On s'en souvient sûrement, à défaut de pouvoir participer aux commémorations qui jalonnent habituellement les semaines précédant le 11 mai qui se trouve être la fin du confinement sanitaire, j'avais lancé l'idée de me faire parvenir des productions, sous la forme de création artistique qui convient le mieux à chacun, invitant à l'exercice du devoir de mémoire, que je me proposais de diffuser sur ce blog.
Pour le 24 avril, date officielle de recueillement en mémoire des victimes du génocide arménien de 1915, un film vidéo m'a été transmis, que j'ai déjà mis en ligne. Avec un peu de retard, je propose ci-dessous une bande dessinée poignante créée par une jeune Seynoise, Louise Nigoghossian, étudiante en Bachelor BD-Illustration à l'École de Condé Axe Sud de Marseille. Un témoignage sur l'arrivée puis l'intégration à La Seyne d'une famille arménienne – la sienne – qui a dû fuir sa terre natale il y a un siècle...
Merci infiniment à Louise pour cette belle œuvre qui suscitera sûrement l'émotion dans nombre de familles seynoises...
Je vous invite à la découvrir en cliquant sur le lecteur ci-dessous.
Et je rappelle à tous, jeunes et moins jeunes, mon invitation à produire, même sans être talentueux, des témoignages personnels sous quelque forme que ce soit, picturale, sculpturale, photographique, vidéo, musicale, ou toute autre, si possible avant la date prévue pour les commémorations à venir d'ici au 11 mai qui ne pourront se tenir, que je rappelle plus bas.
Nous avons commémoré le génocide des Arméniens, puis le souvenir de la libération des camps de concentration et d'extermination nazis, pour lequel une autre Seynoise a proposé un magnifique et émouvant carnet de voyage également mis en ligne.
Il nous reste avant le déconfinement...
> la commémoration de la chute de Dien Bien Phu (7 mai)
> la commémoration de la victoire du 8 mai 1945 sur l'Allemagne nazie et ses alliés (8 mai)
> la Journée de l'Europe (9 mai)
> la commémoration de l'abolition de l'esclavage (10 mai)
À vos crayons, pinceaux, burins, gouges, appareils photos, caméras, instruments ! Et envoyez-moi vos créations (ou leurs photos ou vidéos) par courriel.
Cette période où, comme chaque année, nous aurions dû nous retrouver pour plusieurs commémorations successives, est évidemment perturbée par l'épidémie.
Le dernier dimanche d'avril est dédié à la mémoire des victimes des camps de concentration et d'extermination de l'Allemagne nazie, mais on comprendra que la raison sanitaire a commandé à l'État d'interdire que se tiennent les traditionnels rassemblements autour de notre monument aux morts. Tout au plus avons-nous pu, suivant la prescription de la préfecture, hisser les drapeaux sur les mâts qui dominent notre stèle mémorielle communale.
Pour autant, le devoir de mémoire s'impose.
C'est pourquoi j'ai proposé il y a quelques jours dans un message aux jeunes et aux moins jeunes de mettre en ligne des créations qu'ils auraient pu réaliser, sous les formes, artistiques ou pas, qui leur convenaient, autour des objets des diverses commémorations. Pour ce dimanche, seule une native de La Seyne, ancienne concitoyenne vivant désormais dans le département de Vaucluse, Cécile Teisseire, m'a fait parvenir sa création. Il s'agit du carnet d'un voyage mémoriel de 9000 kilomètres qu'elle a effectué au travers de l'Europe, de camp en camp, que je propose de feuilleter en cliquant ICI ou sur l'image illustrant cet article. Merci et félicitations à elle pour ce témoignage.
Je livre également aux visiteurs de mon blog le discours que j'aurais prononcé si le rassemblement traditionnel avait pu avoir lieu. Cliquez ICI pour le lire.
Et à prendre connaissance de celui qui aurait été lu par le représentants des associations de déportés. Cliquez ICI pour le lire.
Et comme, malheureusement, il m'a été rapporté qu'il se dirait qu'il serait inexact que les services de l'État auraient interdit les manifestations mémorielles, je suis dans l'obligation, afin de faire une nouvelle fois taire une polémique naissante, de reproduire ci-dessous le courriel reçu de la préfecture du Var à ce sujet. Décidément, certains ne changeront jamais...
On connait bien, à La Seyne, les noms de plusieurs familles d'origine arménienne implantées chez nous depuis maintenant cinq ou six générations, qui ont fait souche et pris leur place, bien souvent éminente, dans notre vie sociale, économique et culturelle.
Les 24 avril, nous commémorons habituellement, lors d'une cérémonie départementale qui se tient devant le monument aux morts de Toulon, l'anniversaire du génocide des Arméniens perpétré par le parti des « Jeunes turcs » au pouvoir dans l'empire ottoman. Cette date a été retenue en référence à la rafle des intellectuels arméniens qui eut lieu à Constantinople en 1915. Mais les circonstances sanitaires de cette année nous obligent à trouver un autre biais pour exercer notre devoir de mémoire...
