Ce coup-là, il fallait oser. Condamner à mort un service public, exécuter la sentence, être contraint à le ressusciter, du moins en partie, devant la pression populaire, politique, syndicale, et l'incitation de l'État, puis avoir le front d'inviter à son inauguration, en ayant juste changé son nom, comme si on était à l'initiative de la création d'un nouvel outil en faveur des usagers, tout ça révèle un grand art de l'illusionnisme...
On s'est habitué à la récupération à son propre profit politicien par la maire de La Seyne de ce que d'autres font pour notre ville, comme la Métropole ou d'autres collectivités, mais aussi des acteurs économiques, des associations, ou encore l'Université de Lyon (pour l'Institut Michel-Pacha). On s'est résigné à voir la municipalité faire main basse sur ce que d'autres ont réalisé avant elle, donnant à croire par une impressionnante communication qu'elle en est l'artisane. On s'est aussi accoutumé aux effets de passe-passe consistant, par exemple, à annoncer la création de services nouveaux, telles les nombreuses "brigades" en tous genres dont la presse se fait régulièrement l'écho, alors que, par de nouvelles dénominations de services et des jeux de chaises musicales des agents communaux, on ne fait que mettre en exergue des missions qui existent déjà depuis des lustres.
ACTE 1 : ON CONDAMNE À MORT
Mais il y a désormais plus fort. On se souvient que la maire de La Seyne a confié à son adjoint chargé de la politique de la ville le soin de fermer la Maison des Services Publics qui, depuis 1999, était indispensable à ses quelques 44.000 usagers de tout l'Ouest Var (à moins que cet adjoint en ait pris lui-même l'initiative). Alors que partout ailleurs naissent ce qu'on appelle désormais des "Maisons France Services", La Seyne s'est singularisée en supprimant un tel outil, le plus important du Var par le nombre de ses bénéficiaires, rodé depuis un quart de siècle, dont la performance était citée en exemple par l'État et louée par la presse spécialisée.
C'était sans compter sur les mobilisations des usagers, de partenaires sociaux, des élus et formations politiques des gauches et de l'écologie, des personnels eux-mêmes, et le désaveu de l'État qui, tout en démantelant avec méthode l'ensemble des services publics, incite les territoires à maintenir une présence de certains de ceux-ci au sein de Maisons France Services, fût-elle seulement numérique, au plus près des habitants, notamment dans les campagnes et les quartiers urbains fragiles, dont notre quartier Berthe. On pourra se remémorer les enjeux et mobilisations en cliquant ICI, ICI ou encore ICI
ACTE 2 : ON COMMUE LA CONDAMNATION EN BANNISSEMENT
La maire et son adjoint ont dû reculer. Arguant d'une soi-disant nécessité de disposer de locaux mieux adaptés, de la perspective – non confirmée par l'office d'HLM Toulon Habitat Méditerranée, propriétaire des espaces – d'une dénonciation de bail, et autres arguments tirés par les cheveux, voilà ressuscitée la Maison des Services Publics, certes en un lieu différent. On aurait pu s'en tenir là, même si n'est pas – pas encore – résolue la question de certains personnels injustement licenciés sur laquelle les syndicalistes qui les accompagnent ont bien raison de ne rien lâcher. La maire et son adjoint auraient fait le dos rond, les acteurs des mobilisations pour le sauvetage n'auraient pas spécialement crié victoire, et l'État, neutre comme il se doit, n'aurait rien commenté.
ACTE 3 : ON ARROSE LA RENAISSANCE DU RESSUSCITÉ
C'était sans compter avec le besoin irrépressible de communiquer à tout va qui anime la municipalité, même sur un non-événement. Voilà qu'on va inaugurer ce qu'on a voulu démolir. Et juste en changeant son nom, la Maison des services publics devenant l'Agora des services. C'est jouer de la crédulité supposée des Seynoises et Seynois dont on postule qu'ils goberont qu'on a créé de toutes pièces un nouveau dispositif à leur service. Mais ce n'est pas très malin. Ça l'est d'autant moins que le carton d'invitation à l'inauguration de ce faux nouvel outil est adressé non seulement au nom du Conseil municipal (propriété de la maire, si l'on en croit l'utilisation de l'adjectif possessif "son"), mais aussi du président du Conseil départemental du Var, celui-là même qui a été désigné par la Ville comme la cause de la fermeture de l'historique Maison des Services Publics, ayant dénoncé la convention qui le liait depuis vingt-cinq ans à la Commune pour faire vivre cet espace indispensable.
Là, on a atteint le sommet du Grand Guignol et de la supercherie politicienne organisée. C'est bien triste. Mais heureusement que l'orthographe de l'invitation prête un peu à sourire en trahissant l'amateurisme de ces élus charlatans farceurs municipaux et départementaux, persuadés, à les lire, que le terme "Agora" est un substantif masculin.
Si ce n'est pas un nouveau boniment, ça tient du miracle. À en croire sa déclaration à Var-matin, l'adjoint à la maire chargé de la politique de ville aurait obtenu que tous les organismes ayant les uns après les autres déserté la Maison des Services Publics de La Seyne soient volontaires pour revenir y assurer leurs missions dues aux citoyens de l'Ouest-Var. Chapeau bas !
Il faut dire que le collectif de défense de cette Maison France Services, fort de son unité de syndicats, d'associations et de tous les partis politiques de gauche et de l'écologie, a fait du bon travail combatif de mobilisation, de conviction, de proposition et de revendication. La Ville a dû reculer sur son intention de faire disparaître cet outil nécessaire à 44.000 usagers.
Mais tout n'est pas gagné. Si elle est sincère, la Ville doit poursuivre son effort jusqu'à la concrétisation. Et le collectif de défense lui rappeler son engagement.
UN GROUPEMENT D'INTÉRÊT PUBLIC À RECRÉER...
Admettons que cette annonce de l'adjoint à la maire ne soit pas du vent. Dans ce cas, il n'y a plus lieu que la Commune assume seule la gestion de la Maison des Services Publics. Il faut sans tarder que le Conseil départemental du Var, l'office d'HLM Toulon Habitat Méditerranée, la Caisse d'allocations familiales du Var, le ministère de la Justice et la Métropole confirment officiellement les annonces de l'adjoint au maire. Et que, avec la Ville, tous ces partenaires publics revenus à de bonnes intentions recréent un Groupement d'intérêt public (GIP) pour la gérer ensemble. Le préfet du Var, chargé par l'État de la promotion des Maisons France Services dans le département, devrait les inviter à se mettre au travail dans les meilleurs délais.
C'était bien la peine d'avoir dissout il y a quelques mois le GIP gestionnaire depuis 1999... Mais, bon, s'il s'est agi de reculer pour mieux sauter...
TOUS LES PERSONNELS DOIVENT ÊTRE MAINTENUS EN FONCTION. VRAIMENT TOUS.
Il est annoncé qu'une solution de maintien est trouvée pour tous les personnels de la Maison France Services, ce dont on doit se réjouir. Tous, sauf une : la directrice, au prétexte fumeux énoncé par l'adjoint à la maire qu'elle ne disposerait pas « des diplômes requis ».
Autant dire que toutes les institutions publiques groupées dans le défunt GIP – dont la Ville elle-même – qui l'ont embauchée il y a près de 15 ans, puis promue par décision unanime à la fonction de direction après une formation de trois ans susceptible d'être qualifiante par validation des acquis de l'expérience, auraient fait preuve de légèreté coupable. Leurs responsables, élus ou cadres de la fonction publique, apprécieront cette sentence... à commencer par la maire qui, interviewée en 2020 par la chaine TV “Acteurs publics”, vantait la compétence et le travail de « ces agents formés dans ces Maisons France Services »...
La maire ferait bien de reprendre la main sur ce sujet. Et, de toute façon, les syndicats, d'autant plus qu'ils sont impliqués au sein du collectif de défense, vont sans nul doute veiller au grain.
LES ASSOCIATIONS D'INSERTION INDISPENSABLES AU SEIN DE LA MAISON DES SERVICES
On a enfin le sentiment qu'il y aurait, toujours selon l'adjoint à la maire, deux types de services rendus aux usagers : ceux des institutions publiques qui auraient toute leur place dans la nouvelle Maison France Services, et ceux des associations, pourtant agréées pour conduire des missions publiques, qui resteraient dans les locaux actuels que l'adjoint au maire qualifie d'insalubres dans sa même déclaration à la presse.
