8 février 2024 4 08 /02 /février /2024 16:17

 

Les 12000 familles de La Seyne et de notre Métropole qui attendent désespérément un habitat social, parfois depuis une décennie, ont-elles entendu le Premier ministre répéter à l’envi qu’il va désormais privilégier les foyers les plus aisés au détriment des plus précaires en matière de logement ?

 

Oh, ce n’est pas dit comme ça, mais, à l’arrivée, c’est immanquablement ce qui va se produire s’il concrétise sa terrible annonce d’inclure les “logements locatifs intermédiaires“ (LLI) dans l’obligation faite aux communes de disposer de 25 % de logements sociaux. Je vais essayer d'exposer simplement la démonstration.

 

Et les élus de La Seyne et de Toulon Provence Méditerranée, qu’en pensent-ils ? Que compte dire leur maire aux 20 % de Seynois vivant au-dessous du seuil de pauvreté *, aux 48 % de Seynois non imposables, et aux 77 % éligibles au vrai logement social ? Notre édile a-t-elle l’intention de contester publiquement les intentions funestes du gouvernement ?

 

 

EX-CAMARADE ATTAL, TA SUPERCHERIE TRAITRESSE NE DEVRAIT TROMPER PERSONNE

 

C’est un peu compliqué, mais, si je parviens à bien l’expliquer, on pourra comprendre la supercherie habile et démagogique de M. Attal, surtout en faveur des maires rétifs à l’équité républicaine.

 

Le “ I ” de “LLI” signifie “Intermédiaire”, c’est-à-dire que ces habitats sont destinés à offrir une solution entre le logement social et les logements loués au prix du marché, autrement dit qu’ils concernent les familles qui dépassent un peu les plafonds de ressources qui les auraient rendues éligibles à un habitat réellement social.

 

Une bonne partie des couches moyennes sont déjà éligibles au logement social, pour peu que leur revenu fiscal de référence soit inférieur à 2360 euros mensuels pour une personne seule, et à proportion pour un foyer. Pour ces familles, ces logements, qu’on appelle “PLS“, constituent ce qu’on peut qualifier de “haut de gamme” de l’habitat social.

 

Or l’INSEE nous apprend que le revenu médian de référence pour une personne est en 2021 de 1886 euros par mois dans notre Métropole varoise (et 1783 euros à La Seyne). Ça veut dire que la moitié des gens de chez nous vivent au-dessous de ce revenu. Et c’est autour de ce niveau de revenu médian que l’on situe ce qu’on appelle les “classes moyennes”. On le voit, on est très loin des 2360 euros par personne au-delà desquels le revenu moyen doit se situer pour ne plus être éligible au logement social.

 

La réalité, car ces 2360 euros constituent un plancher, est même que les foyers pouvant accéder aux “LLI” sont ceux dont le revenu est plutôt de l’ordre de 2900 euros par personne et par mois. Ce ne sont certes pas les familles des patrons du CAC.40, mais on est tout de même très au-dessus de la classe moyenne !

 

Alors, M. Attal, soit n’y comprend rien, soit joue les bonimenteurs, lorsqu’il justifie sa volonté de réforme par un souci de soutenir les classes moyennes.

 

 

LE JADIS CAMARADE SOCIALISTE ATTAL BIEN PIRE QUE SARKOZY

 

En tout cas, M. Attal ouvre la boîte de Pandore en entrant les “LLI” dans le calcul des 25 % d’habitats sociaux imposés à chaque commune par la loi. Même M. Sarkozy n’a pas osé le faire ! M. Attal instaure clairement un système d’éviction au détriment du logement social dans toutes ses "gammes", depuis le très social (PLAI) jusqu’au logement social abordable pour les classes moyennes (PLS).

 

Et il obère un peu plus le pouvoir d’achat des pauvres, mais aussi celui des classes moyennes qu'il feint de vouloir aider. En effet, les maires réfractaires aux constructions de logements sociaux – et ça ne manque pas dans le Var et en Provence – vont se frotter les mains. Pour beaucoup, il n’y aura plus ni obligation de construire, ni amendes. Mais surtout, hélas, faute d’offre nouvelle de logement social, notamment public, les plus précaires continueront à subir les loyers indignes de marchands de sommeil dans des appartements souvent dégradés ou, s'ils parviennent à accepter de se loger dans de l’habitat autre que le “super-social” (PLAI ou PLUS), ils seront redevables de loyers plus élevés, occupant cet habitat (PLS) normalement prévu pour la classe moyenne. Et, en conséquence, cette dernière continuera à n’avoir d’autre solution de résidence que le “LLI”... dont les loyers vont immanquablement continuer à grimper.

 

L’incidence, c’est qu’on va assister à un effet massif d’apartheid territorial social qui va en découler, et bien sûr au détriment des catégories populaires, surtout les très appauvries, avec de terribles effets sur la mixité sociale. Pour combattre les ghettos, il faut du logement social partout, de toutes “gammes”, dans toutes les quartiers de toutes les villes, et notamment là où cette mesure anti-républicaine de M. Attal va exonérer les communes récalcitrantes de leur contribution indispensable au respect des valeurs de notre République.

 

 

ET LES ÉLUS QU'ON CROIT RÉPUBLICAINS À LA SEYNE, ILS DISENT QUOI ?

 

Alors, de deux choses l’une : ou bien tout ça convient à la maire de La Seyne, à ses élus représentant la commune au sein de l’office intercommunal d’HLM ou chargés de la politique de la ville ou de l'action sociale, supposés investis en faveur des habitants les plus vulnérables, et ils continuent à se taire (« pour ne pas faire de la politique », selon l'un d'eux), ou bien ils décident de défendre près des trois-quarts des Seynois qui seront demain les victimes d’une décision inique d’un État dont les commentateurs objectifs disent qu’il opère un virage à droite, et alors ils s'insurgent haut et fort. Or, pour l'heure, nul ne les entend.

 

Moi, j’assume de dire qu’il s’agit en réalité d’un virage à l’extrême-droite de la part de l'État, assertion corroborée par le silence complice face à cette grave annonce des – hélas – nombreux élus locaux et parlementaires varois du RN qui doivent boire du petit lait en constatant que, reprenant sournoisement leurs antiennes comme ils l’ont fait avec l’abjecte loi sur l’immigration, les soi-disant républicains qui gouvernent aujourd’hui la France déroulent en fait le tapis rouge à leurs idées nauséabondes.

 

 

Au peuple populaire de La Seyne et de la Métropole, des plus humbles aux classes moyennes – soit les trois-quarts des Seynois et gens de TPM selon l'INSEE –, je ne peux faire moins que supplier : « N’écoutez pas ceux qui vous serinent qu’il faut se méfier “des extrêmes de droite et de gauche”. Ceux qui vous disent cette hérésie globalisante font en réalité le lit de ceux qui promeuvent des idées qui ont conduit au nationalisme, au totalitarisme, jusqu’au fascisme et au nazisme, comme l’ont fait – peut-être pour certains à leur corps défendant – trop de conservateurs des années ‘20 et ‘30 du XXe siècle en Europe. Aujourd’hui, ce sont des soi-disant « extrémistes » comme moi qui vous conjurent de vous prémunir du pire. Vous pouvez y parvenir, pour peu que vous vous impliquiez, malgré vos indicibles difficultés du quotidien, pour défendre, avec les gens de gauche et les républicains sincères – ne fussent-ils pas de gauche – de chez nous, vos droits qui ne sont jamais que... les Droits de l’Homme ».

 

 

* : plus de 5700 sur environ 31100 foyers fiscaux (données 2021 de l'INSEE)


 

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29 janvier 2024 1 29 /01 /janvier /2024 10:45

 

C'est passé inaperçu, mais le périmètre officiel du quartier prioritaire du centre-ville de La Seyne a évolué depuis le récent décret fixant les délimitations des sites urbains vulnérables considérés par l'État comme prioritaires au titre de la politique de la ville.

 

La surface urbaine pouvant bénéficier de significatives aides du gouvernement a en effet été agrandie d'environ un cinquième, mais il apparaît évident que ce n'est pas pour qu'un plus grand nombre d'habitants précaires en soient bénéficiaires que cette extension a été décidée.

 

Quelles en sont alors les raisons ? Les Seynois ont le droit de savoir.

 

 

La carte que j'ai annotée le met en évidence. L'extension au sud ne concerne qu'un périmètre où, hormis le presbytère des curés de Notre-Dame de Bon Voyage, qui ont de toute façon dû faire vœu de pauvreté, il n'y a pratiquement pas de logements mais surtout des équipements publics. Au nord, l'élargissement vers l'ouest de la rue Émile-Zola à la rue Ernest-Reyer, incluant de fait un pâté de maisons individuelles qui ne sont pas à proprement parler occupées par des miséreux, ne sert à l'évidence qu'à raccrocher au zonage la parcelle où est implantée l'école Jules-Verne car il y a obligation de continuité territoriale.

