responsabilité sur le territoire de La Seyne face au dédain indigne que l'État manifeste à l'endroit des publics dont eux-mêmes s'occupent pourtant au quotidien.

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2 novembre 2022 3 02 /11 /novembre /2022 07:55

 

Il aura fallu une décision de justice pour que le ministère de l'Éducation nationale soit contraint à publier le classement des collèges et écoles élémentaires en fonction de “l'indice de position sociale” (IPS) des familles des élèves, qui mesure la situation sociale des jeunes face aux apprentissages pour chacun des établissements scolaires du pays.

 

Ce que l'on savait intuitivement pour La Seyne est largement confirmé. Chez nous, ça va presque du simple au double (IPS de 67 à 120 pour les écoles et de 69 à 116 pour les collèges). Malgré ce, les écarts de réussite des collégiens dans leur scolarité sont relativement moindres : de 81 à 94% de réussite, selon nos collèges, à la session 2021 du Diplôme national du brevet. L'accompagnement éducatif compense à l'évidence en partie les inégalités sociales.

 

Mais en partie seulement. Et la promesse républicaine d'égalité pourrait être bien meilleure si certains choix, nationaux mais aussi locaux, étaient faits avec un peu plus de courage politique...

 

 

DES INÉGALITÉS SOCIALES EN PARTIE COMPENSÉES PAR UN ACCOMPAGNEMENT FORT

 

La Seyne a une situation que ne connaissent pas nos communes voisines (Ollioules, Saint-Mandrier et Six-Fours) dont les indices de position sociale sont tous supérieurs ou égaux à l'indice moyen en France (102).  C'est certes aussi le cas du collège Jean-L'Herminier des Sablettes (113) et du collège privé confessionnel Sainte-Marie (116), mais l'impact de la pauvreté de beaucoup de familles est patent aux collèges Marie-Curie (90) et Paul-Éluard (93) du centre-ville, et surtout au collège Henri-Wallon (seulement 69) du quartier Berthe.

 

Heureusement, les taux de réussite scolaire ne sont pas calqués sur les indices de position sociale. C'est grâce aux stratégies des équipes éducatives, soutenues à Berthe par les moyens alloués par l'État au titre du Réseau d'éducation prioritaire renforcé (REP+), à l'accompagnement des élèves et des familles par le service municipal de la jeunesse, les bénévoles et professionnels de remarquables associations socio-éducatives trop souvent méprisées voire malmenées, et le sérieux et les efforts des écoliers et collégiens eux-mêmes, pour certains dans des conditions de vie peu propices au travail personnel et qui ont, plus qu'on ne le croît, conscience que leur future insertion sociale, professionnelle et citoyenne passe par l'École de la République.

 

 

LA VILLE A SON RÔLE RÉPUBLICAIN À JOUER, MAIS...

 

Fussent-ils encourageants, les résultats témoignent néanmoins de différences trop importantes selon la réalité sociale des familles et leurs quartiers de résidence. On ne peut se contenter du statu quo. C'est pourquoi les responsables politiques locaux doivent avoir le courage de faire bouger les choses. Mais l'ont-ils ?...

 

Pourquoi la maire de La Seyne a-t-elle abandonné le combat que j'ai entamé pour que le centre-ville soit, comme Berthe, reconnu Réseau d'éducation prioritaire et donc doté de moyens éducatifs supplémentaires, alors qu'une partie significative des enfants des écoles Anatole-France, Amable-Mabily, Jean-Baptiste Martini et Jules-Verne, et donc des adolescents des collèges Marie-Curie et Paul-Éluard, vivent dans un quartier paupérisé fragile, reconnu comme tel par l'État lui-même ?

 

Pourquoi a-t-il fallu de longues manifestations des enseignants et des parents d'élèves pour obtenir de la maire de La Seyne qu'elle revienne sur sa décision d'enterrer la reconstruction des écoles Amable-Mabily et Jules-Verne, faisant perdre plusieurs années au programme prévu et budgétisé, indispensable à l'amélioration des conditions d'apprentissage des enfants du centre ancien ?

 

Pourquoi la maire de La Seyne a-t-elle choisi de fragiliser les budgets des deux centres sociaux et culturels du centre-ville et de Berthe, donc leurs capacités à accompagner la réussite éducative des jeunes, en instaurant un mode de calcul inique des financements qui leur sont dus au titre du partenariat existant entre la commune et la caisse d'allocations familiales ?

