Conduire un programme de rénovation urbaine dans un quartier périphérique de logement social, c'est déjà long, compliqué et jamais totalement satisfaisant. On l'a vu avec la requalification de Berthe. Mais, l'exemple du cœur historique de Toulon en atteste, mener pareil projet pour un centre ancien dégradé est une mission encore plus ardue, complexe, coûteuse, et de très longue haleine.
Les habitants et usagers peuvent le comprendre si on le leur explique et si, comme le prévoit d'ailleurs la loi, on les associe en permanence à la définition et au suivi du programme. Ça suppose de la clarté, de l'objectivité, et une astreinte à ne pas en faire un enjeu de vile politicaillerie. Mais certains ne peuvent se passer de provoquer.
C'est ainsi que j'ai dû répondre à des déclarations publiques fallacieuses d'un adjoint à la maire de La Seyne...
Dans son édition du 11 novembre, le quotidien Var-matin a rapporté des propos de ce représentant de la municipalité lors d'une réunion du comité d'intérêt local du centre-ville. Si certaines de ses affirmations étaient indiscutables, d'autres, en revanche, relevaient de la pure fantaisie. Autant, et ma pratique de la démocratie de proximité l'a montré au cours des douze années de mes deux mandats de maire, j'accepte la critique dès lors qu'elle est fondée, autant la polémique s'appuyant sur des contrevérités m'insupporte.
Je laisserai chacun juger, à partir des articles du quotidien local, celui exposant les propos de l'adjoint, et celui rapportant mes précisions sur les trois points contradictoires : encadré de bleu , le contenu du programme de rénovation urbaine, encadré de rouge , les causes du retard du projet, et, encadré de vert , la réalité des personnes sans-abri. On peut cliquer dessus pour agrandir.
Comme le journaliste l'a repris de ma communication, « les élus RN présents ont dû boire du petit lait », car, avec un tel allié libéral, ils n'ont pas besoin de promouvoir leurs idées de stigmatisation. À propos de ces présences, s'il n'est pas protocolairement anormal que le député de la circonscription ait été convié à cette réunion, il serait intéressant de savoir si le conseiller municipal du même parti d'extrême-droite, siégeant dans la minorité municipale, s'est lui-même invité (peut-être réside-t-il dans le centre-ville ?), ou s'il a été convié par les organisateurs, auquel cas ceux-ci auraient pu, dans un souci de neutralité et d'égalité auquel une association doit s'astreindre, solliciter les élus des autres groupes minoritaires du conseil municipal...
Il y a quelques jours, je formulais à la maire de La Seyne une suggestion de réflexion quant à la dénomination d'une placette du centre ville portant le nom de l'Abbé Pierre. Je lui soumettais l'idée de solliciter les avis des administrés et du monde associatif. On peut lire le message que je lui ai adressé en cliquant ICI.
Il est vrai que, partout en France, la révélation des accusations de violences sexuelles concernant cet ecclésiastique a provoqué une vague, au moins de questionnements, sinon de décisions, sur les hommages publics qui avaient été rendus au personnage, y compris au sein même de la communauté solidaire Emmaüs qu'il avait fondée.
La maire de La Seyne m'a répondu et, ayant publié mon courrier sur ce blog, je me dois de faire de même avec le sien...
Pour ma part, je me réjouis du fait que la maire a prêté attention à la suggestion du citoyen attaché à la démocratie participative que je suis. Ça pourrait ouvrir la voie de la concertation avec les habitants et acteurs sociaux sur bien d'autres sujets. Certains disent qu'il y en a bien besoin...
Je profite de ce billet pour expliquer à celles et ceux qui m'ont dit s'étonner que la maire et moi nous tutoyions – ainsi que ça apparaît dans nos messages – que ça fait presque quarante ans que nous nous affrontons à l'occasion de toutes les élections municipales, et que, du coup, ça crée des liens de familiarité. Et, sait-on jamais, ce n'est peut-être pas fini...
La preuve en forme d'album de souvenirs de bulletins de vote des premiers tours des six dernières élections municipales...
Et merci à Jean-Claude Autran, continuateur de l'œuvre immense de son père Marius pour la préservation mémorielle de la commune, du site Internet duquel j'ai extrait les bulletins de vote.
Ce coup-là, il fallait oser. Condamner à mort un service public, exécuter la sentence, être contraint à le ressusciter, du moins en partie, devant la pression populaire, politique, syndicale, et l'incitation de l'État, puis avoir le front d'inviter à son inauguration, en ayant juste changé son nom, comme si on était à l'initiative de la création d'un nouvel outil en faveur des usagers, tout ça révèle un grand art de l'illusionnisme...
On s'est habitué à la récupération à son propre profit politicien par la maire de La Seyne de ce que d'autres font pour notre ville, comme la Métropole ou d'autres collectivités, mais aussi des acteurs économiques, des associations, ou encore l'Université de Lyon (pour l'Institut Michel-Pacha). On s'est résigné à voir la municipalité faire main basse sur ce que d'autres ont réalisé avant elle, donnant à croire par une impressionnante communication qu'elle en est l'artisane. On s'est aussi accoutumé aux effets de passe-passe consistant, par exemple, à annoncer la création de services nouveaux, telles les nombreuses "brigades" en tous genres dont la presse se fait régulièrement l'écho, alors que, par de nouvelles dénominations de services et des jeux de chaises musicales des agents communaux, on ne fait que mettre en exergue des missions qui existent déjà depuis des lustres.