Ce serait une erreur. L'intérêt et le sens même d'une Maison des Services Publics réside dans son unicité de lieu et le partage des moyens humains mutualisés dévolus à la médiation, qu'elle soit numérique, d'accompagnement social, ou d'appui à la maîtrise de la langue et de l'information. Les bénévoles de l'association Crésus recevant un usager pour des problèmes de surendettement peuvent déceler une situation dramatique quant au logement et orienter la personne vers les agents d'économie sociale et familiale de l'office d'HLM occupant le bureau voisin. Une allocataire en butte à une difficulté pour une prestation familiale peut, dans un entretien avec un agent de la CAF, manifester des soucis liés à son insertion professionnelle et être mise en relation avec le club d'entreprises Face-Var qui pourra l'accompagner vers l'emploi.
C'est cette approche globale dont la maire, dans la même interview télévisuelle à “Acteurs publics”, se félicitait : « Ici, nous avons des associations qui apportent de l'aide (...) Il faut concentrer l'effort. ». Son adjoint serait bien inspiré de méditer les avis de la Première magistrate elle-même.
On n'est peut-être pas au bout du tunnel, mais on peut voir poindre une lueur. La raison doit commander. Si les partenaires historiques sont vraiment disposés à s'impliquer à nouveau, « l'extension du domaine des services publics » , ainsi que la qualifie la députée Clémentine Autain, est à portée pour les citoyens de La Seyne et des communes des alentours.
Un nouveau GIP à créer avec des institutions publiques remotivées, une réhabilitation des espaces de la Tour du Gère, une équipe reconnue à conforter dans ses missions, des associations partenaires à rassurer, et le tour serait joué. La maire pourrait faire oublier le faux pas de son équipe. Et ce serait tant mieux pour les gens. Comme pour elle.
Espérons pour La Seyne que le nouveau Premier ministre aura été informé du changement d'équipe municipale survenu en 2020. Parce que, sinon, il pourrait avoir envie d'appliquer la sentence selon laquelle la vengeance est un plat qui se mange froid.
Il faut dire que nous lui avons mené la vie rude lorsque, en 2012, jeune collaborateur de Madame Touraine, la ministre de la santé de François Hollande, il a été chargé par celle-ci d'accomplir l'exact contraire de l'engagement formel pris par le président de la République de maintenir la maternité de notre hôpital public (lire ICI). Aussi rigide que sa patronne que j'avais surnommée « La Dame de Fer », il fut mon interlocuteur consciencieux et obstiné pour mener le dossier de la fermeture de ce service public pourtant essentiel aux 200.000 habitants de l'ouest varois.
CHANGEMENT DE PREMIER MINISTRE, MAIS PAS DE LIGNE DÉVASTATRICE DE L'ACTION PUBLIQUE
Avec l'équipe municipale seynoise d'aujourd'hui, le risque de trouver face au gouvernement des défenseurs de l'action publique est heureusement bien moindre, tant leurs objectifs sont similaires. En trois ans, on aura assisté chez nous à des démantèlements contre lesquels la maire n'a pas bronché : la disparition du bureau de poste de Tamaris que notre équipe de gauche avait sauvegardé en l'installant à la médiathèque municipale du Clos Saint Louis, la fermeture du point d'accueil à La Seyne des services locaux des impôts et finances publiques, le renvoi aux oubliettes du projet d'une nouvelle ligne de transports publics par bateaux-bus, l'absorption de notre office public communal d'HLM par celui de Toulon, ou le refus de l'État d'entrer provisoirement au capital de CNIM pour sauver notre entreprise-phare qui a fini par sombrer.
VILLE ET GOUVERNEMENT : MÊMES LOGIQUES LIBÉRALES
La Ville s'emploie d'ailleurs elle-même à fragiliser son propre service public de proximité : la Maison des Services avec sa Maison de la Justice et du Droit toujours dans l'incertitude quant à son devenir dans son intégralité, la réduction de l'offre des accueils de loisirs des enfants si indispensable en été, la disparition de l'hébergement de jeunes à Saint-Elme qui permettait des échanges fructueux entre Seynois et visiteurs, l'augmentation de la tarification des cantines scolaires, le report sine die de la reconstruction du groupe scolaire Mabily-Verne, le doublement de la subvention municipale à l'enseignement privé confessionnel au détriment des subventions aux associations agréées pour des missions de service public, la fermeture du foyer communal des anciens Aristide-Briand, le "pôle de santé" du centre-ville dont on n'entend plus parler, ou l'enterrement du projet de crèche publique prévu et financé dans le cadre du programme de rénovation du centre ancien, pour ne citer que quelques décisions. Ça fait pas mal de sapes du service dû à la population qui, il faut être honnête, s'opèrent sans toutefois affaiblir les missions communales de la communication politicienne et de l'événementiel promotionnel qui n'ont jamais autant été au mieux de leur forme...
Non, La Seyne n'a finalement pas grand chose à craindre du changement de l'exécutif de l'État. Le nouveau Premier ministre devrait bien s'entendre avec une telle équipe de naufrageurs du service commun universel qui est supposé réduire les impacts des inégalités sociales et économiques des habitants. Il ne sera sûrement pas troublé par des remontrances seynoises lorsqu'il confiera à ses ministres le soin de poursuivre les basses œuvres de sabordage de l'édifice républicain issu du programme du Conseil National de la Résistance engagées sous Monsieur Sarkozy, pas assez ralenties sous Monsieur Hollande, et reprises avec énergie par Monsieur Macron.
OUF ! IL NE S'EST « JAMAIS REVENDIQUÉ DE L'AILE GAUCHE » !
Le président de la République ne doit pas en attendre moins du Premier ministre qu'il a choisi, lequel disait, à propos des acteurs des concerts de casseroles des Gilets jaunes : « Ceux qui ont le temps, en pleine semaine, d’aller accueillir des ministres de 14 heures à 18 heures, a priori ce ne sont quand même pas les Français qui travaillent, qui ont des difficultés au quotidien pour boucler leurs fins de mois ». Il faut dire qu'il doit en savoir long sur la question du travail, lui qui indiquait au journal Le Parisien à propos du monde de l'entreprise, que « trop d'élus le connaissent mal, parce qu'il n'y ont jamais travaillé » tandis que lui-même n'a jamais connu d'autre emploi que celui de... conseiller ministériel.
La majorité municipale seynoise composée de gens issus de la droite extrême, de la droite tout court, de "philippistes", et désormais d'écolos versatiles, peut donc être rassurée. Le nouveau chef du gouvernement la tranquillisait il y a un an dans Le Monde : « Je ne me suis jamais revendiqué de l’aile gauche ». On s'en était rendu compte. Les voilà prêts à bien s'entendre. Si c'est dans l'intérêt de la commune...
La municipalité de La Seyne est-elle sincère quand elle dit chercher des solutions pour éviter la disparition de la Maison des Services Publics (MSP) de la commune ? On peut se poser la question après la tenue d'une ultime réunion de l'Assemblée générale du Groupement d'intérêt public (GIP) qui en assure la gestion. Il y a été décidé à l'unanimité son auto-dissolution au 30 juin.
Et, si le Département du Var, cogestionnaire avec la commune, a confirmé par son vote comme on s'y attendait son inexplicable volonté de se désengager alors qu'il est la collectivité territoriale ayant compétence en matière d'action sociale, la Ville de La Seyne lui a contre toute attente emboité le pas en votant aussi la dissolution.
Ça nécessite pour le moins des explications publiques.
UNE MÉCONNAISSANCE OU UN DOUBLE LANGAGE ?
Alors que neuf institutions publiques s'étaient regroupées en 1999 au sein de ce GIP pour assurer une offre diversifiée de services publics au plus près de nos habitants, la plupart d'elles, notamment faute de moyens dévolus par leur tutelles, ont peu à peu, au fil des années, abandonné le navire, laissant la charge de la gestion aux seuls Département et Commune. La terrible décision du Conseil départemental du Var de se retirer à son tour devait immanquablement entraîner la disparition du GIP puisque, comme son nom l'indique, c'est un "groupement" et la Ville ne peut "se regrouper"... toute seule.