 

 

LE DÉPARTEMENT FAUTEUR ASSUMÉ DE SÉGRÉGATION

 

Et pourquoi la maire de La Seyne, vice-présidente du Conseil départemental du Var jusqu'à ce qu'elle ne soit pas reconduite à cette fonction il y a quelques jours, a-t-elle accepté que disparaisse comme par enchantement la « partie 4 » de l' « Étude prospective et de modification de la sectorisation des collèges publics de La-Seyne-sur-Mer » commandée par le Département, responsable de la sectorisation des collèges, qui proposait trois scénarios de refonte des secteurs seynois mais stipulait aussi que « aucun de ces scénarios ne permet véritablement de favoriser la mixité sociale du collège Jean l’Herminier. La répartition des PCS en part, reste équivalente à celle observée dans le secteur de recrutement actuel. Pour favoriser la mixité sociale dans ce collège (c’est-à-dire rééquilibrer le nombre d’élèves issus des PCS très favorisées et défavorisées), il faudrait envisager un remaniement complet de la sectorisation à l’échelle de la Ville avec des transferts entre les parties nord et sud de la ville. Plusieurs scénarios visant à améliorer la mixité sociale au sein des collèges de la Seyne ont été élaborés (cf. partie 4). » ?... Mais la fameuse « partie 4 » s'est mystérieusement évaporée...

 

Le brassage des jeunes des quartiers si divers de la commune, avec leurs potentiels respectifs, dans les quatre collèges publics, avec maintien des moyens d'accompagnement du Réseau d'éducation prioritaire répartis en fonction des besoins et une amélioration et une adaptation des dessertes de transports collectifs, aurait sûrement permis à l'École de la République de remplir pleinement sa mission égalitaire, les adolescents les plus à l'aise avec les codes scolaires jouant un rôle d'émulation des plus en difficulté, sans que ça ne leur nuise, ainsi qu'en attestent les réalités des écoles des campagnes où la fille du notaire côtoie le fils de l'ouvrier agricole. C'est, au-delà de la dimension scolaire, ce qui fait de l'École le creuset de la citoyenneté et prévient les enfermements sur soi, les communautarismes, les exclusions.

 

 

À SATISFAIRE LES BOURGEOIS, ON FAIT LE LIT DE L'EXCLUSION 

 

Mais de ça, il semble que, dans le Var, on n'en veuille pas. Et l'État complice l'accepte, se dissimulant derrière la décentralisation ayant accordé aux collectivités la compétence de la sectorisation scolaire. Pire, avec les choix adoptés à la rentrée 2022 au prétexte de "désengorger" les effectifs du collège des Sablettes, on a accru la ségrégation sociale et scolaire.

 

On caresse ainsi dans le sens du poil certaines familles – "bonnes électrices" ?... – qui se délectent dans l'entre-soi de la bourgeoisie locale. Mais on abandonne des centaines d'autres à leurs difficultés. Et on fait le lit de cette extrême-droite qui, ici comme ailleurs en Europe, est plus que jamais aux aguets.

 

 

J'ai chipé le dessin d'en-tête de cet article sur le site Internet https://www.le-prisme.fr. Je peux le retirer sur simple demande.

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31 décembre 2021 5 31 /12 /décembre /2021 12:01

Ce sont des centaines, pour ne pas dire des milliers, de Seynois qui, dans leur enfance ou leur jeunesse, ont profité de l'action éducative qu'ils ont conduite. Le destin a voulu que Marcel Djian, Claude Fiorenzano, André Masse et Gisèle Soriano nous quittent tous quatre en cette fin décembre.

Avec eux disparaît une part importante de la grande équipe seynoise de ces porteurs indispensables d'une vision ouverte de l'éducation qui transcende la seule instruction que dispense l'École, pour considérer l'enfant ou le jeune dans sa globalité, dans tous ses temps de vie, afin de le guider dans la construction de sa propre émancipation par une démarche éducative active, vers une insertion professionnelle, sociale et citoyenne.

 

Marcel DJIAN s'est investi bien au-delà de sa fonction d'enseignant et de directeur d'établissement primaire au sein de notre Caisse des Écoles, cet indispensable organisme historique qui, à La Seyne, a permis depuis la Libération de 1945 d'offrir à des milliers de nos jeunes concitoyens, de tous quartiers, de toutes origines, de toutes situations sociales, des temps éducatifs de vie collective, en centres de vacances, en accueils de loisirs, en classes de découvertes, autant de situations permettant d'apprendre autrement, d'expérimenter, de se socialiser, de coopérer, de s'ouvrir aux autres, à de nouveaux espaces et à d'inédites humanités. Il siégea également au conseil municipal en 1983, dans l'équipe de Maurice Blanc.

