28 octobre 2023 6 28 /10 /octobre /2023 13:21

 

Outre les nombreux maires qui expriment leur rancœur, ce sont les présidents et directeurs d'associations, notamment celles qui jouent un rôle majeur de régulation du climat social dans nos quartiers fragiles, qui doivent grincer des dents après les annonces de la Première ministre de ces derniers jours en matière d'accès à l'emploi des habitants des sites populaires urbains.

 

Malgré les demandes répétées des maires de toutes sensibilités des communes abritant des quartiers populaires vulnérables, l'État demeure sourd à la supplique de revenir sur la décision de M. Macron de 2017 mettant un terme aux dispositifs des "emplois aidés" qui permettaient depuis les années 80 à la fois aux associations et services publics communaux de conforter leurs actions sociales, éducatives, culturelles et sportives en faveur des publics les plus défavorisés et à des personnes éloignées de l'emploi de mettre le pied à l'étrier vers une formation professionnelle et un emploi durable.

 

Qu'en pensent les maires concernés de notre métropole toulonnaise ?... Leur silence, tranchant avec la colère de leurs collègues du reste du pays, est inquiétant.

 

 

LA FIN DES CONTRATS AIDÉS, PLAN SOCIAL D'UNE AMPLEUR JAMAIS VUE

 

On se souvient sûrement des "TUC" (travail d'utilité collective), suivis des "CES" (contrat emploi solidarité), puis des "CAE" (contrat d'accompagnement vers l'emploi), des "CEJ" (contrat emploi jeune) et enfin des "CUI" (contrat unique d'insertion) brutalement supprimés par décision du gouvernement macroniste jugeant, avec la logique ultra-libérale qui préside à son action, qu'il n'appartenait plus à la puissance publique de s'impliquer dans l'accompagnement des plus fragiles vers l'emploi. L'État fut alors responsable du plus vaste plan social jamais vu, concernant plusieurs dizaines de milliers de personnes. Conséquemment, des centaines d'associations, privées des ressources humaines qui leur étaient apportées par ces dispositifs, ont dû ralentir leur activité régulatrice et émancipatrice, voire mettre la clef sous la porte, abandonnant leurs publics fragiles à leur détresse. Aucun gouvernement depuis 40 ans, même le plus à droite, n'avait osé le faire !

 

 

L'ÉTAT REFUSE TOUT ACCOMPAGNEMENT PUBLIC VERS L'EMPLOI

 

Parmi les mesures que, répondant à la demande de la Première ministre après les révoltes ayant suivi la mort du jeune Nahel, les maires et présidents d'intercommunalités regroupés au sein de leur association "Ville & Banlieue" lui ont proposées (voir ICI), il en était une qui visait à corriger le tir de la compression budgétaire malveillante qui a conduit à la suppression de plus de 400.000 emplois d'insertion : « remettre en place les “emplois aidés” pour les associations et les services publics locaux et d’État, à raison de 100.000 par an pendant trois ans. »

 

Cette demande simple a été purement et simplement balayée par le gouvernement, comme d'autres visant à lutter pour l'accès à l'emploi des habitants des quartiers fragiles : « abonder de 20 millions d’euros le budget pour pérenniser les “Territoires zéro chômeur de longue durée” [refusé !] et habiliter 50 nouveaux territoires [refusé !], en parallèle au confortement des actuelles “cités de l’emploi“ et leur doublement sur trois ans [refusé !]. »

 

 

LE NÉO-LIBÉRALISME NE RÉSOUDRA RIEN

 

Les quelques "mesurettes" (voir ICI) annoncées par la Première ministre « pour le plein emploi » (sic, il faut oser !) fourmillent de termes qui ont dû faire glousser d'aise le président de la République, boss de la "start-up France" et les ultra-riches qu'il sert abondamment : travail indépendant, Entrepreneuriat Quartiers 2030, bourse French Tech, entrepreneurs à potentiel, Team France Export, projets à l’international, option « entreprenariat » dans les lycées, classes prépas Talents, « Les entreprises s’engagent pour les quartiers », etc.

 

Mais rien, aucune annonce, aucun programme, aucune échéance, aucun budget, pour tenir la main des plus nombreux, ceux qui sombrent dans la désespérance, dont les meurtrissures sociales les rendent incapables d'entreprendre ou même oser l'imaginer, et les soutenir pour qu'ils (re)mettent le pied à l'étrier afin de chevaucher vers un regain de confiance en eux-mêmes, la formation, l'emploi assisté, et enfin le travail durable, leur permettant de (re)devenir des hommes et des femmes debout, empreints d'une dignité (re)trouvée, gage d'un simple statut de citoyen, de parent, d'être social.

 

 

ÉLUS ET ACTEURS ASSOCIATIFS ET DE L'ÉCONOMIE SOLIDAIRE DE LA SEYNE, ÇA VOUS CONVIENT ?

 

Moi, ça me révulse, comme – la presse nationale s'en fait l'écho depuis ces annonces de pacotille – ça indigne beaucoup d'élus locaux de droite comme de gauche, et d'acteurs associatifs et de l'économie sociale et solidaire. Quel mépris pour les quelque six millions d'habitants de nos territoires urbains précaires qui ne demandent qu'un peu de cette équité que la Nation leur doit !

 

Et j'avoue avoir de la peine à supporter le silence assourdissant des élus communaux et responsables associatifs et de l'économie sociale en responsabilité sur le territoire de La Seyne face au dédain indigne que l'État manifeste à l'endroit des publics dont eux-mêmes s'occupent pourtant au quotidien.

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