À La Seyne, à l'initiative des équipes des maires communistes Toussaint Merle et Philippe Giovannini, une rue du centre ancien et un foyer-résidence de personnes âgées portent son nom. Mais, cent vingt ans après sa naissance et sept décennies après sa disparition, trop peu de Seynois se souviennent de l'immense œuvre sociale et politique de l'homme qu'il fut.
Et pourtant, du premier au dernier jour de son existence, chacun de nous peut bénéficier des allocations familiales, de l'assurance maladie, ou de la retraite par répartition. C'est Ambroise Croizat, ministre communiste du général de Gaulle au lendemain de la Seconde guerre mondiale, qui fut l'artisan de la Sécurité Sociale.
Une initiative a été été engagée ce jeudi pour demander au président de la République qu'Ambroise Croizat entre au Panthéon. Une pétition est mise en ligne par le journal L'Humanité. Je l'ai signée. Puissions-nous être nombreux à le faire.
À l'heure où on ne parle plus guère de la Sécurité Sociale que pour laisser entendre qu'elle ne sert qu'à des « profiteurs » ou qu'elle est trop coûteuse avec son « déficit abyssal », sous-entendu « il faut en finir », ça ne fait pas de mal de découvrir ou se remémorer sa fondation, son histoire, et, du coup, les raisons qui justifient qu'on la défende pied à pied et qu'on la développe. J'invite les visiteurs de mon blog à prendre quelques minutes pour voir ou revoir ci-dessous l'interview de Gilles Perret, réalisateur, présentant son film « La sociale », sorti en 2016 ; et, mieux encore, à regarder l'intégralité du film, par exemple sur le site CinéMutins.
Il ne nous faut jamais oublier les déclarations de 2007 de ce vice-président du patronat français, au sujet de « la Sécu » – et à propos aussi du statut de la fonction publique, du paritarisme, et d'autres acquis du peuple français du XXe siècle : « C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. (...) Il s'agit aujourd'hui (...) de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. »
Outre l'indispensable lutte des travailleurs, un des moyens, bien sûr symbolique, de nous prémunir de cette funeste volonté de démantèlement orchestrée par le patronat et la finance, et mise en œuvre à petits pas mais sûrement par les gouvernements à leur service, y compris ceux animés par la social-démocratie, est d'honorer celui qui fut la figure centrale de la création de la Sécurité Sociale. Le transfert de ses cendres au Panthéon, au-delà de l'hommage de la nation, serait un signal fort de vigilance en direction de ceux qui seraient tentés de mettre à mal l'un des plus grands « conquis », comme le disait Croizat, du XXe siècle.
C'est pour appuyer cette initiative qu'est lancée par le journal L'Humanité cette pétition à laquelle on peut accéder en cliquant sur ce lien.
Mes dernières responsabilités liées à mes anciens mandats de maire de La Seyne et de vice-président de la métropole toulonnaise sont derrière moi depuis ces derniers jours. Me voilà libre de mes mouvements après avoir cédé à des successeurs les ultimes responsabilités que les règlements et statuts me conféraient encore, au-delà de l'élection et des installations des conseils municipal et métropolitain. Mon activité publique sera désormais différente...
QUARTIERS VULNÉRABLES : CONTINUER À DÉFENDRE L'ÉQUITÉ TERRITORIALE
Le 16 septembre, j'ai en effet transmis le flambeau de la présidence de « l'Association des maires Ville & Banlieue de France » à Thierry Falconnet, maire socialiste de Chenôve et vice-président de la métropole de Dijon, lors de la réunion, à l'hôtel de ville de Paris, de l'Assemblée générale annuelle de cette association indépendante et volontariste, réseau actif d'élus de toutes sensibilités politiques républicaines, de tout le territoire national, force de propositions se fondant sur sa démarche d'échanges et de bonne pratiques, en dialogue constant avec les institutions de l'État et les autres associations de collectivités locales (dommage, d'ailleurs, que la mairie de La Seyne, membre actif de l'association depuis la mandature d'Arthur Paecht, pour la première fois depuis 2004, n'ait pas été représentée par un de ses élus à cette réunion annuelle...).
