23 mai 2021 7 23 /05 /mai /2021 05:20

La formation professionnelle est une des compétences des Régions. Avant la réforme de l'apprentissage imposée par le gouvernement de M. Macron en 2018, on comptait presque 32.000 apprentis en Provence Alpes Côte d'Azur. On n'en dénombre aujourd'hui que 27.000.

M. Muselier, président de la Région, n'avait pas été le dernier à s'insurger – à juste titre – contre cette réforme lorsqu'elle avait été votée. Il alla même jusqu'à menacer de stopper les investissements régionaux pour les Centres de formation d'apprentis (CFA), pressentant à raison que l'État allait leur occasionner un rude coup de frein budgétaire.

C'est pourquoi ce serait cocasse de connaître le contenu des discussions sur le sujet qui ont dû se tenir entre "Républicains" et "Marcheurs" pour parvenir à l'accord intervenu entre eux pour construire un projet commun, porté par une liste unique LR-LREM, en vue de l'élection régionale du mois prochain. Le mariage de la carpe et du lapin...

 

L'apprentissage a en effet été brutalement privé de ressources publiques par le gouvernement néolibéral de MM. Macron et Philippe. Il a été privatisé car transféré des mains des collectivités locales publiques que sont les Régions aux organisations patronales.

Certes, les certifications demeurent nationales, mais les référentiels de formation et d'examens sont désormais fixés en fonction des desiderata du patronat. Et, surtout, les formations proposées le sont à présent en fonction des besoins de l'immédiat des entreprises du territoire, assurant peut-être une efficacité opérationnelle pour les futurs professionnels, mais délaissant les savoirs associés, comme les matières générales, qui éveillent les consciences et facilitent les changements de parcours.

Ceci étant, ce n'est sûrement pas sur ces points que M. Muselier a réagi lorsqu'il s'est élevé contre la réforme. Lui-même n'avait-il pas déjà supprimé les Espaces territoriaux d'accès aux premiers savoirs, nécessaires à la (re)mise à niveau des décrocheurs scolaires et des allophones avant qu'ils n'entreprennent leurs formation ? N'avait-il pas modifié les critères pour répondre aux appels d'offres de formation en rendant prépondérant le prix et en imposant un engagement d'un retour à l'emploi pour 7 sur 10 des formés  ? Ne plaçait-il déjà pas la formation au service du patronat plutôt que de l'individu ? En ce sens, il n'était pas loin d'embrasser les mêmes orientations que celles de Mme Pénicaud, la ministre du travail à l'origine de la réforme. Qu'est-ce qui le motivait donc pour revendiquer haut et fort de garder la main sur l'apprentissage ?

En tout état de cause, selon le site Internet de référence "L'apprenti", il y aurait aujourd'hui en Provence 27.186 apprentis, formés dans 216 structures d'apprentissage, soutenues par une dotation de l'État de 11,2 millions d'euros. Avant la réforme, c'étaient environ 5.000 apprentis de plus, dans 44 sites de formation de plus, avec dix fois plus de recettes publiques. C'est une sacrée dégringolade.

Mais M. Muselier est désormais silencieux sur le sujet de l'apprentissage. Pour ne pas fâcher ses nouveaux alliés "Marcheurs" ?...

 

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Formation - emploi et insertion