Ne manquons pas l'échange télévisé qu'organise la chaine France 3 entre les têtes de listes candidates à l'élection régionale des 20 et 27 juin prochains.
Ce sera ce mercredi 9 juin à 21 heures.
Une bonne occasion de mieux connaître les orientations utiles que propose l'équipe de Jean-Laurent Félizia, le "Rassemblement écologique et social", qui seront confrontées aux engagements démagogiques et irréalistes de ses concurrents.
DOMMAGE QUE LE SERVICE PUBLIC TÉLÉVISUEL EXCLUE CERTAINS CANDIDATS
Une fois de plus, hélas, le service public télévisuel aura opté pour une confrontation démocratique réduite à une partie seulement des candidats : la liste d'extrême-droite de M. Mariani, celle de droite extrême de M. Chuisano, celle de droite "républicano-macroniste" de M. Muselier, celle du centre-droit de M. Governatori, et celle du large rassemblement unitaire des gauches et des écologistes de M. Félizia.
Les quatre autres candidatures sont privées d'expression comme l'avaient été certaines à l'occasion des débats ayant précédé les élections municipales de 2020.
C'est anormal et je soutiens tous ceux qui s'en plaignent, notamment nos alliés habituels du Partit Occitan (Régions & Peuples Solidaires), dont je regrette qu'ils ne soient pas des nôtres et aient dû constituer la liste « Oui la Provence », et qui appellent à un rassemblement à Aix-en-Provence ce mercredi à 19 heures 30, au 36, avenue Jean-Dalmas, devant le lieu du débat.
Même si, avec un nombre plus significatif de débatteurs, l'exercice est moins dynamique, plus complexe et frustrant, il n'est pas impossible, ainsi que d'autres occasions l'ont montré. C'est dommage.
Espérons en tous cas que les échanges permettront d'aborder les enjeux réels d'une élection régionale, et se dérouleront avec la courtoisie dans l'écoute et l'expression qui doivent présider à une confrontation démocratique sereine, loin des violences qui ont terni notre nation républicaine ces derniers jours.
Au-delà de la promotion des idées de chacun des candidats, ce peut être l'occasion de redorer l'image de l'acte politique et convaincre nos concitoyens de l'importance de ne pas laisser passer l'occasion d'exprimer par leur vote ce qu'ils attendent de ceux qui vont, pendant six années, agir sur les compétences que la loi confère aux élus régionaux.
EXERCER SON DROIT DE VOTE, MÊME SI ON EN CONFIE LE SOIN À UN AUTRE
Le droit de vote est un dur conquis de nos anciens. Il ne s'use que si on ne s'en sert pas. Emparons-nous en à chaque échéance.
Et si, quelles qu'en soient les raisons, on ne peut l'exercer les 20 et 27 juin prochains, on doit confier à une personne de confiance le soin de le faire à sa place en lui donnant procuration.
C'est facile, même si on ne sait à qui remettre un mandat ; un dispositif simple est prévu à cet effet : cliquez ICI ou sur l'illustration pour accéder au service permettant soit d'être mis en relation avec une personne acceptant de voter à votre place, soit de vous signaler comme pouvant accepter une procuration (exceptionnellement, pour les élections de cette année 2021 en situation de crise sanitaire, chaque électeur peut recevoir deux procurations).
Mais il faut faire vite car, si la démarche est simple, le délai de l'acheminement postal du document officiel vers le mandataire est parfois un peu long. Et le compteur tourne d'ici au premier tour de l'élection...
Décidément, le temps de la campagne électorale est propice aux racontars en tous genres. C'est notamment vrai en matière de sécurité, sujet qui est au cœur des préoccupations de nos concitoyens et conduit des candidats à la surenchère. Certains doivent se dire que plus c'est gros, plus ça passe, et plus ça permet d'engranger des voix, en tirant profit de l'inquiétude des citoyens qui ne prennent pas le temps de vérifier la véracité des faits ou la faisabilité des engagements.
Sauf que la plupart de leurs promesses sont irréalistes, voire illégales...
UNE POLICE DES TRANSPORTS, C'EST DE LA COMPÉTENCE DE L'ÉTAT
En s'engageant sur la création d'une « vraie police régionale des transports, sous l'autorité du préfet de police », M. Mariani enfume les électeurs. Il l'écrit lui-même en annonçant placer ce service sous la responsabilité d'un représentant de l'État qu'est un préfet : la police des transports résulte d'une décision d'un gouvernement et non d'un conseil régional. Un article d'un site informatif sur les métiers de la police et la gendarmerie l'explique dans le détail.
Si une commune (ou une intercommunalité dont les membres l'auraient décidé) a, de par la loi, la possibilité d'exercer un pouvoir de police, ce n'est pas le cas d'une collectivité régionale. En promettant cette création, M. Mariani rêve de jouer le rôle de celui qui commande une tournée générale et laisse le soin à un autre, au bout du comptoir, de régler l'addition.
GÉRER LES MURS ET LA LOGISTIQUE DES LYCÉES N'AUTORISE PAS À SE MÊLER D'ÉDUCATION ET DE PRÉVENTION
Mais M. Mariani ne s'embarrasse pas plus du ministère de l'Intérieur que de celui de l'Éducation nationale. Son serment de recruter « des agents de sécurité qui interviendront dans le cadre d' « Unités Mobiles de Sécurisation des lycées » est tout aussi irréaliste que son engagement pour une police des trains régionaux.
Ce n'est pas comme ça que ça se passe. La responsabilité de la prévention et du règlement des incivilités et méfaits des lycéens canailles relève des chefs d'établissements scolaires, et pas « d'agents de sécurité ». C'est pour ça qu'il existe dans l'Éducation nationale des métiers dédiés, ceux d'assistants d'éducation (les anciens "pions") qui s'exercent sous la conduite de membres de l'équipe de direction d'un lycée, les conseillers principaux d'éducation (les CPE, qu'on appelait jadis les "surveillants généraux" ou "surgés"). M. Mariani prend ses désirs pour des réalités : ce n'est pas parce que la Région a la responsabilité de la construction, l'entretien et la logistique des lycées que ça l'autorise à se mêler de leur fonctionnement qui demeure heureusement une compétence régalienne que se réserve l'État.