 

Claude FIORENZANO aurait pu s'en tenir à conduire avec sérieux et constance sa fonction de professeur d'anglais jusqu'à la fin de sa carrière qu'il a terminée au collège de Six-Fours. Mais il a choisi de transmettre aux jeunes générations sa passion pour la langue, la culture et les traditions provençales. Si les Six-fournais se souviennent des cours de lengo nostro qu'ils dispensait aux élèves de son collège et de sa belle implication au sein de l'association “Lou Raioulet”, les Seynois doivent à cet érudit – et à Mme Meiffret-Alziary et MM. Brémondy et Merle – les cours de provençal organisés à partir des années 70 au Centre Culturel Jacques-Laurent par l'Office municipal de la culture et des arts. Nombre de jeunes fréquentant alors les associations socio-éducatives seynoises ont pu bénéficier de premières initiations à la langue occitane.

 

Principal du collège Henri-Wallon lors de la création des zones d'éducation prioritaire, dans les années 80, André MASSE a marqué de son empreinte visionnaire les stratégies éducatives en faveur des adolescents de notre quartier Berthe. Il a perçu l'importance de l'éducation de tous leurs temps de vie, renforçant l'accompagnement de la scolarité par la diversification pédagogique, et intégrant l'absolue nécessité de l'ouverture de l'École au quartier et à la ville, et de la réconciliation avec l'École des collégiens et de leurs familles. Avec lui, le collège s'est mis à vivre et à bouillonner d'activités avant et après les cours, les mercredis, les week-ends et les vacances. Lieu d'accueil socio-éducatif, activités culturelles et de loisirs, sorties et séjours scolaires et des temps de congés, accompagnement de l'exercice de la fonction parentale, soutien scolaire, sont autant de leviers émancipateurs qu'il a impulsés, mobilisant enseignants, animateurs, parents, dans une démarche qui s'est pérennisée avec le Foyer Wallon-Berthe et perdure aujourd'hui avec l'Espace Jeunes Wallon du Centre social et culturel Nelson-Mandela.

 

Figure pionnière, dès sa création en 1982, du Centre d'action municipale pour l'emploi et la formation des jeunes (CAMEF-Jeunes), aujourd'hui devenu la Mission intercommunale action jeunes (MIAJ)Gisèle SORIANO a été l'une des importantes chevilles ouvrières de cette initiative municipale qui a vu le jour dès l'annonce des premières mesures en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes de 16 à 18 ans prises par le premier gouvernement de gauche de la Ve République. Connue et reconnue par des centaines de jeunes pour ses capacités d'accueil, d'écoute, d'aide à la définition d'un projet de formation vers l'emploi, d'encouragement et de suivi des stages, sessions et démarches en direction des employeurs, elle a déployé durant deux décennies son talent et son engagement pour que, malgré la crise économique qui allait frapper La Seyne à la fin des années 80 et qui perdure aujourd'hui, le maximum de nos jeunes concitoyens puissent trouver des voies pour mettre le pied à l'étrier vers l'emploi et une existence d'adultes émancipés.

 

Oui, douloureuse fin de 2021, quatre belles personnes s'en sont allées. Nombre de jeunes Seynois aujourd'hui adultes leur doivent beaucoup. La Seyne doit témoigner sa compassion à leurs familles et leurs proches.

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24 octobre 2021 7 24 /10 /octobre /2021 03:36

Après « l'Appel de Grigny » lançant un cri d'alarme pour la banlieue, des maires, dont j'étais, ont coopéré en 2018 pour produire le « rapport Borloo » formulant au Président de la République des propositions pour amplifier les efforts des institutions publiques en faveur des habitants des quartiers populaires urbains fragiles.

Parmi celles-ci, dans un esprit prolongeant vers l'insertion professionnelle celui des « cités éducatives » que nous avions également imaginées, figurait notre « programme 07 », qui a en partie été retenu par le gouvernement sous le vocable de « cités de l'emploi ».

L'État a proposé à La Seyne de bénéficier du dispositif des « cités de l'emploi ». Et la Ville l'a accepté. C'est une bonne chose.

Quand je pense qu'on me reprochait alors chez nous de consacrer du temps à plaider au niveau national la cause de nos territoires vulnérables, je me dis aujourd'hui que ce n'était peut-être pas du temps si perdu que ça...