Mais la Ville semble bien tenir un double langage. D'un côté, elle communique pour jurer qu'elle recherche des solutions pour garantir la pérennité de la structure qui répond aux besoins de 44.000 usagers de La Seyne et de ses communes environnantes. D'un autre, elle ne s'insurge pas contre la décision de retrait de son partenaire départemental.
UN PROPOS RASSURANT CONTRARIÉ PAR UN VOTE POUR LA DISSOLUTION
Comment expliquer que le Département était représenté à cette réunion d'Assemblée générale par une conseillère départementale également adjointe à la maire de La Seyne s'il n'y a pas identité de vue entre les deux institutions ?
Comment expliquer que la représentante de la Ville, une autre adjointe à la maire, a voté favorablement pour la dissolution du GIP au lieu, au moins, de s'abstenir pour manifester la volonté municipale de ne pas voir disparaître cette indispensable structure ?
Comment expliquer qu'un troisième adjoint à la maire annonce publiquement la prolongation du GIP jusqu'au 31 décembre prochain pour disposer du temps de trouver des solutions pour garantir la poursuite des offres de services aux publics tandis que celle qui a représenté la Ville à la réunion de dissolution a voté pour que celle-ci soit effective au 30 juin ?
UNE LIQUIDATION SEREINE ?
Comment expliquer que c'est cette dernière adjointe au maire qui, le vote de dissolution acquis, a retiré de l'ordre du jour le vote du budget du second semestre 2023 du GIP ? Sur quel acte administratif règlementaire le liquidateur désigné va-t-il pouvoir s'appuyer pour assurer sa mission d'ordonnateur des opérations financières nécessaires à la dissolution ? Comment le comptable public, agent de l'État chargé de l'exécution des actes budgétaires, va-t-il pouvoir mener à bien son travail au cours des mois nécessaires à la liquidation ?
Comment expliquer que la métropole Toulon Provence Méditerranée (MTPM), qui s'était engagée en 2022 à allouer une participation financière au fonctionnement du GIP, n'a pas traduit dans les faits cette décision ? Dans ce contexte fumeux de double langage, on est en droit de se demander si ce n'est pas à la demande de la commune ou du département eux-mêmes. Leurs représentants à l'Assemblée générale du GIP condamné et déjà moribond vont-ils expliquer ce revirement ?
QU'EN DISENT LE PROPRIÉTAIRE DES LIEUX ET LE REPRÉSENTANT DE L'ÉTAT ?
Comment expliquer que l'office métropolitain d'HLM, Toulon Habitat Méditerranée (THM), propriétaire des locaux de la "Tour du Gère" dans lesquels fonctionne la MSAP, désigné par la municipalité comme cause de la possible disparition de la structure car ayant un projet de réhabilitation et changement d'usage de l'immeuble, ne prend-il pas la parole, par exemple par la voix de sa vice-présidente seynoise, élue au conseil municipal de La Seyne sur la liste de la maire, pour éclairer le public sur ses intentions et leurs échéances au sujet du devenir de cet espace ?
Que pense de tout ça le préfet du Var, qui est à la fois garant de la légalité des actes, assurant le contrôle du GIP en sa qualité de "commissaire du gouvernement", assistant de plein droit aux instances délibérantes, pouvant « faire opposition à ce titre aux décisions et délibérations qui mettent en jeu l'existence ou le bon fonctionnement du groupement » (article 22 des statuts du GIP), et promoteur territorial des politiques publiques du gouvernement qui incite à la création de Maisons France Services, donc supposé ne pas voir d'un bon œil la fragilisation de la deuxième plus importante structure de ce type de France par le nombre de ses usagers ?
UNE NÉCESSITÉ ABSOLUE DE PAROLE UNIQUE ET RESPONSABLE
Tout ça fait beaucoup d'interrogations et de propos contradictoires. Les salariés du GIP dont l'emploi est en jeu ne peuvent rester dans une expectative traumatisante. Le public a le droit de savoir, surtout les gens précaires qui traversent une période difficile de fortes tensions et de stigmatisations et qui, plus que jamais, ont besoin dans leur environnement urbain d'existence d'une présence rassurante et bienveillante de la puissance publique républicaine. Où il y a du flou, il y a un loup...
En prenant bien sûr soin de ne pas désavouer ses adjoints ayant exprimé tour à tour tout et son contraire, la maire, qui est à la fois déléguante de la Ville au sein du GIP, première magistrate de la commune, conseillère départementale, vice-présidente de la métropole, membre du conseil d'administration de l'office métropolitain d'HLM, et interlocutrice de l'État, devrait prendre la parole pour faire cesser ce brouhaha d'incohérences qui inquiète plus qu'il ne rassure.
En clair, si la municipalité et ses partenaires institutionnels veulent la mort de la Maison des services publics ainsi que leurs contradictions successives le laissent entendre, qu'ils le disent. Et, si tel n'est pas le cas, ce que tout un chacun veut croire, ça permettra, dans une démarche d'appropriation partagée des enjeux telle que souhaitée pour la politique de la ville en faveur des quartiers populaires vulnérables, à tout le monde, y compris aux habitants, de se remonter les manches pour parvenir à pérenniser ce bel et indispensable outil de vie sociale et de solidarité.
Le Collectif de défense de la Maison des services publics de La Seyne, en tous cas, auquel participent des représentants des habitants (CIL Berthe) et des usagers (INDECOSA), est disposé à s'y impliquer.
Rien n'est jamais acquis, mais une petite lueur d'espoir apparaît pour le devenir de la Maison des Services Publics de La Seyne. La municipalité ne pouvait s'entêter. Sa décision de démanteler cette structure aux 44.000 usagers ne pouvait passer comme une lettre à la poste.
La forte mobilisation populaire a conduit les élus municipaux à réfléchir. C'est ce qui est apparu d'un échange que notre collectif de défense ( 1) de cet équipement vital a obtenu ce mercredi avec l'adjoint au maire chargé du dossier.
Faisons le point de la situation. Et voyons les perspectives... qui justifient d'autant plus que la mobilisation ne faiblisse pas.
UN REVIREMENT DE RAISON : LA VILLE ANNONCE SOUHAITER LE MAINTIEN DE LA MAISON DES SERVICES LÀ OÙ ELLE EST
Ce qu'il faut avant tout retenir des propos du représentant de la Ville est un changement de vision à 180° : plutôt que fermer et éparpiller les services en divers lieux, la municipalité partage désormais avec les membres du collectif de défense et les usagers l'idée que la Maison France Services doit demeurer en son entièreté là où elle existe depuis 1999. La reconnaissance de la nécessité de pérenniser l'accompagnement humain et logistique mutualisé des très nombreuses personnes en difficulté pour l'accès à leurs droits est un premier point important.
Ce n'est certes pas un engagement d'une garantie formelle, mais on doit saluer l'orientation nouvelle affirmée par la municipalité. Le collectif de défense s'est dit prêt à travailler avec la commune et ses partenaires pour que, du bon vœu, on passe à une réalité concrète. La mairie en a accepté le principe, et c'est bien.
UN DÉLAI POUR DES DÉMARCHES COMBATIVES PARTAGÉES
L'annonce du report de juin à décembre de la liquidation de la structure gestionnaire de notre Maison des Services Publics doit laisser le temps nécessaire pour lever toutes les incertitudes, nombreuses, qui demeurent.
Il faut d'abord que la Ville et ses partenaires choisissent un moyen de gérer cet équipement puisque la raison avancée par la mairie pour justifier la fermeture était que, règlementairement, la formule d'un groupement d'intérêt public (GIP) ne pouvait perdurer, la commune se retrouvant seule après les désengagements progressifs de ses huit partenaires initiaux. Mais c'est presque un point de détail. Il y a plus de 2000 Maisons France Services en France. La plupart sont gérés par les communes ou les intercommunalités. La Ville ou la Métropole doivent s'engager dès à présent à prendre le relais du GIP début janvier 2024, à la dissolution de celui-ci.
Ce qui est surtout important, c'est que la maire et son équipe se mobilisent avec vigueur auprès des diverses institutions assurant les services publics au plus près des usagers pour qu'elles-mêmes garantissent ou reprennent leur présence durable, voire se battent contre leurs tutelles pour qu'elles leur assurent les moyens de continuer. L'exemple de la fermeture sans opposition municipale du bureau de poste du Clos Saint-Louis, aux Sablettes, a montré que nos élus majoritaires n'ont pas vraiment la culture de la défense des services publics de proximité...