À la demande de mes amis maires membres du Bureau de « Ville & Banlieue », je demeurerai toutefois, comme les autres anciens présidents, une sorte de « consultant bénévole » de l'association.
DROIT CONSTITUTIONNEL AU LOGEMENT POUR TOUS : POURSUIVRE, TOUJOURS...
Et puis, ce dernier lundi, 21 septembre, c'est la présidence de l'office métropolitain d'HLM « Terres du Sud Habitat », que j'assumais au nom de la métropole Toulon Provence Méditerranée, qui a été dévolue à Nathalie Bicais, en sa qualité de vice-présidente seynoise de l'intercommunalité.
Je lui souhaite bonne chance pour poursuivre la mission, initiée à la Seyne il y plus de 70 ans, de production et de gestion de ces logements sociaux de plus en plus nécessaires à nos concitoyens dont les niveaux de vie ne cessent de baisser, situation qui va s'aggravant avec la crise sanitaire et économique qui s'ensuit (7 sur 10 des foyers varois sont éligibles à l'habitat à loyer modéré...), et à laquelle il est impératif de répondre en se battant pour obtenir de l'État des moyens accrus pour assurer une meilleure gestion, et en projetant de nouvelles constructions dans l'ensemble des communes de l'aire toulonnaise, qui sont toutes hors-la-loi, hormis La Garde, et y compris la nôtre.
VERS DES ALTERNATIVES SOCIALES ET ÉCOLOGIQUES POUR ICI, POUR LA NATION ET POUR LE MONDE...
Libéré de ces passionnantes obligations, je vais pouvoir me consacrer, après 27 ans passés au conseil municipal, à d'autres formes d'implication. Dont une partie sera politique.
Les choses sont claires, s'il en était besoin : la politique française d'aujourd'hui, soi-disant « ni-ni », est ultra-libérale assumée. Et on ne peut pas se résigner à une telle situation, mortelle pour les plus humbles et les classes moyennes.
Or la porosité entre l'extrême-droite et une partie de la droite est de plus en plus banalisée (on l'a vu chez nous, avec l'intégration de personnes élues sous l'étiquette du Front National dans la nouvelle coalition municipale, ou avec les propos de tel élu, que je croyais centriste, que le groupe municipal du RN a trouvés « fondés », stigmatisant dangereusement par leur globalisation l'ensemble des « jeunes musulmans »).
Les gauches écologistes et sociales ont le devoir de se mettre en chantier pour construire et proposer des alternatives pour les échéances nationales, mais aussi, alors que leurs sensibilités n'ont plus aucun élu, pour les élections régionales et départementales. Je suis de ceux qui, sans aucune velléité de nouvelle implication élective et avec le souci de ne pas gêner les jeunes engagés qui sont notre avenir, veulent apporter leur pierre à cet ouvrage vital d'éducation populaire.
OUI, L'AVENIR EST INQUIÉTANT. RAISON DE PLUS !
J'invite mes concitoyens à ne surtout pas se résigner.
Aux jeunes notamment, pour lesquels ce qui s'est passé il y a près d'un siècle est bien lointain, mais aussi à certains plus anciens qui ont un peu trop la mémoire courte, je dois expliquer que j'ai trop vu, au cours de mon périple d'été en camping-car qui m'a conduit du camp de concentration du Struthof en Alsace à celui d'extermination d'Auschwitz 2-Birkenau en Pologne, en passant par Dachau en Allemagne, Mauthausen en Autriche, et Auschwitz 1, à quelles folies abominables a conduit la réalité sociale, économique et politique des années 1920 et 1930 dans notre Europe, similaire en bien des points à celle que nous connaissons aujourd'hui.
À ceux qui l'auraient oublié ou qui l'ignoreraient, je livre ci-après quelques photos de vacances...
Ce jeudi était jour du 80ème anniversaire l'appel lancé par le général Charles de Gaulle aux Français, civils et militaires, à ne pas se résigner à la défaite face à l'Allemagne nazie.
Bien que l'on dût respecter encore les distances de sécurité sanitaire, suivant à cet effet les règles édictées par l'État, comme nous l'avions fait sagement à l'occasion des dernières commémorations, plus de personnes que les seuls invités, en nombre encore limité de par la Loi, se sont déplacées, que nous ne pouvions bien sûr pas prier de quitter la cérémonie. Mais chacun a fait effort pour se tenir à peu près éloigné des autres.