LE "3919" EXISTE. ON N'A PAS BESOIN D'UN NOUVEAU "22 À ASNIÈRES" !
M. Mariani, se voyant déjà supplantant le ministère de l'intérieur et celui de l'Éducation nationale, assure aussi se substituer à la ministre déléguée chargée des Droits des femmes qui exerce la tutelle du "3919", le service téléphonique pour les femmes victimes de violence.
En faisant briller la création d'un « numéro gratuit régional dédié pour l'écoute et l'assistance aux femmes victimes de violence », M. Mariani réinvente l'eau tiède, mais surtout ajoute de la confusion dans un contexte où les victimes n'ont pas besoin d'être plus déboussolées par un nouveau numéro d'appel que ce qu'elles sont du fait de leur dramatique situation.
ET BIEN SÛR LE SEMPITERNEL COUPLET "ÉTRANGER = DÉLINQUANT"
Enfin, entonnant le refrain habituel de l'extrême-droite populiste reliant accueil des réfugiés et aggravation de l'insécurité et la délinquance, M. Mariani fait serment de s'opposer « aux relocalisations de migrants dans nos villes et villages ». Et là encore il a tout faux et ment aux Provençaux. C'est, sous la tutelle du ministre de l'Intérieur, la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté qui a compétence pour le suivi du Schéma national d'accueil des demandeurs d'asile et d'intégration des réfugiés et en aucune façon un président de Région. Il y a et il y aura des centres d'accueil répartis sur l'ensemble du territoire national sur décision du gouvernement, quoi que dise ou fasse M. Mariani, si par malheur les Provençaux lui font confiance.
Quant à ceux des migrants qui sont des mineurs isolés, ce sont les Départements et non les Régions qui en ont la responsabilité au titre de la compétence que leur impose la loi en matière d'aide sociale à l'enfance. M. Mariani a peut-être trop lu les "professions de foi" de ses amis candidats d'extrême-droite aux élections départementales, dont l'essentiel du projet consiste à affirmer qu'eux seuls « mettront un terme au scandale » de l'accueil et l'accompagnement des enfants ayant fui les misères et les drames de leurs pays d'origine, qui, eux aussi, mentent comme des arracheurs de dents car cette mission humaniste d'assistance est obligatoire par la loi.
FACE AUX SURENCHÈRES INEPTES, DES PROPOSITIONS RÉALISTES ET DE BON SENS
La droite et l'extrême-droite n'ont pas le monopole de la tranquillité publique et de la sécurité. Et les acteurs des gauches et de l'écologie ne sont pas des bisounours doux-rêveurs. Les maires issus de ces courants de pensée le prouvent chaque jour partout en France, en soutenant les acteurs de la prévention, en faisant vivre leurs conseils communaux de sécurité et de prévention de la délinquance et des radicalisations, en formant en continu et équipant leurs polices municipales, mais aussi en se battant pour obtenir de l'État qu'il assume sa responsabilité pour leurs territoires, pour que les policiers et gendarmes disposent de plus de moyens humains et logistiques, et pour que les sites les plus fragiles soient encore plus et mieux dotés dans le cadre des dispositifs de Brigades spécialisées de terrain, de Zones de sécurité prioritaire ou de Quartiers de reconquête républicaine.
Mais la gauche et l'écologie se refusent à faire des promesses intenables, parfois contraires à la Loi, pour une Région. Celles que formule dans son programme l'équipe du "Rassemblement écologique et social" de Jean-Laurent Felizia sont réalistes et de bon sens...
Les électeurs provençaux dont les sondages révèlent qu'ils seraient plus d'un tiers à envisager de voter pour M. Mariani et son équipe d'extrême-droite pour l'élection régionale du 20 juin savent-ils, s'ils concrétisaient leurs intentions, qu'il choisiraient des gens qui veulent... supprimer les Régions ? Et donc leurs assemblées délibérantes, c'est-à-dire se saborder comme conseillers régionaux, faisant peu de cas des électeurs qui leur auraient témoigné leur confiance ?
C'est sûrement pour ça que, s'en tenant à tirer parti des émotions et inquiétudes des citoyens face à leur avenir dans un monde fragile, M. Mariani, qui n'est pas à une contradiction près car il est lui-même pour la troisième fois candidat aux élections... régionales, ne prend pas la peine de détailler son projet qui se résume à cinq priorités laconiques et pour partie aussi hors sujet que celles de M. Muselier.
« La décentralisation crée des inégalités entre les territoires, elle se fait au détriment de l'État, appelé à s'effacer devant la reconstitution de baronnies locales », a affirmé en 2011 Mme Le Pen, confirmant en 2017 qu'il faut supprimer trois strates : l'Union européenne (ce qui n'a pas l'air d'embarrasser M. Mariani, qui est aussi député... européen), les intercommunalités et... les Régions !
Quel intérêt, alors, de prendre la peine de proposer un projet pour un échelon institutionnel dont on vise la disparition ?
C'est pourquoi, sous l'intitulé « Construisons la région de demain » (celle qu'il rêve de voir disparaître ?), M. Mariani s'en tient à marteler que « notre région est la plus belle du monde » (sympa pour les autres...) et qu'il « est inacceptable de [la] voir plonger dans le désordre et le radicalisme islamique ».
Et il décline ses « cinq priorités »...
Deux ne sont qu'un "copier-coller" de la loi fixant les compétences obligatoires d'une Région (« soutenir nos entreprises et notre agriculture » et « préserver notre environnement »). Mais sans bien sûr expliquer comment, ce qui permettait de les distinguer de celles des autres candidats...
Une est de pure démagogie en l'état actuel de la législation (« faire respirer la démocratie en consultant les habitants ») alors qu'on sait que les actuels conseillers régionaux d'extrême-droite n'ont pas protesté lorsqu'on été mises en sommeil par la majorité sortante les instances de démocratie participative telles que les "comités de lignes" des trains et cars express régionaux.