 

CLIQUER POUR AGRANDIR

 

La mairie n'est pas pour rien dans cette nouvelle délimitation. Si la loi prévoit que c'est l'État qui fixe les périmètres des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), ça se fait sur proposition des préfets qui ont obligation de prendre en compte les avis et demandes des maires et présidents des intercommunalités concernés. La maire a donc quelque chose derrière la tête.

 

 

DES ÉQUIPEMENTS PUBLICS RÉNOVÉS OU CRÉÉS ?

 

Ça peut être l'espoir de bénéficier d'aides pour la réhabilitation des équipements publics du QPV. Pourquoi pas, si ça peut donner un argument pour accélérer, par exemple, la reconstruction du groupe scolaire Mabily-Verne que nous avions budgétisé dès 2019 et que la maire reporte d'année en année, ou disposer d'espace pour édifier la crèche prévue et financée dans le programme de rénovation urbaine de 2019 à laquelle la maire a renoncé ?...

 

 

DE L'HABITAT DE TOUS STANDINGS ?

 

Ça peut permettre de disposer de foncier (notamment sur les zones en  vert clair  sur la carte) permettant de « faire de la ville sur la ville », entendez par là construire de l'habitat. Pourquoi pas ? On a d'importants besoins, on doit respecter la loi imposant 25% de logements sociaux plutôt que payer 800.000 euros annuels d'amende, on peut faire de la mixité sociale en faisant venir des classes moyennes dans le quartier, on devra reloger les habitants des îlots de l'hypercentre prévus à la démolition, et on devra sûrement disposer de logements-tiroirs pour permettre la rénovation des immeubles vétustes du cœur historique, autant d'opérations financées depuis 2019 qui tardent à se réaliser...

 

 

UNE ÉVOLUTION POSITIVE DES ACCÈS  ET CONTOURNEMENTS ?

 

Ça peut permettre d'améliorer le réseau des voiries d'accès et de contournement du centre-ville. Pourquoi pas ? On se demande d'ailleurs pourquoi la Ville a mis sous l'éteignoir le projet, pourtant lui aussi bien avancé, de création d'une voie apaisée reliant la rue Beaussier à la rue Jacques-Laurent. On pourrait aussi prévoir du stationnement périphérique à l'hypercentre, absolument nécessaire depuis que la maire a cru bon d'anticiper la “piétonnisation“ initialement prévue en fin de rénovation urbaine et dont on mesure chaque jour un peu plus l'effet létal sur l'activité commerciale, d'autant que, après les rêves illusoires de pont, l'on a manifestement cessé de plaider auprès de la métropole pour la réalisation de la traversée du port et l'arrivée du “superbus“ en site propre pour laquelle on n'a même plus de calendrier...

 

 

UNE DISCRIMINATION SCOLAIRE POSITIVE ?

 

Ça peut permettre d'obtenir enfin le statut de "réseau d'éducation prioritaire" pour les écoles du quartier désormais intégrées dans le périmètre du QPV. Pourquoi pas ? Pour peu que la maire reprenne à son compte ma supplique constante auprès des ministres de l'Éducation nationale d'obtenir que les enfants et les enseignants du centre-ville bénéficient des mêmes aides que ceux de Berthe dont les familles partagent les mêmes caractéristiques socio-économiques, la nouvelle ministre Oudéa-Castera pourrait consentir à cet effort, en espérant qu'elle ne se trompe pas et n'attribue pas les moyens dédiés au remplacement du bénitier de l'école Sainte-Thérèse et du ciboire du collège Sainte-Marie...

 

 

LES SEYNOIS ONT LE DROIT DE SAVOIR, LES ÉLUS LE DEVOIR D'INFORMER

 

Cette extension de surface peut donc être une bonne chose. Lorsqu'ils en auront fini avec leur obsession de démanteler par principe ce qui a été fait avant eux, comme l'appui municipal aux associations des quartiers fragiles de Berthe et du centre ancien ou la Maison des Services Publics du Germinal qui accueille 44.000 usagers de tout l'Ouest-Var, la maire et son adjoint à la politique de la ville pourraient expliquer les raisons de cet élargissement et les projets qu'ils ont en tête.

 

Et surtout, comme la loi le leur impose s'agissant d'un quartier prioritaire, faire revivre les instances de démocratie locale qu'ils ont réduites à néant et associer nos concitoyens, à commencer par les résidents et acteurs de notre cœur de ville historique, à la conception des projets qui pourraient bénéficier de cette nouvelle opportunité géographique.

 

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5 décembre 2023 2 05 /12 /décembre /2023 14:07

 

Il est des dépenses publiques qui questionnent. Ainsi en est-il de récents travaux ayant  radicalement transformé l'insertion du collège Henri-Wallon de notre quartier Berthe dans son environnement urbain. Un grillage incliné anti-intrusion et des panneaux occultant la clôture sont venus donner une image d'ultra-sécurisation inutile d'un établissement scolaire qui prend des allures de camp retranché.

 

Mais que craint-on donc ? Quelle mouche a piqué ceux qui ont pris cette décision ? Quel sens donner à cette initiative qui nie le parti pris d'ouverture du collège au quartier de résidence de ses élèves qui avait présidé à la fin des années 90 à une conception architecturale et fonctionnelle support d'un projet éducatif fondé sur la réconciliation avec l'École de jeunes et de familles dont les réalités sociales, économiques et culturelles constituent pour beaucoup des freins à tirer plein parti de la belle œuvre émancipatrice de l'Éducation nationale ?...

 

 

UN COLLÈGE VOULU OUVERT À SON ENVIRONNEMENT URBAIN

 

Ça avait été en effet, il y a tout juste un quart de siècle – à peine une génération d'élèves et de parents – un choix délibéré, impulsé par l'État et soutenu par le conseil général du Var. Il fallait imaginer avec les personnels du vieux collège datant de 1969 à reconstruire, mais aussi avec les familles, les associations partenaires, les élèves eux-mêmes, un établissement conjuguant d'une part des locaux d'apprentissages scolaires "sanctuarisés", et d'autre part des espaces ouverts servant de médiation avec le quartier. C'étaient des terrains de sport accessibles hors des temps scolaires, un gymnase spécialement adapté à un usage extra-scolaire, des locaux d'animation socio-éducative, d'aide aux devoirs, d'accompagnement de la scolarité et d'appui à la fonction parentale, un auditorium pouvant offrir des événements culturels aux habitants du quartier, et des lieux d'accueil, de rencontre et d'échange entre familles et enseignants.

 

C'étaient autant de choix d'infrastructures permettant de favoriser une image positivée de l'institution scolaire, une compréhension de ses codes, dans une démarche plaçant les jeunes, pour leur réussite et leur insertion, au cœur d'une stratégie éducative globale, de tous leurs temps de vie, associant professeurs, éducateurs, animateurs culturels et sportifs communaux et associatifs, fratries et parents.

 

 

UNE ARCHITECTURE VITRINE TRANSPARENTE DE L'ÉMANCIPATION 

 

Des sommités de renom des champs de la psychologie, de la pédagogie et de la sociologie avaient pris part à "l'équipe-projet" autour des architectes choisis pour leur appropriation de cette démarche inédite d'ouverture de l'École à son environnement, Jean et Marie Parente (voir ICI la page Internet dédiée de Marie Parente). Le conseil général de l'époque – ancêtre de l'actuel conseil départemental – avait opté pour investir dans ce chantier novateur un budget une fois et demie plus important que celui dédié à la réalisation d'un collège lambda. La Ville avait apporté sa part en budget de fonctionnement des actions péri– et extra–scolaires et l'État en moyens financiers et humains spécifiques.

 

Et l'établissement a largement tiré parti de ces efforts institutionnels exceptionnels. Ses résultats en matière d'insertion scolaire et sociale sont généralement au-dessus de ceux des collèges des sites urbains vulnérables classés "éducation prioritaire". Grâce à ses espaces spécifiques, il fut pionnier des opérations "École Ouverte", "Ville Vie Vacances", "Réseau d'appui, d'écoute et d'accompagnement des parents", "contrat local d'accompagnement scolaire", et de bien d'autres dispositifs. Des visites de ministres s'y sont succédé au fil des ans, vantant l'innovation architecturale et sociale. Alors maire, j'y ai ainsi accueilli le ministre de la Ville Julien Denormandie en 2019 à l'occasion de l'obtention par La Seyne du tout premier label "Cité éducative", que la maire d'aujourd'hui a heureusement la bonne idée de poursuivre ainsi que Var-matin vient de le rappeler (voir ICI).