Comme je l'indiquais dans un récent article de ce blog, plusieurs temps mémoriels ne pourront se tenir suivant les formes auxquelles nous sommes habitués : outre le 105ème anniversaire du génocide des Arméniens, ce sera ce dimanche le souvenir des victimes de la déportation dans les camps nazis, puis, le 8 mai, la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie, la journée de l'Europe le lendemain, et l'abolition de l'esclavage le surlendemain.
J'ai imaginé d'inviter nos concitoyens, de tous âges, à m'adresser des créations, sous quelque forme que ce soit, qu'ils auraient réalisées autour de ces diverses sujets de mémoire. Il faut le reconnaître, ma suggestion n'a pas, pour l'instant, passionné les foules...
Je remercie toutefois l'ami René Reverdito, talentueux vidéaste amateur, d'avoir rappelé à mon souvenir un film réalisé il y a une douzaine d'années par les « Traqueurs de mémoire », donnant la parole à des descendants seynois d'Arméniens ayant dû fuir la barbarie qu'ils ont connue au début du XXe siècle. Ce film, L'Arménie est mon héritage, me semble être un bon moyen d'aborder, par le prisme des souvenirs de leurs enfants, dont certains, belles figures de La Seyne, nous ont très récemment quittés, et de leurs petits-enfants, ce qu'a été le massacre d'un million et demi de gens, la dureté de l'exil et le combat pour l'intégration dans notre nation des Droits de l'Homme...
Dans une semaine, dimanche prochain, aurait dû se tenir la commémoration annuelle à la mémoire des déportés des camps de concentration et d'extermination du régime nazi. C'est en effet le dernier dimanche d'avril que nous nous retrouvons autour de notre Monument aux Morts, corps constitués et citoyens, souvent en présence de jeunes écoliers, collégiens et lycéens, dont les professeurs profitent de cette occasion pour évoquer avec leurs élèves le temps de la déportation et du terrible système concentrationnaire.
Cette année, bien sûr, la cérémonie n'aura pas lieu, par décision compréhensible de l'État. Cela ne nous interdit pas de mettre à profit la semaine qui nous sépare d'elle, depuis nos confinements, pour, sous une forme moins collective et moins solennelle qu'habituellement, avoir une pensée pour les victimes de ces heures sombres de l'histoire mondiale...
Nous nous en tiendrons, dimanche 26 avril, suivant les instructions de la préfecture, à hisser les drapeaux sur les mâts qui dominent notre Monument aux Morts. Les fleuristes étant interdits d'ouverture et les rassemblements prohibés, il ne pourra être procédé aux habituels dépôts des gerbes des associations d'anciens combattants, et des représentants de la Région, du Département et de la Ville. Je ferai néanmoins publier sur le site Internet de la commune le message, s'il nous est fourni, que délivre habituellement la secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, chargée des Anciens combattants, et celui que j'aurais prononcé.
UNE AUTRE FAÇON CRÉATIVE D'EXERCER NOTRE DEVOIR DE MÉMOIRE
Il m'est venu à l'idée de suggérer aux jeunes – et, pourquoi pas, aux moins jeunes – qui le souhaiteraient de mettre à profit leur temps de confinement pour des activités d'éveil aux réalités de cette terrible époque, par exemple celles proposées sur le site de Yad Vashem ou le « mur interactif » mis en ligne sur le site du Camp des Milles, ou encore le site du camp d'Auschwitz-Birkenau (en anglais).
Et je propose à ceux qui le voudraient, là encore jeunes et moins jeunes, de m'envoyer avant le 25 avril par courriel ou WeTransfer (à vuillemotmarc@gmail.com) des photos de dessins, peintures, sculptures, enregistrements audio ou vidéo, musique ou chanson, ou autres, et autres supports artistiques, qu'ils réaliseraient eux-mêmes (pas de copies !) sur le thème dans la semaine qui s'ouvre et que, avec leur autorisation, je mettrais en ligne sur mon blog et ferais mettre sur le site de la Ville dimanche prochain, jour officiel de cette commémoration au caractère très particulier cette année.
Je suggère enfin que cette même démarche de petites (ou importantes !) créations thématiques à me faire parvenir au plus tard aux veilles des autres rendez-vous commémoratifs annulés pour cause de pandémie :
> la commémoration du génocide arménien de 1915 (24 avril)
> la commémoration de la victoire du 8 mai 1945 sur l'Allemagne nazie et ses alliés (8 mai)
> la Journée de l'Europe (9 mai)
> la commémoration de l'abolition de l'esclavage (10 mai)
Ce sera notre façon seynoise de ne pas oublier et de nous redire « plus jamais ça ! ».