Et les deux dernières (« transmettre nos traditions » et « rétablir la sécurité et éradiquer l'islamisme ») entonnent l'habituel refrain de l'extrême-droite raciste, traditionaliste et identitaire sur fond de promesse de repli sur soi et de sécuritarisme, engagement irréaliste car police et justice sont des compétences qui ne relèvent pas du conseil régional mais de l'État. Et en liant de surcroît, comme l'ont immanquablement fait dans l'histoire du Monde tous les régimes totalitaires, les causes de l'insécurité à tel ou tel groupe social globalisé et stigmatisé, celui de l'Autre, du Différent, de l'Étranger, cause supposée de tous les maux.
Provençaux, ne vous laissez pas abuser.
Ni par M. Muselier qui rompt avec la tradition républicaine pour venir labourer sur le terreau de l'extrême-droite en plaçant les mêmes thèmes irréalistes au cœur de son projet.
Ni, surtout, par M. Mariani dont la chef de file nationale, Mme Le Pen, ne pense qu'à démanteler les régions et de faire oublier son but en avançant derrière le verbiage démagogique des ochlocrates que tous ses candidats déclinent invariablement à l'unisson dans chaque territoire du pays, comme d'ailleurs dans toutes les nations d'Europe et de la planète où, pour leur malheur, les peuples leur ont confié les rênes.
On aurait pu penser que le refus de l'État de voir la Région engager certaines dépenses pour la sécurité, mission qui ne relève pas de sa compétence, allait servir de leçon. Mais il n'en est rien.
Après la présentation d'un bilan 2015-2021 où les questions de sécurité figurent en n°1 des réalisations de M. Muselier, loin devant l'économie et l'emploi, le défi environnemental et les mobilités, la course effrénée engagée avec l'extrême-droite ultra-sécuritaire se poursuit sur le terrain du projet pour 2021-2027.
Une fois encore, on affiche des perspectives qui n'ont rien à voir avec les missions d'une Région. C'est une sorte de mépris pour des citoyens qui, pour beaucoup, l'ignorent du fait d'un grave déficit français en matière d'éducation civique. Quelques exemples...
Déclinant ses 4 priorités dans son dépliant-programme, M. Muselier ne dit pas un mot sur l'amélioration des transports collectifs, ni sur la construction de nouveaux lycées et centres d'apprentissage, ni sur la restructuration urbaine, ni sur le monde rural, ni sur l'aménagement du territoire régional, autant de sujets majeurs qui, eux, relèvent des compétences obligatoires que la Nation confère aux Régions.
En revanche, on lit avec stupeur quelques engagements qui, si ce n'était si grave, prêteraient à rire. Deux exemples...
Il n'aura pas suffi à M. Muselier de se confronter au refus de l'État de lui permettre de s'arroger une sorte de statut de "ministre régional de l'Intérieur". Il persévère en proposant dans son nouveau projet les mêmes choses que celles dont il déplorait dans son bilan qu'il n'ait pas le droit de les mettre en œuvre ! La preuve en comparant deux extraits des documents qu'il communique en ce moment...
Mais ce n'est pas tout. M. Muselier se rêve en super-ministre régional cumulant à la fois le portefeuille de l'Intérieur et celui de la Justice. Un autre dépliant-programme indique « Objectif 100% des peines exécutées : construire 1500 places de prison ». Après avoir été remis à sa place par l'État pour se mêler de ce qui ne le regardait pas en matière de police, voilà qu'il récidive en annonçant que la Région a l'ambition de faire le boulot dévolu au Garde des Sceaux.
Lequel s'y emploie d'ailleurs puisque le « plan immobilier pénitentiaire » de l'État prévoit l'ouverture de 15.000 places de prison entre 2022 et 2027. Dont, la carte ci-dessous le confirme, à peu près... 1500 places en Provence Alpes Côte d'Azur (1576 exactement).
Tiens, tiens, ne seraient-ce pas ces 1500 places qui ne lui coûteraient rien mais dont M. Muselier s'arrogerait la paternité ?... Ce n'est pas beau de faire de la récup' du travail des autres...
À moins, bien sûr, que M. Muselier ne se mélange les pinceaux dans le calendrier électoral. Il est vrai que la tambouille du rapprochement entre "Républicains" et "Marcheurs" ayant abouti à la liste macroniste de droite qu'il conduit pour l'élection régionale de juin 2021 n'a pas dû être cuisinée sans arrière-pensées en vue de l'élection présidentielle de mai 2022.
Peut-être M. Muselier s'imagine-t-il déjà, en cas de victoire de son nouvel ami M. Macron, détenteur du portefeuille d'un ministère régalien de l'Intérieur, remettant des gilets pare-balles aux policiers provençaux, ou de la Justice, inaugurant la nouvelle maison d'arrêt du Muy ?...
Mais, pour l'heure, les Provençaux seraient bien inspirés de se méfier des candidats, de droite comme d'extrême-droite, qui surfent sur leurs méconnaissances des institutions et sur leurs angoisses face à l'avenir dans un monde d'inégalités et d'injustices, et leur formulent des propositions que la Loi leur interdira de mettre en œuvre.
Le projet de la liste du « Rassemblement écologique et social » que conduit Jean-Laurent Felizia n'est pas de la poudre aux yeux prospérant sur les émotions. Elle ne fait que des propositions ambitieuses s'inscrivant dans les strictes compétences d'un conseil régional.
Un projet dont vous pourrez suivre la présentation en direct ce vendredi 4 juin à 18 heures, en cliquant sur l'image ci-dessous...
L'État-arbitre a dû siffler pour le rappeler à M. Muselier. La course qu'il engagée avec ses pseudo-adversaires d'extrême-droite pour apparaître comme le champion de Provence de la sécurité ne lui rapportera aucune médaille. Ce sport n'est pas homologué par la loi pour les J.O. politiques régionaux.
Bien sûr la tranquillité publique, la sécurité des biens et des personnes et la justice constituent une part des garanties de liberté que doit assurer une nation républicaine. Mais c'est bien pour cela qu'il s'agit d'une compétence que l'État ne délègue pas aux collectivités et se réserve d'assumer.