 

 

UN ACTE AUSSI INEFFICACE QUE LOURD DE SYMBOLE DE RELÉGATION

 

Après les baisses de moyens humains de l'Éducation nationale, son repli sur elle-même, son obstination à se recentrer – sans succès – sur les fameux "apprentissages fondamentaux" à la mode IIIème République, après les chutes des subventions départementales et communales permettant les actions périscolaires et des temps libres des associations partenaires du collège, après le refus du Département et de la Ville de considérer le quartier Berthe dans le schéma de rénovation de la carte scolaire qui permettrait la mixité sociale que la République doit à ses enfants (voir ICI), voilà qu'on vient de commettre un acte symbolique aussi stupide qu'inefficient : barricader et cacher à la vue de tous un lieu majeur de l'émancipation de ceux de nos jeunes concitoyens que certains auront désormais beau jeu de qualifier du vilain mot "d'invisibles"... 

 

Qu'en pensent Lydie Onteniente et Ludovic Pontone, adjoints à la maire et surtout conseillers départementaux du canton de La Seyne-Nord et, à ce titre, représentants du Département auprès de trois des quatre collèges publics seynois ? Ils ont le devoir de justifier publiquement ce choix inepte.

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1 décembre 2023 5 01 /12 /décembre /2023 11:22

 

« C'est à l'Association des Maires de France de dire à ses membres qui ne respectent pas la loi qu'ils doivent le faire »... Cette affirmation surprenante est de la secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté et de la Ville, interrogée par une revue1 il y a quelques jours.

 

Et la loi dont il est question, c'est la loi SRU qui impose aux communes2 de disposer de 25% d'habitats sociaux pour répondre aux besoins de logement de tous. Une obligation dont trop de maires s'exonèrent, quitte à payer de lourdes amendes, pour ne pas fâcher des administrés qui ne veulent pas entendre parler de logement social dans leur environnement urbain.

 

Et voilà que la ministre charge les maires fautifs eux-mêmes de s'auto-réguler ! Les gens sans-toit risquent de le rester longtemps. On peut toutefois se réjouir du fait que le préfet du Var a annoncé (lire ICIne pas se désengager de sa mission de contrôle et de sanction des maires réfractaires. Pourvu qu'il ne se fasse pas rappeler à l'ordre par la ministre !...

 

 

DES MAIRES CONTESTANT LA LOI CHARGÉS DE LA FAIRE APPLIQUER ?...

 

Sept maires de notre région Provence sont membres des instances dirigeantes de l'Association des Maires de France (AMF). L'un d'eux, celui de Cannes (06), en est même le président national. Sur les sept, un seul est en règle, celui de Vitrolles (13), un édile de gauche, sa commune disposant de suffisamment de logements sociaux. Les six autres, non seulement ont des taux de logements sociaux très inférieurs à l'obligation légale (de 6,2 % à 17,2 %), mais assument de ne pas faire suffisamment d'efforts pour combler leur retard, jusqu'à revendiquer leur opposition à la loi. Jugez vous-mêmes...

– « On s'oppose au principe d'une loi qui s'applique (...) sans tenir compte des particularités de nos communes » (maire LR d'Allauch [13] - BFM Marseille - février 2022)

– « Le préfet nous impose de l'aménagement [21 logements sociaux...] mais c'est nous qui sommes responsables devant nos administrés » (maire DVD de Saint-Laurent-du-Var [06] - France 3 - avril 2019).

– « Dans le domaine du logement (...), le dirigisme étatique fait du désastre » (maire LR de Cannes [06] - décembre 2022)

– « S'il s'agit de se conformer à la loi SRU, ce n'est ni faisable, ni souhaitable » (maire LR de Saint-Raphaël [83] - Var-matin - novembre 2023)

– Et, pour finir en beauté ce florilège de propos à faire se retourner l'Abbé Pierre dans sa tombe : « Une loi débile, une loi stupide » (maire LR de Mandelieu-La Napoule [06] - France Bleu - juillet 2023)

 

Il va être intéressant de voir comment ces maires auxquels la ministre veut confier la tâche de faire respecter une loi qu'ils contestent ouvertement vont s'acquitter de leur mission de remonter les bretelles à leurs collègues provençaux récalcitrants.

 

 

HEUREUSEMENT QUE LE PRÉFET DU VAR TIENT UN DISCOURS DE FERMETÉ !

 

Que diront-ils si d'aventure la maire de La Seyne, de même sensibilité politique que ces frondeurs, ne tient pas l'engagement que sa conseillère municipale déléguée au logement s'apprête à lui faire prendre de livrer d'ici deux ans 469 nouveaux logements sociaux sur notre commune ?

 

En effet, n'étant pas à une volte-face près, cette conseillère municipale, candidate au premier tour des élections de 2020 sur une liste écologiste, puis au second sur la liste d'union des gauches et des écologistes, ayant ensuite quitté le groupe d'opposition de gauche au prétexte que celui-ci soutenait des projets de logements, investie malgré ce par tous les partis de gauche et les Verts pour porter leurs couleurs aux élections législatives de 2022, ayant pour finir trahi ses électeurs en rejoignant la majorité antisociale de droite et droite extrême de la maire qui s'acharne à freiner les projets de construction de logements, exhibe désormais une fibre solidaire vertueuse en soumettant au conseil municipal un projet de délibération (lire ICI) qui engagera devant l'État la commune à produire 469 habitats sociaux d'ici à fin 2025, dont un tiers de "super-sociaux" pour les foyers les plus en difficulté, première étape vers un plan triennal permettant d'atteindre l'objectif des 1945 logements sociaux manquants à La Seyne. Avec de telles girouettes, sans faire de procès d'intention et en espérant me tromper, on peut craindre que l'engagement, au demeurant très louable, ne sera pas tenu.

 

Et face à des élus coutumiers des revirements que la ministre voudrait faire remettre dans le droit chemin par d'autres élus spécialistes de la contestation de la loi, heureusement que le préfet du Var veillera au grain.

 

1"La Gazette des Communes" - lire l'article ICI

2 : les communes de plus de 3500 habitants

 

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Rénovation urbaine - aménagements et habitat
27 octobre 2023 5 27 /10 /octobre /2023 13:06

 

La Première ministre l'a affirmé : « Je demande donc aux préfets de ne plus installer, via les attributions de logements ou la création de places d’hébergement, les personnes les plus précaires dans les quartiers qui concentrent déjà le plus de difficultés ». Ça peut être un choix salutaire républicain qu'il faut saluer ! Et qui devra être suivi d'effet. À condition qu'on accélère la construction, sinon ce sera la double peine...

 

Pour l'ouest de notre métropole toulonnaise, il faut donc pouvoir répondre aux besoins des foyers reconnus "DALO" (droit au logement opposable). Et pour cela leur réserver des appartements sociaux à Six-Fours, Ollioules, Saint-Mandrier, et dans les sites seynois et toulonnais qui ne sont pas "quartiers prioritaires" (donc ni La Beaucaire et Pontcarral à Toulon, ni Berthe et le centre ancien à La Seyne).

 

 

Chez nous, en effet, cette décision du gouvernement, annoncée ce vendredi lors d'une réunion du comité interministériel des villes (CIV), suppose, au regard de l'ampleur des attentes, qu'on produise de nouvelles résidences et qu'on revienne sur les décisions de renoncer à des programmes qui devaient permettre d'y répondre. Sinon, ce seraient les bénéficiaires du "DALO" qui seraient punis en voyant leurs délais d'attribution d'un toit encore rallongés.

 

 

RELANCER LES PROGRAMMES SEYNOIS DE LOGEMENTS SOCIAUX

 

À La Seyne, il faut arrêter de tergiverser avec les perspectives de constructions de logements sociaux que, par démagogie envers certains riverains, la municipalité freine des quatre fers aux quartiers Peyron-Moneiret et Peyron-La Muraillette, au nord de Gai-Versant, ou au quartier Saint-Jean sur l'emprise de l'école désaffectée Eugénie-Cotton.

 

Il faut aussi dédier au moins une part des fonciers publics disponibles à la construction de logements sociaux, comme sur les emprises de l'ancien commissariat de police ou de l'ancien collège Henri-Wallon.

 

Il faut également revenir au nombre initialement prévu de logements sociaux dans le programme de Bois Sacré que la maire, sous la pression de quelques privilégiés, a tenté de faire abandonner, heureusement en vain. Et il faut stopper dans l'urgence le volet de la révision en cours de la zone seynoise du plan intercommunal d'urbanisme afin de remettre à l'ordre du jour le projet raisonnable de constructions intégrées à l'environnement naturel au quartier Costechaude-Mauvèou.

