25 mai 2021 2 25 /05 /mai /2021 05:28

Il apparaît un grand satisfecit au bilan de M. Muselier, président de la Région Provence Alpes Côte d'Azur, sous le chapeau « Une terre de patrimoine, de tradition et d'identité », avec une mise en exergue : « Inauguration de l'Observatoire de la langue et de la culture provençales à Cheval-Blanc »Certes.

Il faut dire qu'il n'aurait pas pu évoquer beaucoup d'autres actions visant à promouvoir le provençal dans la "vida vidanta" (vido vidanto - la vie de tous les jours), comme c'est le cas dans d'autres régions, tant il n'y en a guère à mettre à son actif : ni bilinguisme de signalétique urbaine ou routière, ni publications...

En outre, les rares actes posés par la Région en matière de promotion de la culture et de la langue de chez nous auront été assez étrangement connotés. Et pas tant dans le sens des valeurs de l'universalisme que dans une inquiétante perspective "identitaire"...

 

UN OBSERVATOIRE À LA FOCALE BIEN ÉTROITE

Le fameux "Óusservatòri de la lengo e de la culturo prouvençalo" dont se félicite M. Muselier se revendique d'une vision pour le moins étroite de ce qu'il observe. En attestent, sur son site Internet, des thèmes d'un autre temps, guère rassembleurs voire franchement excluants, fustigeant par exemple certaines approches linguistiques et historiques attestées par la science, alors que l'heure est depuis des années à l'enterrement de la hache de guerre entre tenants de tel parti pris de graphie ou de géographie linguistique et adeptes de tels autres.

En mettant en valeur ce seul projet-là, non seulement on nie les réalités scientifiques de la langue d'oc, mais on s'inscrit dans une sorte d'identité rabougrie, d'enfermement vieillot sur soi-même, tout le contraire de ce qu'ont été dans l'histoire les territoires de rencontres et de partages du sud de notre pays. C'est à l'opposé de ce que promeut la majorité des acteurs de la langue et la culture provençales, en particulier ceux qui se retrouvent pour une langue et une culture vivantes d'aujourd'hui, par exemple dans le Forum d'òc, qui regroupe plus de 160 associations, dont le Felibrige ou l'Institut d'Estudis Occitans, une quarantaine de collectivités locales de toutes sensibilités républicaines, et les structures d'enseignement de la langue.

 

QUI SOUFFLE SUR LES BRAISES D'UNE PRÉTENDUE « GUERRE IDÉOLOGIQUE » ?

Mais il y a plus inquiétant encore dans les propos du dirigeant de cet "Óusservatòri" si apprécié et soutenu par la majorité régionale sortante de M. Muselier, prononcés à l'occasion de son inauguration en 2020. Un extrait suffira à s'en convaincre : « Notre colère est grande lorsque l'on entrave les langues régionales au bac en particulier [là, hormis le ministre Blanquer et les ultra-jacobins, tout le monde est d'accord, c'est la suite qui fait frémir], et quand dans le même temps on prône l'étude de la langue arabe pour, si j'ai bien compris, intégrer et éduquer des populations, mais qui, il faut le craindre, sont souvent manipulées par ailleurs ». À la lecture de ce passage, on comprend mieux les mots énigmatiques du début de son propos inaugural : « Une guerre idéologique est déclarée au peuple de notre pays. Je n'en dirai pas plus sur le sujet, laissant chacun à ses réflexions...». Aquò es dich, fermez le ban.

 

M. Muselier, en annonçant qu'il voulait ouvrir sa majorité des « Verts raisonnables aux repentis du Front national », ratisse vraiment large. C'est sûrement pour l'esprit d'ouverture dont il a fait preuve dans ce discours que cet orateur de "l'Óusservatòri" figure parmi les candidats de la section des Bouches-du-Rhône de la liste LR-LREM que mène M. Muselier pour l'élection de juin prochain...

 

 

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