20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 14:03

 

J'ai voté pour lui. Et invité les gens à le faire. Deux fois. Et pour ses candidats aux élections législatives. Deux fois aussi. Pour faire barrage aux idées nauséabondes de ceux qui nient l'égalité entre les gens et l'universalité des droits humains.

 

J'avais déjà du mal à avaler que Macron ait oublié, en imposant avec cynisme une politique ultralibérale d'injustice et d'inégalité, d'où venaient les 66% puis 59% de voix qui l'ont conduit en 2017 puis 2022 à exercer la fonction suprême de gardien des institutions de notre République qui doivent garantir l'égalité, la liberté, la fraternité et la laïcité.

 

Mais là, il a osé. Il a fait sauter la digue sacrée de l'Humanisme. Aucune morale. La voie est libre pour l'extrême-droite. Sauf si...

 

 

UNE LOI IMPOSÉE AU LÉGISLATEUR PAR UN EXÉCUTIF DÉCOMPLEXÉ 

 

Il dira que ce n'est bien sûr pas lui, mais les parlementaires, qui ont voté cette funeste loi sur l'immigration. Il n'y a rien d'étonnant au fait que les députés et sénateurs de la droite de Ciotti – durcie par stratégie – et ceux de l'extrême-droite de Le Pen – qui se félicite non sans raison d'une « victoire idéologique » – aient soutenu comme un seul homme ce projet qui promeut la "préférence nationale" chère aux fascistes.

 

Mais si seuls une soixantaine des 251 députés de la majorité de Macron n'ont pas mêlé leurs voix à celles de ceux qui adhèrent à l'idée immonde d'une « hiérarchie des humanités, des identités, des cultures, des civilisations, des croyances, des apparences » ( * ), tout porte à croire que c'est parce que ce Président assumant à présent une xénophobie d'État a fait pression sur les parlementaires de sa majorité ( ** ). Il l'a fait en contradiction complète avec la règle constitutionnelle de la séparation des pouvoirs exécutif et législatif, en convoquant à l'Élysée quelques heures avant le vote les présidents des groupes parlementaires et les chefs des partis de sa majorité. Une autre faute inexcusable qui en rajoute au peu de cas que fait Macron de la démocratie et des institutions, comme on l'a vu avec la réforme des retraites...

 

 

AMIS ABUSÉS DE LA GAUCHE VAROISE, REVENEZ AU BERCAIL !

 

On verra bien ce que feront ces 59 députés macronistes qui se sont abstenus ou ont voté contre ce projet de loi qui résulte d'une « compromission avec les forces qui prospèrent sur la désignation de l’étranger comme bouc émissaire » ( *** ).

 

Mais je me questionne sur la position d'un certain nombre de mes amis seynois et varois, jadis camarades de l'un ou l'autre des partis des gauches ou de l'écologie, ayant cédé depuis 2017 aux illusions de ce Macron qui révèle, une fois de plus, et plus gravement que jamais, que son obsession ultralibérale foule du pied des droits fondamentaux de la personne humaine en France : celui du sol et celui de l'égalité face aux solidarités publiques nationales. À ceux-là, Cécile, Claude, Fabien, Jean-Luc, Jean-Pierre, Marie, Patrick, Viviane, Yves, et les autres, je m'autorise à dire qu'il est temps de fermer la parenthèse de l'errance et de rentrer au bercail.

 

 

RIEN N'EST PERDU, L'UNITÉ DES HUMANISTES PEUT CHANGER LA DONNE

 

Avec ce vote, les faits sont là. Ceux qui ont succombé aux chants des sirènes du "ni-ni" doivent revenir sur terre. Seul le camp du progrès social, de l'humanisme et de la protection de l'humanité sur une planète préservée constitue un rempart contre des ruptures politiques et morales telles que celle que représente le vote de cette loi au contenu digne d'un tract des Barthélémy, Brignot, Gaucher, Gaultier et autres nazis français fondateurs du Front National (voir ICI). L'espoir peut exister pour les républicains démocrates et humanistes. À condition que toutes leurs sensibilités échangent entre elles, que l'anathème ne soit jeté ni sur les socio-démocrates voire socio-libéraux, ni sur les plus radicaux, ni sur ceux qui reviendraient de leur égarement de 2017, et que tous s'attèlent à la tâche de l'unité.

 

Le projet fédérateur peut être des plus simples. Ça serait déjà pas mal de s'engager devant notre peuple à revenir sur les choix de politiques publiques néfastes de Sarkozy à Macron, y compris la "loi travail" du temps de Hollande, dite "loi El Khomri" ( **** ). Et d'ici aux élections nationales de 2027, on peut s'y exercer à l'occasion des européennes (2024) et des cantonales et municipales (2026). Sous réserve, bien sûr, qu'on ne place pas la charrue avant les bœufs en prenant bien garde, surtout à l'échelon local, de songer à se rassembler autour d'orientations plutôt qu'installer des tremplins propulseurs de personnes providentielles.

 

____________________________

 

* : Edwy Plenel - Médiapart - 19 décembre 2023

** : pour l'histoire varoise, on se souviendra que les 8 députés du département ont voté POUR la loi (7 RN et 1 Renaissance), comme 3 de nos 4 sénateurs (3 LR), et qu'un seul s'y est opposé : André Guiol (DVG - ex-PS qui devrait y revenir...), avec un réel courage lorsqu'on sait que le corps électoral des "grands électeurs" du Var qui l'ont élu est loin de partager sa vision humaniste...

*** : Éditorial du journal "Le Monde" - 19 décembre 2023

**** : en réalité c'était déjà Macron, alors ministre de l'Économie de Hollande, qui était à la manœuvre pour cette "loi travail" (voir ICI)...

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Idées et politique générale