 

 

L'EXIGENCE DE L'ÉTAT NE DOIT PAS RESTER UN VŒU PIEUX

 

Mais, si les communes doivent jouer le jeu, l'État doit se donner les moyens de son ambition. Il doit être plus ferme que jamais en direction des maires trainant les pieds pour se mettre en règle avec la loi imposant 25% de logements sociaux et durcir les sanctions financières infligées aux récalcitrants. Il doit aussi sanctionner les intercommunalités qui ne font pas vivre comme il se doit les conférences intercommunales du logement (CIL) et, soi-disant par respect des autonomies communales, tolèrent que certaines villes ne conduisent pas les indispensables efforts d'accueil des plus précaires. Il ne faut pas que l'État hésite à retirer cette prérogative aux métropoles trop frileuses et assume lui-même la responsabilité de faciliter l’accès au logement des ménages, d'offrir plus de transparence dans les politiques d’attributions et de favoriser la mixité au sein du parc social.

 

L'État doit cependant donner aux métropoles et aux organismes d'HLM les moyens budgétaires de conduire une politique ambitieuse de l'habitat pour les ménages les plus fragiles. Les bailleurs sociaux doivent être aidés pour construire de nouvelles résidences ou acquérir des copropriétés en difficulté pour les rénover et louer leurs logements. On en est très loin et aucune mesure budgétaire n'est annoncée. Les particuliers eux-mêmes doivent être bien plus financés qu'aujourd'hui s'ils rénovent des logements, sous réserve qu'ils les destinent à la location sociale.

 

Appeler à la solidarité territoriale pour garantir le droit au logement pour tous, c'est bien. Mais le droit de chacun à un toit est inscrit dans la Constitution. C'est un devoir régalien d'agir à leur place si les élus des territoires font de l'obstruction.

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22 septembre 2023 5 22 /09 /septembre /2023 07:41

 

La droite municipale seynoise est décidément impayable. Après que ses amis de la droite nationale ont créé les conditions de la dégradation des conditions de vie des habitants des logements HLM de Berthe, après qu'elle a elle-même délabré l'environnement social de notre grand quartier populaire, voilà que, par une communication relayée par la presse locale (cliquez ICI), elle fait mine de s'insurger contre une situation dont elle et les siens portent la responsabilité.

 

La situation des résidents des HLM seynois découle de deux lois contre lesquelles la droite seynoise s’est bien gardée de s’offusquer.

 

En 2006, la loi « ENL » de la droite UMP portant soi-disant « engagement national pour le logement », a scellé le sort des anciens "offices publics communaux d’HLM", devenus des "offices de l'habitat" aux statuts d’établissements industriels et commerciaux, les soumettant aux règles de la concurrence et dépossédant les élus locaux de leur responsabilité de pilotage au profit de cadres de direction ne relevant plus de la fonction publique. Silence de la droite locale.

 

En 2018, la loi « ELAN » de la droite macroniste, avec sa logique libérale « d’accroissement des marges financières des organismes », a imposé la fusion des offices de l’habitat qui s’est traduite par l’absorption de l’office seynois "Terres du Sud Habitat" (TSH) par l’office toulonnais "Toulon Habitat Méditerranée" (THM). On a parachevé le renoncement au service public local de logement social répondant dans la proximité aux besoins des locataires. Silence de la droite locale.

 

Ce contexte est aggravé pour nos habitants par le fait que la municipalité seynoise, comme guidée par une obsession de démantèlement de ce qui existait avant elle, participe au recul de l’accompagnement des citoyens précaires et de la présence publique et associative de proximité. Elle a fustigé depuis des années la Métropole, désormais collectivité de rattachement de notre office d’HLM. Elle ne s’insurge pas contre la centralisation à Toulon des services de THM. Elle engage sans raison la liquidation de la "Maison des services publics" de Berthe plutôt que se battre pour sa pérennité avec, par exemple, le retour en son sein d’une antenne des HLM. Elle ne relaie pas l’exigence des gardiens d’immeubles envisagée en contrepartie de l’exonération de taxe foncière dont THM bénéficie. Elle met en veilleuse la démocratie de proximité permettant l’expression citoyenne des besoins à relayer. Elle fragilise le tissu associatif réceptacle des angoisses des habitants et outil de médiation entre eux et les institutions. Les habitants sont abandonnés. Sortir de l'obstination revancharde et corriger ces errances attesterait d’une empathie avec les résidents qui se sentiraient soutenus pour faire valoir leurs droits. Eux seuls, usagers du service public du logement, et non « clients » comme THM les qualifie désormais, avec l'appui de leurs organisations de locataires, peuvent obtenir satisfaction.

 

Trois élues seynoises, dont la maire, siègent au conseil d’administration de THM. L’une d’elles est même vice-présidente de l’office THM. C’est plutôt en s’impliquant, fût-ce avec une légitime combativité, dans le partenariat intercommunal tout en accompagnant les résidents désemparés dont il faudrait qu'elles gagnent la confiance qu’en vitupérant par voie de presse qu’elles pourraient faire avancer les choses.

 

Il n'est pas sûr que le coup de gueule médiatique auquel elles se sont livrées place leurs interlocuteurs métropolitains dans des dispositions de bienveillance à l'endroit de nos locataires en détresse...

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26 juin 2023 1 26 /06 /juin /2023 08:12

 

Entre autres sujets que le Président de la République devrait aborder lors de sa venue à Marseille ce lundi, il est celui des quartiers populaires urbains vulnérables, grandement abandonnés depuis sa première élection de 2017.

 

Depuis plusieurs semaines et jusqu'à ce week-end, mes anciens collègues maires, de toutes les régions, de toutes les familles politiques, qui administrent les communes où vivent les 6 millions de résidents les plus pauvres de notre pays, ont rappelé les enjeux, reformulé leurs exigences, remis la pression, relancé des alertes.

 

On n'a entendu aucune voix s'élever de La Seyne...

 

 

TOUT IRAIT-IL POUR LE MIEUX POUR NOS QUARTIERS POPULAIRES ?

 

C'est que tout doit aller pour le mieux dans notre centre ville et dans nos grands ensembles d'habitat social. Aucun des habitants de La Seyne n'est sûrement contraint de ne pas manger à tous les repas. Le nombre de personnes qui font appel aux distributions d’urgence alimentaire doit diminuer. "Toulon Habitat Méditerranée", l'office d' HLM de notre métropole, n'enregistre sûrement aucune augmentation du nombre de loyers en retard de paiement de plus de trois mois, alors que cet accroissement a été de 10% en un an dans le reste du pays. Aucun Seynois de nos quartiers vulnérables ne doit être en situation de renoncer à ses droits à la sécurité, à l'emploi, à la santé, à l'éducation, aux sports, à la culture. L’affaiblissement des services publics ne doit être chez nous qu'un mythe, la fracture numérique doit y être durablement réduite et consolidée. Aucune de nos associations, elles qui ont effectué un travail remarquable durant la pandémie de Covid, ne doit être aujourd’hui à bout de souffle. Nos programmes de rénovation et requalification urbaine, comme celui de notre centre ancien, prêt et financé depuis 2019, ne doivent rencontrer aucun retard de mise en œuvre.

 

 

LE MIRACLE SEYNOIS, EXCEPTION NATIONALE ?

 

Notre ville populaire doit être l'exception française, le miracle seynois, le réceptacle fabuleux des impacts prodigieux du "collier de perles", de la "cité bleue", du "pont de la réconciliation", du circuit bucolique "il Giro, la balade des gens heureux", des créations comme "The world is yours"  ( * ) ou "Le porteur d'écume", de la boutique d'amulettes "La Seyne vous sourit", et de l'idyllique "Berthe village".

 

Autant d'initiatives municipales aux titres envoûtants qui ont certainement avec bonheur réduit la fracture urbaine, économique, sociale et environnementale, ce qui, en conséquence, ne doit plus justifier que, telle la gueuse suppliant sa pitance, La Seyne n'ait à implorer l'État pour qu'il se penche un peu plus sur ses humbles gens avec la solidarité fraternelle de la Nation bienveillante qu'il a le devoir de déployer.

 

 

QU'ES-TU DEVENUE, LA SEYNE, BELLE ET REBELLE ?

 

Ailleurs, les malheureuses villes populaires clament leur souffrance : « Face à la détresse des habitants qui ont le sentiment d’être abandonnés par la République, nous demandons un plan d’urgence pour les banlieues. Les banlieues sont au bord de l’asphyxie. », écrivaient ensemble en mai dernier dans une tribune des dizaines de maires de droite, de gauche et même de la majorité présidentielle d'aujourd'hui à celui qui promettait en 2017 d'en finir avec « la France des quartiers assignée à résidence » et rappelait en 2022 que « les habitants de nos quartiers populaires sont une chance pour notre République ».