Les 80 ans de « l'Appel du 18 juin » méritaient en effet que l'on honorât dignement la mémoire de celui qui l'avait lancé et à la pensée duquel, en nos périodes troublées, il n'est désormais guère d'acteur de la vie publique qui, pour des raisons diverses, voire opposées, ne se réfère...
Après la lecture du texte rédigé par l'Association varoise de l'Appel du 18 juin par une élève du Lycée Langevin, lauréate 2018 du Concours national de la Résistance, et celle du message de la secrétaire d'État Geneviève Darrieussecq par notre adjoint Christian Pichard, voici le propos que j'ai prononcé devant la stèle installée dans un écrin de verdure du Parc Fernand-Braudel des Sablettes...
« "La flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s'éteindra pas".
« Charles de Gaulle choisit d’entrer en résistance avant même que l'Allemagne nazie n'accepte la demande d'armistice de Pétain.
« Au sein du gouvernement où de Gaulle était sous-secrétaire d’Etat, les tenants de la poursuite des combats depuis l’Afrique du nord ont perdu la partie – les navires, les troupes, les armes étaient dans l’attente d’un ordre qui ne vint jamais –. Le Président de la République, Albert Lebrun, appela Pétain, ambassadeur dans l’Espagne de Franco. Ce dernier était convaincu qu’il fallait trouver un terrain d’entente avec l’Allemagne.
« Le 16 juin 1940, Paul Reynaud avait démissionné de la Présidence du Conseil. De Gaulle partit "dès le matin du 17" pour l’Angleterre.
« Durant des semaines, de Gaulle exhorta les Français à le suivre. C'est en août que fut placardée à Londres l'affiche célèbre titrée : "La France a perdu une bataille, mais n'a pas perdu la guerre", que l'on confond souvent avec l'appel du 18 juin que nous commémorons aujourd'hui.
« Celui-ci était un message d'espoir. Il affirmait que la mondialisation de la guerre ferait la victoire. Il se terminait par un appel à la Résistance.
« Que nous dit-il aujourd’hui ?
« Que refuser ce qui est présenté comme une évidence est parfois d’une rare clairvoyance ; que la vérité ne se révèle que dans les victoires qui durent ; que les victoires ne durent que lorsqu’elles sont justes.
« Pourquoi Charles de Gaulle s’est-il opposé à ce maréchal présenté comme providentiel ?
« Parce qu’il ne se résignait pas à la défaite ; parce qu’il savait que les batailles se gagnent dans le rassemblement et la cohésion des hommes de conviction et de volonté. Sa résolution était de réunir tous les Français qui voulaient continuer la lutte.
« La Résistance est donc née du refus d’une poignée d’hommes. Ils seront l’armée des ombres, tandis que des militaires rejoignant Londres constitueront la première brigade de la Légion française.
« En France, les premiers journaux clandestins surgissent. Le renseignement s’organise. Des opérations armées réussissent. Des regroupements s’opèrent un peu partout. La Résistance se renforce. Ce fut le travail de Jean Moulin – un préfet renégat à l’ordre régalien du moment –. Il y eut auparavant la stupeur que provoquèrent les rafles de l’été 42 – honneur au journal Combat qui titra "Les Juifs, nos frères".
« Tous luttaient pour le retour au modèle républicain, une société fondée sur la raison, la justice, la force du collectif. Ainsi naquirent les belles idées qui conduisirent à la création de programmes et d’organismes œuvrant pour le bien public : la sécurité sociale, la SNCF, la liberté d’expression, l'extension du droit de vote aux femmes puis, on l'oublie souvent, aux Français d'outremer, le multipartisme…
« Le bien public… en merveilleux héritage de victoire ! Un Appel du 18 juin à jamais lié à une haute idée de la France et de ses valeurs universelles, portées par le courage, l’espérance, l’altruisme.
« Nous traversons une période inédite, pleine d’incertitudes... Une page est tournée, un virus a tout bousculé. La liberté, valeur cardinale de notre modernité, a été mise entre parenthèses.