ACCROÎTRE LA PRESSION SUR LES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS
Peut-être faudra-t-il donc que le collectif de défense de la Maison des Services Publics accompagne, voire pousse, la commune à obtenir des garanties de ses partenaires qui n'ont pas le droit de rester bras ballants en considérant le risque de démantèlement comme une fatalité et doivent s'engager à poursuivre leur présence de terrain. La Caisse d'Allocations Familiales, le Département du Var avec ses assistantes sociales, la Justice, la médiation police-population, les organismes de l'insertion, de l'emploi et des retraites, de la prévention et la résorption de l'endettement, présents aujourd'hui à la Maison des Services Publics, doivent se mobiliser sans défaillir et exiger d'eux-mêmes de demeurer présents en cet espace mutualisé.
D'autres, qui ont fait défection au fil des années, doivent revenir, tels les fournisseurs d'accès à l'eau et aux énergies. Et d'autres doivent y implanter des antennes de proximité. L'État, par exemple, ne peut pas persister dans une posture à la Janus aux deux visages : l'un qui promeut les Maisons France Services, l'autre qui refuserait d'assurer une présence délocalisée pour les services qu'il assure (pièces d'identité, cartes grises, étrangers, France Rénov, etc.).
UN POINT CLÉ : L'OFFICE D'HLM MÉTROPOLITAIN DOIT S'ENGAGER
Une attention particulière doit être apportée à l'Office d'HLM Toulon Habitat Méditerranée qui gère 5000 logements sociaux sur le territoire seynois. La Ville doit exiger de lui et de sa tutelle métropolitaine qu'il continue à assurer à la Maison des Services Publics la présence de proximité due à ses locataires et aspirants à le devenir, qui, sinon, seraient désormais obligés de se rendre à Toulon.
Et un sujet révélé par l'adjoint au maire qui a reçu notre collectif doit appeler une attention vigilante. L'Office d'HLM, propriétaire des locaux abritant la Maison France Services, pourrait avoir un projet de requalification de l'immeuble l'abritant. Si tel est le cas, cette opération ne saurait s'envisager sans exigence absolue de maintien – et réhabilitation – de la Maison des Services, ou sa reconstruction à sa charge sur du foncier dont il est propriétaire à proximité immédiate. Sur cet enjeu, la commune doit avec fermeté et sans délai mettre les points sur les i.
MAINTENIR ET ACCROÎTRE LA PRESSION POUR UN AVENIR DU POSSIBLE
« Pour ce qui est de l'avenir, il ne suffit pas de le prévoir, mais de le rendre possible », a écrit Saint-Exupéry. Si la maire n'en est pas convaincue, la pression populaire des usagers, des associations, des syndicats, des organisations politiques progressistes et de leurs élus, doit la contraindre.
C'est pourquoi il faut encore et encore faire signer la pétition qui recueille déjà plus de 3000 signatures. Et être très nombreux à la mobilisation prévue ce samedi 13 mai, à 9 heures devant la Maison des Services, qui sera suivie d'un déplacement à l'hôtel de ville seynois pour remettre la pétition à la maire.
Cette dernière, sauf à avoir oublié ce qu'elle affirmait en novembre 2020 dans l'interview accordée à la chaine Acteurs Publics TV (cliquez sur l'image ci-dessous pour la visionner), devrait être sensible, se réjouir des démarches du collectif et se mobiliser...
( 1) : Le collectif de défense de la Maison des Services Publics est constitué de : CGT, CIL Berthe, EELV, GRS, Groupe "L'énergie positive" des élus des gauches et de l'écologie du conseil municipal, Indecosa, LFI, NPA, PCF, PS
Je relaie bien volontiers l'appel du collectif pour la défense de la Maison des Services Publics de La Seyne (Maison France Services) à manifester pour la sauvegarde de cet équipement indispensable le samedi 13 mai à 9 heures.
Aussi fou que ça puisse paraître, pour assurer la continuité des services offerts à 44.000 usagers, la Municipalité semble n'envisager que des solutions boiteuses, avec la disparition de certains services et le licenciement de personnels, et la relocalisation d'autres en des sites éparpillés hors de nos quartiers populaires prioritaires. Cela va à l'encontre de l'esprit même des établissements labellisés "France Services" dont l'ambition est au contraire de regrouper, en un lieu unique dans un site rural ou urbain fragile, des services publics dotés d'une logistique partagée et d'agents mutualisés chargés de l'accompagnement humain des personnes en difficulté avec les codes administratifs, méconnaissant leurs droits, ou maîtrisant mal la langue ou le numérique.
La Ville doit se ressaisir. Ses partenaires du lieu (Conseil départemental, allocations familiales, office d'HLM, maison de la justice et du droit, médiateur police-population, services et associations à vocation sociale et d'insertion, etc.) doivent s'impliquer pour garantir le maintien de cet établissement dans le cadre de ses orientations fondamentales.
L'État doit rappeler les enjeux, et peser pour la pérennité d'un service dont il a lui-même impulsé la création et dont il a donc d'autant plus le devoir d'exiger la continuité, dût-il placer la promesse républicaine d'accès de tous les citoyens à leurs droits au-dessus d'un respect poussé jusqu'à l'absurde de l'autonomie de collectivités locales qui s'exonèreraient de leur devoir d'implication pour l'égalité.
C'est pourquoi une pétition est en ligne ICI et que...
... LE COLLECTIF POUR LA DÉFENSE DE LA MAISON DES SERVICES PUBLICS *
INVITE À UN RASSEMBLEMENT
LE SAMEDI 13 MAI à 9 HEURES
DEVANT L'ÉTABLISSEMENT
TOUR DU GÈRE - 98, AVENUE LOUIS PERGAUD - QUARTIER BERTHE
* : Le collectif est composé de : CGT, CIL Berthe, EELV, groupe "L'énergie positive" des élus des gauches et de l'écologie du conseil municipal, GRS, Indecosa-CGT, LFI, PCF, PS.
Avec le démantèlement de la Maison des Services Publics de Berthe, la municipalité seynoise poursuit sur sa lancée. Après la fermeture du relais postal dans la médiathèque municipale des quartiers sud, l'acceptation sans réaction de la disparition d'une antenne à La Seyne de l'office public d'habitat social métropolitain, c'est un espace qui accueille 44.000 usagers par an pour une assistance dans l'accès aux droits de tous ordres qui risque de disparaître, ainsi que je l'exposais dans un précédent article de ce blog.
À chacune de ces occasions, la municipalité profite d'une possible défection d'une institution assurant un service public pour lui emboiter le pas, voire la devancer, en transférant sa propre responsabilité sur le partenaire avec lequel elle partage en fait son choix d'ultra-libéralisme qui sape les fondements des services publics sur lesquels repose la promesse républicaine d'égalité et de solidarité. Et, en plus, pour détourner l'attention, elle s'en prend à ceux qui agissent pour les défendre !
C'est machiavélique.
L'ART DE FAIRE PORTER LE CHAPEAU AUX AUTRES
L'exemple de la Maison des Services Publics est flagrant.
Phase 1 : L'équipe de la maire saisit au bond une volonté du Conseil départemental de se désengager de la structure de gestion de cette Maison France Services, mais pas de son implication (assistantes sociales et protection maternelle et infantile) ni de son financement.
Phase 2 : Avec trois conseillers départementaux également membres de la majorité municipale, la question qui n'est que technique aurait pu être réglée sans difficulté.
Phase 3 : Au contraire, la maire et son équipe utilisent ce prétexte banal pour prendre des décisions de démantèlement de ce service public accessible à tous en un lieu unique et identifié, tout en se gardant bien d'afficher leurs intentions.
Phase 4 : Ils engagent en catimini leur chantier de dislocation.
Phase 5 : Interpellés en séance publique du conseil municipal alors que les usagers découvrent le début de la casse, après avoir désigné le Département comme responsable de la situation, ils s'arcboutent pour justifier leur pernicieuse entreprise. Ils vont même jusqu'à affirmer que la décision de délocalisation de services a été prise avec le sous-préfet chargé des Maisons France Service (écouter sur la vidéo en fin d'article de l'annonce faite au conseil municipal - à 6 mn 22 s), affirmation audacieuse car mon petit doigt me glisse à l'oreille qu'elle relève plus de l'autosuggestion que de la réalité.