 

À part quelques initiatives utiles, l'effort de l'État est très loin d'être à la hauteur des besoins d'une situation qui s'aggrave. Une députée, pourtant membre du parti présidentiel Renaissance, d'une circonscription fragile d'Île-de-France livrait ces jours derniers une rude sentence, fustigeant au travers de la personne de l'actuel ministre qui en assume la charge la politique macroniste des quartiers prioritaires : « J’ai rarement vu un ministre faire autant l’unanimité contre lui ». Si même une parlementaire de la majorité le dit...

 

Partout, les 1500 quartiers vulnérables alertent et revendiquent. Et, non, La Seyne, elle, ne se plaint pas. Elle est bien la seule. Qu'es-tu devenue, La Seyne, belle et rebelle ?

 

 

( * ) : "The world is yours" = en dialecte local ayant supplanté l'archaïque et arriéré occitan provençal maritime, ça signifie en langue de la République une et indivisible : "Le monde est vôtre"

 

 

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3 mai 2023 3 03 /05 /mai /2023 10:06

 

« Madame la maire, Nathalie, ne cède pas. Ni pour la friche Altavilla du quartier Peyron, ni pour l'ex-école Eugénie-Cotton, ni pour l'ancien dépôt des bus de Moneiret, ni pour le terrain des anciennes tours A du Germinal, ni pour aucun programme immobilier à vocation sociale. Aménage, fais évoluer, améliore, mais ne cède pas.

 

« On comprend les inquiétudes des riverains des projets de construction de petites résidences pour reconstituer l'offre locative sociale résultant des démolitions, tant à Berthe qu'au centre-ville, mais on doit entendre aussi les milliers de familles qui sont en attente d'un logement à loyer accessible. Ceux-ci sont de très loin bien plus nombreux parmi tes administrés que ceux qui expriment leurs craintes.

 

« Et ton devoir est d'agir pour le plus grand nombre.

 

 

« Va à la rencontre des futurs voisins des projets. Ils n'ont peut-être pas pris part aux nombreuses réunions publiques qui ont permis de définir ces perspectives de construction et les valider. Expose-leur les raisons et l'historique de ces programmes. Mobilise à tes côtés les institutions publiques qui ont construit avec la Ville les programmes de rénovation urbaine de Berthe et du centre-ville, mais aussi les représentants des habitants des quartiers qui ont participé officiellement aux comités de pilotage des programmes et les ont entérinés au nom de tous.

 

 

DES PROJETS RÉSULTANT DE CONCERTATIONS CITOYENNES

 

« Si tu le souhaites, pour te dédouaner, mobilise-moi pour t'accompagner et assumer. Je te le dois au nom de la continuité républicaine. C'est moi en effet qui ai poursuivi après Arthur Paecht la mise en œuvre du programme de rénovation urbaine de Berthe, qui ai élaboré en 2018-2019 celui du centre ancien que tu déploies aujourd'hui, et qui ai porté les révisions du plan local d'urbanisme de 2011 à 2019. Ce sont là les cadres dans lesquels sont gravés dans le marbre des objectifs urbains toutes ces réalisations indispensables de logements. Ils n'ont fait l'objet d'aucune désapprobation citoyenne car ils ont été très largement concertés avec les gens, les Comités d'intérêt local, les conseils de quartiers, les très officiels "conseils citoyens" et le monde associatif et économique.

 

« Ces documents officiels sont publics et opposables au sens juridique du terme. Nul n'est censé les ignorer. S'ils ont omis de participer aux débats citoyens qui ont précédé leurs finalisations, nos concitoyens qui s'émeuvent aujourd'hui ont pu et peuvent les consulter pour en connaître la réalité bien modeste et la typologie. En outre, dans le livret de projet 2020-2026 de ton équipe, largement distribué au cours de la campagne électorale, il n'est à aucune page indiqué que tu envisageais de renoncer à tel ou tel de ces programmes. Tu n'as donc pris personne en traître.

 

 

SANS LOGEMENT DÉCENT, TOUS LES AUTRES DROITS RESTENT INACCESSIBLES

 

« Enfin, comme c'est prévu par la loi, dans chaque secteur concerné par les projets de constructions qui soulèvent des émois, fonctionne un "conseil de quartier" animé par un de tes adjoints assisté de fonctionnaires compétents en animation et médiation. Active la démocratie locale si elle s'est un peu assoupie. Tu verras, l'échange, si tu ne convaincs pas tout le monde, permettra au moins de rétablir des éléments objectifs sur les enjeux. À défaut, tu courras le risque que des démagogues, dont certains issus de ta propre majorité, s'emploient à fracturer un peu plus la société seynoise déjà bien fragilisée par les inégalités socio-économiques, culturelles et territoriales. Et ce sont ceux qui détestent la démocratie et la république qui en récolteront les fruits.

 

« Le 5 juillet 2020, le jour même de ton élection aux fonctions de maire, Laurent Desmard, président national de la Fondation Abbé-Pierre, livrait quelques écrits que je te propose de relire : ”Sans un logement digne et décent, tous les autres droits, à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, à la sécurité… restent inaccessibles. L’abbé Pierre avant nous le répétait sans cesse. Depuis plus de trente ans, tous nos rapports dénoncent la pénurie et le coût exorbitant du logement. Et évidement les conséquences catastrophiques de la crise touchent en priorité les personnes et les ménages les plus modestes. Un peu partout sur le territoire, on voit revenir le fléau de la faim pour des adultes, des jeunes, des enfants. Pour beaucoup d’enfants, la cantine assurait le seul repas équilibré de la journée. Partout la distribution alimentaire a dû être multipliée dans les quartiers, dans les résidences universitaires, dans les squats ou dans les bidonvilles où même l’eau fait défaut. Comment vivre à cinq dans 25 m2 ? Comment faire ses devoirs quand la famille ne partage qu’une pièce à tout faire ? Comment laisser un peu de repos à celle ou celui qui vient de sauver des vies rentre à la maison dans un logement surpeuplé ? Comment, comment, comment ? Il nous faudra maintenant répondre à toutes ces questions…“

 

« Dans ta boîte à outils de première magistrate, patiemment garnie par tes prédécesseurs, tu disposes de quelques instruments pour apporter certaines réponses. Ces projets immobiliers sociaux, partagés avec tous les partenaires institutionnels de la Ville et validés par les citoyens, en font partie. »

 

 

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21 avril 2023 5 21 /04 /avril /2023 06:48

 

Avec le démantèlement de la Maison des Services Publics de Berthe, la municipalité seynoise poursuit sur sa lancée. Après la fermeture du relais postal dans la médiathèque municipale des quartiers sud, l'acceptation sans réaction de la disparition d'une antenne à La Seyne de l'office public d'habitat social métropolitain, c'est un espace qui accueille 44.000 usagers par an pour une assistance dans l'accès aux droits de tous ordres qui risque de disparaître, ainsi que je l'exposais dans un précédent article de ce blog.

 

À chacune de ces occasions, la municipalité profite d'une possible défection d'une institution assurant un service public pour lui emboiter le pas, voire la devancer, en transférant sa propre responsabilité sur le partenaire avec lequel elle partage en fait son choix d'ultra-libéralisme qui sape les fondements des services publics sur lesquels repose la promesse républicaine d'égalité et de solidarité. Et, en plus, pour détourner l'attention, elle s'en prend à ceux qui agissent pour les défendre !

 

C'est machiavélique.

 

 

L'ART DE FAIRE PORTER LE CHAPEAU AUX AUTRES

 

L'exemple de la Maison des Services Publics est flagrant.

Phase 1 : L'équipe de la maire saisit au bond une volonté du Conseil départemental de se désengager de la structure de gestion de cette Maison France Services, mais pas de son implication (assistantes sociales et protection maternelle et infantile) ni de son financement.

Phase 2 : Avec trois conseillers départementaux également membres de la majorité municipale, la question qui n'est que technique aurait pu être réglée sans difficulté.

Phase 3 : Au contraire, la maire et son équipe utilisent ce prétexte banal pour prendre des décisions de démantèlement de ce service public accessible à tous en un lieu unique et identifié, tout en se gardant bien d'afficher leurs intentions.

Phase 4 : Ils engagent en catimini leur chantier de dislocation.

Phase 5 : Interpellés en séance publique du conseil municipal alors que les usagers découvrent le début de la casse, après avoir désigné le Département comme responsable de la situation, ils s'arcboutent pour justifier leur pernicieuse entreprise. Ils vont même jusqu'à affirmer que la décision de délocalisation de services a été prise avec le sous-préfet chargé des Maisons France Service (écouter sur la vidéo en fin d'article de l'annonce faite au conseil municipal - à 6 mn 22 s), affirmation audacieuse car mon petit doigt me glisse à l'oreille qu'elle relève plus de l'autosuggestion que de la réalité.