ACTE 1 : ON CONDAMNE À MORT
Mais il y a désormais plus fort. On se souvient que la maire de La Seyne a confié à son adjoint chargé de la politique de la ville le soin de fermer la Maison des Services Publics qui, depuis 1999, était indispensable à ses quelques 44.000 usagers de tout l'Ouest Var (à moins que cet adjoint en ait pris lui-même l'initiative). Alors que partout ailleurs naissent ce qu'on appelle désormais des "Maisons France Services", La Seyne s'est singularisée en supprimant un tel outil, le plus important du Var par le nombre de ses bénéficiaires, rodé depuis un quart de siècle, dont la performance était citée en exemple par l'État et louée par la presse spécialisée.
C'était sans compter sur les mobilisations des usagers, de partenaires sociaux, des élus et formations politiques des gauches et de l'écologie, des personnels eux-mêmes, et le désaveu de l'État qui, tout en démantelant avec méthode l'ensemble des services publics, incite les territoires à maintenir une présence de certains de ceux-ci au sein de Maisons France Services, fût-elle seulement numérique, au plus près des habitants, notamment dans les campagnes et les quartiers urbains fragiles, dont notre quartier Berthe. On pourra se remémorer les enjeux et mobilisations en cliquant ICI, ICI ou encore ICI
ACTE 2 : ON COMMUE LA CONDAMNATION EN BANNISSEMENT
La maire et son adjoint ont dû reculer. Arguant d'une soi-disant nécessité de disposer de locaux mieux adaptés, de la perspective – non confirmée par l'office d'HLM Toulon Habitat Méditerranée, propriétaire des espaces – d'une dénonciation de bail, et autres arguments tirés par les cheveux, voilà ressuscitée la Maison des Services Publics, certes en un lieu différent. On aurait pu s'en tenir là, même si n'est pas – pas encore – résolue la question de certains personnels injustement licenciés sur laquelle les syndicalistes qui les accompagnent ont bien raison de ne rien lâcher. La maire et son adjoint auraient fait le dos rond, les acteurs des mobilisations pour le sauvetage n'auraient pas spécialement crié victoire, et l'État, neutre comme il se doit, n'aurait rien commenté.
ACTE 3 : ON ARROSE LA RENAISSANCE DU RESSUSCITÉ
C'était sans compter avec le besoin irrépressible de communiquer à tout va qui anime la municipalité, même sur un non-événement. Voilà qu'on va inaugurer ce qu'on a voulu démolir. Et juste en changeant son nom, la Maison des services publics devenant l'Agora des services. C'est jouer de la crédulité supposée des Seynoises et Seynois dont on postule qu'ils goberont qu'on a créé de toutes pièces un nouveau dispositif à leur service. Mais ce n'est pas très malin. Ça l'est d'autant moins que le carton d'invitation à l'inauguration de ce faux nouvel outil est adressé non seulement au nom du Conseil municipal (propriété de la maire, si l'on en croit l'utilisation de l'adjectif possessif "son"), mais aussi du président du Conseil départemental du Var, celui-là même qui a été désigné par la Ville comme la cause de la fermeture de l'historique Maison des Services Publics, ayant dénoncé la convention qui le liait depuis vingt-cinq ans à la Commune pour faire vivre cet espace indispensable.
Là, on a atteint le sommet du Grand Guignol et de la supercherie politicienne organisée. C'est bien triste. Mais heureusement que l'orthographe de l'invitation prête un peu à sourire en trahissant l'amateurisme de ces élus charlatans farceurs municipaux et départementaux, persuadés, à les lire, que le terme "Agora" est un substantif masculin.
C'est frais et plaisant à lire, c'est limpide et objectif, c'est succinct et essentiel, c'est réaliste et engageant à la réflexion, l'échange et la construction.
Le petit livre que vient de publier mon ami Olivier Andrau, qui fut mon adjoint au cours du mandat municipal 2014-2020, tranche opportunément en cette fin d'été 2024 avec l'image pitoyable que trop d'acteurs publics, ici comme au plus haut niveau de la nation, donnent de la vie politique d'un pays qui aura du mal à continuer à se revendiquer comme modèle de démocratie supposé éclairer le Monde par son histoire de nation pionnière de la République des Lumières.
J'invite les visiteurs de mon blog à acheter (à la portée de toutes les bourses : 4,50 euros) et lire l'opuscule d'Olivier Andrau qui met du baume au cœur en ces temps où se discréditent ceux qui devraient incarner l'honnêteté démocratique face au fascisme qui guette la France et nombre de ses territoires.
LA FOLLE STRATÉGIE DE M. MACRON ENRICHIT LE TERREAU DU FASCISME
Il y a ceux, au plus haut niveau de l'État, qui suivent sans douter ni broncher leur chef de file qui assume sans vergogne, au mépris de sa fonction de président de la République qui fait de lui l'arbitre suprême de la démocratie, de s'asseoir sur le résultat d'un scrutin en confiant les rênes du gouvernement à un membre du groupe arrivé quatrième du vote, la droite du parti Les Républicains, avec seulement 5% des voix, et, malgré son intitulé... en ayant été une fois de plus la seule formation à refuser de jouer le jeu du "front républicain". À croire qu'il est aveugle – ou, pire, machiavéliquement conscient – de la manœuvre pernicieuse et habile de l'extrême droite l'ayant poussé à ce gravissime choix antidémocratique en posant ses conditions pour ne pas censurer le gouvernement. Il ne l'a manifestement fait que pour lui-même et croit s'assurer la durée, alors qu'il ne peut ignorer que le Rassemblement National auquel il s'en est de fait remis est aux aguets pour enrayer la mécanique et obtenir sa démission. Ceux-là, en suivant M. Macron qui se fait manipuler dans sa folle stratégie, portent la responsabilité de laisser s'engraisser le terreau sur lequel pourrait bien croître le fascisme apparaissant comme seule solution au chaos.