De notre concitoyen François Grosso, 94 ans, vétéran de la Première armée française libre, tout jeune engagé volontaire auprès de celui qui n'était encore “que” général, avant d'être élevé à la dignité de maréchal, Jean de Lattre de Tassigny, libérateur de La Seyne en août 1944, aux 45 jeunes Seynois et Ouest-Varois de 16 à 21 ans, filles et garçons, qui consacrent volontairement leurs temps libres de l'année scolaire à une découverte de la Marine nationale, formés aux savoirs, savoir-faire et savoir-être par de dévoués militaires réservistes, dans le cadre de la Préparation militaire marine “Amiral Trolley de Prévaux” dont la ville de La Seyne est la marraine, en passant par la rencontre conviviale avec les bénévoles de notre Réserve communale de sécurité civile, si actifs en prévention des incendies de forêt, et en appui aux service de secours lors des feux, de la canicule, des inondations et de tous les incidents qui jalonnent notre vie locale, ce samedi aura été riche de belles rencontres avec des Seynois de tous âges, de toutes conditions, de tous quartiers, ayant comme point commun une vraie volonté de se rendre utiles.
Je ne peux qu'encourager le maximum de nos concitoyens à faire comme ces Seynois dont l'altruisme constitue un exemple à saluer.
À midi, à La Seyne, ce 26 septembre, nous avons décidé de mettre les drapeaux en berne sur nos édifices publics.
Comme toute la France, notre ville apprenait la mort de Jacques Chirac. Nous sommes attachés à une république respectueuse. Comme dans toute la France, la question d'honorer sa mémoire ne s'est posée dans la tête d'aucun des membres de notre municipalité, ni sûrement d'aucun de nos concitoyens, fussions-nous nombreux à ne pas avoir adhéré aux politiques qu'il a promues et conduites.
Le vieux président de la République restera celui dont je prononce le nom tous les ans, le dimanche de juillet le plus proche du 16, jour funeste de 1942 de l'abominable rafle du Vel d'hiv', à l'occasion de la Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux Justes de France.
Oui, Jacques Chirac a été celui qui, en 1995, a porté une belle et forte parole de la France, reconnaissant officiellement, en notre nom à tous, la responsabilité historique de notre pays dans l'abomination de la Shoah et des massacres des Juifs et de tous les « différents », affirmant avec solennité « que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français ».
Et Jacques Chirac fut aussi celui qui, en octobre de l'année suivante, à Jérusalem, en colère, réaffirma son engagement permanent et sans faille pour que se crée un État palestinien et une solution durable de paix avec deux États dans cette région du Moyen Orient. La Seyne, qui honore par les dénominations de lieux publics les trois prix Nobel de la paix que furent Yasser Arafat, Shimon Peres et Yitzhak Rabin, se doit de conserver et promouvoir la mémoire d'un de ses hommes d'État qui a porté courageusement cette belle parole universelle de paix et de fraternité. Elle anticipait pour cette région du monde l'opposition de la France, nation alors fière de son indépendance, portée en 2003 par la patiente autant que déterminée stratégie diplomatique de Jacques Chirac, à suivre les choix américains au moment où les États-Unis déclenchèrent la guerre en Irak, confirmée à l'ONU par son Premier ministre d'alors, Dominique de Villepin.
L'histoire de chaque homme connaît ses moments d'ombre, bien sûr. On n'oubliera pas l'épisode « [du] bruit et [de] l'odeur » ni les affaires judiciaires de la mairie de Paris. Mais l'heure est au souvenir des actes et propos grands et forts qui, par la bouche de Jacques Chirac, ont honoré et honorent notre Nation républicaine.
Deux squares, l'un à Solliès-Pont, l'autre à La Valette, dotés chacun d'une belle sculpture, une plaque commémorative à Belgentier, et une belle stèle que nous avons fait installer en 2011 à la suite d'un concours d'artistes sculpteurs, sur notre Parc de la Navale, voilà, selon le Comité français pour Yad Vashem, les quatre lieux varois de mémoire des 27.362 « Justes parmi les Nations » reconnus, dont 4.099 Français, ces non Juifs qui, au péril de leurs vies, ont aidé des Juifs persécutés par l'occupant nazi, ainsi que de ceux dont on ignore qu'ils le firent également, demeurant après la guerre dans la discrétion et l'anonymat.
C'est autour de notre monument seynois que nous nous sommes retrouvés ce dimanche. Après les beaux textes lus par Jean Huillet, Seynois fils d'un Juste, par Annie Cittadini, qui nous a offert celui rédigé par des adhérentes de l'atelier d'écriture de l'association « Femmes dans la Cité », par les jeunes du Service Municipal de la Jeunesse, par Émilie Guérel, députée de notre circonscription, et par notre adjoint Christian Pichard, transmettant la parole du Gouvernement, j'ai prononcé une petite allocution...
« Nous sommes, comme chaque année, réunis le premier dimanche suivant le 16 juillet, date anniversaire de la funeste rafle du Vel d’Hiv’, pour une "journée nationale commémorative des persécutions racistes et antisémites commises sous l’autorité de fait dite “gouvernement de l’Etat français” (1940-1944)".