Phase 6 : Puis, devant la pression populaire et d'une partie de l'opposition municipale, ils font mine de faire un peu machine arrière, mais sans régler le problème de fond qu'ils ont eux-mêmes provoqué (voir article de Var-matin ci-dessous).

Ça, c'est la réalité objective attestée par les faits, les écrits et les propos. La seule.

 

 

 

DÉFENDRE LA RÉPUBLIQUE SERAIT DONC UNE IDÉOLOGIE SECTAIRE...

 

Et, comme en atteste une communication d'un adjoint au maire, ils croient s'en tirer à bon compte en jurant agir « loin des idéologies sectaires et de l'instrumentation [sic  *  ] politicienne », laissant entendre que la défense du service public serait le fait de vilains dogmatiques qui s'emploieraient à faire de la récupération du problème à des fins peu recommandables. Croient-ils qu'ils vont par de tels écrits masquer leur propre choix de démolition du service public qui, lui, corrobore vraiment leur vision doctrinaire de la ségrégation urbaine et sociale ?

 

Heureusement que certains ont encore foi dans l'action politique, croient aux vertus d'un accompagnement social et administratif équitable de tous les citoyens, surtout les gens les plus en difficulté, par la puissance publique d'une nation bienveillante et fraternelle, et sont bien décidés à ne pas laisser faire le démantèlement. Leur dogme de soi-disant sectaires intolérants, c'est Liberté, Égalité, Fraternité.

 

Ils se sont regroupés dans un collectif de défense de la maison des services publics. Et ils ne sont pas près de renoncer au combat qu'ils ont engagé auprès de nos concitoyens pour sauver cette Maison France Services. Ils sont sur le terrain, ils saisissent le sous-préfet chargé de ces équipements (voir la vidéo facebook ci-dessous du conseiller municipal NUPES-PS Olivier Andrau), et affirment leur détermination dans un communiqué dont Var-matin a publié de larges extraits (ci-dessous).

 

 

 

 

UN SILENCE ASSOURDISSANT FACE AU DÉMANTÈLEMENT DU SERVICE PUBLIC

 

SIGNEZ LA PÉTITION

En trois ans, outre la Maison des Services Publics, la poste du Clos Saint-Louis et les accueils de l'office d'HLM Toulon Habitat Méditerranée ont été fermés. Qui a vu se lever la maire et ses affidés pour défendre ces services à notre population ?

 

C'est comme pour tout le reste. Qui les a vus se mobiliser pour l'amélioration des transports en commun métropolitains desservant La Seyne, notamment par la nouvelle ligne de bateaux-bus que nous réclamons, avec le maire de Saint-Mandrier, depuis plus de douze ans ? Qui les a vus s'insurger contre la réduction des horaires d'ouverture des guichets de la gare SNCF ? Qui les a vus s'investir pour défendre les moyens des établissements scolaires publics mis à mal par leurs alter ego du gouvernement tout aussi libéraux dogmatiques qu'eux ? Qui les a vus aux côtés des personnels des hôpitaux de Toulon et La Seyne ou des salariés de la collecte des ordures et de la propreté urbaine, se battant pour, simplement, retrouver des moyens décents de leurs indispensables missions publiques ? Qui les a vus protester contre le retard pris pour la reconstitution de l'offre publique de logements locatifs sociaux pour compenser les démolitions de Berthe ? Qui les a vus aux côtés de leurs collègues élus des autres villes populaires vulnérables de France, de toutes sensibilités politiques républicaines, y compris la leur, qui se mobilisent pour obtenir « le déploiement des ressources et moyens de droit commun de l’État, des établissements publics, notamment sanitaires et sociaux, des régions, départements et intercommunalités. » ?

 

Plus généralement, qui les a vus aux côtés de leurs concitoyens quand il s'agit de défendre le service public, ciment du contrat social de la nation ? Qui les a vus réunir, ne serait-ce qu'une seule fois en trois ans, le comité communal des usagers des services publics ?

 

Ah, si, il faut être juste. Ils créent un poste de police municipale à la cité Berthe. Juste là où l'État ne leur demandait rien, puisque la convention entre les deux polices, nationale et municipale, prévoyait que ce territoire urbain était sous la compétence de la première...

 

Macron, Darmanin, Le Maire, et autres libéraux sans vergogne, qui révélez plus que jamais en ces temps troublés votre science assumée de la fracturation sociale du pays, vous êtes démasqués. Sortez de ces corps d'élus Seynois !

 

 

________________________________________

[ * ] : Le terme "instrumentation" utilisé par l'auteur de ces mots aimables est, selon l'Académie française et le Centre national de ressources textuelles et lexicales, un mot du champ de la musique et des techniques qui rend incompréhensible son écrit publié sur sa page facebook. Mais on peut imaginer qu'il voulait parler d'utilisation ou de manipulation.

 

 

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13 avril 2023 4 13 /04 /avril /2023 09:24

 

« Celle de La Seyne-sur-Mer incarne pleinement la philosophie et l’ambition du programme des maisons “France Services” : accueillir et accompagner les citoyens pour leurs démarches du quotidien dans un lieu proche, accueillant et convivial. »

 

Ce n’est pas moi qui le dis. C’est l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT), c’est-à-dire l’institution publique chargée par l'État de promouvoir ces structures de proximité comme celle qu’on appelle communément chez nous la « Maison des Services ».

 

Notre « Maison France Services » de La Seyne est ainsi citée en exemple de réussite par l’État.

 

Or voilà qu’elle risque de disparaître. Ce serait une aberration d’une violence inouïe pour les 44.000 usagers qui bénéficient de ses services et en font la deuxième plus active des 2.538 Maisons France Services de France. Ce serait inacceptable. Comme serait intolérable la résignation qu'affiche la municipalité seynoise. À moins que ce ne soit un choix délibéré...

 

[Je préviens le lecteur que cet écrit est un peu long, mais je me dois de verser au débat qui s'est ouvert sur le devenir de la Maison France Services des éléments précis de l'histoire de cet équipement majeur dans notre environnement urbain.]

 

 

À LA GÉNÈSE, UNE MAISON DE LA JUSTICE ET DU DROIT VOULUE PAR L'ÉTAT

 

Notre Maison des Services a été fondée en 1999, sur sollicitation de l’État qui incitait depuis un an à l’implantation de Maisons de la Justice et du Droit, qui fut le premier des services de proximité rendu à nos concitoyens, assurant une présence judiciaire de proximité, concourant à la prévention de la délinquance, garantissant un accès au droit et favorisant les modes alternatifs de règlement des litiges du quotidien.

 

Échaudé par les initiatives de l’État qui promeut volontiers de nouveaux équipements en cofinançant leur création et les premières années de leur fonctionnement puis se désengage en laissant aux collectivités locales la charge d’assurer leur pérennité, j’avais, alors adjoint au maire chargé de la politique de la ville, un peu trainé les pieds. J'arguais que la Justice est une compétence régalienne que la Nation se doit d’assumer elle-même. Et je pressentais la difficulté financière qui aurait résulté pour la Ville d’un éventuel abandon de l’État au bout de quelques temps. Apporter une réponse nouvelle aux besoins de la population pour la voir ensuite disparaître aurait été pire que ne pas la créer.

 

Je pensais m'être trompé, et l'histoire me l'a longtemps prouvé, mais mes inquiétudes d'alors me rattrapent plus de vingt ans après.

 

 

UN GROUPEMENT POUR PORTER UN PROJET... D'INTÉRÊT PUBLIC

 

C’est pour rassurer la Ville que le préfet de l’époque a proposé que la structure nouvelle, appelée à élargir ses missions de service public au-delà de celle d'accès à la justice, soit gérée par un Groupement d’intérêt public (GIP) associant neuf partenaires, dont la Ville, le Département et l'office d'HLM, sous la “tutelle" de l'État représenté par le préfet comme "commissaire du gouvernement". Ce GIP fut créé le 26 avril 1999, il y a presque un quart de siècle (voir ICI).

 

Et c’est pourquoi, aujourd’hui, si chaque institution apportant ses services de proximité dans le cadre de notre Maison des Services les assure avec ses propres personnels, les cadres et agents assurant la direction, la coordination, la médiation et les services mutualisés sont salariés de ce GIP, garantie de leur pérennité donc de celle de l’ensemble des services rendus aux citoyens à la « Tour du Gère » au pied de laquelle elle est implantée.

 

 

SI C'EST D'INTÉRÊT PUBLIC, ÇA SE PROTÈGE ET SE DÉFEND BEC ET ONGLES !

 

Ce serait donc révoltant que les institutions qui ont présidé à la création de cette Maison des services publics que l’État lui-même qualifie de « véritable institution locale » [voir ICI] et la presse spécialisée « d'îlot d’espoir » [voir ICI] l’abandonnent en rase campagne à son triste sort.

