Salle comble hier mardi soir à la Bourse du Travail de La Seyne, pour le premier meeting de la gauche à nouveau rassemblée autour de Michel Vauzelle. Avant que n'interviennent Alain Bolla pour le Front de Gauche, Philippe Chesneau pour Europe Ecologie, Toussaint Codacionni pour le Mouvement républicain et Citoyen, Gérard Tautil pour le Partit Occitan et Robert Alfonsi pour le Parti socialiste, j'ai prononcé un discours d'accueil :
"Bienvenue à La Seyne, en cette Bourse du Travail.
"Cette Bourse du Travail qui a accueilli Jean Jaurès en 1914, alors qu'il venait inciter la classe ouvrière seynoise à lutter pour de meilleures conditions de vie. Et surtout à exiger des gouvernements de l'Europe une politique de Paix. C'était quelques semaines avant son assassinat, suivi, 3 jours après, de la mobilisation générale et de quatre années d'une horrible guerre.
"Et on a aussi reçu ici, parmi quelques grands hommes, le journaliste résistant communiste Gabriel Péri, le radical Clémenceau, ou le président de la République radical-socialiste Fallières.
"Et vous !
"Avoir choisi La Seyne pour vous accueillir aujourd'hui, c'est aussi avoir choisi la ville qui s'est donné il y a deux ans une équipe municipale riche de la diversité de toutes les composantes de la gauche : des socialistes, des communistes, des partisans du Mouvement républicain et Citoyen, des écologistes, des radicaux de gauche, des régionalistes de "Régions et Peuples Solidaires", et des acteurs républicains de la vie sociale de cette commune.
"J'y vois un symbole pour notre unité retrouvée aujourd'hui même, sous le label "Notre Région Rassemblée, solidaire et écologique".
"Une unité qu'appelait de ses vœux notre peuple varois et provençal, des plus humbles d'entre nous à nos classes moyennes, aujourd'hui plus que jamais écrasé par le laminoir du capitalisme et de la mondialisation. Et croyez-moi, à La Seyne, on en sait quelque chose, des dégâts humains que ça engendre !
"Et que ça engendre même chez d'autres qui, bien que plus aisés peut-être, n'en peuvent plus du déni des fondements de notre démocratie républicaine.
"Et je pense en particulier à tous ces Gaullistes historiques, héritiers des pionniers du Conseil National de la Résistance, qui voient se déliter les acquis sociaux et culturels durement construits ou reconstruits au lendemain des six années de chape de plomb du nazisme et du fascisme.
"Merci donc à tous nos mouvements politiques d'avoir eu la sagesse et le bon sens de trouver les moyens de déboucher sur un projet régional concerté, enrichi des approches de chacune des composantes de cette large "Alliance de l'Olivier" reconstituée, dont les prochains orateurs vous parleront après moi.
"La Seyne, c'est aussi celle des 12 plus grandes villes varoises où le premier tour a vu le plus fort total cumulé des voix des listes de la gauche et de l'écologie, à un petit point des 50%.
"Avec de 60 à presque 70 % dans nos grands quartiers populaires. Ça montre bien que, là où on souffre le plus, on sait vers qui se tourner pour trouver l'espoir. Et ça encourage pour dimanche prochain.
"Mais La Seyne, c'est aussi, hélas, avec 4 autres des 153 communes du Var, un record d'abstention effrayant. Six sur dix de mes concitoyens ayant le droit de voter ne l'ont pas exercé.
"C'est dire combien notre peuple est désemparé par la politique à vau-l'eau d'un président qui fustige le capitalisme un jour et exécute le droit du travail le lendemain, qui se réfère à Jaurès le matin et ferme une maternité ou une école publique le soir, et qui invite à gagner plus en travaillant plus et supprime des emplois publics à tour de bras.
"Et voilà comment notre peuple voit sa lucidité être brouillée comme jamais, victime du matraquage qu'elle subit de la part de medias et d'instituts de sondages, pour beaucoup entre les mains de serviteurs zélés du pouvoir. Et délaisse pour finir son droit démocratique de choisir sa destinée.
"Et c'est aussi un électeur sur cinq qui a opté pour l'extrême droite.
"Nicolas Sarkozy et Thierry Mariani n'ont eu de cesse depuis des mois, des années, de semer les graines de la xénophobie, du rejet de l'autre, à mille lieues des valeurs de liberté et de fraternité, de l'abandon des travailleurs, de la démolition de ce service public qui est le ciment de l'égalité républicaine.
"Et c'est, naturellement, le parti du nationalisme et du fascisme qui en récolte aujourd'hui les fruits vénéneux.
"Justement, puisque je parlais des grands hommes qui ont honoré La Seyne d'une visite, vous vous en souvenez peut-être, Sarkozy est venu chez nous il y a quatre mois. Et je l'ai bien sûr accueilli en élu respectueux des traditions républicaines.
"Il y venait officiellement pour dresser un bilan de sa politique de relance économique.
"Sarkozy, du jamais vu dans les annales de la République, s'est révélé être plus le chef d'un parti que le Président de tous les Français.
"Contrairement à ses prédécesseurs en pareil cas, il a clairement choisi de s'impliquer lui-même dans la bataille des régionales et en a fait un enjeu national.
"Là où j'attendais avec beaucoup de naïveté un propos utile sur la ré-industrialisation, qui pouvait servir la cause du technopôle de la mer de notre agglomération et de notre département, j'ai entendu une diatribe contre les collectivités locales qui, selon lui, sont fautives d'accroître les impôts et le déficit de l'État ou de ne pas réduire le nombre de leurs fonctionnaires.
"Pas un mot sur le fait qu'elles jouent le jeu de la relance, comme, par exemple à La Seyne avec notre plan de rénovation urbaine qui place notre ville et son office public de l'habitat en position de premiers donneurs d'ordres varois pour les entreprises du bâtiment et des travaux publics.
"Pas un mot sur le fait que ce sont les régions, les départements, les communes, les intercommunalités et leurs établissements publics locaux, qui assurent les trois quarts de l'investissement public du pays. Et qui, faisant cela, sont les premiers contributeurs publics pour la défense de l'emploi.
"Oh ! Sarkozy a le mérite d'avoir été clair et d'assumer avec courage son engagement. Oui, il est depuis des mois en campagne pour les élections régionales.
"Il est chef de l'État sur le papier. Et le chef partisan et assumé de l'UMP dans les faits.
"Mais, à voir la prestation médiocre que son poulain Mariani a réalisée dimanche dans la Région, re-dopant de surcroît l'extrême droite, notez qu'il est finalement aussi peu convainquant dans l'une de ses fonctions que dans l'autre.
"Alors, il faut confirmer l'acte fort du premier tour. Ce sera un acte de résistance.
"Résistons par notre vote à toutes ces agressions contre notre peuple à qui Mariani promet de faire endurer en Provence Alpes Côte d'Azur ce que Sarkozy fait subir à tout le pays.
"Nous, les Varois, nous avons su au XIXe siècle résister à la même agression contre les acquis républicains qu'a tentée Napoléon III.
"Dimanche, c'est un combat de même nature que nous devrons gagner."