À LA SEYNE, UN SUBSTRAT DÉLÉTÈRE POUR ENGRAISSER L'EXTRÊME DROITE
Et il y a ceux, chez nous à La Seyne, qui donnent un spectacle désespérant de la vie démocratique locale. Ceux-là ont été élus à la régulière, sans conteste, aux responsabilités municipales en 2020 – et je les ai félicités et encouragés –, mais ils n'ont mis que quelques mois à gâcher durablement le capital de confiance que les Seynoises et Seynois leur avaient accordé. On n'anime pas dans la sérénité et avec efficience la vie d'une municipalité avec une équipe dont on exclut les membres les uns et après les autres au point de devenir minoritaire, et dont la survie ne repose que sur le renfort contre-nature d'élus d'autres groupes ayant trahi leurs propres programmes et cocufié leurs électeurs. On ne peut gouverner dans l'intérêt des administrés avec de la seule communication autocentrée par de l'image sans aucun fond, des contrevérités, de la récupération abusive de réalisations dues à d'autres, des projets éphémères tape-à-l'œil et coûteux au détriment de la permanence du service public, de la démolition méthodique de ce qui était à mettre l'actif de ses prédécesseurs ou de ce que ceux-ci ont patiemment mis sur les rails et qui ne demandait qu'à être finalisé et inauguré. On ne peut conserver la confiance de ses électeurs en se coupant d'eux, en plaçant en léthargie les espaces de concertation et de démocratie citoyenne, et en s'enfermant de façon hautaine dans une tour d'ivoire. Tous les ingrédients d'un substrat délétère sont réunis pour que la démagogie de l'extrême droite en embuscade porte ses fruits.
POUR LA SEYNE ET LA MÉTROPOLE, UN RAYON DE FRAICHEUR POUR ÉCLAIRER NOS LENDEMAINS
Dans ce contexte fou et dangereux risquant d'ouvrir sur de ténébreux horizons nationaux et locaux, Olivier Andrau nous livre un rayon de clarté, de fraicheur, de simplicité, de sérieux, de réalisme et de perspectives d'espérance démocratique. Vraiment, j'encourage à acquérir son ouvrage intitulé « Nous... La Seyne, ville des possibles ». Il a choisi quelques thèmes, quelques enjeux, quelques sujets de dynamique et de qualité de vie pour La Seyne et la métropole. Il en décrit les états des lieux et engage à se projeter collectivement par le partage des analyses vers des orientations ambitieuses tout en étant pragmatiques et réalistes. C'est une invitation à la réflexion et au faire ensemble qui s'adresse à toutes et tous.
Il révèle un entrain et une capacité à l'animation d'une démarche rassembleuse de projet pour notre territoire et ses habitants. De quoi me conforter, s'il en était besoin, dans l'idée qu'il ne faut pas hésiter à faire... place aux jeunes.
Le livre d'Olivier Andrau est en vente aux librairies seynoises "M'as-tu lu ?" à Mar Vivo et "Charlemagne" sur le vieux port (certes aussi sur Amazon, mais, moi, les Gafa...)
C'est passé inaperçu, mais le périmètre officiel du quartier prioritaire du centre-ville de La Seyne a évolué depuis le récent décret fixant les délimitations des sites urbains vulnérables considérés par l'État comme prioritaires au titre de la politique de la ville.
La surface urbaine pouvant bénéficier de significatives aides du gouvernement a en effet été agrandie d'environ un cinquième, mais il apparaît évident que ce n'est pas pour qu'un plus grand nombre d'habitants précaires en soient bénéficiaires que cette extension a été décidée.
Quelles en sont alors les raisons ? Les Seynois ont le droit de savoir.
La carte que j'ai annotée le met en évidence. L'extension au sud ne concerne qu'un périmètre où, hormis le presbytère des curés de Notre-Dame de Bon Voyage, qui ont de toute façon dû faire vœu de pauvreté, il n'y a pratiquement pas de logements mais surtout des équipements publics. Au nord, l'élargissement vers l'ouest de la rue Émile-Zola à la rue Ernest-Reyer, incluant de fait un pâté de maisons individuelles qui ne sont pas à proprement parler occupées par des miséreux, ne sert à l'évidence qu'à raccrocher au zonage la parcelle où est implantée l'école Jules-Verne car il y a obligation de continuité territoriale.
La mairie n'est pas pour rien dans cette nouvelle délimitation. Si la loi prévoit que c'est l'État qui fixe les périmètres des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), ça se fait sur proposition des préfets qui ont obligation de prendre en compte les avis et demandes des maires et présidents des intercommunalités concernés. La maire a donc quelque chose derrière la tête.
DES ÉQUIPEMENTS PUBLICS RÉNOVÉS OU CRÉÉS ?