« Dans l’entre soi les individus sont rois. Mais le roi est nu. Nous déchantons, adieu veau, vache, cochon ! Le pot au lait est brisé : où s’en sont allées les promesses de jours heureux ?
« Le déconfinement achevé, quelles réponses serons-nous capables de porter ? Elles sont de notre responsabilité individuelle et collective.
« Je forme le vœu que nous puissions protéger les plus vulnérables, que nous nous soucierons, réellement, de transition écologique pour préserver la planète qui nous a donné vie, que, à l’image de ce que fît dès 1944 le Conseil National de la Résistance, nous nous référions à un patrimoine d’idée, de civilisation et de droits qui sont le fruit de ce qu’il y a de meilleur dans l’histoire démocratique du monde : satisfaire les besoins essentiels, se nourrir, travailler, se loger, être libre, éduqué, et en bonne santé, exercer sa citoyenneté.
« Notre chemin est l'action publique, l'ouverture aux autres et la protection désintéressée de la nature. Nous ne trouverons la force d’exercer cette responsabilité que par la médiation des uns avec les autres : agir ensemble.
« Désormais chacun commence à comprendre que consommer mieux, local, sain, sans gaspillage, est possible ; que préserver le vivant, les grands équilibres, le climat, est vital ; que ce qui semblait irréaliste hier est à portée de vie.
« Nous voulons nous inspirer de ce que les femmes et les hommes de ce pays, derrière Charles de Gaulle, ont montré de nos valeurs morales, illustrant, et de quelle manière, le propos d’Albert Einstein : "Nous sommes là pour les autres hommes". Célébrons l’immense dévouement et l’abnégation de tous ceux qui, en continuant le travail indispensable aux populations, auront permis à tous les autres de réussir le confinement.
« L’appel du 18 juin a rassemblé des femmes et des hommes d’horizons divers. Ils ont pris les armes, donné leurs vies, et préparé l’avenir de leurs enfants dans la Paix.
« Ils se sont relevés d’un monde de haine, de destructions et de mort, et ils ont transmis des valeurs… Nous n’avons d’autre choix que les perpétuer.
« Vive la France de la République libre et ouverte, protectrice et sociale, promotrice de ses valeurs universelles dans un Monde à préserver ! »
Alors que les cérémonies commémoratives avaient été été interdites de mars et à début mai, un premier pas vers le déconfinement a été franchi le 27 mai à l'occasion de la Journée nationale de la Résistance, et un autre, encore un peu plus assoupli, ce lundi, avec la journée dédiée à l'hommage aux Français morts au cours de la guerre d'Indochine.
La Seyne se devait d'exercer au mieux son devoir de mémoire.
Si, fin mai, l'État n'avait autorisé que cinq personnes à être à mes côtés, en l'occurrence notre députée Émilie Guérel, les élus seynois du Département et de la Région, un représentant des armées et un de la police, à distance raisonnable les unes des autres, le double de participants, notamment quelques porte-drapeaux, a pu m'accompagner pour honorer les victimes du conflit qui allait conduire à la fin de la colonisation du Viet-Nam. On est toutefois encore bien loin des cérémonies qui, ces dernières années, ont vu une foule de plus en plus dense occuper le Môle de la Paix, aux abords de notre Monument aux Morts.
MERCI, CHRISTIAN PICHARD
La présence autorisée par la préfecture de Christian Pichard, notre adjoint au maire délégué, entre autres responsabilités, aux anciens combattants et au devoir de mémoire, m'a permis, au terme de son mandat, de rappeler publiquement l'implication qui fut la sienne au cours des six années de son engagement. Car Christian a accompli sa mission avec une belle efficience : la qualité de ses relations aux associations patriotiques, aux établissements scolaires, aux services des Armées, dont ceux qui gèrent la Préparation militaire marine dont La Seyne est la marraine, a conduit à donner à nos commémorations un faste qu'elles n'avaient jamais connu et à sensibiliser un grand nombre de jeunes Seynois, collégiens et lycéens, au devoir mémoriel et aux enjeux de la Paix dans le Monde.