Phase 6 : Puis, devant la pression populaire et d'une partie de l'opposition municipale, ils font mine de faire un peu machine arrière, mais sans régler le problème de fond qu'ils ont eux-mêmes provoqué (voir article de Var-matin ci-dessous).
Ça, c'est la réalité objective attestée par les faits, les écrits et les propos. La seule.
DÉFENDRE LA RÉPUBLIQUE SERAIT DONC UNE IDÉOLOGIE SECTAIRE...
Et, comme en atteste une communication d'un adjoint au maire, ils croient s'en tirer à bon compte en jurant agir « loin des idéologies sectaires et de l'instrumentation [sic * ] politicienne », laissant entendre que la défense du service public serait le fait de vilains dogmatiques qui s'emploieraient à faire de la récupération du problème à des fins peu recommandables. Croient-ils qu'ils vont par de tels écrits masquer leur propre choix de démolition du service public qui, lui, corrobore vraiment leur vision doctrinaire de la ségrégation urbaine et sociale ?
Heureusement que certains ont encore foi dans l'action politique, croient aux vertus d'un accompagnement social et administratif équitable de tous les citoyens, surtout les gens les plus en difficulté, par la puissance publique d'une nation bienveillante et fraternelle, et sont bien décidés à ne pas laisser faire le démantèlement. Leur dogme de soi-disant sectaires intolérants, c'est Liberté, Égalité, Fraternité.
Ils se sont regroupés dans un collectif de défense de la maison des services publics. Et ils ne sont pas près de renoncer au combat qu'ils ont engagé auprès de nos concitoyens pour sauver cette Maison France Services. Ils sont sur le terrain, ils saisissent le sous-préfet chargé de ces équipements (voir la vidéo facebook ci-dessous du conseiller municipal NUPES-PS Olivier Andrau), et affirment leur détermination dans un communiqué dont Var-matin a publié de larges extraits (ci-dessous).
231 views, 12 likes, 4 loves, 2 comments, 6 shares, Facebook Watch Videos from Olivier Andrau: 🇫🇷 Maison France Service de #LaSeyne. Nous avons été reçus hier par le sous-Prefet de Brignol...
UN SILENCE ASSOURDISSANT FACE AU DÉMANTÈLEMENT DU SERVICE PUBLIC
En trois ans, outre la Maison des Services Publics, la poste du Clos Saint-Louis et les accueils de l'office d'HLM Toulon Habitat Méditerranée ont été fermés. Qui a vu se lever la maire et ses affidés pour défendre ces services à notre population ?
C'est comme pour tout le reste. Qui les a vus se mobiliser pour l'amélioration des transports en commun métropolitains desservant La Seyne, notamment par la nouvelle ligne de bateaux-bus que nous réclamons, avec le maire de Saint-Mandrier, depuis plus de douze ans ? Qui les a vus s'insurger contre la réduction des horaires d'ouverture des guichets de la gare SNCF ? Qui les a vus s'investir pour défendre les moyens des établissements scolaires publics mis à mal par leurs alter ego du gouvernement tout aussi libéraux dogmatiques qu'eux ? Qui les a vus aux côtés des personnels des hôpitaux de Toulon et La Seyne ou des salariés de la collecte des ordures et de la propreté urbaine, se battant pour, simplement, retrouver des moyens décents de leurs indispensables missions publiques ? Qui les a vus protester contre le retard pris pour la reconstitution de l'offre publique de logements locatifs sociaux pour compenser les démolitions de Berthe ? Qui les a vus aux côtés de leurs collègues élus des autres villes populaires vulnérables de France, de toutes sensibilités politiques républicaines, y compris la leur, qui se mobilisent pour obtenir « le déploiement des ressources et moyens de droit commun de l’État, des établissements publics, notamment sanitaires et sociaux, des régions, départements et intercommunalités. » ?
Plus généralement, qui les a vus aux côtés de leurs concitoyens quand il s'agit de défendre le service public, ciment du contrat social de la nation ? Qui les a vus réunir, ne serait-ce qu'une seule fois en trois ans, le comité communal des usagers des services publics ?
Ah, si, il faut être juste. Ils créent un poste de police municipale à la cité Berthe. Juste là où l'État ne leur demandait rien, puisque la convention entre les deux polices, nationale et municipale, prévoyait que ce territoire urbain était sous la compétence de la première...
Macron, Darmanin, Le Maire, et autres libéraux sans vergogne, qui révélez plus que jamais en ces temps troublés votre science assumée de la fracturation sociale du pays, vous êtes démasqués. Sortez de ces corps d'élus Seynois !
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[ * ] : Le terme "instrumentation" utilisé par l'auteur de ces mots aimables est, selon l'Académie française et le Centre national de ressources textuelles et lexicales, un mot du champ de la musique et des techniques qui rend incompréhensible son écrit publié sur sa page facebook. Mais on peut imaginer qu'il voulait parler d'utilisation ou de manipulation.
La parution d'un article dans le quotidien Var-matin sur le sujet inquiétant du devenir de la Maison des Services Publics de La Seyne me conduit à apporter une petite précision rectificative...
Avec la mise en ligne d'un article de mon blog, j'ai en effet été sollicité par le journal local pour expliquer mon engagement auprès d'un "collectif" qui se met en place en vue de tout tenter pour sauver la Maison des Services Publics de La Seyne. Sur le fond de l'article, il n'y a rien à dire.
Toutefois, j'ai été amené à préciser que, même si je suis adhérent de la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS), l'un des partis politiques impliqués dans le "collectif" qui se met en place, qui était représenté par deux de ses responsables lors de la rencontre de lancement du mouvement, mes amis Stéphane Sacco et Florence Guaddacha dont je suis pleinement solidaire, c'est au titre d'adhérent du syndicat CGT que j'ai été sollicité pour m'associer la démarche.
Je me suis sûrement mal exprimé et je dois rectifier. Je ne suis évidemment pas adhérent d'un syndicat CGT des personnels territoriaux retraités, puisque je n'ai jamais été employé d'une collectivité locale. Enseignant, j'ai dès sa création rejoint le syndicat SDEN-CGT, devenu Éduc'action CGT, des personnels de l'Éducation nationale. À présent retraité, je continue à lui régler ma cotisation mensuelle, mais je relève logiquement de l'Union confédérale des retraités CGT. La confusion vient sûrement du fait que j'ai précisé lors de l'interview que ce sont des responsables du syndicat CGT des personnels territoriaux de La Seyne, donc de l'Union Locale CGT, qui m'ont sollicité.
Rien de grave donc. Ça ne change rien au fond du problème qui justifie mon engagement, mais il me fallait apporter cette petite précision.
« Celle de La Seyne-sur-Mer incarne pleinement la philosophie et l’ambition du programme des maisons “France Services” : accueillir et accompagner les citoyens pour leurs démarches du quotidien dans un lieu proche, accueillant et convivial. »
Ce n’est pas moi qui le dis. C’est l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT), c’est-à-dire l’institution publique chargée par l'État de promouvoir ces structures de proximité comme celle qu’on appelle communément chez nous la « Maison des Services ».
Notre « Maison France Services » de La Seyne est ainsi citée en exemple de réussite par l’État.
Or voilà qu’elle risque de disparaître. Ce serait une aberration d’une violence inouïe pour les 44.000 usagers qui bénéficient de ses services et en font la deuxième plus active des 2.538 Maisons France Services de France. Ce serait inacceptable. Comme serait intolérable la résignation qu'affiche la municipalité seynoise. À moins que ce ne soit un choix délibéré...
[Je préviens le lecteur que cet écrit est un peu long, mais je me dois de verser au débat qui s'est ouvert sur le devenir de la Maison France Services des éléments précis de l'histoire de cet équipement majeur dans notre environnement urbain.]
À LA GÉNÈSE, UNE MAISON DE LA JUSTICE ET DU DROIT VOULUE PAR L'ÉTAT
Notre Maison des Services a été fondée en 1999, sur sollicitation de l’État qui incitait depuis un an à l’implantation de Maisons de la Justice et du Droit, qui fut le premier des services de proximité rendu à nos concitoyens, assurant une présence judiciaire de proximité, concourant à la prévention de la délinquance, garantissant un accès au droit et favorisant les modes alternatifs de règlement des litiges du quotidien.