Ça peut être l'espoir de bénéficier d'aides pour la réhabilitation des équipements publics du QPV. Pourquoi pas, si ça peut donner un argument pour accélérer, par exemple, la reconstruction du groupe scolaire Mabily-Verne que nous avions budgétisé dès 2019 et que la maire reporte d'année en année, ou disposer d'espace pour édifier la crèche prévue et financée dans le programme de rénovation urbaine de 2019 à laquelle la maire a renoncé ?...
DE L'HABITAT DE TOUS STANDINGS ?
Ça peut permettre de disposer de foncier (notamment sur les zones en vert clair sur la carte) permettant de « faire de la ville sur la ville », entendez par là construire de l'habitat. Pourquoi pas ? On a d'importants besoins, on doit respecter la loi imposant 25% de logements sociaux plutôt que payer 800.000 euros annuels d'amende, on peut faire de la mixité sociale en faisant venir des classes moyennes dans le quartier, on devra reloger les habitants des îlots de l'hypercentre prévus à la démolition, et on devra sûrement disposer de logements-tiroirs pour permettre la rénovation des immeubles vétustes du cœur historique, autant d'opérations financées depuis 2019 qui tardent à se réaliser...
UNE ÉVOLUTION POSITIVE DES ACCÈS ET CONTOURNEMENTS ?
Ça peut permettre d'améliorer le réseau des voiries d'accès et de contournement du centre-ville. Pourquoi pas ? On se demande d'ailleurs pourquoi la Ville a mis sous l'éteignoir le projet, pourtant lui aussi bien avancé, de création d'une voie apaisée reliant la rue Beaussier à la rue Jacques-Laurent. On pourrait aussi prévoir du stationnement périphérique à l'hypercentre, absolument nécessaire depuis que la maire a cru bon d'anticiper la “piétonnisation“ initialement prévue en fin de rénovation urbaine et dont on mesure chaque jour un peu plus l'effet létal sur l'activité commerciale, d'autant que, après les rêves illusoires de pont, l'on a manifestement cessé de plaider auprès de la métropole pour la réalisation de la traversée du port et l'arrivée du “superbus“ en site propre pour laquelle on n'a même plus de calendrier...
UNE DISCRIMINATION SCOLAIRE POSITIVE ?
Ça peut permettre d'obtenir enfin le statut de "réseau d'éducation prioritaire" pour les écoles du quartier désormais intégrées dans le périmètre du QPV. Pourquoi pas ? Pour peu que la maire reprenne à son compte ma supplique constante auprès des ministres de l'Éducation nationale d'obtenir que les enfants et les enseignants du centre-ville bénéficient des mêmes aides que ceux de Berthe dont les familles partagent les mêmes caractéristiques socio-économiques, la nouvelle ministre Oudéa-Castera pourrait consentir à cet effort, en espérant qu'elle ne se trompe pas et n'attribue pas les moyens dédiés au remplacement du bénitier de l'école Sainte-Thérèse et du ciboire du collège Sainte-Marie...
LES SEYNOIS ONT LE DROIT DE SAVOIR, LES ÉLUS LE DEVOIR D'INFORMER
Cette extension de surface peut donc être une bonne chose. Lorsqu'ils en auront fini avec leur obsession de démanteler par principe ce qui a été fait avant eux, comme l'appui municipal aux associations des quartiers fragiles de Berthe et du centre ancien ou la Maison des Services Publics du Germinal qui accueille 44.000 usagers de tout l'Ouest-Var, la maire et son adjoint à la politique de la ville pourraient expliquer les raisons de cet élargissement et les projets qu'ils ont en tête.
Et surtout, comme la loi le leur impose s'agissant d'un quartier prioritaire, faire revivre les instances de démocratie locale qu'ils ont réduites à néant et associer nos concitoyens, à commencer par les résidents et acteurs de notre cœur de ville historique, à la conception des projets qui pourraient bénéficier de cette nouvelle opportunité géographique.
Plus c'est affirmé sans trembler, plus ça semble vrai. Une fois de plus, une élue de la majorité communale seynoise a asséné une contrevérité lors d'une séance publique du conseil municipal. Cette fois-ci, c'est Madame Sinquin, première adjointe à la maire, qui a réécrit l'histoire.
C'était à propos d'une "charte" que la Ville va signer pour s'engager dans une démarche visant à prévenir la pollution des plages et de la mer par les déchets plastiques. Elle a été présentée comme une heureuse initiative municipale. Ce qui est vrai.
Sauf que... cette initiative date de 2019, du temps des prédécesseurs de l'actuelle majorité...
Et, puisque cette inexactitude a été affirmée en séance ouverte au public et à la presse qui pourrait la relayer, je dois, par égard pour les fonctionnaires communaux et métropolitains ainsi que pour les élus qui ont été jadis les chevilles ouvrières du projet – Gilles Vincent, vice-président de la métropole, et Raphaëlle Leguen, alors première adjointe en charge de la mer –, rappeler la réalité des faits sous la forme d'une "lettre ouverte" à Madame Sinquin que je reproduis ci-dessous.
« Madame la première adjointe,
« Ce n’est pas joli de prendre nos concitoyens pour des amnésiques.
« Vous avez affirmé en réunion publique du conseil municipal à propos de la prévention des rejets de déchets plastiques par l’équipe municipale que j’animais que rien n’aurait été fait ni aucun engagement pris.