 

Quant aux personnels du GIP, il est navrant qu'un maire-adjoint s'en tienne à quelques mots de résignation attestant à eux seuls du vil prix qu'il attache au service public et à ses acteurs, contractuels de droit public : « Parmi les employés dont nous comprenons le désarroi, l'un part à la retraite, les deux médiateurs numériques seront repris dans le cadre du label France Service [sic] financés par l"Etat [deux postes avec 30.000 euros annuels, ça m'étonnerait...]. Il reste en effet 4 employés [dont la directrice...] qui seront licenciés et nous ne pouvons que le regretter. C'est toujours une situation terrible à vivre. » Fermez le ban. Circulez. Traversez la rue, vous trouverez un autre job.  ( * )

 

 

LA MAIRE ET SA MAJORITÉ OPPOSÉES AU SAUVETAGE DU SERVICE PUBLIC

 

Si l'on ne peut être que dépité à la lecture des écrits de ce maire-adjoint, on doit l'être encore plus du vote émis par le conseil municipal lors de sa séance du 28 mars dernier. Sur proposition du groupe des élus des gauches et de l'écologie, une motion a été soumise à l'assemblée communale, exposant la situation et demandant « que l'État soit saisi et que soit étudiée la pérennité de ce service public, fondamental sur le territoire et le quartier, pour accueillir et accompagner les citoyens pour leurs démarches du quotidien, dans un lieu proche, accueillant et convivial. ». 

 

Les masques sont alors tombés. La position de la maire et de sa majorité est désormais claire, officielle et assumée. La première magistrate l'a exprimé en séance (à 7 mn 49 dans la vidéo en fin de cet article) : « Je vois des élus perdus [aurait-elle perçu que certains de sa majorité auraient eu envie de soutenir cette motion ?...]. Nous votons contre. C'est donc non ! » ( * ). Et elle a été majoritairement suivie par ses 24 affidés tandis que, sur les 46 conseillers présents, 19 soutenaient l'initiative républicaine des 4 élus des gauches et de l'écologie et 2 s'abstenaient (voir ICI).

 

 

LE DOUBLE LANGAGE DE LA DROITE ET DE L'EXTRÊME-DROITE SEYNOISES

 

La municipalité seynoise révèle donc sa funeste et triste vision du service public de proximité. Elle révèle aussi son double langage assumé. Ainsi, une autre maire-adjointe affirmait-elle il y a moins d'un an : « Cette France Services est un impératif. Nous avons 45 % de taux de chômage, 65 % de familles monoparentales, une population vieillissante, des personnes en situation d’illettrisme, beaucoup d’habitants bénéficiaires du RSA, certains confrontés à des difficultés multiples de logement, de santé. A tout cela s’ajoute la fracture numérique, et ce sont des personnes que l’on retrouve ici [à la Maison des Services]. » (voir ICIpage 5 sur 7). Et celle-là a voté contre la motion de demande du maintien de la Maison des Services soumise au vote du conseil municipal... 

 

L'équipe majoritaire de la droite municipale ne se distingue pas en matière de duplicité de la minorité d'extrême-droite du Rassemblement National qui s'est abstenue lors du vote de la motion alors que son chef de groupe publiait trois jours plus tard sur sa page facebook : « Les élus du Rassemblement National de La Seyne-sur-mer n’admettent pas la fermeture de la Maison des services publics synonyme de déni social. Ils ne veulent pas que la municipalité tourne le dos à l’accueil de 44 000 usagés [sic], dont 88% de Seynois chaque année. » ( * )

 

 

UNE GRAVE RUPTURE AVEC LES POSITIONS RÉPUBLICAINES DE TOUS LES MAIRES DEPUIS 1999

 

Nous assistons là à une véritable rupture anti-républicaine des élus majoritaires d'aujourd'hui avec tous les prédécesseurs de l'actuelle maire.

 

Tous les édiles républicains, de droite comme de gauche, chez nous comme ailleurs, s'attachent à répondre aux besoins des populations en difficulté d'accès aux offres de services publics, soit du fait de leur éloignement géographique comme en milieu rural, soit par manque de maîtrise des codes administratifs, des outils numériques ou de la langue, nécessitant un accompagnement humain, comme c’est le cas pour beaucoup de résidents des quartiers populaires urbains fragiles.

 

Jusqu'en 2020, La Seyne n'échappait pas à la règle. Les trois prédécesseurs de la maire ont eu à cœur de placer l'accès aux services publics et au Droit au centre des grands programmes qu'ils ont construits avec l'État et d'autres institutions publiques pour réduire les effets des fractures urbaines, sociales et économiques dont sont victimes beaucoup de leurs administrés, principalement ceux des quartiers prioritaires de la politique de la ville (Berthe, le centre-ville et les résidences d'HLM réparties sur la commune).

 

 

LA "MAISON DES SERVICES", OUTIL DE RÉDUCTION DES FRACTURES SOCIALES

 

J'en veux pour preuve le "Contrat de Ville 2000-2006" (voir ICI) signé entre Maurice Paul, maire de gauche (PCF) de la commune, l'État et d'autres partenaires, qui fixait parmi les objectifs prioritaires « l'égalité devant le service public et l'accessibilité à des services urbains généralisés » (priorité de l'État, page 5 sur 42), « faciliter l'accès aux services publics » (priorité de la Région, même page), l'« amélioration des services publics, (création de services, accès facilité, plateforme multi-services...) » (priorité du Département, page 7 sur 42), l'offre « à tous les habitants des services collectifs qui leurs sont nécessaires », « soutenir la Maison des Services » (priorités de la Commune, pages 7 et 12 sur 42), mais aussi « promouvoir l’accès au droit en s’appuyant sur la Maison de Justice et du Droit et sur le Conseil Départemental d’Accès au Droit », « faciliter le regroupement et/ou la coordination en un même lieu de toutes les structures qui traitent de l’économie et de l’emploi », « développer la formation des agents d’accueil à la réception des personnes en grande difficulté (aptitude à poser un diagnostic de situation, problématiques de discrimination, d’illettrisme...) - renforcer le pôle emploi/insertion de la Maison des Services » (priorités partagées, pages 13, 15 et 16 sur 42), etc.

 

Les dispositifs suivants, signés par les successeurs de Maurice Paul et du préfet de l'époque, ont confirmé ces orientations... et les ont élargies à une volonté d'utiliser la Maison des Services et son environnement pour changer l'image du quartier en ouvrant ses fonctionnalités sociales et urbaines au reste de la ville et de l'agglomération...

 

 

LA "MAISON DES SERVICES" ET LA "PLACE DES SERVICES", OUTILS DE RÉDUCTION DES FRACTURES TERRITORIALES

 

Ainsi, le "Contrat Urbain de Cohésion Sociale 2007-2009 (CUCS), reconductible jusqu'en 2012" (voir ICIet la "Convention du programme national de rénovation urbaine 2005-2009 (PRU)" (voir ICI) signés entre Arthur Paecht, maire de droite (UMP), l'État, la Région, l'office d'HLM et d'autres partenaires, confortent les objectifs précédents, sont définis comme « le prolongement du Contrat de Ville » et ajoutent la volonté des divers signataires « au travers de projets structurants, de soutenir la dynamique de développement des quartiers, leur ouverture vers l’extérieur, leur intégration dans la ville, et l’émergence de représentations positives parmi la population. » (page 4 sur 58 du CUCS).

 

La Maison des services, la Place des services et les projets structurants d'équipements publics de leur environnement immédiat prévus puis réalisés (création de la médiathèque Andrée-Chedid, rénovations des écoles et du centre social Nelson-Mandela, création de la crèche du Petit Monde) sont considérés dans le PRU comme moyens, pour l'ensemble des habitants de la commune, « d'avoir accès à des services publics, de bénéficier des mêmes moyens de développement social et culturel, d'éprouver le sentiment d'appartenir à une même ville équilibrée » (page 33 sur 42 du PRU).

 

Enfin, les sept avenants à la convention de PRU que j'ai signés comme successeur d'Arthur Paecht entre 2009 et 2015 ont confirmé ces orientations d'ouverture du quartier Berthe à son environnement urbain et métropolitain.