Échaudé par les initiatives de l’État qui promeut volontiers de nouveaux équipements en cofinançant leur création et les premières années de leur fonctionnement puis se désengage en laissant aux collectivités locales la charge d’assurer leur pérennité, j’avais, alors adjoint au maire chargé de la politique de la ville, un peu trainé les pieds. J'arguais que la Justice est une compétence régalienne que la Nation se doit d’assumer elle-même. Et je pressentais la difficulté financière qui aurait résulté pour la Ville d’un éventuel abandon de l’État au bout de quelques temps. Apporter une réponse nouvelle aux besoins de la population pour la voir ensuite disparaître aurait été pire que ne pas la créer.
Je pensais m'être trompé, et l'histoire me l'a longtemps prouvé, mais mes inquiétudes d'alors me rattrapent plus de vingt ans après.
UN GROUPEMENT POUR PORTER UN PROJET... D'INTÉRÊT PUBLIC
C’est pour rassurer la Ville que le préfet de l’époque a proposé que la structure nouvelle, appelée à élargir ses missions de service public au-delà de celle d'accès à la justice, soit gérée par un Groupement d’intérêt public (GIP) associant neuf partenaires, dont la Ville, le Département et l'office d'HLM, sous la “tutelle" de l'État représenté par le préfet comme "commissaire du gouvernement". Ce GIP fut créé le 26 avril 1999, il y a presque un quart de siècle (voir ICI).
Et c’est pourquoi, aujourd’hui, si chaque institution apportant ses services de proximité dans le cadre de notre Maison des Services les assure avec ses propres personnels, les cadres et agents assurant la direction, la coordination, la médiation et les services mutualisés sont salariés de ce GIP, garantie de leur pérennité donc de celle de l’ensemble des services rendus aux citoyens à la « Tour du Gère » au pied de laquelle elle est implantée.
SI C'EST D'INTÉRÊT PUBLIC, ÇA SE PROTÈGE ET SE DÉFEND BEC ET ONGLES !
Ce serait donc révoltant que les institutions qui ont présidé à la création de cette Maison des services publics que l’État lui-même qualifie de « véritable institution locale » [voir ICI] et la presse spécialisée « d'îlot d’espoir » [voir ICI] l’abandonnent en rase campagne à son triste sort.
Quant aux personnels du GIP, il est navrant qu'un maire-adjoint s'en tienne à quelques mots de résignation attestant à eux seuls du vil prix qu'il attache au service public et à ses acteurs, contractuels de droit public : « Parmi les employés dont nous comprenons le désarroi, l'un part à la retraite, les deux médiateurs numériques seront repris dans le cadre du label France Service [sic] financés par l"Etat [deux postes avec 30.000 euros annuels, ça m'étonnerait...]. Il reste en effet 4 employés [dont la directrice...] qui seront licenciés et nous ne pouvons que le regretter. C'est toujours une situation terrible à vivre. » Fermez le ban. Circulez. Traversez la rue, vous trouverez un autre job. ( * )
LA MAIRE ET SA MAJORITÉ OPPOSÉES AU SAUVETAGE DU SERVICE PUBLIC
Si l'on ne peut être que dépité à la lecture des écrits de ce maire-adjoint, on doit l'être encore plus du vote émis par le conseil municipal lors de sa séance du 28 mars dernier. Sur proposition du groupe des élus des gauches et de l'écologie, une motion a été soumise à l'assemblée communale, exposant la situation et demandant « que l'État soit saisi et que soit étudiée la pérennité de ce service public, fondamental sur le territoire et le quartier, pour accueillir et accompagner les citoyens pour leurs démarches du quotidien, dans un lieu proche, accueillant et convivial. ».
Les masques sont alors tombés. La position de la maire et de sa majorité est désormais claire, officielle et assumée. La première magistrate l'a exprimé en séance (à 7 mn 49 dans la vidéo en fin de cet article) : « Je vois des élus perdus [aurait-elle perçu que certains de sa majorité auraient eu envie de soutenir cette motion ?...]. Nous votons contre. C'est donc non ! »( * ). Et elle a été majoritairement suivie par ses 24 affidés tandis que, sur les 46 conseillers présents, 19 soutenaient l'initiative républicaine des 4 élus des gauches et de l'écologie et 2 s'abstenaient (voir ICI).
LE DOUBLE LANGAGE DE LA DROITE ET DE L'EXTRÊME-DROITE SEYNOISES
La municipalité seynoise révèle donc sa funeste et triste vision du service public de proximité. Elle révèle aussi son double langage assumé. Ainsi, une autre maire-adjointe affirmait-elle il y a moins d'un an : « Cette France Services est un impératif. Nous avons 45 % de taux de chômage, 65 % de familles monoparentales, une population vieillissante, des personnes en situation d’illettrisme, beaucoup d’habitants bénéficiaires du RSA, certains confrontés à des difficultés multiples de logement, de santé. A tout cela s’ajoute la fracture numérique, et ce sont des personnes que l’on retrouve ici [à la Maison des Services]. » (voir ICI, page 5 sur 7). Et celle-là a voté contre la motion de demande du maintien de la Maison des Services soumise au vote du conseil municipal...
L'équipe majoritaire de la droite municipale ne se distingue pas en matière de duplicité de la minorité d'extrême-droite du Rassemblement National qui s'est abstenue lors du vote de la motion alors que son chef de groupe publiait trois jours plus tard sur sa page facebook : « Les élus du Rassemblement National de La Seyne-sur-mer n’admettent pas la fermeture de la Maison des services publics synonyme de déni social. Ils ne veulent pas que la municipalité tourne le dos à l’accueil de 44 000 usagés [sic], dont 88% de Seynois chaque année. »( * )
UNE GRAVE RUPTURE AVEC LES POSITIONS RÉPUBLICAINES DE TOUS LES MAIRES DEPUIS 1999
Nous assistons là à une véritable rupture anti-républicaine des élus majoritaires d'aujourd'hui avec tous les prédécesseurs de l'actuelle maire.
Tous les édiles républicains, de droite comme de gauche, chez nous comme ailleurs, s'attachent à répondre aux besoins des populations en difficulté d'accès aux offres de services publics, soit du fait de leur éloignement géographique comme en milieu rural, soit par manque de maîtrise des codes administratifs, des outils numériques ou de la langue, nécessitant un accompagnement humain, comme c’est le cas pour beaucoup de résidents des quartiers populaires urbains fragiles.
Jusqu'en 2020, La Seyne n'échappait pas à la règle. Les trois prédécesseurs de la maire ont eu à cœur de placer l'accès aux services publics et au Droit au centre des grands programmes qu'ils ont construits avec l'État et d'autres institutions publiques pour réduire les effets des fractures urbaines, sociales et économiques dont sont victimes beaucoup de leurs administrés, principalement ceux des quartiers prioritaires de la politique de la ville (Berthe, le centre-ville et les résidences d'HLM réparties sur la commune).
LA "MAISON DES SERVICES", OUTIL DE RÉDUCTION DES FRACTURES SOCIALES
J'en veux pour preuve le "Contrat de Ville 2000-2006" (voir ICI) signé entre Maurice Paul, maire de gauche (PCF) de la commune, l'État et d'autres partenaires, qui fixait parmi les objectifs prioritaires « l'égalité devant le service public et l'accessibilité à des services urbains généralisés » (priorité de l'État, page 5 sur 42), « faciliter l'accès aux services publics » (priorité de la Région, même page), l'« amélioration des services publics, (création de services, accès facilité, plateforme multi-services...) » (priorité du Département, page 7 sur 42), l'offre « à tous les habitants des services collectifs qui leurs sont nécessaires »,« soutenir la Maison des Services » (priorités de la Commune, pages 7 et 12 sur 42), mais aussi « promouvoir l’accès au droit en s’appuyant sur la Maison de Justice et du Droit et sur le Conseil Départemental d’Accès au Droit », « faciliter le regroupement et/ou la coordination en un même lieu de toutes les structures qui traitent de l’économie et de l’emploi », « développer la formation des agents d’accueil à la réception des personnes en grande difficulté (aptitude à poser un diagnostic de situation, problématiques de discrimination, d’illettrisme...) - renforcer le pôle emploi/insertion de la Maison des Services » (priorités partagées, pages 13, 15 et 16 sur 42), etc.
Les dispositifs suivants, signés par les successeurs de Maurice Paul et du préfet de l'époque, ont confirmé ces orientations... et les ont élargies à une volonté d'utiliser la Maison des Services et son environnement pour changer l'image du quartier en ouvrant ses fonctionnalités sociales et urbaines au reste de la ville et de l'agglomération...
