Ce samedi, à 16 heures, devant l'opéra de Toulon, le collectif national "Pour que vivent nos langues" invite, comme en des centaines d'autres lieux du pays, à un rassemblement. L'objet de cette initiative : répondre à la menace que représente pour l'existence même de nos langues régionales une décision du Conseil constitutionnel prohibant leur usage pour l'enseignement immersif, donc de leur usage public, et les entrainant un peu plus vers une mort certaine.
Comme je l'expliquais il y a peu dans un article de ce blog, le Conseil constitutionnel a été saisi par des députés de la majorité LREM, dont la Varoise Mme Mauborgne, alors que, quelques semaines auparavant, avait été votée la loi Molac pour la défense et la promotion des parlers régionaux de France, élus qui ont été entourloupés par un adversaire résolu de la diversité linguistique, M. Blanquer, ministre de l'Éducation nationale.
Après la manifestation « glaçante » de certains policiers, pourtant agents de l'État devant protéger les citoyens mais aussi les institutions républicaines, devant l'Assemblée Nationale, le haut lieu de la démocratie en France où le peuple peut, via ses délégués dûment élus que sont les députés, faire les Lois qui traduisent en actes d'organisation de la nation les valeurs de la République, le fait qu'un ministre, par des interventions de son cabinet en direction de députés godillots, ne se gène pas pour les manœuvrer afin qu'une loi adoptée très majoritairement par des parlementaires de toutes sensibilités (247 pour, 76 contre) ne puisse être appliquée, est un nouvel acte de grave et méprisante atteinte à la souveraineté populaire s'exerçant par la démocratie représentative.
Les rendez-vous de ce samedi doivent servir à dénoncer ce passage en force d'un membre du gouvernement supposé appliquer les lois issues de la volonté citoyenne. Si, suite à l'initiative scandaleuse de son ministre Blanquer, il n'y avait eu le rétropédalage du Premier ministre, M. Castex, affirmant que « les langues régionales sont une chance pour la République française », et si le Président Macron lui-même n'avait dû exposer que « la même couleur, les mêmes accents, les mêmes mots, ce n'est pas cela notre Nation », histoire de rappeler qu'il est garant d'un État où « le droit doit libérer, jamais étouffer, ouvrir, jamais détruire », cette atteinte à la fois aux langues autochtones et aux principes républicains de la souveraineté des citoyens incarnée par le Parlement auraient donné à la France du XXIe siècle des relents de la Grèce de l'époque des "Colonels" ou de l'Espagne franquiste, pays de l'Europe d'alors où tant la démocratie populaire que les droits des minorités linguistiques régionales étaient réprimés.
La participation aux rassemblements de ce samedi vise « à mettre en lumière la force vitale de ces langues, leur créativité, leur apport à la diversité culturelle du pays et de l'Humanité, alors même que le danger de leur disparition est pointé par l'UNESCO » (déclaration du collectif "Pour que vivent nos langues").
Nul doute que des Seynois, déjà échaudés par les décisions de leur maire, qui a devancé M. Blanquer, de réduire à néant les efforts communaux et associatifs locaux pour la défense et la promotion de l'occitan provençal, se joindront au rendez-vous de ce samedi à 16 heures, sur la place de l'opéra de Toulon.