 

 

LA "MAISON DES SERVICES" A POSITIVEMENT ET DURABLEMENT MODIFIÉ LA REPRÉSENTATION DU QUARTIER

 

De fait, grâce à la continuité républicaine qui s'est exercée durant deux décennies sur cette partie du territoire, et malgré les freins à l'effort de changement d'image qu'a représenté la cristallisation aux abords de la "Tour du Gère" qui domine la Maison des services d'un important trafic de drogue m'ayant conduit à reloger ses habitants et la murer, les résultats sont au rendez-vous. Un ministre chargé de la Ville, en visite sur place, a ainsi relevé « la modification positive que la Maison des Services et la Médiathèque ont apportée à la représentation que les habitants des autres quartiers ont du quartier Berthe et, en retour, le regain de fierté des résidents sur leur environnement de vie et donc sur eux-mêmes. »

 

Sur environ 45.000 visites annuelles d'usagers à la Maison des Services, ce qui en fait la deuxième plus importante de France par sa fréquentation, 12 % ne sont en effet pas celles d'habitants du quartier. Sans elle, peut-être ces Seynois d'autres quartiers et résidents des communes voisines n'auraient-ils jamais franchi les murs virtuels du quartier-ghetto qu'ils se représentaient. Cette fonction collatérale de requalification urbaine de notre Maison des Services est indispensable.

 

 

C'EST LÀ OÙ ILS SONT, EN UN LIEU UNIQUE, QUE DOIVENT ÊTRE SAUVEGARDÉS ET PÉRENNISÉS LES SERVICES RENDUS, PAS EN DÉMANTELANT L'ÉDIFICE !

 

C'est pourquoi, sauf à vouloir prendre le risque d'aggraver la fracture de la société seynoise et métropolitaine, déjà prégnante par les écarts économiques et l'histoire de l'incohérence territoriale, l'avenir de la Maison des Services est un enjeu structurant qui va bien au-delà de l'offre de réponses aux besoins sociaux de la population de son environnement immédiat.

 

Les pistes qui émergent au compte-goutte de l'indicible flou dans lequel la municipalité maintient les usagers et les personnels de la Maison des Services ne sont en rien satisfaisantes. Examinons les perspectives retenues, telles qu'exposées lors de la réunion du conseil municipal du 28 mars et confirmées par le maire-adjoint chargé de la politique de la ville sur sa page facebook...

 

> « L'accompagnement numérique va être installé à quelques pas dans le nouveau bureau de la tranquillité publique place Adjedj » : c'est un triple non-sens, attestant d'une méconnaissance totale des places et rôles respectifs des services et de leurs agents. D'abord, le fait même d'avoir installé un « bureau de la tranquillité publique » porté par la police municipale à Berthe est en contradiction avec la répartition territoriale convenue avec l'État dans le cadre de la convention de coopération entre les polices nationale et communale ; c'est ce qui avait justifié l'implantation du commissariat au quartier Saint-Jean en 2004, à proximité immédiate de Berthe. Ensuite, quand bien même la Ville aurait opté pour faire du zèle en élargissant le terrain d'intervention de ses agents, un poste de police n'est pas un espace de médiation. Enfin, et surtout, le rôle des médiateurs numériques n'est pas d'être animateurs d'un club d'informatique, mais d'être en appui des usagers des autres services qui nécessitent une maîtrise des outils informatiques et d'Internet : ils ne peuvent être positionnés que là où sont les autres services, c'est-à-dire au sein même de la Maison des Services. Cette aberration à elle seule est de nature à faire perdre le label d'État France Services.

 

> « La Maison du Droit et de la Justice, destinée à l'ensemble des Seynois, et pas uniquement aux habitants de Berthe, va être relocalisée à l'espace Hermes » : autre non-sens. Le ministère de la Justice précise en effet que ces "MJD" sont « des structures décentralisées mises en place principalement dans les quartiers populaires des grandes agglomérations », afin de « rapprocher la justice quotidienne des citoyens qui y ont difficilement accès » en permettant un « partenariat entre magistrats, associations et travailleurs sociaux ». Le site entre les quartiers Daniel, La Corderie et Tortel où est implanté l'Espace Hermès et cet espace lui-même ne correspondent en rien à l'objectif et n'est pas dans le périmètre d'un de nos deux quartiers populaires prioritaires. Et, surtout, s'il est exact que notre MJD est destinée à tous les Seynois, ce sont malheureusement très majoritairement les habitants de Berthe qui, vivant dans l'environnement le plus compliqué de la commune en matière d'incivilités et d'insécurité, ont besoin des services de la MJD. Enfin, cette relocalisation ferait perdre une bonne part des atouts qu'elle représente pour l'ouverture positive du quartier Berthe par une offre de service qui n'existe pas ailleurs dans la ville.

 

> « Les associations liées à l'emploi et à l'insertion professionnelle vont être installées au rez-de-chaussée de Berthe C à côté du bureau de la tranquillité publique ». En prévoyant un troisième lieu, en plus du Bureau de la tranquillité publique et l'Espace Hermès, on parachèverait un démantèlement et une balkanisation de notre Maison des Services, dont l'intérêt réside précisément dans l'unicité d'espace d'un ensemble de services, permettant la mutualisation des moyens humains et logistiques et la médiation pour les gens en difficulté, l'échange entre opérateurs sociaux, les passerelles entre services offertes aux usagers qui sont souvent en rupture avec plusieurs codes administratifs et ont besoin d'un accompagnement global.

 

> Le fait que l'espace soit « très vétuste et dégradé du fait d'infiltrations d'eau » est l'ultime argument avancé par la municipalité pour justifier son choix de démembrement. Comme dit l'adage, « quand on veut tuer son chien, on l'accuse de la rage ». Qu'on ne fasse croire à personne que les services de la protection maternelle et infantile (PMI) ont accepté d'assurer leurs consultations de jeunes enfants dans un taudis. Ni que l'office d'HLM Toulon Habitat Méditerranée (THM), propriétaire des lieux en ayant pris le relais par absorption de l'ancien office seynois Terres du Sud Habitat (TSH), signataire de toutes les conventions évoquées d'accompagnement social et de rénovation urbaine, qui a assuré les travaux de changement d'usage dans le cadre de la rénovation du quartier ainsi que l'entretien et les réparations, y compris lourdes après l'incendie de 2019, n'est pas en capacité d'effectuer des réfections de plomberie, de plâtrerie et de peinture !

 

 

LA "MAISON FRANCE SERVICES" DANS SON ENTIÈRETÉ, DANS SA "MAISON DES SERVICES", DANS SON QUARTIER, DANS SA VILLE ! ET RIEN D'AUTRE !

 

Il n'est d'autre solution que la pérennité de la Maison des Services, avec toutes les institutions publiques qui ont présidé à sa création et son essor, avec tous les partenaires publics et associatifs qui la font vivre, avec toutes ses offres aux citoyens, avec tous ses personnels, avec toutes les ressources financières et logistiques nécessaires.

 

Les usagers et les habitants – et pas seulement ceux du quartier Berthe – peuvent et doivent se mobiliser. Ils peuvent notamment signer en nombre la pétition mise en ligne.

 

La Ville peut et doit revenir sur sa décision.

 

Les partenaires (Département, Caisse d'allocations familiales, office d'HLM, etc.) qui ont voulu la création de cet outil remarquable peuvent et doivent se remobiliser pour sa survie.

 

Les institutions qui ont porté les grands contrats territoriaux pluriannuels pour l'accompagnement social, la rénovation et la redynamisation de nos quartiers urbains populaires vulnérables peuvent et doivent s'engager pour sa pérennité. Le quartier Berthe et La Seyne ont bénéficié d'un investissement financier exceptionnel depuis les opérations Habitat et Vie Sociale de la fin des années '70. Ils ont droit, comme la loi et le règlement de l'Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU) le stipulent, à un accompagnement durable pour que les effets de quatre décennies de politiques publiques ne soient pas réduits à néant par l'usure et l'abandon. C'est l'objet du très officiel plan stratégique local (PSL) convenu entre la Ville et l'État qui doit être activé pour cet enjeu capital.

 

Et l'État doit jouer pleinement son rôle d'activateur. La boucle ne peut être bouclée. Il fut à la genèse du premier service de proximité déployé, la Maison de la Justice et du Droit. Il ne peut pas assister bras croisés au Big Crunch, l'effondrement terminal, d'un instrument qu'il reconnaît lui-même comme étant d'exception. Son devoir est à la (re)mobilisation des institutions fondatrices et celles qui ont rejoint la belle aventure. Il ne doit pas s'interdire de taper du poing sur la table.

 

C'est son devoir de régulateur qui doit garantir que, quel que soit le moindre recoin de France, la République est constitutionnellement une et indivisible. Tous les résidents de France – et même ceux qui ne font qu'y passer – ont droit à un même accès égalitaire aux services publics.

 

Dommage que nous ne disposions pas, dans la batterie de nos institutions, d'une Cour de justice d'équité territoriale...

 

_________________________________________________

( * ) : les remarques entre crochets insérées dans les citations du maire-adjoint – sur sa page facebook le 26 mars 2023 –, de la maire – lors de la réunion du conseil municipal du 28 mars 2023 – et du chef du groupe du RN – sur sa page facebook le 31 mars 2023 – sont de moi.

 

 

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Marc VUILLEMOT

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