Malgré ce, de même que « rétablir la sécurité » est l'une des « 5 priorités » du projet régional de l'extrême-droite de M. Mariani, le tout premier chapitre du bilan de M. Muselier est consacré à son plan... « Région Sûre ». Hors sujet...
UNE SITUATION PLUS PRÉOCCUPANTE QUE DANS L'ENSEMBLE DE LA FRANCE
Nul ne peut nier que la situation est préoccupante pour nos concitoyens. Elle l'est même plutôt plus en Provence que dans l'ensemble de la France métropolitaine. En attestent les derniers chiffres mis en ligne par le ministère de l'Intérieur d'où sont extraits les éléments ci-dessous.
Hormis pour les violences sexuelles, notre Région connaît en effet plus de faits d'infractions, délits et crimes, rapportés au nombre d'habitants, que la moyenne de la France métropolitaine. Et si, sauf pour les violences intrafamiliales et sexuelles, le nombre de faits diminue dans l'ensemble du pays, y compris en Provence, cette baisse n'est significativement plus importante chez nous que dans la moyenne française que pour 5 types d'infractions sur les 13 recensés par le ministère.
DES INITIATIVES-GADGETS NE RELEVANT PAS DES COMPÉTENCES D'UNE RÉGION
On passera vite, le sourire tout de même en coin, sur les termes utilisés par M. Muselier dans son bilan, qui sont de la poudre aux yeux sémantique pour des citoyens auxquels on ne cesse de ressasser qu'ils doivent trembler à toute heure du jour et en tous lieux : « garde régionale forestière », « garde régionale des lycées », « garde régionale des transports », « pass sûreté », « détection des signaux de radicalisation », « criblage total des associations », « comparaison faciale », etc.
On passera aussi sur l'épisode grotesque des fameux « portiques de sécurité » installés dans certaines gares (pas n'importe lesquelles : à celle de La Seyne, par exemple, ville populaire, donc forcément repaire de malandrins, mais pas à celles de Bandol, d'Ollioules-Sanary ou de Toulon, communes exemptes de forbans coupe-jarrets, ainsi que ça a été relaté dans un article de ce blog puis un autre). Ça a bien fait rigoler, puisque ces engins détecteurs qu'on pouvait contourner ne servaient à rien, mais il aura fallu attendre plusieurs mois pour que M. Muselier réalise qu'il jetait l'argent par les fenêtres et qu'il mette fin à cette mascarade.
UN PARTI PRIS POLITICIEN DE CHASSE SUR LES TERRES DE L'EXTRÊME-DROITE
Alors, pour des missions qui ne sont pas de sa compétence, mais de celle de l'État, afficher que la Région a consacré « plus de 100 millions d'euros » à ce « plan Région Sûre » illustre que M. Muselier n'a pas lésiné sur les moyens pour son « ambition ». Mais surtout pour chasser sur les terres de l'extrême-droite totalitaire, stigmatisante et liberticide, et caresser dans le sens du poil ceux de nos concitoyens qui se convainquent qu'ils vivent dans un contexte criminogène et, quitte à perdre des libertés, rêvent de voir durcir les surveillances, les répressions et les châtiments.
C'est d'autant plus pitoyable que ce n'est pas l'ensemble des brigands qui est visé dans le bilan de M. Muselier, mais « les islamistes », « la délinquance en provenance des pays de l'Est » ou encore ceux qui blessent les forces de l'ordre « lors des manifestations » !
DES MESURES DONT L'EFFICIENCE NE SAUTE PAS AUX YEUX
Mais soyons objectifs. Regardons de près les types d'infractions qui concernent principalement les champs de compétences de la Région, notamment les lycées, les centres d'apprentis, les zones d'activité économique et les transports collectifs. Ce sont essentiellement des coups et blessures, vols, dégradations et destructions, et il faut se rendre à l'évidence : quelles qu'aient été les mesures engagées par la Région, à coups de millions d'euros, la situation s'est largement moins améliorée chez nous que sur l'ensemble de la France métropolitaine !
De l'argent de la collectivité gaspillé en pure perte, donc ? Rien de toute cette analyse n'est très scientifique, mais il n'empêche qu'on doit se demander si la Région n'aurait pas mieux fait de consacrer ses moyens aux missions qui sont les siennes. L'État le lui a d'ailleurs rappelé en lui interdisant d'aller plus loin dans ses projets ultra-sécuritaires qui ne sont pas du ressort régional : systèmes de comparaison faciale à l'entrée des lycées, achat de véhicules, caméras embarquées et autres gilets pare-balles pour la police d'État, ou de vidéosurveillance pour les communes.
UNE RÉGION DISPOSE DE LEVIERS DE PRÉVENTION, ENCORE FAUT-IL LES ACTIVER
Au lieu de cela, M. Muselier aurait pu mieux soutenir l'économie sociale et solidaire, celle des travaux publics et de la rénovation de l'habitat, de la gestion des déchets, des "ressourceries" ou des énergies propres, celle des filières de proximité, toutes facteurs d'emploi, notamment pour les personnes non qualifiées qui comptent hélas au nombre de ceux qui, désespérés, peuvent être tentés d'emprunter de mauvais chemins. Il aurait pu se garder de supprimer les aides régionales à l'accompagnement social et éducatif des habitants fragiles des quartiers populaires urbains, notamment des jeunes vulnérables, à la formation professionnelle, à la réinsertion de ceux qui ont été en rupture. Là, il aurait agi dans le cadre des compétences d'une Région. Et il aurait pris sa part dans la prévention des déviances et de l'insécurité.
Et il aurait pu être aux côtés des maires et présidents d'intercommunalités qui se battent sans cesse pour que l'État assume ses responsabilités en matière de police et de justice pour leurs territoires, et qu'il dote les casernes de gendarmerie, commissariats de police, tribunaux et services d'éducation judiciaire et de probation, de ressources humaines qualifiées et en nombre suffisant, et de moyens matériels et logistiques efficients pour accomplir leurs missions républicaines régaliennes.