 

Le quotidien Var-matin a relaté l'entente qui a été scellée entre l'État, la commune, l'agence territoriale de Pôle Emploi, et de nombreux partenaires : sept institutions publiques, vingt-et-une associations et trois entreprises d'insertion.

C'est en effet par un investissement global mobilisant tous les acteurs pouvant concourir à l'insertion sociale et professionnelle que pourra être gagnée la bataille de l'émancipation de tous par l'accès à un travail.

 

ET LES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES, PATRONALES, SYNDICALES ? 

Et c'est pourquoi, sauf à ce qu'elles aient été malencontreusement omises par le journaliste ou le service de presse communal, on peut à bon droit se questionner sur l'absence de certaines structures qui auraient pourtant toute leur place dans le dispositif.

Bien sûr, peut-être ont-elles été sollicitées et n'ont pas répondu à l'invitation à s'impliquer. Mais, si tel n'était pas le cas, on ne pourrait que regretter de ne voir parmi les partenaires du comité de pilotage la Chambre de métiers et de l'artisanat du Var, la Chambre de commerce et d'industrie du Var, l'Association pour le développement des entreprises de Toulon Ouest (ADETO), les organisations patronales, et les syndicats de salariés, autant d'acteurs qui semblent pourtant incontournables pour l'emploi.

 

ET LES STRUCTURES DE LA VIE DES QUARTIERS ET LES ASSOCIATIONS SOLIDAIRES ?

On peut se faire la même remarque s'agissant des instances dédiées à l'exercice de la vie citoyenne, en prise directe avec les habitants, telle que les Comités d'intérêt local (CIL) du centre-ville et du nord, les conseils de quartier de ces mêmes territoires urbains, et les conseils citoyens de ces deux sites prioritaires seynois qui sont pourtant des instances devant obligatoirement, de par la loi, être associées à la conduite des programmes relevant de la politique de la ville.

Et il en est de même d'associations agissant sur le terrain des lieux de vie des personnes les plus éloignées de l'emploi qui, comme les autres qui figurent dans la liste publiée, peuvent utilement jouer des rôles de médiateurs entre les potentiels bénéficiaires du dispositif et les offres de programmes de la « cité de l'emploi » destinés à les aider à mettre le pied à l'étrier vers une insertion professionnelle. On peut penser au Centre social et culturel Nelson-Mandela, à l'Association maison intergénérationnelle de quartier (AMIQ), désormais centre social du centre-ville, et les associations "D'un cœur à une main""Les restos du cœur", le Secours populaire, le Secours catholique"La gamelle pour tous" ou "Sud Fraternité", et d'autres.

Mais peut-être la porte ne leur est-elle pas fermée ?...

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Publié par Marc Vuillemot - dans Formation - emploi et insertion
1 juin 2021 2 01 /06 /juin /2021 09:01

Certains se souviennent peut-être des ETAPS, les "Espaces territoriaux d'accès aux premiers savoirs". D'autres ont entendu parler des "chantiers d'insertion". C'étaient des dispositifs destinés aux personnes les plus éloignées de l'emploi, pour des raisons diverses, depuis les aléas de vie jusqu'au déficit de formation initiale nécessaire à l'accès à un parcours de qualification, en passant par les ségrégations de tous ordres ou les manques de repères quant aux codes sociaux indispensables à une insertion réussie dans le monde du travail.

Bien que la formation professionnelle soit une compétence des Régions, la majorité de MM. Estrosi et Muselier a estimé que ces dispositifs étaient trop coûteux pour un résultat médiocre et, finalement, relevaient plutôt de l'action sociale, donc des Départements.

Et, sans tenir compte de l'humain, ils ont décidé brutalement de cesser de les financer, laissant sur le carreau plusieurs milliers de Provençaux parmi les plus fragiles...

 

70% D'ACCÈS À L'EMPLOI RÉUSSI, SINON RIEN !

Après avoir supprimé, dans les mois qui ont suivi leur élection, les aides régionales aux formations des jeunes gens "sous main de justice", pour lesquels une perspective d'insertion professionnelle constituait un atout pour prévenir de nouvelles ruptures sociales et des risques de récidive, MM. Estrosi et Muselier ont franchi dès 2017 un nouveau pas vers l'abandon des plus en difficulté des Provençaux. Les deux présidents LR successifs de la Région Provence ont considéré que, si elles ne débouchaient pas sur 70% de retour ou d'accès à l'emploi, les formations ne seraient plus soutenues par la Région.

