6 février 2021 6 06 /02 /février /2021 14:20

Peu de gens l'ont remarqué, mais le drapeau du dialecte provençal de la langue occitane a bel et bien disparu des bannières de la façade de l'hôtel de ville seynois. Il a été remplacé par un autre aux couleurs de la Provence ancienne (on a tout de même échappé à celui à la fleur de lys, symbole de l'annexion de notre province au royaume de France !).

Ça prouve au moins que mon blog est lu par l'entourage de la maire de La Seyne ! J'avais en effet prévu ce qui allait arriver dans un article que j'ai mis en ligne début janvier. Et il est fort possible que ce soit mon message qui leur ait donné l'idée...

Mais l'obstination municipale à vouloir en finir avec les efforts de sauvegarde et de valorisation de la langue et de la culture provençales et occitanes déployés par toutes les municipalités depuis plusieurs décennies ne fait pas que des heureux, bien au-delà de La Seyne, considérée comme un modèle en la matière. Une lettre ouverte d'un érudit local, parue ce samedi dans "La Marseillaise", en atteste...

 

Gérard Tautil est bien connu de nombreux Seynois qui l'ont eu comme professeur au lycée Beaussier où il enseigna la philosophie et le provençal pendant une trentaine d'années. Depuis le village varois où il réside désormais, il s'est autorisé cette lettre ouverte sous la forme d'un courrier pédagogique très instructif adressé à notre maire qui, si elle est de bonne foi, devrait revoir son jugement initial.

Comme elle est rédigée en provençal, et que, dans un éclair de lucidité, j'ai réalisé que, malgré les efforts de l'Éducation nationale, de la commune et des associations, notre langue régionale n'est pas encore maîtrisée couramment par tous nos 65000 concitoyens, je me suis permis de la traduire...

 

 

VOICI LA TRADUCTION DE CETTE LETTRE OUVERTE, PUBLIÉE SOUS LE TITRE "LA SEYNE, UNE NOUVELLE CROISADE ?"...

« Madame le Maire,

« Enseignant pendant de nombreuses années au lycée Beaussier (1969-1998), en philosophie et en occitan-langue d'oc, j'ai participé à touts les initiatives de défense du provençal sous les mandats de toutes les municipalités successives. Je suis touché par les deux réponses, faites par le responsable de la communication avec la vôtre, réponse indirecte aux différents courriers qui vous furent adressés par le Forum d'Oc et par le Félibrige à la suite de ce que je considère comme un véritable "nettoyage culturel" de la culture d'Oc en Provence, avec la disparition de la rubrique provençale du bulletin municipal Le Seynois et de la langue d'oc sur les panneaux lumineux, etc. Aussi, mon courrier est-il personnel.

« Le premier courrier est une non-réponse sur le fond :

« "Nous respectons votre engagement pour la défense de la culture provençale, mais nous avons fait le choix de communiquer le plus largement possible en français" (le terme "le plus largement" de M. Touati est très expansif puisqu'il supprime toute référence aux racines de notre commune dans le bulletin municipal, pour ne parler que de lui). C'est par ces lignes laconiques et impériales que votre directeur de cabinet a répondu au Cercle occitan de La Seyne.

« Le second, dans la presse, est une non-réponse aux nombreux courriers qui vous ont été adressés, dont vous n'avez peut-être pas eu connaissance :

« Madame Bicais, vous souhaitez donner la priorité "à la Méditerranée et au tourisme local" et vous pensez que la langue d'oc relève d'un "particularisme" dépassé (Var-matin du 15 janvier).

« Vous ignorez sans doute que l'occitan dans sa forme provençale est une langue millénaire dont la renaissance a été engagée par Frédéric Mistral, prix Nobel en 1904 (la France a connu quinze prix Nobel de littérature et Mistral est le seul en provençal ; encore un particularisme ?) et que son enseignement a été rendu possible dans les écoles, les collèges et les lycées (loi Deixonne, 1951).

« Aussi, le terme de "particularisme" va à l'encontre de l'histoire, et pour plusieurs raisons :

  • « Langue de culture, dans la formation des langues romanes, elle a donné, du XIe au XIVe siècle, une poétique et une littérature renommées et étudiées encore aujourd'hui dans toutes les universités d'Europe et du monde. Elle a contribué, à son niveau, à une déclinaison universelle à des thèmes l'origine de la culture occidentale. Est-ce du particularisme, ça ?
  • « À la croisée de l'Occident et de l'Orient, ouverte sur la Méditerranée, elle a donné naissance à une culture à l'apport original qui intéresse autant les anciennes générations de Provence que les nouvelles. C'est différent des références que vous faites à un tourisme héliotropique de la Côte d'Azur, dont le but est essentiellement financier. La culture n'a pas de prix et elle n'a rien à voir avec une gestion comptable que vous suggérez. Son universalité s'inscrit dans toutes les cultures européennes avec toute son originalité. Encore du particularisme ?
  • « Cette culture que nous défendons et qui est bien mal soutenue par des décisions municipales à contre-courant de ceux qui font un travail bénévole depuis plus de quarante ans est au contraire un lien fondamental entre les générations anciennes et nouvelles qui l'ont portée. Le "francitan", cette forme régionale de parler, en est encore le témoignage, spécialement dans les couches sociales populaires, au moment où le français est en train de se faire cannibaliser par un anglais "globish" de 500 mots. Où est le particularisme, et qui est particulariste ?
  • « Enfin, rappelons que cette œuvre culturelle, méconnue ou dévalorisée, est la base même des noms de lieux. À La Seyne, ils sont le fondement même d'un géotropisme bien compris qui, lui, n'est pas à l'origine de quelque honte que ce soit. La signalétique d'entrée de commune, dont je suis à l'origine avec le regretté Marius Autran, en est le témoignage. Nous ne sommes pas de nulle part, mais d'un lieu qui prend toute sa place dans la recherche onomastique.

« C'est tout cela qui fait que La Seyne n'est pas une ville comme une autre et qu'elle participe en même temps d'une tradition culturelle et linguistique qui ne nous fait pas rougir.

« La diversité culturelle ne peut se comprendre sans partir de notre environnement quotidien qui nous permet de nous projeter dans l'universel, loin des faux particularismes et des ethnocides déguisés. La Seyne en a bénéficié avec les moyens dont elle disposait.

« À vous, Madame le Maire, de faire ce qu'il faut pour que la diversité culturelle puisse poursuivre son chemin. Qu'elle poursuivre le rayonnement de tous contre le repli uniformisant.

« Simon de Montfort est bien mort. Paix à ses cendres. Que La Seyne retrouve sa véritable signature et son identité provençale.

« Veuillez agréer, Madame, mes salutations plus provençales que jamais. »

 

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Publié par Marc Vuillemot - dans Culture - provençalité et festivités

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Marc VUILLEMOT

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