Tout peut changer pour plus de pertinence et d'efficacité. Le "Rassemblement écologique et social" qu'anime Jean-Laurent Felizia ne participe pas au championnat de sécurité de façade auquel se livrent MM. Mariani pour l'extrême-droite et Muselier pour la droite. Il ne nie pour autant pas les problèmes, mais il se propose d'apporter sa contribution de fond à leur résolution par l'accès à l'emploi résultant d'une nouvelle dynamique économique régionale compatible avec les enjeux environnementaux et par le soutien à toutes les initiatives, notamment associatives, concourant à la prévention, l'insertion, l'éducation et la citoyenneté en plaçant l'Humain au cœur. Et en luttant avec les élus et les habitants des territoires pour que l'État républicain assume partout ses propres responsabilités de police et de justice.
Certains se souviennent peut-être des ETAPS, les "Espaces territoriaux d'accès aux premiers savoirs". D'autres ont entendu parler des "chantiers d'insertion". C'étaient des dispositifs destinés aux personnes les plus éloignées de l'emploi, pour des raisons diverses, depuis les aléas de vie jusqu'au déficit de formation initiale nécessaire à l'accès à un parcours de qualification, en passant par les ségrégations de tous ordres ou les manques de repères quant aux codes sociaux indispensables à une insertion réussie dans le monde du travail.
Bien que la formation professionnelle soit une compétence des Régions, la majorité de MM. Estrosi et Muselier a estimé que ces dispositifs étaient trop coûteux pour un résultat médiocre et, finalement, relevaient plutôt de l'action sociale, donc des Départements.
Et, sans tenir compte de l'humain, ils ont décidé brutalement de cesser de les financer, laissant sur le carreau plusieurs milliers de Provençaux parmi les plus fragiles...
70% D'ACCÈS À L'EMPLOI RÉUSSI, SINON RIEN !
Après avoir supprimé, dans les mois qui ont suivi leur élection, les aides régionales aux formations des jeunes gens "sous main de justice", pour lesquels une perspective d'insertion professionnelle constituait un atout pour prévenir de nouvelles ruptures sociales et des risques de récidive, MM. Estrosi et Muselier ont franchi dès 2017 un nouveau pas vers l'abandon des plus en difficulté des Provençaux. Les deux présidents LR successifs de la Région Provence ont considéré que, si elles ne débouchaient pas sur 70% de retour ou d'accès à l'emploi, les formations ne seraient plus soutenues par la Région.
Mais les ETAPS, comme les deux derniers termes de leur intitulé l'indiquent, étaient des sessions destinées à préparer des personnes à très bas niveau scolaire, et même illettrées pour certaines d'entre elles, à acquérir les "pré-requis" de savoirs de base nécessaires à l'entreprise une formation professionnelle. Évidemment, pour ces publics, l'objectif de 7 sur 10 ayant trouvé un emploi était impossible à atteindre. Un article de "MarsActu" détaille la situation dramatique que cette décision scandaleuse a générée pour plusieurs milliers de nos concitoyens.
LA SOLIDARITÉ, CE N'EST PAS L'AFFAIRE DE LA RÉGION. CIRCULEZ !
L'année suivante, M. Muselier a opté pour poursuivre dans la voie bien peu guidée par la fraternité républicaine qu'avait initiée M. Estrosi. C'était au tour des "chantiers d'insertion" de subir les affres d'une logique comptable ne faisant aucun cas des plus fragiles. Pour ces dispositifs, si les perspectives d'accès à l'emploi étaient meilleures que pour les ETAPS (environ 43%, contre 12% pour les premiers), non seulement l'objectif de 70% de parcours réussis était inatteignable, mais, de plus, il était carrément estimé qu'ils ne constituaient nullement des outils de formation, mais des mesures de solidarité sociale ne pouvant pas relever de la compétence régionale. Ce furent plusieurs autres milliers de bénéficiaires qui firent les frais de cette décision inique.
Avec les choix de M. Muselier de désengager la Région des "contrats de ville" assurant l'accompagnement social des habitants des quartiers populaires, ce sont là deux autres décisions politiques de classe, prises abruptement, sans concertation avec les acteurs sociaux des territoires. Un abandon pur et simple d'autres milliers de Provençaux.
Déjà, MM. Estrosi et Muselier devaient estimer avec leur futur nouvel ami M. Macron qu'il suffisait de traverser la rue pour trouver du boulot. Un point de vue, est-il utile de le préciser, que partage l'extrême-droite qui, dans son programme populiste, ne dit évidemment pas un mot de la formation professionnelle.
D'ailleurs, ces décisions bien injustes ont été prises avec l'assentiment des élus régionaux du RN dont le nouveau chef de file, M. Mariani, a le même parcours que M. Muselier, du RPR à LR en passant par l'UMP, tous deux ministres de MM. Chirac et Sarkozy, comme l'a rappelé à raison ce lundi Jean-Laurent Felizia, tête de liste du Rassemblement écologiste et social, seule alternative porteuse de vraies valeurs républicaines.
En politique, hélas, il y en a que les contrevérités n'étouffent pas. La parution récente du dernier bilan de l'Autorité de régulation des transports (ART), entité publique indépendante, met à mal les affirmations de M. Muselier dans son bilan de président de Région.
Qualifiant la Région Provence de « pire région de France » en matière de transports régionaux au moment de son élection et annonçant qu'elle fait désormais partie du « top 3 », le président sortant a manifestement le satisfecit facile.
Mais les chiffres officiels attestent du contraire...
Le bilan de M. Muselier fait état d'une évolution pour le moins positive de l'offre de services ferroviaires régionaux depuis son élection. Il l'expose dans un encadré « avant / aujourd'hui » :
Vérifions ses affirmations. Le graphique ci-dessous, extrait du rapport 2016 officiel de l'ART, première année du mandat de M. Muselier (il a été élu en décembre 2015), met en évidence les annulations et les retards des trains express régionaux (TER) comparés entre les diverses régions françaises.
M. Muselier dit la vérité : à cette époque là, la Provence était bien la « pire région de France » avec 8% de trains annulés et 16% de TER en retard. Il ne ment pas non plus lorsqu'il note dans son bilan que, l'année précédente, 10% des trains (« 1 sur 10 ») avaient été annulés et que 20% (« 1 sur 5 ») avaient connu du retard, mais cela atteste que... son prédécesseur de gauche, M. Vauzelle, s'était bien attaqué au problème et que, infligeant de fortes amendes à la SNCF, il parvenait peu à peu à redresser la barre (de 10% à 8% d'annulations et de 20% à 16% de retards).