Mais les ETAPS, comme les deux derniers termes de leur intitulé l'indiquent, étaient des sessions destinées à préparer des personnes à très bas niveau scolaire, et même illettrées pour certaines d'entre elles, à acquérir les "pré-requis" de savoirs de base nécessaires à l'entreprise une formation professionnelle. Évidemment, pour ces publics, l'objectif de 7 sur 10 ayant trouvé un emploi était impossible à atteindre. Un article de "MarsActu" détaille la situation dramatique que cette décision scandaleuse a générée pour plusieurs milliers de nos concitoyens.

 

LA SOLIDARITÉ, CE N'EST PAS L'AFFAIRE DE LA RÉGION. CIRCULEZ !

L'année suivante, M. Muselier a opté pour poursuivre dans la voie bien peu guidée par la fraternité républicaine qu'avait initiée M. Estrosi. C'était au tour des "chantiers d'insertion" de subir les affres d'une logique comptable ne faisant aucun cas des plus fragiles. Pour ces dispositifs, si les perspectives d'accès à l'emploi étaient meilleures que pour les ETAPS (environ 43%, contre 12% pour les premiers), non seulement l'objectif de 70% de parcours réussis était inatteignable, mais, de plus, il était carrément estimé qu'ils ne constituaient nullement des outils de formation, mais des mesures de solidarité sociale ne pouvant pas relever de la compétence régionale. Ce furent plusieurs autres milliers de bénéficiaires qui firent les frais de cette décision inique.

Avec les choix de M. Muselier de désengager la Région des "contrats de ville" assurant l'accompagnement social des habitants des quartiers populaires, ce sont là deux autres décisions politiques de classe, prises abruptement, sans concertation avec les acteurs sociaux des territoires. Un abandon pur et simple d'autres milliers de Provençaux.

 

Déjà, MM. Estrosi et Muselier devaient estimer avec leur futur nouvel ami M. Macron qu'il suffisait de traverser la rue pour trouver du boulot. Un point de vue, est-il utile de le préciser, que partage l'extrême-droite qui, dans son programme populiste, ne dit évidemment pas un mot de la formation professionnelle.

D'ailleurs, ces décisions bien injustes ont été prises avec l'assentiment des élus régionaux du RN dont le nouveau chef de file, M. Mariani, a le même parcours que M. Muselier, du RPR à LR en passant par l'UMP, tous deux ministres de MM. Chirac et Sarkozy, comme l'a rappelé à raison ce lundi Jean-Laurent Felizia, tête de liste du Rassemblement écologiste et social, seule alternative porteuse de vraies valeurs républicaines.

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Action régionale Formation - emploi et insertion
23 mai 2021 7 23 /05 /mai /2021 05:20

La formation professionnelle est une des compétences des Régions. Avant la réforme de l'apprentissage imposée par le gouvernement de M. Macron en 2018, on comptait presque 32.000 apprentis en Provence Alpes Côte d'Azur. On n'en dénombre aujourd'hui que 27.000.

M. Muselier, président de la Région, n'avait pas été le dernier à s'insurger – à juste titre – contre cette réforme lorsqu'elle avait été votée. Il alla même jusqu'à menacer de stopper les investissements régionaux pour les Centres de formation d'apprentis (CFA), pressentant à raison que l'État allait leur occasionner un rude coup de frein budgétaire.

C'est pourquoi ce serait cocasse de connaître le contenu des discussions sur le sujet qui ont dû se tenir entre "Républicains" et "Marcheurs" pour parvenir à l'accord intervenu entre eux pour construire un projet commun, porté par une liste unique LR-LREM, en vue de l'élection régionale du mois prochain. Le mariage de la carpe et du lapin...

 

L'apprentissage a en effet été brutalement privé de ressources publiques par le gouvernement néolibéral de MM. Macron et Philippe. Il a été privatisé car transféré des mains des collectivités locales publiques que sont les Régions aux organisations patronales.

Certes, les certifications demeurent nationales, mais les référentiels de formation et d'examens sont désormais fixés en fonction des desiderata du patronat. Et, surtout, les formations proposées le sont à présent en fonction des besoins de l'immédiat des entreprises du territoire, assurant peut-être une efficacité opérationnelle pour les futurs professionnels, mais délaissant les savoirs associés, comme les matières générales, qui éveillent les consciences et facilitent les changements de parcours.

