J'ai failli m'étrangler à la lecture du verso de la "profession de foi" des candidats du Rassemblement National (RN) dans mon canton de La Seyne, reçue ce mercredi dans ma boîte aux lettres.
Je ne suis pas juriste, mais ce que je lis sur le document officiel qui a été adressé à tous les citoyens électeurs de mon canton me révulse et me semble qualifiable de contraire à la Loi.
Et, dussé-je en écrivant le présent message risquer d'être considéré comme calomniateur et subir les foudres de la Justice, ma conscience me commande de m'insurger. Et de le clamer.
Ma famille, mes éducateurs, et la plupart des personnes que j'ai côtoyées dans ma vie m'ont inculqué quelques valeurs humaines et fraternelles, et m'ont appris ce qui "ne se fait pas et ne s'exprime pas", que ce soit ou non formulé de telle sorte que ce soit punissable par la Loi : inciter par des actes, des propos ou des écrits à la haine et la discrimination d'autrui, parce qu'il est de telle origine (jadis on parlait aussi de "race"), de telle religion, de tel genre, de telle orientation sexuelle, etc.
Les candidats républicains de ce canton, bien sûr ceux de gauche que je soutiens (Céline Ivaldi et Stéphane Sacco), mais aussi les autres, qui sont hélas leurs concurrents, de courants de pensée qui ne sont pas très éloignés des miens et des leurs, comme ceux de droite qui, pour certains, ne font rien pour être les proches républicains que nous devrions être au-delà de nos divergences, ou même ceux "naguère élus sous l'étiquette de l'extrême-droite", m'en voudront sûrement de relever des passages de cette circulaire officielle pour expliquer mon écœurement et ma colère, car, en les exposant pour les dénoncer, je cours le risque de contribuer à promouvoir leurs idées que je trouve abjectes mais qui auraient pu passer inaperçues dans la liasse de circulaires adressées aux électeurs qu'on laisse usuellement trainer sur un coin de table.
Mais l'indicible a été atteint. Et je ne peux ni me taire ni m'interdire de mettre en exergue des engagements exprimés par les candidats du RN qui me semblent illégaux et, en tous cas, fleurent les pires relents des idéologies nauséabondes dont les habitants des anciennes démocraties mises à mal ont souffert dans l'Europe du XXe siècle. D'autant que ces propos répugnants concernent des minots et des ados mineurs contraints par la guerre, les violences ou la famine à fuir leurs terres de naissance, et qu'on livrerait chez nous à la vindicte de nos concitoyens, contre toutes les morales, tous les usages internationaux et la Déclaration des Droits de l'Enfant de 1959.
Comme maire ayant donné son accord à l'État et au Département pour l'accueil, chez nous à La Seyne, à Saint-Elme et à La Petite Garenne, de certains de ces malheureux gamins, j'avais déjà subi de la part de la droite et l'extrême-droite des attaques cinglantes (qui ont d'ailleurs probablement contribué à mon échec aux élections de 2020). Mais nul n'est allé jusqu'à une telle ignominie dans des écrits.
Ces écrits, je les ai entourés de rouge sur la circulaire qui couvre de honte ses auteurs (ci-dessous). Je laisse aux visiteurs de mon blog le soin de se faire leurs propres opinions. Moi, j'assume d'exprimer ma conviction qu'ils sont contraires aux usages républicains et qu'ils tombent sous le coup de la Loi.
Ajout après des échanges avec diverses personnes ayant réagi au message ci-dessus : On m'apprend – et je viens de le vérifier – que ce verso de circulaire électorale n'est pas une particularité locale du canton de La Seyne-Nord, mais qu'il est bien imprimé et distribué en nombre d'endroits en France. Les bras m'en tombent.