LA "MAISON DES SERVICES" ET LA "PLACE DES SERVICES", OUTILS DE RÉDUCTION DES FRACTURES TERRITORIALES
Ainsi, le "Contrat Urbain de Cohésion Sociale 2007-2009 (CUCS), reconductible jusqu'en 2012" (voir ICI) et la "Convention du programme national de rénovation urbaine 2005-2009 (PRU)" (voir ICI) signés entre Arthur Paecht, maire de droite (UMP), l'État, la Région, l'office d'HLM et d'autres partenaires, confortent les objectifs précédents, sont définis comme « le prolongement du Contrat de Ville » et ajoutent la volonté des divers signataires « au travers de projets structurants, de soutenir la dynamique de développement des quartiers, leur ouverture vers l’extérieur, leur intégration dans la ville, et l’émergence de représentations positives parmi la population. » (page 4 sur 58 du CUCS).
La Maison des services, la Place des services et les projets structurants d'équipements publics de leur environnement immédiat prévus puis réalisés (création de la médiathèque Andrée-Chedid, rénovations des écoles et du centre social Nelson-Mandela, création de la crèche du Petit Monde) sont considérés dans le PRU comme moyens, pour l'ensemble des habitants de la commune, « d'avoir accès à des services publics, de bénéficier des mêmes moyens de développement social et culturel, d'éprouver le sentiment d'appartenir à une même ville équilibrée » (page 33 sur 42 du PRU).
Enfin, les sept avenants à la convention de PRU que j'ai signés comme successeur d'Arthur Paecht entre 2009 et 2015 ont confirmé ces orientations d'ouverture du quartier Berthe à son environnement urbain et métropolitain.
LA "MAISON DES SERVICES" A POSITIVEMENT ET DURABLEMENT MODIFIÉ LA REPRÉSENTATION DU QUARTIER
De fait, grâce à la continuité républicaine qui s'est exercée durant deux décennies sur cette partie du territoire, et malgré les freins à l'effort de changement d'image qu'a représenté la cristallisation aux abords de la "Tour du Gère" qui domine la Maison des services d'un important trafic de drogue m'ayant conduit à reloger ses habitants et la murer, les résultats sont au rendez-vous. Un ministre chargé de la Ville, en visite sur place, a ainsi relevé « la modification positive que la Maison des Services et la Médiathèque ont apportée à la représentation que les habitants des autres quartiers ont du quartier Berthe et, en retour, le regain de fierté des résidents sur leur environnement de vie et donc sur eux-mêmes. »
Sur environ 45.000 visites annuelles d'usagers à la Maison des Services, ce qui en fait la deuxième plus importante de France par sa fréquentation, 12 % ne sont en effet pas celles d'habitants du quartier. Sans elle, peut-être ces Seynois d'autres quartiers et résidents des communes voisines n'auraient-ils jamais franchi les murs virtuels du quartier-ghetto qu'ils se représentaient. Cette fonction collatérale de requalification urbaine de notre Maison des Services est indispensable.
C'EST LÀ OÙ ILS SONT, EN UN LIEU UNIQUE, QUE DOIVENT ÊTRE SAUVEGARDÉS ET PÉRENNISÉS LES SERVICES RENDUS, PAS EN DÉMANTELANT L'ÉDIFICE !
C'est pourquoi, sauf à vouloir prendre le risque d'aggraver la fracture de la société seynoise et métropolitaine, déjà prégnante par les écarts économiques et l'histoire de l'incohérence territoriale, l'avenir de la Maison des Services est un enjeu structurant qui va bien au-delà de l'offre de réponses aux besoins sociaux de la population de son environnement immédiat.
Les pistes qui émergent au compte-goutte de l'indicible flou dans lequel la municipalité maintient les usagers et les personnels de la Maison des Services ne sont en rien satisfaisantes. Examinons les perspectives retenues, telles qu'exposées lors de la réunion du conseil municipal du 28 mars et confirmées par le maire-adjoint chargé de la politique de la ville sur sa page facebook...
>« L'accompagnement numérique va être installé à quelques pas dans le nouveau bureau de la tranquillité publique place Adjedj » : c'est un triple non-sens, attestant d'une méconnaissance totale des places et rôles respectifs des services et de leurs agents. D'abord, le fait même d'avoir installé un « bureau de la tranquillité publique » porté par la police municipale à Berthe est en contradiction avec la répartition territoriale convenue avec l'État dans le cadre de la convention de coopération entre les polices nationale et communale ; c'est ce qui avait justifié l'implantation du commissariat au quartier Saint-Jean en 2004, à proximité immédiate de Berthe. Ensuite, quand bien même la Ville aurait opté pour faire du zèle en élargissant le terrain d'intervention de ses agents, un poste de police n'est pas un espace de médiation. Enfin, et surtout, le rôle des médiateurs numériques n'est pas d'être animateurs d'un club d'informatique, mais d'être en appui des usagers des autres services qui nécessitent une maîtrise des outils informatiques et d'Internet : ils ne peuvent être positionnés que là où sont les autres services, c'est-à-dire au sein même de la Maison des Services. Cette aberration à elle seule est de nature à faire perdre le label d'État France Services.
>« La Maison du Droit et de la Justice, destinée à l'ensemble des Seynois, et pas uniquement aux habitants de Berthe, va être relocalisée à l'espace Hermes » : autre non-sens. Le ministère de la Justice précise en effet que ces "MJD" sont « des structures décentralisées mises en place principalement dans les quartiers populaires des grandes agglomérations », afin de « rapprocher la justice quotidienne des citoyens qui y ont difficilement accès » en permettant un « partenariat entre magistrats, associations et travailleurs sociaux ». Le site entre les quartiers Daniel, La Corderie et Tortel où est implanté l'Espace Hermès et cet espace lui-même ne correspondent en rien à l'objectif et n'est pas dans le périmètre d'un de nos deux quartiers populaires prioritaires. Et, surtout, s'il est exact que notre MJD est destinée à tous les Seynois, ce sont malheureusement très majoritairement les habitants de Berthe qui, vivant dans l'environnement le plus compliqué de la commune en matière d'incivilités et d'insécurité, ont besoin des services de la MJD. Enfin, cette relocalisation ferait perdre une bonne part des atouts qu'elle représente pour l'ouverture positive du quartier Berthe par une offre de service qui n'existe pas ailleurs dans la ville.
>« Les associations liées à l'emploi et à l'insertion professionnelle vont être installées au rez-de-chaussée de Berthe C à côté du bureau de la tranquillité publique ». En prévoyant un troisième lieu, en plus du Bureau de la tranquillité publique et l'Espace Hermès, on parachèverait un démantèlement et une balkanisation de notre Maison des Services, dont l'intérêt réside précisément dans l'unicité d'espace d'un ensemble de services, permettant la mutualisation des moyens humains et logistiques et la médiation pour les gens en difficulté, l'échange entre opérateurs sociaux, les passerelles entre services offertes aux usagers qui sont souvent en rupture avec plusieurs codes administratifs et ont besoin d'un accompagnement global.
> Le fait que l'espace soit « très vétuste et dégradé du fait d'infiltrations d'eau » est l'ultime argument avancé par la municipalité pour justifier son choix de démembrement. Comme dit l'adage, « quand on veut tuer son chien, on l'accuse de la rage ». Qu'on ne fasse croire à personne que les services de la protection maternelle et infantile (PMI) ont accepté d'assurer leurs consultations de jeunes enfants dans un taudis. Ni que l'office d'HLM Toulon Habitat Méditerranée (THM), propriétaire des lieux en ayant pris le relais par absorption de l'ancien office seynois Terres du Sud Habitat (TSH), signataire de toutes les conventions évoquées d'accompagnement social et de rénovation urbaine, qui a assuré les travaux de changement d'usage dans le cadre de la rénovation du quartier ainsi que l'entretien et les réparations, y compris lourdes après l'incendie de 2019, n'est pas en capacité d'effectuer des réfections de plomberie, de plâtrerie et de peinture !
LA "MAISON FRANCE SERVICES" DANS SON ENTIÈRETÉ, DANS SA "MAISON DES SERVICES", DANS SON QUARTIER, DANS SA VILLE ! ET RIEN D'AUTRE !