Ceci étant, ce n'est sûrement pas sur ces points que M. Muselier a réagi lorsqu'il s'est élevé contre la réforme. Lui-même n'avait-il pas déjà supprimé les Espaces territoriaux d'accès aux premiers savoirs, nécessaires à la (re)mise à niveau des décrocheurs scolaires et des allophones avant qu'ils n'entreprennent leurs formation ? N'avait-il pas modifié les critères pour répondre aux appels d'offres de formation en rendant prépondérant le prix et en imposant un engagement d'un retour à l'emploi pour 7 sur 10 des formés  ? Ne plaçait-il déjà pas la formation au service du patronat plutôt que de l'individu ? En ce sens, il n'était pas loin d'embrasser les mêmes orientations que celles de Mme Pénicaud, la ministre du travail à l'origine de la réforme. Qu'est-ce qui le motivait donc pour revendiquer haut et fort de garder la main sur l'apprentissage ?

En tout état de cause, selon le site Internet de référence "L'apprenti", il y aurait aujourd'hui en Provence 27.186 apprentis, formés dans 216 structures d'apprentissage, soutenues par une dotation de l'État de 11,2 millions d'euros. Avant la réforme, c'étaient environ 5.000 apprentis de plus, dans 44 sites de formation de plus, avec dix fois plus de recettes publiques. C'est une sacrée dégringolade.

Mais M. Muselier est désormais silencieux sur le sujet de l'apprentissage. Pour ne pas fâcher ses nouveaux alliés "Marcheurs" ?...

 

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Formation - emploi et insertion
17 mai 2021 1 17 /05 /mai /2021 07:02

44 pages de bilan de M. Muselier, président de notre Conseil régional, qui sera renouvelé en juin prochain. 44 pages... et pas une ligne sur l'action régionale en direction de 512.000 de nos concitoyens, les plus vulnérables, représentant 10,3% de la population de Provence Alpes Côte d'Azur, ceux qui résident dans les sites urbains fragiles qu'on appelle les "quartiers prioritaires de la politique de la ville", les QPV.

Il est vrai que M. Muselier a raison de faire profil bas. Cas unique en France, la région provençale a en effet choisi de supprimer brutalement, sans préavis, les soutiens qu'elle apportait aux intercommunalités, communes, associations et acteurs économiques de l'insertion sociale et professionnelle dans le cadre des "Contrats de Ville", ces dispositifs conjuguant les efforts des territoires et de l'État pour l'accompagnement des plus pauvres, résidant dans nos grands ensembles d'habitat social et nos centres anciens dégradés.

Ça vaut bien la peine que M. Muselier mette en exergue de son bilan les valeurs du serment des médecins engageant à s'occuper de « tous ceux qui en ont besoin », et du gaullisme, « le respect et le rassemblement de toute la France dans sa diversité et son indispensable unité », « sans jamais laisser personne au bord du chemin »...

 

Après certains départements, comme le Var, qui se sont désengagés depuis des années de ce qu'on appelle "la politique de la ville", c'est en 2018 que, sans tambour ni trompette, la Région a annoncé qu'elle retirait aux acteurs de terrain qui luttent contre les discriminations et pour la compensation des inégalités socio-économiques les aides qu'elle leur apportait et qui couvraient environ 20% du coût de leurs actions.

La présidence Muselier, ça aura été la fragilisation de mesures en faveur de l'éducation dès le plus jeune âge, l'accompagnement de la scolarité, l'appui à la fonction parentale, la prévention de la délinquance, les parcours d'insertion vers l'emploi, l'accès au logement, à l'énergie, aux mobilités, à la santé, au droit, à la culture, aux sports, aux loisirs socio-éducatifs, à l'égalité hommes-femmes, à l'inclusion dans la vie de la cité des anciens et des handicapés, à la citoyenneté active.

La présidence Muselier, ça aura été l'affichage d'une forme de mépris des milliers de nos concitoyens provençaux, bénévoles, professionnels, vacataires volontaires, qui constituent l'épine dorsale d'un monde associatif engagé sans relâche au quotidien auprès des plus humbles, notamment de notre monde urbain, et qui ont pourtant grand besoin d'être soutenus.

La présidence Muselier, ça aura été, malgré les belles paroles fraternelles introduisant son bilan, l'abandon à leur sort d'un demi-million de Provençaux.

 

À la lumière de ce triste élément de bilan, on peut comprendre le rapprochement, fût-il chaotique, des "Républicains" et des "Marcheurs". M. Muselier fait sien le slogan affiché par M. Macron en 2018 à l'Élysée, lorsqu'il a balayé d'un revers de main devant une salle médusée les propositions des élus locaux et des acteurs associatifs et de l'économie solidaire pour une redynamisation de la politique en faveur des quartiers populaires.