Au-delà de sa mission sur cette thématique, on lui doit aussi d'avoir promu l'image de La Seyne et il peut être fier d'avoir mobilisé nos services et ceux de la Métropole pour que nous obtenions un label d'excellence, le Pavillon bleu, qui vient tout juste de nous être décerné pour la cinquième année consécutive pour la qualité de nos plages et nos eaux de baignade. Merci, Christian Pichard.
Après les photos des deux derniers rendez-vous commémoratifs des 27 mai et 8 juin, je publie les messages que j'aurais prononcés si l'État, l'ayant interdit pour réduire la durée des cérémonies afin d'éviter les contaminations, nous y avait autorisés...
Pas plus de cinq personnes respectant les distances de sécurité, pas plus d'une gerbe à déposer, pas d'anciens combattants, pas de public, pas de groupe de musique, pas de militaires, pas de collégiens ni lycéens, pas de défilé, pas d'autre discours que celui du Président de la République, la cérémonie 2020 de commémoration de la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie n'a pu être organisée ce vendredi qu'en appliquant les directives sanitaires très strictes du gouvernement.
Nous avons tout de même tenu à commémorer le 75ème anniversaire de la fin, du moins en Europe, puisque le Japon ne capitulera qu'en septembre 1945, de ce terrible conflit meurtrier.
Outre quelques agents de la commune assurant une logistique minimale, c'est entouré de Jean-Pierre Colin, représentant le Conseil régional Provence Alpes Côte d'Azur, de Nathalie Bicais, au nom du Conseil départemental du Var, du capitaine de frégate Patrick Faugère, chef de centre de la préparation militaire marine Amiral Trolley de Prévaux, dont La Seyne est fière d'être la marraine, et d'un représentant des forces de l'ordre, en la personne de Patrick Ducheix, chef de notre police municipale, que, à défaut de pouvoir prononcer un discours, j'ai donné lecture la déclaration du Président de la République que je reproduis ci-après.
Nos collègues élus régionaux et départementaux n'étant pas autorisés, comme à l'ordinaire, à déposer des gerbes au nom de leurs collectivités respectives, j'ai un peu dérogé aux instructions drastiques et je les ai invités à se tenir à mes côtés pour placer au pied de notre Monument aux Morts celle de la population seynoise.
N'ayant pu, quant à moi, prononcer le discours que je livre habituellement lors des cérémonies patriotiques, je ne veux pas encombrer ce message, mais juste donner à lire un propos auquel j'aurais fait référence, celui d'un grand Résistant, Claude Alphandéry, 97 ans, pionnier de l'économie sociale et solidaire : « Je voudrais comparer ces jours de guerre à notre époque, tirer (...) un enseignement qui nous aide à sortir de l'oppression physique et morale ressentie sous la pandémie, et simultanément trouver les voies nouvelles d'un avenir respectueux du vivant (...). La Résistance n'a pas fondé un parti, mais son souffle a inspiré pendant trente ans les syndicats, les associations, les entreprises à vocation sociale, les collectivités... Comment donner à tous accès à l'éducation, aux soins, etc ? Et puis l'économie financière a pris le dessus. L'exigence de services publics plus soucieux des citoyens que des coûts financiers doit s'imposer à nouveau. »
Dans la mémoire des anciens de « l'Indochine », c'est hier, mais voilà soixante-six ans que s'est achevé, après deux mois de combats acharnés, le drame qu'ont connu à Ðiện Biên Phủ les combattants du corps expéditionnaire français. Plusieurs milliers de morts, dans les deux camps, une dizaine de milliers de prisonniers français, dont les trois-quarts ont laissé la vie en captivité.
Ils ont servi la France. Celle de cette époque coloniale qui avait commencé au XIXe siècle. Ils sont morts parce que, soldats, leur devoir devait s'accomplir. Nous leur rendons hommage tous les ans, à cette date anniversaire du 7 mai 1954 qui a conduit à la signature des accords de Genève, ouvrant la voie au droit du peuple vietnamien à son autodétermination. Et, des décennies après, à de nouvelles relations dont La Seyne est actrice...