« C’est un mensonge. Avec la métropole ayant la responsabilité des plages et espaces naturels, et notamment son vice-président chargé de l’écologie, Gilles Vincent, maire de Saint-Mandrier, la Ville de La Seyne, par son action en cours et son engagement sur quinze programmes de sensibilisation, de prévention, de nettoyage, de collecte et de tri, a été choisie par l’État pour lancer la Charte nationale « zéro plastique ».
« C’était à la fin de l’été 2019, en présence de Brune Poirson, alors secrétaire d’État à la transition écologique et solidaire. Élue en 2020, il ne restait plus à votre équipe municipale qu’à poursuivre pour atteindre les objectifs de la Charte en 2025.
« Moi, au contraire de vous, je m’efforce de faire preuve d’honnêteté intellectuelle : vous avez continué, c’est bien, et vous signez une charte complémentaire avec la Région Provence, c’est encore mieux. Alors, de grâce, cessez vos polémiques aussi aigries et agressives que dangereuses pour l’image de l’action publique qui doit être transparente pour ne pas faire le lit de ceux qui détestent la République.
« Veuillez croire, madame la première adjointe, à mes sentiments distingués. »
Je n'aurais pas réagi à ce qui aurait pu être une méconnaissance ou un oubli de l'histoire de la part de la première adjointe si, après que Bouchra Réano, conseillère municipale socialiste du groupe d'opposition des gauches et de l'écologie, a rappelé la réalité, Madame Sinquin avait reconnu sa bévue et "rendu à César ce qui était à César" au lieu de s'obstiner à affirmer le contraire de la réalité.
Et, si certains doutaient encore, je les invite à relire quelques articles de presse qui avaient alors relaté l'événement au cours duquel la Ville et la Métropole s'étaient solidairement engagées dans ce partenariat écologique impulsé par l'État, moment symbolique auquel participait d'ailleurs, ainsi qu'en attestent les photos illustrant cet article, la maire actuelle qui représentait alors le conseil départemental du Var et qui aurait pu rafraîchir la mémoire de son adjointe :
La municipalité de La Seyne est-elle sincère quand elle dit chercher des solutions pour éviter la disparition de la Maison des Services Publics (MSP) de la commune ? On peut se poser la question après la tenue d'une ultime réunion de l'Assemblée générale du Groupement d'intérêt public (GIP) qui en assure la gestion. Il y a été décidé à l'unanimité son auto-dissolution au 30 juin.
Et, si le Département du Var, cogestionnaire avec la commune, a confirmé par son vote comme on s'y attendait son inexplicable volonté de se désengager alors qu'il est la collectivité territoriale ayant compétence en matière d'action sociale, la Ville de La Seyne lui a contre toute attente emboité le pas en votant aussi la dissolution.
Ça nécessite pour le moins des explications publiques.
UNE MÉCONNAISSANCE OU UN DOUBLE LANGAGE ?
Alors que neuf institutions publiques s'étaient regroupées en 1999 au sein de ce GIP pour assurer une offre diversifiée de services publics au plus près de nos habitants, la plupart d'elles, notamment faute de moyens dévolus par leur tutelles, ont peu à peu, au fil des années, abandonné le navire, laissant la charge de la gestion aux seuls Département et Commune. La terrible décision du Conseil départemental du Var de se retirer à son tour devait immanquablement entraîner la disparition du GIP puisque, comme son nom l'indique, c'est un "groupement" et la Ville ne peut "se regrouper"... toute seule.
Mais la Ville semble bien tenir un double langage. D'un côté, elle communique pour jurer qu'elle recherche des solutions pour garantir la pérennité de la structure qui répond aux besoins de 44.000 usagers de La Seyne et de ses communes environnantes. D'un autre, elle ne s'insurge pas contre la décision de retrait de son partenaire départemental.
UN PROPOS RASSURANT CONTRARIÉ PAR UN VOTE POUR LA DISSOLUTION
Comment expliquer que le Département était représenté à cette réunion d'Assemblée générale par une conseillère départementale également adjointe à la maire de La Seyne s'il n'y a pas identité de vue entre les deux institutions ?
Comment expliquer que la représentante de la Ville, une autre adjointe à la maire, a voté favorablement pour la dissolution du GIP au lieu, au moins, de s'abstenir pour manifester la volonté municipale de ne pas voir disparaître cette indispensable structure ?
Comment expliquer qu'un troisième adjoint à la maire annonce publiquement la prolongation du GIP jusqu'au 31 décembre prochain pour disposer du temps de trouver des solutions pour garantir la poursuite des offres de services aux publics tandis que celle qui a représenté la Ville à la réunion de dissolution a voté pour que celle-ci soit effective au 30 juin ?
UNE LIQUIDATION SEREINE ?
Comment expliquer que c'est cette dernière adjointe au maire qui, le vote de dissolution acquis, a retiré de l'ordre du jour le vote du budget du second semestre 2023 du GIP ? Sur quel acte administratif règlementaire le liquidateur désigné va-t-il pouvoir s'appuyer pour assurer sa mission d'ordonnateur des opérations financières nécessaires à la dissolution ? Comment le comptable public, agent de l'État chargé de l'exécution des actes budgétaires, va-t-il pouvoir mener à bien son travail au cours des mois nécessaires à la liquidation ?