Le second graphique issu du dernier rapport publié par l'ART, ci-dessous, permet d'évaluer l'évolution des dysfonctionnements depuis l'élection de M. Muselier.
Le taux de trains en retard a continué à baisser, passant de 16% à 13%, mais le taux de trains supprimés a augmenté, passant de 8% à 13%. Là, M. Muselier interprète à sa façon les chiffres. En évoquant « moins de 2% de trains annulés », il omet – délibérément ? – les 11% de trains déprogrammés, portant bien le taux réel de suppression à 13%. Et on se demande par quelle bizarrerie algébrique il peut affirmer qu'il y a « plus de 90% de trains à l'heure », lorsque les données attestent qu'il y a 13% de retards...
Ainsi, avec les chiffres attestés par l'ART, la Région Provence est bien loin d'être dans le « top 3 » de l'ensemble des régions françaises. À moins que M. Muselier n'interprète à sa façon le sens du terme anglais "top", un peu comme si on marchait sur la tête. Là, en effet, la Provence est bien dans le trio de tête des régions ayant le plus de trains supprimés (13%), derrière l'Occitanie (16%) et ex-æquo avec la Bourgogne-Franche Comté (13%). Quant au palmarès des TER en retard, la Provence est également dans le trio de tête, puisqu'elle est même n°1 avec 13%, devançant de justesse trois autres régions ex-æquo avec 12% de TER retardés (Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France).
Alors, quelle est la réalité ? Oui, la situation demeure préoccupante. Et oui, des améliorations sont constatées. Mais elles résultent d'efforts conduits de façon continue depuis le mandat 2010-2015 de M. Vauzelle. Pourquoi affabuler sans cesse ? Pourquoi emberlificoter les résultats objectifs ? Pourquoi affirmer des contrevérités ?
Tout ça ne peut que nuire à l'image que se font les citoyens des acteurs de la vie politique, quels qu'ils soient. Et affaiblir la vie démocratique. Et ça, on sait à qui ça profite : à ceux qui, justement, n'aiment pas la démocratie, et qui sont aux portes de notre région.
Le Fonds européen pour le développement régional (FEDER) constitue un levier important pour le soutien à l'économie, à l'aménagement du territoire, au développement du numérique, à la transition écologique et aux quartiers populaires urbains vulnérables. Ça se traduit par des financements significatifs de l'Europe dont la gestion, en France, est confiée aux Conseils régionaux.
L'usage qu'on a fait de ces moyens en Provence Alpes Côte d'Azur mérite qu'on s'y penche un peu, calculette à l'appui. Et ça révèle quelques surprises...
Un document mis en ligne par le Parlement européen permet de consulter l'ensemble des projets qui ont été retenus pour bénéficier des appuis européens au titre du FEDER entre 2015 et 2020. C'est de celui-ci que sont extraits les chiffres qui permettent d'effectuer des comparaisons à analyser.
DU SIMPLE AU TRIPLE, DE SIGNIFICATIVES DISPARITÉS ENTRE DÉPARTEMENTS
La première chose qui saute aux yeux est l'importante disparité dans la répartition entre les six départements de la Région (voir ICI). Si l'on exclut nos deux départements alpins qui, par leur faible population et leur géographie complexe, bénéficient d'une sorte de "traitement de faveur" bien normal avec 43 euros par habitant, les subventions allouées peuvent aller pratiquement du simple au triple selon que l'on considère le Vaucluse (moins de 11 euro par habitant), le Var et les Alpes-Maritimes (respectivement 13 et 16 euro par habitant) et les Bouches-du-Rhône où l'aide européenne s'affiche à... 29,64 euros par habitant.
55% des moyens du FEDER ont été prévus pour les Bouches-du-Rhône qui abritent 40% de la population de Provence Alpes Côte d'Azur, tandis que le Vaucluse où résident 11% des habitants de la Région n'en perçoit que 5%. Et, alors qu'ils représentent chacun 21% des Provençaux, les Varois et les Maralpins n'auront été accompagnés par les crédits européens qu'à hauteur de 12% pour les premiers et 16% pour les autres.
La disparité territoriale la première erreur stratégique de M. Muselier.
MOINS D'UN SUR CINQ DES EUROS DU "FEDER" DÉDIÉS AUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX PRIORITAIRES FIXÉS PAR L'EUROPE
S'agissant des thèmes pour lesquels ces financements ont été prévus, on découvre un autre déséquilibre (voir ICI). À l'heure où le président de Provence Côte d'Azur s'enorgueillit dans son bilan que son « plan Climat "Une COP d'avance" est devenu le fil rouge de [sa] mandature », plaçant les enjeux environnementaux en tête des préoccupations de sa majorité, les chiffres, hélas, attestent du contraire, s'agissant des crédits européens du FEDER :
> les projets en soutien à l'industrie, l'économie, à la recherche et au développement (R&D) et au numérique se partagent 74% des crédits ;
> ceux dédiés au logement, à la formation, à la culture, à la santé ou la sécurité représentent 8% ;
> et ceux centrés sur l'écologie, qu'ils soient transition énergétique, environnement, transports collectifs propres ou aménagement raisonné du territoire, ne recueillent que 18% de ces aides européennes.
S'il est vital que la lutte contre le chômage passe par la dynamisation économique, celle-ci peut et doit être promue en impulsant une stratégie industrielle, technologique, agricole et maritime, touristique et du service à la personne, qui soit fer de lance, ou au moins cohérente, avec les impératifs de sauvegarde de la planète.
Le déséquilibre entre les grandes priorités assignées au FEDER est la deuxième erreur stratégique de M. Muselier.
LES TERRITOIRES URBAINS FRAGILES SUR LE BORD DU CHEMIN DU DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL EUROPÉEN
Et les quartiers populaires prioritaires, pour lesquels les textes européens stipulent « qu'une partie [des crédits FEDER] doit être mobilisée » ?