« La République, déposée par Pétain, s’est exonérée longtemps de cette infamie. Jusqu’à Jacques Chirac qui, avec courage et lucidité, a reconnu en 1995 une responsabilité de la France.
« En 2000, les "Justes de France" sont associés afin que la Nation témoigne sa reconnaissance à tous ceux "qui ont recueilli, protégé ou défendu, au péril de leur propre vie et sans aucune contrepartie, une ou plusieurs personnes menacées de génocide".
« Vous permettrez, cette année, que je dédie cette cérémonie à la mémoire d’Henriette Cohen, rescapée d’Auschwitz-Birkenau et décédée le 28 juin dernier. Elle était la doyenne française des rescapés. Son mari et ses deux filles furent sauvés par une famille de paysans des Bouches-du-Rhône, ces bienfaiteurs furent reconnus "Justes parmi les nations".
« Malheureusement, des crimes, au nom de la race, de la religion, de la différence, sont encore perpétrés de par le monde, dans des situations de guerre, ou pas. L’actualité montre que le rejet des autres guide encore de trop nombreux groupes de personnes.
« Il est triste de constater que partager quoi que ce soit avec un étranger, est devenu, plus qu’une crainte, une peur.
« Ce ne pourrait être qu’un constat navrant si l’instrumentalisation de ces peurs, la stigmatisation, et, in fine, la conversion de la question sociale en angoisse identitaire, n’était un chemin connu vers le pire.
« Inlassablement le travail éducatif, citoyen et humaniste est à remettre sur le métier. Notre mémoire à entretenir : selon les mots du philosophe et poète Hölderlin, on se remémore pour voir venir, c’est la rétrospective anticipative.
« Je suis très heureux que les femmes de l'atelier d'écriture de l'association « Femme dans la Cité » aient porté cette parole à faire passer, et, peut-être encore plus au regard de leur jeune âge, que nos animateurs communaux incitent et aident les ados des Espaces Accueil Jeunes municipaux à préparer et participer régulièrement à cette cérémonie. Ils doivent être fiers car ils montrent qu’ils sont l’avenir de cette mémoire. Nous ne dirons jamais assez le rôle capital de la transmission.
« Contre la haine, toutes les haines, affirmons nos principes et le respect des hommes, libres et égaux en droits… et en devoirs.
« Chacun a le droit à la liberté de conscience, à la liberté de culte, à la liberté de pensée. Chaque existence a droit à la différence… mais dans le devoir de respecter et d’appliquer les lois de la République.
« Nous devons garder espoir en notre capacité à fraterniser, à penser le monde, dans le respect de la terre, des espèces et des hommes, parce que l’immense majorité de nos concitoyens a montré, les jeunes en particulier, leur attachement à la diversité.
« Vive la République sociale, fraternelle, solidaire et durable ! Vive l'amitié entre les hommes ! »
Le 14 juillet a été célébré ce dimanche en présence de dizaines de Seynois et de nos visiteurs, des représentants des pompiers, des polices nationale et municipale, de la réserve communale de sécurité, de la Marine nationale, du 519ème groupe inter-armes de transit maritime avec lequel La Seyne est jumelé, de la Préparation militaire marine Amiral Trolley de Prévaux dont notre commune est la marraine, de la Gendarmerie maritime, de la Philharmonique « La Seynoise » et de la « Clique seynoise », et des maires et adjoints de certaines de nos villes jumelles et amies (Allonnes, Bizerte, Buti, Maardu et Menzel Bourguiba). Après la lecture d'un texte émouvant écrit par les jeunes adhérents de notre espace sportif et d'accueil jeunes (ESAJ) de Berthe, j'ai moi-même prononcé le traditionnel discours républicain...
« Parfois, avec le temps, nous perdons l’idée qui a fait sens dans une fête. Celle du 14 juillet est née en 1790. Mais, parce qu’elle apparut trop subversive après le sacre de Napoléon, elle a été supprimée en 1804.
« Elle revînt avec éclat, en 1880, pour les raisons exactement inverses : glorifier l’avènement de la République par le peuple. Encore de nos jours, elle commémore la Révolution française.
« Le 14 juillet 1789, est décidé le port de la cocarde, le peuple de Paris, figuré par le rouge et le bleu du blason de la ville, entourant le Roi symbolisé par le blanc. Ce peuple a enlevé fusils et canons aux Invalides. Et il est parti prendre la prison de la Bastille, symbole de l’absolutisme.
« Ce peuple découvrait le droit de s’insurger : quand des ministres créent la famine, il ne se contente pas de brandir des piques et d’en appeler à l’arbitrage du roi : il se substitue à son autorité.
LA FÊTE ÉTERNELLE DU GENRE HUMAIN
« Le 14 juillet est donc une fête symbolique qui marque notre démocratie par l’irruption du peuple dans la sphère du pouvoir.