Car l'heure est à l'amitié retrouvée entre les deux peuples. La Seyne est heureuse d'avoir tissé des liens avec Cần Thơ, cette ville portuaire vietnamienne avec laquelle nous nous sommes jumelés. Signe de l'espoir d'un avenir de Paix et de coopération, nos homologues asiatiques invitent de jeunes étudiants de chez nous à effectuer un séjour dans leur province du Phong Dinh dans le cadre d'un programme de promotion... de la langue française.
Ça ne doit pas nous faire oublier ceux qui ne sont pas revenus de là-bas ou ont gardé dans leurs chairs les marques durables de la souffrance. Voici le propos que j'aurais prononcé ce jeudi devant notre Monument aux morts si les circonstances sanitaires avaient permis que se tienne la cérémonie habituelle qui nous y rassemble...
« La guerre d’Indochine s'est déroulée de 1946 à 1954 ; elle a opposé les forces du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient aux forces Viet Minh.
« La bataille de Điện Biên Phủ fut un enjeu diplomatique et politique, mais c’est bien le drame militaire qui nous réunit dans le souvenir.
« Điện Biên Phủ est une petite plaine au nord-ouest du Viet Nam qui fut le théâtre de la dernière bataille.
« Pendant plusieurs semaines, les troupes de l'Union Française eurent à subir les assauts acharnés d'un ennemi très supérieur en nombre.
« Le 7 mai 1954, la guerre entre dans sa phase terminale après 170 jours d’encerclement et 56 jours de combats acharnés, de courage et de souffrance. Les Accords de Genève seront signés quelques mois plus tard. La France quitte la partie nord du Viêt Nam, l'ancien Tonkin.
« Aujourd’hui nous pouvons dire que ces hommes vécurent un véritable sacrifice, ils obéissaient aux ordres et se battaient pour un combat décidé ailleurs.
« C’est sans doute cela qui force le respect. Au-delà des considérations partisanes, nous retiendrons qu’une des grandes forces d’un pays démocratique est d’avoir à son service une armée respectueuse du pouvoir politique qui est le reflet de la volonté populaire exprimée dans les urnes.
« C'est le drame militaire qui nous réunit dans le souvenir, mais, bien sûr en d'autres lieux qu'ici, ailleurs que face à ce Monument aux morts, on ne peut pourtant ni faire l’économie des questions propres au colonialisme, ni se pencher sur la question de la diversité en occultant les questions du passé.
« Car nous ne pouvons vivre sans héritage, nous le savons, mais, forts des combats menés par nos aïeux, il nous faut aussi savoir être critiques là où des engagements sont paradoxaux face aux valeurs que nous défendions, ici, en métropole, et défendons encore aujourd'hui. Jules Ferry ne fut pas seulement l’homme de l’école de la République et de ses belles valeurs qui nous réunissent, il fut aussi celui de la coloniale !
« Nous avançons bien sûr chaque année un peu plus, et ce jour annuel de commémoration, désormais, doit marquer une nouvelle volonté politique, celle de défendre les peuples, celle de faire progresser la paix et la démocratie. »
On s'en souvient sûrement, à défaut de pouvoir participer aux commémorations qui jalonnent habituellement les semaines précédant le 11 mai qui se trouve être la fin du confinement sanitaire, j'avais lancé l'idée de me faire parvenir des productions, sous la forme de création artistique qui convient le mieux à chacun, invitant à l'exercice du devoir de mémoire, que je me proposais de diffuser sur ce blog.
Pour le 24 avril, date officielle de recueillement en mémoire des victimes du génocide arménien de 1915, un film vidéo m'a été transmis, que j'ai déjà mis en ligne. Avec un peu de retard, je propose ci-dessous une bande dessinée poignante créée par une jeune Seynoise, Louise Nigoghossian, étudiante en Bachelor BD-Illustration à l'École de Condé Axe Sud de Marseille. Un témoignage sur l'arrivée puis l'intégration à La Seyne d'une famille arménienne – la sienne – qui a dû fuir sa terre natale il y a un siècle...
Merci infiniment à Louise pour cette belle œuvre qui suscitera sûrement l'émotion dans nombre de familles seynoises...
Je vous invite à la découvrir en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
Et je rappelle à tous, jeunes et moins jeunes, mon invitation à produire, même sans être talentueux, des témoignages personnels sous quelque forme que ce soit, picturale, sculpturale, photographique, vidéo, musicale, ou toute autre, si possible avant la date prévue pour les commémorations à venir d'ici au 11 mai qui ne pourront se tenir, que je rappelle plus bas.