Là encore, les programmes spécifiquement ou pour partie prévus à destination des 10% des plus fragiles de notre population régionale, soit plus de 500.000 habitants parmi les 5 millions de Provençaux, ne représentent que 6,5% des crédits FEDER, correspondant à 14 euro par habitant, bien loin de la moyenne régionale de près de 22 euros (voir ICI).
Et ce désintérêt pour les moyens de la solidarité européenne envers les territoires urbains paupérisés est la troisième erreur stratégique de M. Muselier quant aux projets proposés au financement FEDER.
Des rééquilibrages s'imposent, territoriaux, écologiques et solidaires. Seul un projet en rupture avec celui de la majorité régionale sortante de M. Muselier peut répondre à ces enjeux. C'est celui que porte "Le Rassemblement écologique et social" qu'anime Jean-Laurent Felizia.
Il apparaît un grand satisfecit au bilan de M. Muselier, président de la Région Provence Alpes Côte d'Azur, sous le chapeau « Une terre de patrimoine, de tradition et d'identité », avec une mise en exergue : « Inauguration de l'Observatoire de la langue et de la culture provençales à Cheval-Blanc ». Certes.
Il faut dire qu'il n'aurait pas pu évoquer beaucoup d'autres actions visant à promouvoir le provençal dans la "vida vidanta" (vido vidanto - la vie de tous les jours), comme c'est le cas dans d'autres régions, tant il n'y en a guère à mettre à son actif : ni bilinguisme de signalétique urbaine ou routière, ni publications...
En outre, les rares actes posés par la Région en matière de promotion de la culture et de la langue de chez nous auront été assez étrangement connotés. Et pas tant dans le sens des valeurs de l'universalisme que dans une inquiétante perspective "identitaire"...
UN OBSERVATOIRE À LA FOCALE BIEN ÉTROITE
Le fameux "Óusservatòri de la lengo e de la culturo prouvençalo" dont se félicite M. Muselier se revendique d'une vision pour le moins étroite de ce qu'il observe. En attestent, sur son site Internet, des thèmes d'un autre temps, guère rassembleurs voire franchement excluants, fustigeant par exemple certaines approches linguistiques et historiques attestées par la science, alors que l'heure est depuis des années à l'enterrement de la hache de guerre entre tenants de tel parti pris de graphie ou de géographie linguistique et adeptes de tels autres.
En mettant en valeur ce seul projet-là, non seulement on nie les réalités scientifiques de la langue d'oc, mais on s'inscrit dans une sorte d'identité rabougrie, d'enfermement vieillot sur soi-même, tout le contraire de ce qu'ont été dans l'histoire les territoires de rencontres et de partages du sud de notre pays. C'est à l'opposé de ce que promeut la majorité des acteurs de la langue et la culture provençales, en particulier ceux qui se retrouvent pour une langue et une culture vivantes d'aujourd'hui, par exemple dans le Forum d'òc, qui regroupe plus de 160 associations, dont le Felibrige ou l'Institut d'Estudis Occitans, une quarantaine de collectivités locales de toutes sensibilités républicaines, et les structures d'enseignement de la langue.
QUI SOUFFLE SUR LES BRAISES D'UNE PRÉTENDUE « GUERRE IDÉOLOGIQUE » ?
Mais il y a plus inquiétant encore dans les propos du dirigeant de cet "Óusservatòri" si apprécié et soutenu par la majorité régionale sortante de M. Muselier, prononcés à l'occasion de son inauguration en 2020. Un extrait suffira à s'en convaincre : « Notre colère est grande lorsque l'on entrave les langues régionales au bac en particulier [là, hormis le ministre Blanquer et les ultra-jacobins, tout le monde est d'accord, c'est la suite qui fait frémir], et quand dans le même temps on prône l'étude de la langue arabe pour, si j'ai bien compris, intégrer et éduquer des populations, mais qui, il faut le craindre, sont souvent manipulées par ailleurs ». À la lecture de ce passage, on comprend mieux les mots énigmatiques du début de son propos inaugural : « Une guerre idéologique est déclarée au peuple de notre pays. Je n'en dirai pas plus sur le sujet, laissant chacun à ses réflexions...». Aquò es dich, fermez le ban.
M. Muselier, en annonçant qu'il voulait ouvrir sa majorité des « Verts raisonnables aux repentis du Front national », ratisse vraiment large. C'est sûrement pour l'esprit d'ouverture dont il a fait preuve dans ce discours que cet orateur de "l'Óusservatòri" figure parmi les candidats de la section des Bouches-du-Rhône de la liste LR-LREM que mène M. Muselier pour l'élection de juin prochain...
Saisi par des députés de la majorité parlementaire et présidentielle, dont deux de Provence Alpes Côte d'Azur, le conseil constitutionnel a rendu sa décision. Il interdit de fait l'usage des langues régionales – ou autochtones selon la dénomination de l'Organisation des nations unies (ONU) – dans la vie publique.
Voilà que les nouveaux alliés "Marcheurs" de M. Muselier, président de notre Région, et de M. Vitel, son vice-président délégué à « à l'identité régionale et aux traditions », qui se vantent dans leur bilan d'avoir « valorisé le provençal, le gavot et le nissart », ont réussi leur coup : freiner la promotion des variantes de chez nous de la langue occitane.
Qu'en pensent donc MM. Muselier et Vitel, anciens députés ? Que va dire le projet régional commun LR-LREM en matière de défense et de promotion de la langue et de la culture provençales et occitanes ?...
Apres lo vote de la lei Molac sus lei lèngas regionalas, lei "Savis" fuguèron sasits, a la demanda dau cabinet dau ministre Blanquer, per un sessantenau de deputats LREM ò MoDem, d'entr'aquelei dòs d'encò nòstre, lei Dònas Cathy Racon-Bouzon (Bocas-dau-Ròse) e Sereine Mauborgne (Var), tambèn com'una anciana conselhèra regionala EELV de Provença, Dòna Laurence Vichnievsky, qu'a virat au MoDem despiei 2015 e es devenguda deputada dau Pueg-de-Dòma.
