Les 12000 familles de La Seyne et de notre Métropole qui attendent désespérément un habitat social, parfois depuis une décennie, ont-elles entendu le Premier ministre répéter à l’envi qu’il va désormais privilégier les foyers les plus aisés au détriment des plus précaires en matière de logement ?
Oh, ce n’est pas dit comme ça, mais, à l’arrivée, c’est immanquablement ce qui va se produire s’il concrétise sa terrible annonce d’inclure les “logements locatifs intermédiaires“ (LLI) dans l’obligation faite aux communes de disposer de 25 % de logements sociaux. Je vais essayer d'exposer simplement la démonstration.
Et les élus de La Seyne et de Toulon Provence Méditerranée, qu’en pensent-ils ? Que compte dire leur maire aux 20 % de Seynois vivant au-dessous du seuil de pauvreté *, aux 48 % de Seynois non imposables, et aux 77 % éligibles au vrai logement social ? Notre édile a-t-elle l’intention de contester publiquement les intentions funestes du gouvernement ?
EX-CAMARADE ATTAL, TA SUPERCHERIE TRAITRESSE NE DEVRAIT TROMPER PERSONNE
C’est un peu compliqué, mais, si je parviens à bien l’expliquer, on pourra comprendre la supercherie habile et démagogique de M. Attal, surtout en faveur des maires rétifs à l’équité républicaine.
Le “ I ” de “LLI” signifie “Intermédiaire”, c’est-à-dire que ces habitats sont destinés à offrir une solution entre le logement social et les logements loués au prix du marché, autrement dit qu’ils concernent les familles qui dépassent un peu les plafonds de ressources qui les auraient rendues éligibles à un habitat réellement social.
Une bonne partie des couches moyennes sont déjà éligibles au logement social, pour peu que leur revenu fiscal de référence soit inférieur à 2360 euros mensuels pour une personne seule, et à proportion pour un foyer. Pour ces familles, ces logements, qu’on appelle “PLS“, constituent ce qu’on peut qualifier de “haut de gamme” de l’habitat social.
Or l’INSEE nous apprend que le revenu médian de référence pour une personne est en 2021 de 1886 euros par mois dans notre Métropole varoise (et 1783 euros à La Seyne). Ça veut dire que la moitié des gens de chez nous vivent au-dessous de ce revenu. Et c’est autour de ce niveau de revenu médian que l’on situe ce qu’on appelle les “classes moyennes”. On le voit, on est très loin des 2360 euros par personne au-delà desquels le revenu moyen doit se situer pour ne plus être éligible au logement social.
La réalité, car ces 2360 euros constituent un plancher, est même que les foyers pouvant accéder aux “LLI” sont ceux dont le revenu est plutôt de l’ordre de 2900 euros par personne et par mois. Ce ne sont certes pas les familles des patrons du CAC.40, mais on est tout de même très au-dessus de la classe moyenne !
Alors, M. Attal, soit n’y comprend rien, soit joue les bonimenteurs, lorsqu’il justifie sa volonté de réforme par un souci de soutenir les classes moyennes.
LE JADIS CAMARADE SOCIALISTE ATTAL BIEN PIRE QUE SARKOZY
En tout cas, M. Attal ouvre la boîte de Pandore en entrant les “LLI” dans le calcul des 25 % d’habitats sociaux imposés à chaque commune par la loi. Même M. Sarkozy n’a pas osé le faire ! M. Attal instaure clairement un système d’éviction au détriment du logement social dans toutes ses "gammes", depuis le très social (PLAI) jusqu’au logement social abordable pour les classes moyennes (PLS).
Et il obère un peu plus le pouvoir d’achat des pauvres, mais aussi celui des classes moyennes qu'il feint de vouloir aider. En effet, les maires réfractaires aux constructions de logements sociaux – et ça ne manque pas dans le Var et en Provence – vont se frotter les mains. Pour beaucoup, il n’y aura plus ni obligation de construire, ni amendes. Mais surtout, hélas, faute d’offre nouvelle de logement social, notamment public, les plus précaires continueront à subir les loyers indignes de marchands de sommeil dans des appartements souvent dégradés ou, s'ils parviennent à accepter de se loger dans de l’habitat autre que le “super-social” (PLAI ou PLUS), ils seront redevables de loyers plus élevés, occupant cet habitat (PLS) normalement prévu pour la classe moyenne. Et, en conséquence, cette dernière continuera à n’avoir d’autre solution de résidence que le “LLI”... dont les loyers vont immanquablement continuer à grimper.
L’incidence, c’est qu’on va assister à un effet massif d’apartheid territorial social qui va en découler, et bien sûr au détriment des catégories populaires, surtout les très appauvries, avec de terribles effets sur la mixité sociale. Pour combattre les ghettos, il faut du logement social partout, de toutes “gammes”, dans toutes les quartiers de toutes les villes, et notamment là où cette mesure anti-républicaine de M. Attal va exonérer les communes récalcitrantes de leur contribution indispensable au respect des valeurs de notre République.
ET LES ÉLUS QU'ON CROIT RÉPUBLICAINS À LA SEYNE, ILS DISENT QUOI ?
Alors, de deux choses l’une : ou bien tout ça convient à la maire de La Seyne, à ses élus représentant la commune au sein de l’office intercommunal d’HLM ou chargés de la politique de la ville ou de l'action sociale, supposés investis en faveur des habitants les plus vulnérables, et ils continuent à se taire (« pour ne pas faire de la politique », selon l'un d'eux), ou bien ils décident de défendre près des trois-quarts des Seynois qui seront demain les victimes d’une décision inique d’un État dont les commentateurs objectifs disent qu’il opère un virage à droite, et alors ils s'insurgent haut et fort. Or, pour l'heure, nul ne les entend.
Moi, j’assume de dire qu’il s’agit en réalité d’un virage à l’extrême-droite de la part de l'État, assertion corroborée par le silence complice face à cette grave annonce des – hélas – nombreux élus locaux et parlementaires varois du RN qui doivent boire du petit lait en constatant que, reprenant sournoisement leurs antiennes comme ils l’ont fait avec l’abjecte loi sur l’immigration, les soi-disant républicains qui gouvernent aujourd’hui la France déroulent en fait le tapis rouge à leurs idées nauséabondes.
Au peuple populaire de La Seyne et de la Métropole, des plus humbles aux classes moyennes – soit les trois-quarts des Seynois et gens de TPM selon l'INSEE –, je ne peux faire moins que supplier : « N’écoutez pas ceux qui vous serinent qu’il faut se méfier “des extrêmes de droite et de gauche”. Ceux qui vous disent cette hérésie globalisante font en réalité le lit de ceux qui promeuvent des idées qui ont conduit au nationalisme, au totalitarisme, jusqu’au fascisme et au nazisme, comme l’ont fait – peut-être pour certains à leur corps défendant – trop de conservateurs des années ‘20 et ‘30 du XXe siècle en Europe. Aujourd’hui, ce sont des soi-disant « extrémistes » comme moi qui vous conjurent de vous prémunir du pire. Vous pouvez y parvenir, pour peu que vous vous impliquiez, malgré vos indicibles difficultés du quotidien, pour défendre, avec les gens de gauche et les républicains sincères – ne fussent-ils pas de gauche – de chez nous, vos droits qui ne sont jamais que... les Droits de l’Homme ».
* : plus de 5700 sur environ 31100 foyers fiscaux (données 2021 de l'INSEE)