1 juillet 2023 6 01 /07 /juillet /2023 08:00

 

La municipalité de La Seyne est-elle sincère quand elle dit chercher des solutions pour éviter la disparition de la Maison des Services Publics (MSP) de la commune ? On peut se poser la question après la tenue d'une ultime réunion de l'Assemblée générale du Groupement d'intérêt public (GIP) qui en assure la gestion. Il y a été décidé à l'unanimité son auto-dissolution au 30 juin.

 

Et, si le Département du Var, cogestionnaire avec la commune, a confirmé par son vote comme on s'y attendait son inexplicable volonté de se désengager alors qu'il est la collectivité territoriale ayant compétence en matière d'action sociale, la Ville de La Seyne lui a contre toute attente emboité le pas en votant aussi la dissolution.

 

Ça nécessite pour le moins des explications publiques.

 

 

UNE MÉCONNAISSANCE OU UN DOUBLE LANGAGE ?

 

Alors que neuf institutions publiques s'étaient regroupées en 1999 au sein de ce GIP pour assurer une offre diversifiée de services publics au plus près de nos habitants, la plupart d'elles, notamment faute de moyens dévolus par leur tutelles, ont peu à peu, au fil des années, abandonné le navire, laissant la charge de la gestion aux seuls Département et Commune. La terrible décision du Conseil départemental du Var de se retirer à son tour devait immanquablement entraîner la disparition du GIP puisque, comme son nom l'indique, c'est un "groupement" et la Ville ne peut "se regrouper"... toute seule.

 

Mais la Ville semble bien tenir un double langage. D'un côté, elle communique pour jurer qu'elle recherche des solutions pour garantir la pérennité de la structure qui répond aux besoins de 44.000 usagers de La Seyne et de ses communes environnantes. D'un autre, elle ne s'insurge pas contre la décision de retrait de son partenaire départemental.

 

 

UN PROPOS RASSURANT CONTRARIÉ PAR UN VOTE POUR LA DISSOLUTION

 

Comment expliquer que le Département était représenté à cette réunion d'Assemblée générale par une conseillère départementale également adjointe à la maire de La Seyne s'il n'y a pas identité de vue entre les deux institutions ?

 

Comment expliquer que la représentante de la Ville, une autre adjointe à la maire, a voté favorablement pour la dissolution du GIP au lieu, au moins, de s'abstenir pour manifester la volonté municipale de ne pas voir disparaître cette indispensable structure ?

 

Comment expliquer qu'un troisième adjoint à la maire annonce publiquement la prolongation du GIP jusqu'au 31 décembre prochain pour disposer du temps de trouver des solutions pour garantir la poursuite des offres de services aux publics tandis que celle qui a représenté la Ville à la réunion de dissolution a voté pour que celle-ci soit effective au 30 juin ?

 

 

UNE LIQUIDATION SEREINE ?

 

Comment expliquer que c'est cette dernière adjointe au maire qui, le vote de dissolution acquis, a retiré de l'ordre du jour le vote du budget du second semestre 2023 du GIP ? Sur quel acte administratif règlementaire le liquidateur désigné va-t-il pouvoir s'appuyer pour assurer sa mission d'ordonnateur des opérations financières nécessaires à la dissolution ? Comment le comptable public, agent de l'État chargé de l'exécution des actes budgétaires, va-t-il pouvoir mener à bien son travail au cours des mois nécessaires à la liquidation ?

 

Comment expliquer que la métropole Toulon Provence Méditerranée (MTPM), qui s'était engagée en 2022 à allouer une participation financière au fonctionnement du GIP, n'a pas traduit dans les faits cette décision ? Dans ce contexte fumeux de double langage, on est en droit de se demander si ce n'est pas à la demande de la commune ou du département eux-mêmes. Leurs représentants à l'Assemblée générale du GIP condamné et déjà moribond vont-ils expliquer ce revirement ?

 

 

QU'EN DISENT LE PROPRIÉTAIRE DES LIEUX ET LE REPRÉSENTANT DE L'ÉTAT ?

 

Comment expliquer que l'office métropolitain d'HLM, Toulon Habitat Méditerranée (THM), propriétaire des locaux de la "Tour du Gère" dans lesquels fonctionne la MSAP, désigné par la municipalité comme cause de la possible disparition de la structure car ayant un projet de réhabilitation et changement d'usage de l'immeuble, ne prend-il pas la parole, par exemple par la voix de sa vice-présidente seynoise, élue au conseil municipal de La Seyne sur la liste de la maire, pour éclairer le public sur ses intentions et leurs échéances au sujet du devenir de cet espace ?

 

Que pense de tout ça le préfet du Var, qui est à la fois garant de la légalité des actes, assurant le contrôle du GIP en sa qualité de "commissaire du gouvernement", assistant de plein droit aux instances délibérantes, pouvant « faire opposition à ce titre aux décisions et délibérations qui mettent en jeu l'existence ou le bon fonctionnement du groupement » (article 22 des statuts du GIP), et promoteur territorial des politiques publiques du gouvernement qui incite à la création de Maisons France Services, donc supposé ne pas voir d'un bon œil la fragilisation de la deuxième plus importante structure de ce type de France par le nombre de ses usagers ?

 

 

UNE NÉCESSITÉ ABSOLUE DE PAROLE UNIQUE ET RESPONSABLE

 

Tout ça fait beaucoup d'interrogations et de propos contradictoires. Les salariés du GIP dont l'emploi est en jeu ne peuvent rester dans une expectative traumatisante. Le public a le droit de savoir, surtout les gens précaires qui traversent une période difficile de fortes tensions et de stigmatisations et qui, plus que jamais, ont besoin dans leur environnement urbain d'existence d'une présence rassurante et bienveillante de la puissance publique républicaine. Où il y a du flou, il y a un loup...

 

En prenant bien sûr soin de ne pas désavouer ses adjoints ayant exprimé tour à tour tout et son contraire, la maire, qui est à la fois déléguante de la Ville au sein du GIP, première magistrate de la commune, conseillère départementale, vice-présidente de la métropole, membre du conseil d'administration de l'office métropolitain d'HLM, et interlocutrice de l'État, devrait prendre la parole pour faire cesser ce brouhaha d'incohérences qui inquiète plus qu'il ne rassure.

 

En clair, si la municipalité et ses partenaires institutionnels veulent la mort de la Maison des services publics ainsi que leurs contradictions successives le laissent entendre, qu'ils le disent. Et, si tel n'est pas le cas, ce que tout un chacun veut croire, ça permettra, dans une démarche d'appropriation partagée des enjeux telle que souhaitée pour la politique de la ville en faveur des quartiers populaires vulnérables, à tout le monde, y compris aux habitants, de se remonter les manches pour parvenir à pérenniser ce bel et indispensable outil de vie sociale et de solidarité.

 

Le Collectif de défense de la Maison des services publics de La Seyne, en tous cas, auquel participent des représentants des habitants (CIL Berthe) et des usagers (INDECOSA), est disposé à s'y impliquer.

 

 

Le dernier communiqué du Collectif de défense...

 

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