Après le méprisant « Je traverse la rue et je vous trouve un travail », c'était « La France, une chance pour chacun », sous-entendu... débrouille-toi.

Ce que proposent les gauches et l'écologie réunies, c'est au contraire en substance  : « La Région républicaine, une assurance pour tous ». Un tout autre point de vue solidaire dont doivent se saisir en juin ceux qu'on a laissés sur le trottoir d'en face, pour peu qu'ils trouvent encore la force d'aller voter...

 

 

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6 mars 2021 6 06 /03 /mars /2021 14:39

La presse nationale évoque un sujet qui, entre autres villes, concerne La Seyne et Toulon : la grande difficulté, risquant d'être fatale, que traverse la structure support d'une belle initiative conjuguant une perspective d'information valorisante des quartiers populaires fragiles et un projet de formation professionnelle vers les métiers du journalisme pour plusieurs centaines de jeunes gens résidant dans ceux-ci.

« L'@gence2 des quartiers » est une initiative lancée il y a un an dans une quinzaine de villes populaires françaises. Comme beaucoup de maires, j'y ai vu un grand intérêt. La Seyne avait en effet été choisie par ses initiateurs pour accueillir une de ses agences. Hélas, le projet semble sur le point d'avorter, risquant de réduire à néant les espoirs des jeunes qui y ont cru et s'y investissent depuis des mois.

La faute à qui ? Et comment rebondir ?...

 

L'IDÉE GÉNIALE DE COUPLER INFORMATION ET FORMATION

L'idée était – et demeure – fort intéressante. Il s'agit de produire et commercialiser, par divers supports de communication, des informations objectives et valorisantes sur ce qui se passe dans le millier de quartiers prioritaires de la politique de la ville, en métropole et en outremer. Le but est de contrebalancer utilement l'image négative des sites urbains fragiles, dont on n'évoque trop souvent que les mauvais côtés, sur fond de violences, de trafics, et de détresse humaine.

Et ce qui rend le projet d'autant plus riche et innovant, c'est que ce sont des jeunes adultes habitants de ces quartiers, en formation professionnelle en alternance aux métiers de la communication, encadrés par des journalistes professionnels, qui assurent les productions des dépêches, d'une revue bimensuelle, de vidéos, tout en suivant une formation assurée par deux écoles de journalisme de renom, débouchant sur une certification.

 

MAIS, DANS LES FAITS, CE QUE L'AFP QUALIFIE D'« IMMENSE GÂCHIS »

Mais l'Agence France Presse (AFP) et Mediapart, pour ne citer que ces organes de presse, expliquent que « L'@gence2 des quartiers », portée par une société adossée à une association, rencontre de très sérieux problèmes, apparemment budgétaires et stratégiques. Dans toute la France, y compris donc chez nous dans la métropole toulonnaise, des dizaines de jeunes adultes, employés par la structure, voient leurs espoirs déçus. Ni eux ni leurs encadrants n'ont perçu certains de leurs salaires depuis plusieurs mois, beaucoup disent retrouver une situation de détresse qu'ils pensaient ne plus connaître. Ils ont, malgré cela et le manque d'outils minimum de travail, continué à s'investir sans relâche et produire jusqu'à ces derniers jours. Les syndicats de journalistes et les organismes de tutelle du travail sont saisis. Dans un communiqué, les deux principaux syndicats de la profession exposent la situation et interpellent les pouvoirs publics.

 

À LA PUISSANCE PUBLIQUE DE GARANTIR DÉSORMAIS LA PROMESSE RÉPUBLICAINE

Car « L'@gence2 des quartiers » a été grandement soutenue par l'État dès sa conception, et c'est très bien ainsi. Diverses collectivités locales, dont La Seyne, y ont vu un grand intérêt, et plusieurs y ont apporté une contribution logistique. Quelles que soient les raisons du désastre exposé par la presse et les syndicats, un tel projet ne peut s'arrêter. Ou, s'il doit le faire, il doit aussitôt redémarrer dans un cadre sécurisé. Pour les jeunes, outre qu'il est impensable que leurs efforts d'insertion professionnelle soient vains, il n'est pas envisageable qu'ils vivent la puissance publique comme se désintéressant de leur sort funeste.