« Michelet espérait que le 14 juillet représenterait un jour “la fête éternelle du genre humain”. Mais, dans cette quête, il y eut bien des aléas, trois révoltes, 1830, 1848, 1871, deux empires, trois monarchies, deux guerres mondiales, quatre républiques. En 1958, avec la Vème, est créé le Conseil constitutionnel : la loi exprimera la volonté générale dans le respect de la loi suprême qu'est la Constitution. Plutôt que la révolte et les armes, place au verdict des urnes. Une République apaisée, un triangle vertueux : le peuple, ses élus, la loi.
« La France a promu une organisation nouvelle, qui, en donnant à l’individu toute sa place, le situe dans un cadre collectif. Être un homme parmi les hommes est une responsabilité. C'est parce que je suis responsable que je peux être libre.
« D’ailleurs, notre première liberté est cette volonté autonome de nous opposer, non seulement aux actes immoraux des autres, mais d'abord à nos propres désirs égoïstes.
« La nation démocratique fonde sa légitimité sur le citoyen. Ce dernier dispose des mêmes droits et doit remplir les mêmes obligations, indépendamment de son sexe, de son appartenance à une collectivité historique, de sa religion ou de ses caractéristiques économiques et sociales.
« Aux doctrinaires intolérants qui prétendent qu’il y a qu’une seule façon de penser, la leur, rappelons le “Discours décisif”, dans lequel le philosophe Averroès critique les sectes parce qu’elles considèrent que ce qui importe n’est pas tant de respecter la loi que d’appliquer leurs propres principes.
LA NATION, UN PROJET CIVIQUE
« La nation est indissociablement une communauté de culture, un lieu de mémoire, et en même temps un projet civique.
« Mais le chemin est ardu, empli d’ornières creusées par un libre-échange qui n’a de libre que le droit de quelques-uns de s’enrichir sur le dos du plus grand nombre. Car, oui, le creusement des inégalités provoque des réactions antidémocratiques. L’affirmation abstraite de la liberté de l’individu et de l’économie, si elle se fait au détriment de l’égalité, déclenche une désaffection pour la démocratie, un rejet des autres, la tentation de désigner un coupable.
« Le philosophe Debray la désigne comme “l’expression d’un néolibéralisme économique le plus destructeur, et par là-même, en réaction, le fournisseur des nationalismes les plus obtus”.
« Tous les hommes sont en principe égaux, mais toute disproportion de fortune engendre de la domination. C'est un danger que pointait Rousseau : “Que nul citoyen ne soit assez opulent pour pouvoir acheter un autre, et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre”.
« L’abîme entre les revenus du capital et ceux du travail, voilà ce qui met à mal la liberté. Les intérêts privés qui lorgnent sur les services publics, à l'instar, aujourd'hui, des aéroports, sont une menace pour l’équilibre républicain.
« D'ailleurs, en 1868, les républicains, révoltés par la misère, ne s'y trompaient pas, s’écriant : “Nous voulons la république, une république sociale”. Hélas, la réponse, ce fut la guerre, voulue par Napoléon III pour discréditer ces forcément factieux.
« Mais l’Histoire a ses retournements. Ce sera Sedan, la défaite, et l'empereur prisonnier des Prussiens. Et voilà que, contre toute attente, le 4 septembre 1870, la République est à nouveau proclamée sur fond de guerre.
« Paris est en état de siège. En janvier 1871, c’est la capitulation. Les Parisiens n’en veulent pas, ce sera la Commune de Paris, en mars. Elle finira, trahie par les Versaillais, dans une “semaine sanglante” fin avril. La nouvelle assemblée est largement royaliste. Les Prussiens défilent sur les Champs-Elysées, l’Alsace et la Lorraine sont abandonnées.
« La république, vaincue, démembrée, rejetée en arrière par des malheurs sans nom, est réduite à recommencer son histoire. Mais c’est de là que naîtront les grandes lois constitutionnelles, les lois sur l’école, la presse, les syndicats, les associations, la laïcité, et que renaîtra... la fête du 14 juillet.
ON N'EMPORTE PAS LA PATRIE À LA SEMELLE DE SES SOULIERS
« La république est une longue histoire. D'ailleurs, on ne saurait s’inclure dans la nation française sans en connaître l’histoire. Elle s’est fondée sur l’idée révolutionnaire “d'adhésion volontaire” de libres citoyens, principe né avec la Constituante.
« La fête de la Fédération de 1790 est la première manifestation de ce patriotisme d’adhésion. Danton le dit avec des mots populaires : “On n’emporte pas la patrie à la semelle de ses souliers”.
« C’est également Renan qui parle de “referendum quotidien”, par référence à la règle commune fondée sur la laïcité, la reconnaissance des lois et de l’autorité de la République sur tous les citoyens sans distinction : “l’héritage indivis”.
« C’est cela aussi l’intégration républicaine.