Il n'est d'autre solution que la pérennité de la Maison des Services, avec toutes les institutions publiques qui ont présidé à sa création et son essor, avec tous les partenaires publics et associatifs qui la font vivre, avec toutes ses offres aux citoyens, avec tous ses personnels, avec toutes les ressources financières et logistiques nécessaires.
Les usagers et les habitants – et pas seulement ceux du quartier Berthe – peuvent et doivent se mobiliser. Ils peuvent notamment signer en nombre la pétition mise en ligne.
La Ville peut et doit revenir sur sa décision.
Les partenaires (Département, Caisse d'allocations familiales, office d'HLM, etc.) qui ont voulu la création de cet outil remarquable peuvent et doivent se remobiliser pour sa survie.
Les institutions qui ont porté les grands contrats territoriaux pluriannuels pour l'accompagnement social, la rénovation et la redynamisation de nos quartiers urbains populaires vulnérables peuvent et doivent s'engager pour sa pérennité. Le quartier Berthe et La Seyne ont bénéficié d'un investissement financier exceptionnel depuis les opérations Habitat et Vie Sociale de la fin des années '70. Ils ont droit, comme la loi et le règlement de l'Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU) le stipulent, à un accompagnement durable pour que les effets de quatre décennies de politiques publiques ne soient pas réduits à néant par l'usure et l'abandon. C'est l'objet du très officiel plan stratégique local (PSL) convenu entre la Ville et l'État qui doit être activé pour cet enjeu capital.
Et l'État doit jouer pleinement son rôle d'activateur. La boucle ne peut être bouclée. Il fut à la genèse du premier service de proximité déployé, la Maison de la Justice et du Droit. Il ne peut pas assister bras croisés au Big Crunch, l'effondrement terminal, d'un instrument qu'il reconnaît lui-même comme étant d'exception. Son devoir est à la (re)mobilisation des institutions fondatrices et celles qui ont rejoint la belle aventure. Il ne doit pas s'interdire de taper du poing sur la table.
C'est son devoir de régulateur qui doit garantir que, quel que soit le moindre recoin de France, la République est constitutionnellement une et indivisible. Tous les résidents de France – et même ceux qui ne font qu'y passer – ont droit à un même accès égalitaire aux services publics.
Dommage que nous ne disposions pas, dans la batterie de nos institutions, d'une Cour de justice d'équité territoriale...
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( * ) : les remarques entre crochets insérées dans les citations du maire-adjoint – sur sa page facebook le 26 mars 2023 –, de la maire – lors de la réunion du conseil municipal du 28 mars 2023 – et du chef du groupe du RN– sur sa page facebook le 31 mars 2023 – sont de moi.
Deux informations récentes sur la vie politique seynoise sont passées presque inaperçues. Et pourtant, si on les relie l'une à l'autre, on peut mesurer combien la majorité locale, à l'image de ce que droite et extrême-droite sont au plan national et mondial, choisit de cibler les plus modestes de nos concitoyens, pauvres et classes moyennes, pour leur faire chèrement payer le coût de la crise alors qu'ils sont ceux qui en subissent le plus durement les effets.
L'une de ces informations date du 13 décembre dernier. Il s'agit de la toute dernière des délibérations soumise aux élus du conseil municipal ce jour-là, relative au coût des énergies pour la collectivité locale. L'autre, toute récente, est une révélation de la maire sur le même sujet, rapportée par la presse écrite locale dans un point de début d'année 2023.
FAIRE PAYER LES GRANDS GROUPES PÉTROLIERS ET GAZIERS, UNE MAUVAISE IDÉE ?
Le groupe des élus des gauches et de l'écologie du conseil municipal, conscient des difficultés budgétaires que représente pour la commune l'explosion des coûts de l'énergie, a proposé à la maire de faire adopter une motion à adresser au ministre de la Transition énergétique, réclamant « un retour au tarif règlementé [de l'énergie] pour l'ensemble des collectivités territoriales, entreprises et particuliers, une mise à contribution des grands groupes pétroliers et gaziers dont les profits ont explosé ces dernières années, et un retour à une maîtrise publique de la stratégie énergétique, dans sa production et sa distribution, au service de la population et non de la spéculation. »
Le rapport de l'organisation internationale de développement OXFAM, paru ces jours derniers, l'explique : « La guerre en Ukraine a provoqué une crise de l’énergie et une crise du coût de la vie. Certaines entreprises dans des secteurs comme le pétrole, le gaz, les transports ou l’agro-alimentaire ont profité de la guerre pour augmenter leurs marges et réaliser des superprofits. Loin d’être le résultat d’une innovation, ou d’un gain de productivité, ces profits « tombés du ciel » (windfall profits) sont des profits engrangés grâce à la guerre. Les 95 plus grandes entreprises de l’énergie et l’agro-alimentaire ont multiplié leurs profits par 2,5 (plus de 300 milliards d’euros). 84% des profits supplémentaires a été reversé aux actionnaires, alimentant la fortune des milliardaires de ces secteurs comme Rodolphe Saadé ou Carrie Perrodo. Ces profits tombés du ciel ne sont pas sans conséquence, ils ont tiré le prix de l’énergie (+28%) et de nombreux aliments de première nécessité (+12%) vers le haut. En France, plus de la moitié de l’augmentation du prix de l’énergie serait due aux marges exceptionnelles de ces quelques entreprises et près de 40% du prix pour les transports, avec des répercussions sur l’essence, le gaz, mais aussi l’alimentation. »
LA MAIRE FAIT REJETER LA MOTION... AVEC D'ÉTRANGES SOUTIENS
Des communes françaises, plutôt animées par la gauche, mais pas seulement, ont ainsi émis le vœu que l'État fasse payer les super-profiteurs. Mais pas La Seyne. Soumise au vote, la motion proposée par les élus des gauches et de l'écologie a été rejetée par les conseillers municipaux par 22 voix tandis que 21 suffrages y étaient favorables. Il n'a donc manqué qu'une voix, mais cette voix fut suffisante pour que La Seyne se refuse à plaider auprès de l'État pour qu'il contraigne les profiteurs de crise à venir à son secours. Étrange parti pris.
Si l'on analyse le détail des votes, l'opposition à la motion est celle de la maire de droite et de l'équipe des élus qui lui sont encore fidèles ou qui l'ont rejointe après avoir dit d'elle pis que pendre. Une partie de la droite, celle opposée à la maire, a dépassé les clivages et soutenu la proposition de bon sens de la gauche. L'abstention de l'extrême-droite a de fait conforté la maire. Mais, c'est étonnant et inquiétant, la non-participation au vote d'élues se situant jadis à gauche – au point que l'une d'elles a porté les couleurs de la NUPES aux dernières élections législatives !... – ont aussi concouru à défendre avec la maire le rejet d'une motion qui visait à obtenir du gouvernement qu'il fasse payer les vrais responsables de la situation financière tendue du budget énergie de la commune.
POUR COUVRIR LES SURCOÛTS DE L'ÉNERGIE, AUGMENTER LES TARIFS DES SERVICES MUNICIPAUX ?...
On aurait pu en rester là si, dans une déclaration à la presse locale, la maire n'était revenue sur le sujet préoccupant du coût des énergies pour la Ville. Ainsi le quotidien "La Marseillaise" rapporte que, pour couvrir les dépenses supplémentaires, la maire a annoncé, certes une augmentation du taux de la taxe d'habitation sur les résidences secondaires, mais aussi... « des augmentations des tarifs municipaux » !
La boucle est bouclée. À La Seyne, nos élus préfèrent mettre à contribution les citoyens plutôt que ceux qui, déjà immensément riches, accroissent leur fortune grâce à la crise internationale. Comment l'annonce de la maire va-t-elle se traduire ? Qu'en sera-t-il des prix des crèches, du déjeuner à la cantine scolaire et périscolaire, souvent le seul repas équilibré et en quantité suffisante pour les plus humbles, des garderies du matin et du soir à l'école, des activités socio-éducatives des temps libres de la semaine et des vacances, des écoles municipales de sport et des Beaux-Arts, du musée du Fort Balaguier, des médiathèques, des activités en faveur de nos seniors, des opérations funéraires, ou des droits d'occupation du domaine public pour nos commerçants déjà à la peine ?...
Non, vraiment, à La Seyne comme ailleurs, droite et gauche, ce n'est pas pareil.