Comment expliquer que la métropole Toulon Provence Méditerranée (MTPM), qui s'était engagée en 2022 à allouer une participation financière au fonctionnement du GIP, n'a pas traduit dans les faits cette décision ? Dans ce contexte fumeux de double langage, on est en droit de se demander si ce n'est pas à la demande de la commune ou du département eux-mêmes. Leurs représentants à l'Assemblée générale du GIP condamné et déjà moribond vont-ils expliquer ce revirement ?
QU'EN DISENT LE PROPRIÉTAIRE DES LIEUX ET LE REPRÉSENTANT DE L'ÉTAT ?
Comment expliquer que l'office métropolitain d'HLM, Toulon Habitat Méditerranée (THM), propriétaire des locaux de la "Tour du Gère" dans lesquels fonctionne la MSAP, désigné par la municipalité comme cause de la possible disparition de la structure car ayant un projet de réhabilitation et changement d'usage de l'immeuble, ne prend-il pas la parole, par exemple par la voix de sa vice-présidente seynoise, élue au conseil municipal de La Seyne sur la liste de la maire, pour éclairer le public sur ses intentions et leurs échéances au sujet du devenir de cet espace ?
Que pense de tout ça le préfet du Var, qui est à la fois garant de la légalité des actes, assurant le contrôle du GIP en sa qualité de "commissaire du gouvernement", assistant de plein droit aux instances délibérantes, pouvant « faire opposition à ce titre aux décisions et délibérations qui mettent en jeu l'existence ou le bon fonctionnement du groupement » (article 22 des statuts du GIP), et promoteur territorial des politiques publiques du gouvernement qui incite à la création de Maisons France Services, donc supposé ne pas voir d'un bon œil la fragilisation de la deuxième plus importante structure de ce type de France par le nombre de ses usagers ?
UNE NÉCESSITÉ ABSOLUE DE PAROLE UNIQUE ET RESPONSABLE
Tout ça fait beaucoup d'interrogations et de propos contradictoires. Les salariés du GIP dont l'emploi est en jeu ne peuvent rester dans une expectative traumatisante. Le public a le droit de savoir, surtout les gens précaires qui traversent une période difficile de fortes tensions et de stigmatisations et qui, plus que jamais, ont besoin dans leur environnement urbain d'existence d'une présence rassurante et bienveillante de la puissance publique républicaine. Où il y a du flou, il y a un loup...
En prenant bien sûr soin de ne pas désavouer ses adjoints ayant exprimé tour à tour tout et son contraire, la maire, qui est à la fois déléguante de la Ville au sein du GIP, première magistrate de la commune, conseillère départementale, vice-présidente de la métropole, membre du conseil d'administration de l'office métropolitain d'HLM, et interlocutrice de l'État, devrait prendre la parole pour faire cesser ce brouhaha d'incohérences qui inquiète plus qu'il ne rassure.
En clair, si la municipalité et ses partenaires institutionnels veulent la mort de la Maison des services publics ainsi que leurs contradictions successives le laissent entendre, qu'ils le disent. Et, si tel n'est pas le cas, ce que tout un chacun veut croire, ça permettra, dans une démarche d'appropriation partagée des enjeux telle que souhaitée pour la politique de la ville en faveur des quartiers populaires vulnérables, à tout le monde, y compris aux habitants, de se remonter les manches pour parvenir à pérenniser ce bel et indispensable outil de vie sociale et de solidarité.
Le Collectif de défense de la Maison des services publics de La Seyne, en tous cas, auquel participent des représentants des habitants (CIL Berthe) et des usagers (INDECOSA), est disposé à s'y impliquer.
Ce mercredi, la maire de La Seyne publiait sur un réseau social un message intitulé "La majorité consolidée et de nouvelles délégations pour l'équipe municipale", invitant les visiteurs à cliquer sur un lien permettant de « retrouver les délégations des élus de [sa] majorité ».
Et, en effet, en allant sur le lien indiqué, s'ouvrait une fenêtre présentant les adjoints et conseillers municipaux et la liste des responsabilités déléguées par décision de la maire à chacun des membres de sa énième nouvelle majorité rafistolée grâce aux dernières trahisons d'élus d'autres listes peu soucieux des mandats que leur avaient confiés leurs électeurs.
Et, ce jeudi, donc au lendemain de cette mise en ligne, plus rien sur cette page Internet !!! Juste les identités des élus. Bizarre... et ouvert à toutes les interprétations possibles...
On peut s'interroger sur les raisons de ce prompt revirement. Un problème technique provoqué par les violents orages ? Si là en est la cause, ça devrait être vite réparé.
Mais peut-être aussi une intervention du contrôle de légalité de la préfecture, constatant que certaines délégations accordées concernaient des secteurs de la vie locale sur lesquels la commune n'a pas compétence, celle-ci étant par exemple exercée par la métropole ?
Ou bien une prise de conscience que la longue liste de délégations très pointues constituait un vrai casse-tête pour le citoyen souhaitant trouver un interlocuteur politique sur un sujet le concernant ? À titre d'exemple, j'ai relevé qu'un directeur d'école ou un représentant d'association de parents d'élèves pouvait avoir au moins sept interlocuteurs différents en charge de divers enjeux liés à la scolarité primaire !