Le Président de la République l’a rappelé à propos de la séparation des cultes et de l'État : “La loi de 1905 est notre pilier, pertinente, (…) Elle doit être appliquée”. Puisse-t-il – et puissions-nous – nous y tenir. Car le communautarisme ferait prendre le risque d’une dérive qui génèrerait la sécession de pans de notre République.
LA CONTINUATION DE L'ESPRIT DES LUMIÈRES PROCÈDE DE L'ÉDUCATION PERMANENTE
« D’autant que l’infrastructure des réseaux sociaux, nouveaux serviteurs d'un Moloch auquel on sacrifie nos enfants par le feu, est volontairement compartimentée, alimentée par un flux sélectionné selon des algorithmes qui orientent vers l’entre-soi, renforçant les certitudes initiales, tout esprit critique absent, en cultivant une illusion d’agora.
« Le conditionnement, la domination sans limite d’un réseau social, la perte des codes de transmission et de conduite, des règles les plus élémentaires de civilités, ouvrent la voie d’un grand charivari, une menace pour nos démocraties.
« Le débat public est de plus en plus dispersé, il devient “un grand bruit de fond” qui ratatine ou magnifie des événements à la faveur d’un tweet…
« C’est bien pourquoi nous devons promouvoir la République, et vivre la laïcité comme une ligne de conduite. La laïcité n’est ni ouverte, ni fermée. Elle n’a pas d’adjectif. Toute immixtion dans ce qui est de l’ordre de l’Etat ou de l’organisation d’une société du fait d'une croyance ou d'un dogme ne peut être acceptée.
« L’esprit des Lumières, la confiance dans la liberté et la raison, sont à l'origine de la Révolution. Et leur continuation réside dans l’éducation permanente. Ce que nous faisons aujourd'hui.
« N'ayons pas peur de l’avenir, mais soyons conscients de nos responsabilités. Notre chemin est l'action publique, l'ouverture aux autres et la protection désintéressée de la planète. Nous ne trouverons la force d’exercer cette responsabilité que par la médiation des uns avec les autres. Agir ensemble pour faire république.
« Vive donc la France de la République, sociale, laïque, et humaniste ! »
Comme tous les ans, devant la stèle commémorant l'Appel à la résistance lancé le 18 juin 1940 par Charles de Gaulle, installée sous les ombrages du Parc Fernand-Braudel des Sablettes, élus, anciens combattants, corps constitués et citoyens se sont rassemblés pour rendre hommage à celui qui a appelé à résister au nazisme et à tous ceux qui y ont répondu.
Avant l'allocution de Jeanne Vaïsse, présidente de l'Association des Amis de la Résistance, celle de Christian Pichard, maire-adjoint communiquant le texte de la Secrétaire d'État aux Armées Geneviève Darrieussecq, puis la mienne, que je livre ci-après, a été brillamment lu un beau texte rédigé, sous la houlette de leur professeur Laurent Bourgeois, par deux élèves du collège Paul-Éluard, Inès Ben Hassen et Eden Grech, lauréats 2019 du Concours départemental de la Résistance et de la Déportation, que tout les participants ont à juste titre chaleureusement applaudis.
REFUSER UNE ÉVIDENCE EST PARFOIS D'UNE RARE CLAIRVOYANCE
« Le 18 juin 1940, à 18 heures, le général deux étoiles Charles de Gaulle proclame à la radio depuis Londres : "La France a perdu une bataille, mais n'a pas perdu la guerre".
« Le 16 juin, il apprenait la démission du Président du Conseil, Paul Reynaud, et décidait de partir "dès le matin" pour l’Angleterre.
« Les tenants, au sein du gouvernement où de Gaulle était sous-secrétaire d’Etat, de la poursuite des combats depuis l’Afrique du nord - les navires, les troupes, les armes étaient dans l’attente d’un ordre qui ne vint jamais – ont perdu la partie. Le Président de la République, Albert Lebrun, appelle Pétain, ambassadeur dans l’Espagne de Franco et convaincu qu’il faut trouver un terrain d’entente avec l’Allemagne.
« Le 17 juin, Pétain demande l’armistice.
« L'appel du 18 juinétait un message d'espoir. Il affirmait que la mondialisation de la guerre ferait la victoire. Il se terminait par un appel à la Résistance.
« Que nous dit-il aujourd’hui ? Que refuser ce qui est présenté comme une évidence est parfois d’une rare clairvoyance ; que la vérité ne se révèle que dans les victoires qui durent ; que les victoires ne durent que lorsqu’elles sont justes. Mais cela, l’Histoire le dira…
« Pourquoi Charles de Gaulle s’est-il opposé à ce Maréchal présenté comme providentiel ?
« Parce qu’il ne se résignait pas à la défaite ; parce qu’il savait que les batailles se gagnent dans le rassemblement et la cohésion des hommes de conviction et de volonté. Cette conviction, qu’il savait partagée par beaucoup, était que la France ne pouvait se soumettre ainsi à Hitler. Sa volonté était de réunir tous les Français qui voulaient continuer la lutte.