Nous avons commémoré le génocide des Arméniens, puis le souvenir de la libération des camps de concentration et d'extermination nazis, pour lequel une autre Seynoise a proposé un magnifique et émouvant carnet de voyage également mis en ligne.
Il nous reste avant le déconfinement...
> la commémoration de la chute de Dien Bien Phu (7 mai)
> la commémoration de la victoire du 8 mai 1945 sur l'Allemagne nazie et ses alliés (8 mai)
> la Journée de l'Europe (9 mai)
> la commémoration de l'abolition de l'esclavage (10 mai)
À vos crayons, pinceaux, burins, gouges, appareils photos, caméras, instruments ! Et envoyez-moi vos créations (ou leurs photos ou vidéos) par courriel.
Cette période où, comme chaque année, nous aurions dû nous retrouver pour plusieurs commémorations successives, est évidemment perturbée par l'épidémie.
Le dernier dimanche d'avril est dédié à la mémoire des victimes des camps de concentration et d'extermination de l'Allemagne nazie, mais on comprendra que la raison sanitaire a commandé à l'État d'interdire que se tiennent les traditionnels rassemblements autour de notre monument aux morts. Tout au plus avons-nous pu, suivant la prescription de la préfecture, hisser les drapeaux sur les mâts qui dominent notre stèle mémorielle communale.
Pour autant, le devoir de mémoire s'impose.
C'est pourquoi j'ai proposé il y a quelques jours dans un message aux jeunes et aux moins jeunes de mettre en ligne des créations qu'ils auraient pu réaliser, sous les formes, artistiques ou pas, qui leur convenaient, autour des objets des diverses commémorations. Pour ce dimanche, seule une native de La Seyne, ancienne concitoyenne vivant désormais dans le département de Vaucluse, Cécile Teisseire, m'a fait parvenir sa création. Il s'agit du carnet d'un voyage mémoriel de 9000 kilomètres qu'elle a effectué au travers de l'Europe, de camp en camp, que je propose de feuilleter en cliquant ICI ou sur l'image illustrant cet article. Merci et félicitations à elle pour ce témoignage.
Je livre également aux visiteurs de mon blog le discours que j'aurais prononcé si le rassemblement traditionnel avait pu avoir lieu. Cliquez ICI pour le lire.
Et à prendre connaissance de celui qui aurait été lu par le représentants des associations de déportés. Cliquez ICI pour le lire.
Et comme, malheureusement, il m'a été rapporté qu'il se dirait qu'il serait inexact que les services de l'État auraient interdit les manifestations mémorielles, je suis dans l'obligation, afin de faire une nouvelle fois taire une polémique naissante, de reproduire ci-dessous le courriel reçu de la préfecture du Var à ce sujet. Décidément, certains ne changeront jamais...
On connait bien, à La Seyne, les noms de plusieurs familles d'origine arménienne implantées chez nous depuis maintenant cinq ou six générations, qui ont fait souche et pris leur place, bien souvent éminente, dans notre vie sociale, économique et culturelle.
Les 24 avril, nous commémorons habituellement, lors d'une cérémonie départementale qui se tient devant le monument aux morts de Toulon, l'anniversaire du génocide des Arméniens perpétré par le parti des « Jeunes turcs » au pouvoir dans l'empire ottoman. Cette date a été retenue en référence à la rafle des intellectuels arméniens qui eut lieu à Constantinople en 1915. Mais les circonstances sanitaires de cette année nous obligent à trouver un autre biais pour exercer notre devoir de mémoire...
Comme je l'indiquais dans un récent article de ce blog, plusieurs temps mémoriels ne pourront se tenir suivant les formes auxquelles nous sommes habitués : outre le 105ème anniversaire du génocide des Arméniens, ce sera ce dimanche le souvenir des victimes de la déportation dans les camps nazis, puis, le 8 mai, la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie, la journée de l'Europe le lendemain, et l'abolition de l'esclavage le surlendemain.