Tant la requalification des quartiers populaires urbains, dont l'image est un vecteur, que la formation et l'insertion professionnelle, sont des compétences de l'État, qu'il partage avec les territoires. Sa responsabilité est engagée. Si le modèle initial, en grande partie appuyé sur le secteur marchand, s'avère ne pas être le bon, il faut reconstruire sans délai le projet sur des bases fondées sur les compétences régaliennes de la Nation. Dès que l'État, qui a diligenté une enquête menée par l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), aura pris la mesure de la question, il devra être à l'initiative de la relance du projet et en garantir la viabilité.

 

DES LEÇONS À RETENIR POUR LE DÉPLOIEMENT DES POLITIQUES PUBLIQUES

Et, espérons-le, si, dans quelques temps, cet épisode ne sera plus qu'un mauvais souvenir, l'État devra aussi se questionner sur la formule de plus en plus fréquemment retenue pour le déploiement de ses politiques publiques, qui consiste à lancer des « appels à projets » à des opérateurs privés, au lieu d'être lui-même à la manœuvre, en partenariat avec les collectivités locales qui doivent assumer les compétences que la décentralisation leur confère, le monde associatif, et le secteur marchand qui y a d'autant plus sa place que, même en période de crise il sait dégager d'énormes dividendes pour ses actionnaires, et qu'il doit donc exercer sa responsabilité sociétale.

La promesse républicaine qui, dans ce très astucieux projet, trouve pleinement sens, ne doit plus jamais voir sa traduction de terrain qualifiée par une agence de presse à la renommée incontestée... « d'immense gâchis ».

 

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15 juin 2020 1 15 /06 /juin /2020 16:31

Nos fonctionnaires communaux sont efficaces, réactifs et imaginatifs. Lorsque la nouvelle de la décision, attendue par beaucoup de familles et d'entreprises, de réouverture des écoles le 22 juin pour tous les enfants est tombée ce dimanche soir, la question s'est immédiatement posée de l'organisation du scrutin du deuxième tour des élections municipales le 28 juin.

Comment, en une seule journée, celle du samedi, désinfecter et aménager les bureaux de vote dans les conditions draconiennes imposées – et nécessaires – de protocole sanitaire permettant aux citoyens d'aller voter en toute tranquillité, et, à l'issue du vote, de les remettre en état, après nouvelle désinfection, pour la reprise des cours le lendemain matin jusqu'à la fin de l'année scolaire ?

 

VOTE ET ENSEIGNEMENT : DEUX PROTOCOLES SANITAIRES CONTRADICTOIRES

« Un pauc mai, un pauc mèns... », comme on dit chez nous ! (un peu plus, un peu moins, en provençal) Ça va coûter quelques nouvelles dépenses exceptionnelles à la commune, s'ajoutant à toutes celles que nous avons engagées au gros de la crise sanitaire, mais il fallait trouver dans l'urgence des solutions à deux exigences contradictoires de l'État : celle d'aménager les bureaux de vote dans le respect d'un protocole rigoureux de prévention du virus, et celle, annoncée ce dimanche par le Président de la République, de rouvrir les écoles tout en respectant un autre protocole d'organisation des espaces scolaires, différent de celui des bureaux de vote qui, sauf exception, sont installés... dans les mêmes lieux.

En accord avec l'Éducation nationale, la plupart des communes importantes utilisant les écoles comme lieux de vote avaient dû opter pour disposer d'au moins deux jours avant et autant après le vote pour réaliser toutes les opérations nécessaires pour que les deux protocoles, très différents, soient respectés à la lettre. Ça pouvait s'envisager tant que peu d'enfants fréquentaient les établissements. Mais, avec la reprise possible et souhaitable de tous les élèves, il n'est plus question de les priver de quatre jours de classe et de contraindre de très nombreux parents salariés à chercher des solutions de garde. 

 

À PEINE ROUVERTES, LES ÉCOLES NE SERONT PAS FERMÉES !

En acceptant de travailler de nuit, nos agents, en équipes renforcées, dont je salue une nouvelle fois le volontarisme, même si le statut de la fonction publique impose, ce qui est normal, qu'ils soient rémunérés en heures supplémentaires, pourront réaliser les aménagements nécessaires, tant au vote qu'à l'enseignement, sans que nous soyons obligés de fermer les écoles concernées pendant quatre jours. Afin toutefois qu'ils disposent de suffisamment de temps pour une mission parfaite, nous sommes tout de même contraints de supprimer les accueils périscolaires du vendredi soir et du lundi matin.

Cette disposition aura un coût. Mais ni la santé ni la démocratie n'ont de prix. Surtout si l'État accepte de compenser pour les communes les dépenses imposées par ses propres protocoles sanitaires, par ailleurs justifiés...

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Marc VUILLEMOT

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