« La Résistance est donc née du refus d’une poignée d’hommes, inconnus ou connus comme Emmanuel d’Astier de La Vigerie, Germaine Tillion, Jean Zay, et bien d’autres… beaucoup seront restés anonymes mais dans nos cœurs ils ne sont pas moins héroïques. Tous finiront par constituer l’armée des ombres, tandis que des militaires rejoignant Londres constitueront la première brigade des forces françaises libres.
« En France les premiers journaux clandestins surgissent, le renseignement intérieur s’organise. Alors que l’attentisme demeurait dans la population, que Vichy durcissait sa politique répressive, ce fut pour beaucoup, avec cet appel, l’heure du choix lucide.
« Des regroupements s’opérèrent un peu partout… non sans que l’occupant réagisse avec violences. Ainsi fut le terrible été 1943. Il connut une vague d’arrestations et de déportations inégalée.
« Nonobstant, la Résistance se renforce. Certes, tous ces clandestins n’avaient pas la faveur de Londres, il faudra beaucoup de travail pour parvenir à réunir les réseaux. Ce fut le travail de Jean Moulin – un préfet renégat à l’ordre régalien du moment – Il y eu auparavant la stupeur que provoquèrent les rafles de l’été 42 – honneur au journal Combat qui titra "les juifs, nos frères" -, et les exécutions d’otages en représailles des actions de résistance.
LUTTER POUR LE BIEN PUBLIC, TOUJOURS...
« Tous luttaient pour le retour au modèle républicain, une société fondée sur la raison, la justice, la force du collectif. Ainsi naquirent les belles idées qui conduisirent à la création de programmes et d’organismes œuvrant pour le bien public : la sécurité sociale, la SNCF, la liberté d’expression, le droit de vote pour tous et toutes, le multipartisme…
« Le bien public… en merveilleux héritage de victoire ! Un appel du 18 juin à jamais lié à une haute idée de la France et de ses valeurs universelles…
« Notre époque, désormais numérisée, aurait, elle, pour valeur cardinale, la consommation, le culte du "maintenant, tout de suite", l’image de soi et son vecteur, bonheur-malheur, le réseau social.
« Il est remarquable d’observer qu’en réclamant plus de liberté pour soi, ces utilisateurs, souvent commentateurs compulsifs et désinformés, se soumettent, sans s’en rendre compte, aux lois du marketing, au pillage et à la vente des données personnelles, à la tyrannie des algorithmes inquisiteurs et prescripteurs.
« Dans l’entre soi les individus sont tous rois. Mais le roi est nu. Nous déchantons, adieu veau, vache, cochon ! Le pot au lait est brisé avant même d’être rempli : où s’en sont allées les promesses de jours heureux ?
« La dérégulation du libéralisme économique contraint mieux que des liens.
« Le développement individuel grignote de l’intérieur ce qui a fait le socle républicain, ce qui a rassemblé la Résistance : l’intérêt général.
« Attention à ce que l’extension indéfinie des droits personnels - qui ne seraient pas contrebalancés par le droit de tous - ne dégénère pas en tyrannie de tous ces individus sous emprise. Une ochlocratie, dénoncée déjà par Victor Hugo, qui s’exercerait sur la société toute entière : le pouvoir irréfléchi de la foule, masse manipulable.
L'ENTRE-SOI EXCLUSIF, UNE DÉRIVE QUI MÈNE DROIT À LA GUERRE
« Car, là est bien le problème, entre fausses informations, manque de discernement par méconnaissance, et ras-le-bol de ne jamais en être, nous courons irrémédiablement vers la désignation d’ennemis utiles. Hier, avec les nazis, les juifs, les handicapés, aujourd’hui, qui ? Le réfugié, l'autre ? Car, en effet, l’assignation à une identité nie nos appartenances multiples et trahit une forme de racisme. Est-il possible que les honnêtes gens ne voient pas le diable qui se niche dans leur recherche exclusive de l’entre-soi ? C’est la logique mortifère de ce type de dérive. Elle conduit à la guerre. De multiples exemples sont donnés par l’actualité du monde.
« La Résistance combattait les nazis et l’idée de race inférieure. Elle promouvait l’idée d’agir pour le bien public.
« Aujourd’hui, nous devons agir pour préserver le monde, sa diversité. Nous devons nous préoccuper de tous. Nous devons combattre les inégalités, car leur creusement provoque des réactions antidémocratiques, désigne des parias, induit, en réaction, les nationalismes les plus obtus.
« L’appel du 18 juin a rassemblé des femmes et des hommes d’horizons divers. Ils/elles ont pris les armes, donné leurs vies, et réfléchi à l’avenir de leurs enfants. Pour préparer la paix, pour dessiner la France de l’après-guerre, le Conseil National de la Résistance à l’ombre des maquis, dans le cœur des cheminots, des réfractaires du Service du Travail Obligatoire, des citoyens en révolte, malgré le déchaînement de l’occupant et de la collaboration sur le plateau des Glières, incita toutes ces femmes et tous ces hommes à s’unir pour élaborer un programme de justice sociale, pour rêver de "jours heureux".