E qu'an decidit, aquelei sòcis dau consèu constitucionau ? Que lei lèngas autoctònas, valènt-a-dire lo basca, lo breton, lo flamand, l'alsacian, l'occitan (adonc lo provènçau e lo nissart, que n'en son de varietats dialectalas), lo còrse e lo catalan, que la Constitucien (article 75-1) ditz pasmens « qu'apertègon au patrimòni de la França », pòdon bèn estre ensenhadas, mai pas emplegadas dins l'encastre d'una escòla ! Solet, lo frances, lènga de la Republica, seguènt l'article 2 de la Constitucien, a lo drech d'estre aprofichat.
Vaquì que nos retrobam au tèmps passat dau sègle XIX que, quora un dròle ò una dròla parlavon lo patès a l'escòla, lo mestre li picava un còp de regleta sus sei dets. E van-ti faire aquò ai colegians e liceans qu'aprènon dins lei classas d'ensenhamènt embanhadiu que leis alestisson dins leis encors binacionaus deis establimènts – pasmens publics – ais espròvas dau College Board National Office (bacheleirat "bac" francò-american), de l'Abibac (bacheleirat "bac" francò-alemand), dau Bachibac (bacheleirat "bac" francò-espanhòu) ò de l'Esabac (bacheleirat "bac" francò-italian) ? E coma si va debanar dins leis escòlas superiòras francesas de comerci, que l'ensenhamènt si fach quasì tot en englés ? Licèus et ensenhamènt superiu pertocan lei consèus regionaus...
À part quelques rares arcboutés sur des postures ultra-jacobines, craignant toujours pour l'unité, l'unicité et l'indivisibilité de la France républicaine, tout un chacun reconnaît aujourd'hui l'importance des parlers régionaux comme facteur d'intégration par la valorisation du sentiment d'appartenance et la diversité culturelle.
Les candidats provençaux LREM-LR à l'élection régionale des 20 et 27 juin doivent s'exprimer et donner leurs positions communes en matière de défense et de promotion de la langue et de la culture provençales et occitanes. Ce n'est ni folklorique ni anecdotique.
TRADUCTION FRANÇAISE DE LA PARTIE PROVENÇALE DE L'ARTICLE
Après le vote de la loi Molac sur les langues régionales, les "Sages" ont été saisis, à la demande du ministre Blanquer, par une soixantaine de députés LREM ou MoDem, au nombre desquels deux de chez nous, Mesdames Cathy Racon-Bouzon (Bouches-du-Rhône) et Sereine Mauborgne (Var), ainsi qu'une ancienne conseillère régionale EELV de Provence, Laurence Vichnievsky, qui est passée au MoDem depuis 2015 et est devenue députée du Puy-de-Dôme.
Et qu'ont décidé les membres du Conseil constitutionnel ? Que les langues autochtones, c'est-à-dire le basque, le breton, le flamand, l'alsacien, l'occitan (donc le provençal et le nissart, qui en sont des variétés dialectales), le corse et le catalan, dont la Constitution stipule pourtant qu'elles « appartiennent au patrimoine de la France », peuvent être enseignées, mais pas utilisées dans le cadre d'une école ! Seul le français, langue de la République, selon l'article 2 de la Constitution, peut y être employé.
Et voilà que nous nous retrouvons au temps passé du XIXe siècle, où, lorsqu'un garçon ou une fille parlaient patois à l'école, le maître leur donnait un coup de règle sur les doigts. Vont-ils faire de même aux collégiens et lycéens qui se préparent dans les classes d'enseignement immersif dans les sections binationales des établissements – pourtant publics – aux épreuves du College Board National Office (le bac franco-américain), de l'Abibac (bac franco-allemand), du Bachibac (bac franco-espagnol), ou de l'Esabac (bac franco-italien) ? Et comment les choses vont-elles se dérouler dans les écoles supérieures françaises de commerce où l'enseignement est presque entièrement dispensé en anglais ? Lycées et enseignement supérieur concernent les conseils régionaux...
ET LE MÊME TEXTE EN GRAPHIE MISTRALIENNE PHONÉTIQUE (avec sûrement quelques erreurs)
Apres lou vote de la lei Molac sus lei lèngo regiounalo, lei "Savi" fuguèron sasi, a la demando dóu cabinet dóu ministre Blanquer, per un sessantenau de deputa LREM o MoDem, d'entr'aquelei dos d'enco nostre, lei Dono Cathy Racon-Bouzon (Bouco-dóu-Rose) e Sereine Mauborgne (Var), tambèn coum'uno anciano counseièro regiounalo EELV de Prouvenço, Dono Laurence Vichnievsky, qu'a vira au MoDem despiei 2015 e es devengudo deputado dóu Puè-de-Doma.
E qu'an decidi, aquelei soci dóu counsèu counstituciounau ? Que lei lèngo autouctòno, valènt-a-dire lou basco, lou bretoun, lou flamand, l'alsacian, l'óucitan (adounc lou prouvènçau e lou nissart, que n'en son de varieta dialectalo), lou corse e lou catalan, que la Counstitucien (article 75-1) dis pamens « qu'apertègon au patrimoni de la Franço », podon bèn estre ensegnado, mai pas emplegado dins l'encastre d'uno escolo ! Soulet, lou frances, lèngo de la Republico, seguènt l'article 2 de la Counstitucien, a lou drè d'estre aprouficha.
Vaquì que nous retrouban au tèms passa dóu sègle XIX que, quouro un drole ò uno drolo parlavon lou patès a l'escolo, lou mestre li picavo un cop de regleto sus sei det. E van-ti faire aquo ei coulegian e licean qu'aprènon dins lei classo d'ensegnamèn embagnadiu que leis alestisson dins leis encors binaciounau deis establimèn – pamens publis – eis esprovo dóu College Board National Office (bacheleirat "bac" franco-american), de l'Abibac (bacheleirat "bac" franco-alemand), dóu Bachibac (bacheleirat "bac" franco-espagnòu) o de l'Esabac (bacheleirat "bac" franco-italian) ? E coumo si va debana dins leis escolo superioro franceso de coumerci, que l'ensegnamènt si fa quasì tout en englés ? Licèus et ensegnamèn superiu pertoucan lei counsèu regiounau...