La joyeuse sérénité affichée par cette nouvelle majorité de bric et de broc regroupant autour d'une maire rassembleuse au-delà de l'imaginable des élus d'extrême-droite et de récents candidats de gauche, et d'autres gens qui se disaient pis que pendre jusqu'à ces derniers mois, m'interdit de penser qu'il pourrait y avoir une quelconque autre raison.
Surtout pas une discorde résultant d'un mécontentement de certains frustrés de n'avoir pas obtenu les responsabilités qu'ils espéraient, voire avaient négociées, ou d'autres fâchés de s'en voir retirer.
Mais je ne crois pas à de possibles dissensions : les trois années écoulées attestent d'une coopération tellement sereine et paisible, dans une équipe soudée et amicale, concentrée en parfaite communion sur la mise en œuvre du projet pour lequel la confortable majorité de 17% des électeurs seynois lui a chaleureusement accordé sa confiance en 2020 et auquel, qu'on vienne du Front National ou de Génération Écologie, tout ce beau monde semble adhérer aujourd'hui...
Bonaparte arrive à La Seyne. Ça va être un beau temps fort de la vie de notre cité. Mesuré à l'aune du nombre de fois où le nom du capitaine de l'armée républicaine est cité dans les 32 pages du dernier magazine municipal "Vivre à La Seyne" mis en ligne sur le site Internet de la commune, ce sera sans aucun doute un événement majeur.
Mais le futur empereur n'est évoqué que 16 fois dans cette parution. Ce n'est pas lui qui est le plus mis à l'honneur. Il émarge en effet bien loin derrière la capitaine de cérémonie qui compte 34 citations et qui, par ailleurs, apparaît 21 fois en photo dans ce numéro printanier du journal de la municipalité. À chacun la grandeur qu'il mérite...
Ça fait de La Seyne une exception singulière dans la communication officielle du monde politique communal varois.
Oui, et c'est même une sacrée exception qui, d'ailleurs, fait de plus en plus ironiser dans les agoras populaires seynoises. Est-ce un sentiment alimenté par la rumeur ? J'ai voulu en vérifier le bien-fondé et je me suis amusé à faire quelques comparaisons qui confirment que La Seyne se distingue très largement du reste du département.
Par la grâce d'Internet, il est en effet possible de lire en ligne les magazines municipaux de la plupart des communes. Je m'en suis tenu à la dernière parution des journaux communaux de 14 des 15 communes les plus peuplées du Var (seulement 14 car je n'ai pas déniché le magazine de Brignoles sur le Net), auxquelles j'ai ajouté les deux communes voisines qui ne figurent pas parmi les 15 les plus peuplées (Ollioules et Saint-Mandrier).
LA MAIRE DE LA SEYNE CHAMPIONNE DU VAR AU TROMBINOMÈTRE !
Le résultat (voir tableau en bas d'article) est impressionnant. Rapporté à 10 pages de magazine (car ils n'ont pas tous la même pagination), La Seyne est de très loin la commune où le maire est le plus cité par son nom (presque 3 fois plus que la moyenne !) et celle qui devance largement toutes les autres au palmarès du nombre de photos publiées du premier magistrat (plus de 3 fois plus que la moyenne !). Les graphiques ci-dessous parlent d'eux-mêmes...
TOUT EST BON, MÊME SURFER SUR LE BICORNE
Certains ne manqueront pas de justifier que c'est conjoncturel et qu'il n'en est rien sur la durée. En effet, ce n'est pas tous les jours qu'une maire du XXIe siècle se mue en réincarnation de celui qu'on surnommait « le Petit Caporal »...
C'est un peu vrai. L'occasion de la venue chez nous de celui que les royalistes et les Autrichiens appelleront « le Tyran » lorsqu'il aura remplacé le bicorne par la couronne – et qui se qualifiera lui-même d'« Aigle » sans que les ergots de ses chevilles ne gonflent – justifie sûrement qu'on en fasse un peu plus qu'à l'ordinaire dans le paraître auto-promotionnel. Avec 6,6 photos pour 10 pages, la maire est cette fois-ci au double de sa moyenne depuis son élection qui s'établit à 3,4... et qui est tout de même une fois et demie de plus que la moyenne des maires des 16 communes varoises étudiées...
65 % DE PLUS DE TROMBINES QUE SES DEUX PRÉDÉCESSEURS
D'autres diront que ça a toujours été le cas à La Seyne. C'est faux, le trombinomètre le prouve. Au bout de trois ans de mandat, on peut aussi opérer des comparaisons à peu près fiables grâce à la mise en ligne des anciens magazines municipaux sur l'excellent portail des archives municipales.
Le graphique ci-dessous montre clairement que, depuis son élection, la maire d'aujourd'hui pose dans la publication municipale 65% de plus que ses deux prédécesseurs sur la même durée des 34 premiers mois de mandat des uns et des autres (voir tableau de calcul en bas d'article).
Nul n'en disconviendra, la communication municipale est un merveilleux outil de la démocratie locale. À condition que ça ne s'exerce pas à sens unique, l'image et le tape à l'oeil occultant le fond, et que le dialogue soit constant avec les citoyens, dans leurs lieux de vie, avec les associations et acteurs économiques, les comités d'intérêt local, les comités d'usagers des services publics, les conseils de quartiers.
Sinon, ce n'est que de la promotion en forme de propagande. Et ça pourrait bien ressembler à ce qu'on connaît sous d'autres régimes.