J'ai imaginé d'inviter nos concitoyens, de tous âges, à m'adresser des créations, sous quelque forme que ce soit, qu'ils auraient réalisées autour de ces diverses sujets de mémoire. Il faut le reconnaître, ma suggestion n'a pas, pour l'instant, passionné les foules...
Je remercie toutefois l'ami René Reverdito, talentueux vidéaste amateur, d'avoir rappelé à mon souvenir un film réalisé il y a une douzaine d'années par les « Traqueurs de mémoire », donnant la parole à des descendants seynois d'Arméniens ayant dû fuir la barbarie qu'ils ont connue au début du XXe siècle. Ce film, L'Arménie est mon héritage, me semble être un bon moyen d'aborder, par le prisme des souvenirs de leurs enfants, dont certains, belles figures de La Seyne, nous ont très récemment quittés, et de leurs petits-enfants, ce qu'a été le massacre d'un million et demi de gens, la dureté de l'exil et le combat pour l'intégration dans notre nation des Droits de l'Homme...
Dans une semaine, dimanche prochain, aurait dû se tenir la commémoration annuelle à la mémoire des déportés des camps de concentration et d'extermination du régime nazi. C'est en effet le dernier dimanche d'avril que nous nous retrouvons autour de notre Monument aux Morts, corps constitués et citoyens, souvent en présence de jeunes écoliers, collégiens et lycéens, dont les professeurs profitent de cette occasion pour évoquer avec leurs élèves le temps de la déportation et du terrible système concentrationnaire.
Cette année, bien sûr, la cérémonie n'aura pas lieu, par décision compréhensible de l'État. Cela ne nous interdit pas de mettre à profit la semaine qui nous sépare d'elle, depuis nos confinements, pour, sous une forme moins collective et moins solennelle qu'habituellement, avoir une pensée pour les victimes de ces heures sombres de l'histoire mondiale...
Nous nous en tiendrons, dimanche 26 avril, suivant les instructions de la préfecture, à hisser les drapeaux sur les mâts qui dominent notre Monument aux Morts. Les fleuristes étant interdits d'ouverture et les rassemblements prohibés, il ne pourra être procédé aux habituels dépôts des gerbes des associations d'anciens combattants, et des représentants de la Région, du Département et de la Ville. Je ferai néanmoins publier sur le site Internet de la commune le message, s'il nous est fourni, que délivre habituellement la secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, chargée des Anciens combattants, et celui que j'aurais prononcé.
UNE AUTRE FAÇON CRÉATIVE D'EXERCER NOTRE DEVOIR DE MÉMOIRE
Il m'est venu à l'idée de suggérer aux jeunes – et, pourquoi pas, aux moins jeunes – qui le souhaiteraient de mettre à profit leur temps de confinement pour des activités d'éveil aux réalités de cette terrible époque, par exemple celles proposées sur le site de Yad Vashem ou le « mur interactif » mis en ligne sur le site du Camp des Milles, ou encore le site du camp d'Auschwitz-Birkenau (en anglais).
Et je propose à ceux qui le voudraient, là encore jeunes et moins jeunes, de m'envoyer avant le 25 avril par courriel ou WeTransfer (à vuillemotmarc@gmail.com) des photos de dessins, peintures, sculptures, enregistrements audio ou vidéo, musique ou chanson, ou autres, et autres supports artistiques, qu'ils réaliseraient eux-mêmes (pas de copies !) sur le thème dans la semaine qui s'ouvre et que, avec leur autorisation, je mettrais en ligne sur mon blog et ferais mettre sur le site de la Ville dimanche prochain, jour officiel de cette commémoration au caractère très particulier cette année.
Je suggère enfin que cette même démarche de petites (ou importantes !) créations thématiques à me faire parvenir au plus tard aux veilles des autres rendez-vous commémoratifs annulés pour cause de pandémie :
> la commémoration du génocide arménien de 1915 (24 avril)
> la commémoration de la victoire du 8 mai 1945 sur l'Allemagne nazie et ses alliés (8 mai)
> la Journée de l'Europe (9 mai)
> la commémoration de l'abolition de l'esclavage (10 mai)
Ce sera notre façon seynoise de ne pas oublier et de nous redire « plus jamais ça ! ».