Certains se souviennent peut-être des ETAPS, les "Espaces territoriaux d'accès aux premiers savoirs". D'autres ont entendu parler des "chantiers d'insertion". C'étaient des dispositifs destinés aux personnes les plus éloignées de l'emploi, pour des raisons diverses, depuis les aléas de vie jusqu'au déficit de formation initiale nécessaire à l'accès à un parcours de qualification, en passant par les ségrégations de tous ordres ou les manques de repères quant aux codes sociaux indispensables à une insertion réussie dans le monde du travail.
Bien que la formation professionnelle soit une compétence des Régions, la majorité de MM. Estrosi et Muselier a estimé que ces dispositifs étaient trop coûteux pour un résultat médiocre et, finalement, relevaient plutôt de l'action sociale, donc des Départements.
Et, sans tenir compte de l'humain, ils ont décidé brutalement de cesser de les financer, laissant sur le carreau plusieurs milliers de Provençaux parmi les plus fragiles...
70% D'ACCÈS À L'EMPLOI RÉUSSI, SINON RIEN !
Après avoir supprimé, dans les mois qui ont suivi leur élection, les aides régionales aux formations des jeunes gens "sous main de justice", pour lesquels une perspective d'insertion professionnelle constituait un atout pour prévenir de nouvelles ruptures sociales et des risques de récidive, MM. Estrosi et Muselier ont franchi dès 2017 un nouveau pas vers l'abandon des plus en difficulté des Provençaux. Les deux présidents LR successifs de la Région Provence ont considéré que, si elles ne débouchaient pas sur 70% de retour ou d'accès à l'emploi, les formations ne seraient plus soutenues par la Région.
Mais les ETAPS, comme les deux derniers termes de leur intitulé l'indiquent, étaient des sessions destinées à préparer des personnes à très bas niveau scolaire, et même illettrées pour certaines d'entre elles, à acquérir les "pré-requis" de savoirs de base nécessaires à l'entreprise une formation professionnelle. Évidemment, pour ces publics, l'objectif de 7 sur 10 ayant trouvé un emploi était impossible à atteindre. Un article de "MarsActu" détaille la situation dramatique que cette décision scandaleuse a générée pour plusieurs milliers de nos concitoyens.
LA SOLIDARITÉ, CE N'EST PAS L'AFFAIRE DE LA RÉGION. CIRCULEZ !
L'année suivante, M. Muselier a opté pour poursuivre dans la voie bien peu guidée par la fraternité républicaine qu'avait initiée M. Estrosi. C'était au tour des "chantiers d'insertion" de subir les affres d'une logique comptable ne faisant aucun cas des plus fragiles. Pour ces dispositifs, si les perspectives d'accès à l'emploi étaient meilleures que pour les ETAPS (environ 43%, contre 12% pour les premiers), non seulement l'objectif de 70% de parcours réussis était inatteignable, mais, de plus, il était carrément estimé qu'ils ne constituaient nullement des outils de formation, mais des mesures de solidarité sociale ne pouvant pas relever de la compétence régionale. Ce furent plusieurs autres milliers de bénéficiaires qui firent les frais de cette décision inique.
Avec les choix de M. Muselier de désengager la Région des "contrats de ville" assurant l'accompagnement social des habitants des quartiers populaires, ce sont là deux autres décisions politiques de classe, prises abruptement, sans concertation avec les acteurs sociaux des territoires. Un abandon pur et simple d'autres milliers de Provençaux.
Déjà, MM. Estrosi et Muselier devaient estimer avec leur futur nouvel ami M. Macron qu'il suffisait de traverser la rue pour trouver du boulot. Un point de vue, est-il utile de le préciser, que partage l'extrême-droite qui, dans son programme populiste, ne dit évidemment pas un mot de la formation professionnelle.
D'ailleurs, ces décisions bien injustes ont été prises avec l'assentiment des élus régionaux du RN dont le nouveau chef de file, M. Mariani, a le même parcours que M. Muselier, du RPR à LR en passant par l'UMP, tous deux ministres de MM. Chirac et Sarkozy, comme l'a rappelé à raison ce lundi Jean-Laurent Felizia, tête de liste du Rassemblement écologiste et social, seule alternative porteuse de vraies valeurs républicaines.