Note : Ci-dessous les tableaux de synthèse des données qui ont permis d'établir les graphiques ci-dessus. Les feuilles de calcul sont à disposition.
« Madame la maire, Nathalie, ne cède pas. Ni pour la friche Altavilla du quartier Peyron, ni pour l'ex-école Eugénie-Cotton, ni pour l'ancien dépôt des bus de Moneiret, ni pour le terrain des anciennes tours A du Germinal, ni pour aucun programme immobilier à vocation sociale. Aménage, fais évoluer, améliore, mais ne cède pas.
« On comprend les inquiétudes des riverains des projets de construction de petites résidences pour reconstituer l'offre locative sociale résultant des démolitions, tant à Berthe qu'au centre-ville, mais on doit entendre aussi les milliers de familles qui sont en attente d'un logement à loyer accessible. Ceux-ci sont de très loin bien plus nombreux parmi tes administrés que ceux qui expriment leurs craintes.
« Et ton devoir est d'agir pour le plus grand nombre.
« Va à la rencontre des futurs voisins des projets. Ils n'ont peut-être pas pris part aux nombreuses réunions publiques qui ont permis de définir ces perspectives de construction et les valider. Expose-leur les raisons et l'historique de ces programmes. Mobilise à tes côtés les institutions publiques qui ont construit avec la Ville les programmes de rénovation urbaine de Berthe et du centre-ville, mais aussi les représentants des habitants des quartiers qui ont participé officiellement aux comités de pilotage des programmes et les ont entérinés au nom de tous.
DES PROJETS RÉSULTANT DE CONCERTATIONS CITOYENNES
« Si tu le souhaites, pour te dédouaner, mobilise-moi pour t'accompagner et assumer. Je te le dois au nom de la continuité républicaine. C'est moi en effet qui ai poursuivi après Arthur Paecht la mise en œuvre du programme de rénovation urbaine de Berthe, qui ai élaboré en 2018-2019 celui du centre ancien que tu déploies aujourd'hui, et qui ai porté les révisions du plan local d'urbanisme de 2011 à 2019. Ce sont là les cadres dans lesquels sont gravés dans le marbre des objectifs urbains toutes ces réalisations indispensables de logements. Ils n'ont fait l'objet d'aucune désapprobation citoyenne car ils ont été très largement concertés avec les gens, les Comités d'intérêt local, les conseils de quartiers, les très officiels "conseils citoyens" et le monde associatif et économique.
« Ces documents officiels sont publics et opposables au sens juridique du terme. Nul n'est censé les ignorer. S'ils ont omis de participer aux débats citoyens qui ont précédé leurs finalisations, nos concitoyens qui s'émeuvent aujourd'hui ont pu et peuvent les consulter pour en connaître la réalité bien modeste et la typologie. En outre, dans le livret de projet 2020-2026 de ton équipe, largement distribué au cours de la campagne électorale, il n'est à aucune page indiqué que tu envisageais de renoncer à tel ou tel de ces programmes. Tu n'as donc pris personne en traître.
SANS LOGEMENT DÉCENT, TOUS LES AUTRES DROITS RESTENT INACCESSIBLES
« Enfin, comme c'est prévu par la loi, dans chaque secteur concerné par les projets de constructions qui soulèvent des émois, fonctionne un "conseil de quartier" animé par un de tes adjoints assisté de fonctionnaires compétents en animation et médiation. Active la démocratie locale si elle s'est un peu assoupie. Tu verras, l'échange, si tu ne convaincs pas tout le monde, permettra au moins de rétablir des éléments objectifs sur les enjeux. À défaut, tu courras le risque que des démagogues, dont certains issus de ta propre majorité, s'emploient à fracturer un peu plus la société seynoise déjà bien fragilisée par les inégalités socio-économiques, culturelles et territoriales. Et ce sont ceux qui détestent la démocratie et la république qui en récolteront les fruits.
« Le 5 juillet 2020, le jour même de ton élection aux fonctions de maire, Laurent Desmard, président national de la Fondation Abbé-Pierre, livrait quelques écrits que je te propose de relire : ”Sans un logement digne et décent, tous les autres droits, à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, à la sécurité… restent inaccessibles. L’abbé Pierre avant nous le répétait sans cesse. Depuis plus de trente ans, tous nos rapports dénoncent la pénurie et le coût exorbitant du logement. Et évidement les conséquences catastrophiques de la crise touchent en priorité les personnes et les ménages les plus modestes. Un peu partout sur le territoire, on voit revenir le fléau de la faim pour des adultes, des jeunes, des enfants. Pour beaucoup d’enfants, la cantine assurait le seul repas équilibré de la journée. Partout la distribution alimentaire a dû être multipliée dans les quartiers, dans les résidences universitaires, dans les squats ou dans les bidonvilles où même l’eau fait défaut. Comment vivre à cinq dans 25 m2 ? Comment faire ses devoirs quand la famille ne partage qu’une pièce à tout faire ? Comment laisser un peu de repos à celle ou celui qui vient de sauver des vies rentre à la maison dans un logement surpeuplé ? Comment, comment, comment ? Il nous faudra maintenant répondre à toutes ces questions…“
« Dans ta boîte à outils de première magistrate, patiemment garnie par tes prédécesseurs, tu disposes de quelques instruments pour apporter certaines réponses. Ces projets immobiliers sociaux, partagés avec tous les partenaires institutionnels de la Ville et validés par les citoyens, en font partie. »