Le Fonds européen pour le développement régional (FEDER) constitue un levier important pour le soutien à l'économie, à l'aménagement du territoire, au développement du numérique, à la transition écologique et aux quartiers populaires urbains vulnérables. Ça se traduit par des financements significatifs de l'Europe dont la gestion, en France, est confiée aux Conseils régionaux.
L'usage qu'on a fait de ces moyens en Provence Alpes Côte d'Azur mérite qu'on s'y penche un peu, calculette à l'appui. Et ça révèle quelques surprises...
Un document mis en ligne par le Parlement européen permet de consulter l'ensemble des projets qui ont été retenus pour bénéficier des appuis européens au titre du FEDER entre 2015 et 2020. C'est de celui-ci que sont extraits les chiffres qui permettent d'effectuer des comparaisons à analyser.
DU SIMPLE AU TRIPLE, DE SIGNIFICATIVES DISPARITÉS ENTRE DÉPARTEMENTS
La première chose qui saute aux yeux est l'importante disparité dans la répartition entre les six départements de la Région (voir ICI). Si l'on exclut nos deux départements alpins qui, par leur faible population et leur géographie complexe, bénéficient d'une sorte de "traitement de faveur" bien normal avec 43 euros par habitant, les subventions allouées peuvent aller pratiquement du simple au triple selon que l'on considère le Vaucluse (moins de 11 euro par habitant), le Var et les Alpes-Maritimes (respectivement 13 et 16 euro par habitant) et les Bouches-du-Rhône où l'aide européenne s'affiche à... 29,64 euros par habitant.
55% des moyens du FEDER ont été prévus pour les Bouches-du-Rhône qui abritent 40% de la population de Provence Alpes Côte d'Azur, tandis que le Vaucluse où résident 11% des habitants de la Région n'en perçoit que 5%. Et, alors qu'ils représentent chacun 21% des Provençaux, les Varois et les Maralpins n'auront été accompagnés par les crédits européens qu'à hauteur de 12% pour les premiers et 16% pour les autres.
La disparité territoriale la première erreur stratégique de M. Muselier.
MOINS D'UN SUR CINQ DES EUROS DU "FEDER" DÉDIÉS AUX ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX PRIORITAIRES FIXÉS PAR L'EUROPE
S'agissant des thèmes pour lesquels ces financements ont été prévus, on découvre un autre déséquilibre (voir ICI). À l'heure où le président de Provence Côte d'Azur s'enorgueillit dans son bilan que son « plan Climat "Une COP d'avance" est devenu le fil rouge de [sa] mandature », plaçant les enjeux environnementaux en tête des préoccupations de sa majorité, les chiffres, hélas, attestent du contraire, s'agissant des crédits européens du FEDER :
> les projets en soutien à l'industrie, l'économie, à la recherche et au développement (R&D) et au numérique se partagent 74% des crédits ;
> ceux dédiés au logement, à la formation, à la culture, à la santé ou la sécurité représentent 8% ;
> et ceux centrés sur l'écologie, qu'ils soient transition énergétique, environnement, transports collectifs propres ou aménagement raisonné du territoire, ne recueillent que 18% de ces aides européennes.
S'il est vital que la lutte contre le chômage passe par la dynamisation économique, celle-ci peut et doit être promue en impulsant une stratégie industrielle, technologique, agricole et maritime, touristique et du service à la personne, qui soit fer de lance, ou au moins cohérente, avec les impératifs de sauvegarde de la planète.
Le déséquilibre entre les grandes priorités assignées au FEDER est la deuxième erreur stratégique de M. Muselier.
LES TERRITOIRES URBAINS FRAGILES SUR LE BORD DU CHEMIN DU DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL EUROPÉEN
Et les quartiers populaires prioritaires, pour lesquels les textes européens stipulent « qu'une partie [des crédits FEDER] doit être mobilisée » ?
Là encore, les programmes spécifiquement ou pour partie prévus à destination des 10% des plus fragiles de notre population régionale, soit plus de 500.000 habitants parmi les 5 millions de Provençaux, ne représentent que 6,5% des crédits FEDER, correspondant à 14 euro par habitant, bien loin de la moyenne régionale de près de 22 euros (voir ICI).
Et ce désintérêt pour les moyens de la solidarité européenne envers les territoires urbains paupérisés est la troisième erreur stratégique de M. Muselier quant aux projets proposés au financement FEDER.
Des rééquilibrages s'imposent, territoriaux, écologiques et solidaires. Seul un projet en rupture avec celui de la majorité régionale sortante de M. Muselier peut répondre à ces enjeux. C'est celui que porte "Le Rassemblement écologique et social" qu'anime Jean-Laurent Felizia.