Espérons pour La Seyne que le nouveau Premier ministre aura été informé du changement d'équipe municipale survenu en 2020. Parce que, sinon, il pourrait avoir envie d'appliquer la sentence selon laquelle la vengeance est un plat qui se mange froid.
Il faut dire que nous lui avons mené la vie rude lorsque, en 2012, jeune collaborateur de Madame Touraine, la ministre de la santé de François Hollande, il a été chargé par celle-ci d'accomplir l'exact contraire de l'engagement formel pris par le président de la République de maintenir la maternité de notre hôpital public (lire ICI). Aussi rigide que sa patronne que j'avais surnommée « La Dame de Fer », il fut mon interlocuteur consciencieux et obstiné pour mener le dossier de la fermeture de ce service public pourtant essentiel aux 200.000 habitants de l'ouest varois.
CHANGEMENT DE PREMIER MINISTRE, MAIS PAS DE LIGNE DÉVASTATRICE DE L'ACTION PUBLIQUE
Avec l'équipe municipale seynoise d'aujourd'hui, le risque de trouver face au gouvernement des défenseurs de l'action publique est heureusement bien moindre, tant leurs objectifs sont similaires. En trois ans, on aura assisté chez nous à des démantèlements contre lesquels la maire n'a pas bronché : la disparition du bureau de poste de Tamaris que notre équipe de gauche avait sauvegardé en l'installant à la médiathèque municipale du Clos Saint Louis, la fermeture du point d'accueil à La Seyne des services locaux des impôts et finances publiques, le renvoi aux oubliettes du projet d'une nouvelle ligne de transports publics par bateaux-bus, l'absorption de notre office public communal d'HLM par celui de Toulon, ou le refus de l'État d'entrer provisoirement au capital de CNIM pour sauver notre entreprise-phare qui a fini par sombrer.
VILLE ET GOUVERNEMENT : MÊMES LOGIQUES LIBÉRALES
La Ville s'emploie d'ailleurs elle-même à fragiliser son propre service public de proximité : la Maison des Services avec sa Maison de la Justice et du Droit toujours dans l'incertitude quant à son devenir dans son intégralité, la réduction de l'offre des accueils de loisirs des enfants si indispensable en été, la disparition de l'hébergement de jeunes à Saint-Elme qui permettait des échanges fructueux entre Seynois et visiteurs, l'augmentation de la tarification des cantines scolaires, le report sine die de la reconstruction du groupe scolaire Mabily-Verne, le doublement de la subvention municipale à l'enseignement privé confessionnel au détriment des subventions aux associations agréées pour des missions de service public, la fermeture du foyer communal des anciens Aristide-Briand, le "pôle de santé" du centre-ville dont on n'entend plus parler, ou l'enterrement du projet de crèche publique prévu et financé dans le cadre du programme de rénovation du centre ancien, pour ne citer que quelques décisions. Ça fait pas mal de sapes du service dû à la population qui, il faut être honnête, s'opèrent sans toutefois affaiblir les missions communales de la communication politicienne et de l'événementiel promotionnel qui n'ont jamais autant été au mieux de leur forme...
Non, La Seyne n'a finalement pas grand chose à craindre du changement de l'exécutif de l'État. Le nouveau Premier ministre devrait bien s'entendre avec une telle équipe de naufrageurs du service commun universel qui est supposé réduire les impacts des inégalités sociales et économiques des habitants. Il ne sera sûrement pas troublé par des remontrances seynoises lorsqu'il confiera à ses ministres le soin de poursuivre les basses œuvres de sabordage de l'édifice républicain issu du programme du Conseil National de la Résistance engagées sous Monsieur Sarkozy, pas assez ralenties sous Monsieur Hollande, et reprises avec énergie par Monsieur Macron.
OUF ! IL NE S'EST « JAMAIS REVENDIQUÉ DE L'AILE GAUCHE » !
Le président de la République ne doit pas en attendre moins du Premier ministre qu'il a choisi, lequel disait, à propos des acteurs des concerts de casseroles des Gilets jaunes : « Ceux qui ont le temps, en pleine semaine, d’aller accueillir des ministres de 14 heures à 18 heures, a priori ce ne sont quand même pas les Français qui travaillent, qui ont des difficultés au quotidien pour boucler leurs fins de mois ». Il faut dire qu'il doit en savoir long sur la question du travail, lui qui indiquait au journal Le Parisien à propos du monde de l'entreprise, que « trop d'élus le connaissent mal, parce qu'il n'y ont jamais travaillé » tandis que lui-même n'a jamais connu d'autre emploi que celui de... conseiller ministériel.
La majorité municipale seynoise composée de gens issus de la droite extrême, de la droite tout court, de "philippistes", et désormais d'écolos versatiles, peut donc être rassurée. Le nouveau chef du gouvernement la tranquillisait il y a un an dans Le Monde : « Je ne me suis jamais revendiqué de l’aile gauche ». On s'en était rendu compte. Les voilà prêts à bien s'entendre. Si c'est dans l'intérêt de la commune...