« Ils se sont relevés d’un monde de haine et de destructions et transmis des valeurs… ne les décevons pas.
« Vive la France de la République, vive la Paix, vivent les peuples solidaires d'Europe et du Monde ! »
Nous avons honoré ce samedi la mémoire des Morts pour la France au cours de la guerre d'Indochine terminée tragiquement il y a 65 ans.
Au-delà d'une réflexion sur les causes d'un conflit meurtrier, sur fond de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes autant que de funestes enjeux de politique intérieure, cette journée nationale d'hommage instaurée en 2005 nous conduit chaque année à poser un regard sur les efforts déployés pour que, chez nous comme ailleurs sur la planète, vivent la Paix et l'amitié entre les peuples.
Dans les années 50, la décolonisation était en marche sous l’impulsion de la libre détermination des peuples, un mouvement que Pierre Messmer, administrateur des colonies bien avant de devenir Premier ministre de Georges Pompidou, considérait comme « irrésistible, dont les formes et les forces varient suivant les temps et les lieux, selon la sagesse, la folie ou le génie des hommes ».
L’actualité dans le monde montre que la détermination des peuples est désormais moins dirigée vers la libération d’un territoire que vers la conquête de plus de démocratie. Quel que soit l'enjeu, le chemin est long mais l’espoir demeure toujours très grand. On n’arrête pas l’Histoire. De Gaulle déclarait en 1965 qu'il fallait «savoir, quand le moment est venu, reconnaître, à tous, le droit de disposer d'eux-mêmes ».
UN BIEN TRISTE EXEMPLE DE L'ARGUMENT MILITAIRE EN SOUTIEN À DES ARGUMENTS DIPLOMATIQUES ET POLITIQUES
En 1945, après six décennies de colonisation, la France, tout juste libérée des nazis, malgré les recommandations du Général Leclerc de reconnaître à l'Indochine son indépendance dans le cadre de l'Union française, tenta de rétablir son autorité sur le Viêt-Nam dont Hô Chi Minh, fondateur dès 1941 de la Ligue pour l'Indépendance du Viêt-Nam, avait proclamé cette indépendance.Les négociations s’enlisèrent pour des raisons de politique intérieure. On connaît la suite : cette guerre durera huit ans. Il reviendra à Pierre Mendès-France, nommé en 1954 président du Conseil — l'équivalent, sous la IVème République, de nos actuels Premiers ministres – d’ouvrir la négociation après le carnage tragique de Diên Biên Phu.
Cette guerre fut un désastreux exemple de l’argument militaire pour soutenir les arguments diplomatiques et les enjeux de politique.
Les accords de Genève conclus entre la France et le Viêt-Nam n’ont pas donné d’issue définitive au problème indochinois, mais ont permis à la France de s’en dégager. Le peuple du Viêt-Nam connaîtra quant à lui sa seconde guerre, jusqu'en 1975, face aux Américains, sur fond d'enjeux haineux entre monde occidental et monde communiste d'alors.
À la fin du premier conflit, celui qui nous rassemble tous les 8 juin devant notre Monument aux Morts, fait de combats acharnés, de sauvagerie, de courage et de souffrance, on dénombrera, selon les sources, du côté du corps expéditionnaire français, entre 37 et 47.000 victimes, environ pour moitié métropolitains, et pour le reste étrangers engagés dans la Légion et soldats de l'Empire français, indochinois, subsahariens et maghrébins.
Nous avons commémoré le sacrifice héroïque de ceux qui sont tombés, leur ténacité farouche, mais aussi les souffrances de ceux qui ont été meurtris, au front, dans la guérilla, ou prisonniers dans les camps d'internement et de rééducation. Tous se battaient pour un combat décidé ailleurs, en militaires respectueux des ordres. Honneur à eux. Et que vive la Paix.
UNE COOPÉRATION ENTRE LA SEYNE ET CAN THO, PETIT PAS VERS L'AMITIÉ ENTRE LES PEUPLES
C'est cette Paix à laquelle La Seyne d'aujourd'hui veut contribuer à sa modeste place. En rejoignant, il y a quelques mois, l'Association Française des Communes, Départements et Régions pour la Paix, membre du réseau international Mayors for Peace (Maires pour la Paix) fort de près de 8000 collectivités de 163 pays, notre ville, comme trois autres communes varoises (Carnoules, Saint-Zacharie et Varages), a voulu franchir un pas supplémentaire dans ses efforts pour l'amitié et la solidarité entre les peuples.
Il est symboliquement fort que, parmi ses villes partenaires, La Seyne compte Can Tho, commune vietnamienne du delta du Mékong, et développe avec elle d'un programme de coopération décentralisée qui permettra à de jeunes étudiants de chez nous de répondre à la demande d'aide à la promotion de... la langue française. Celle-ci, vécue comme la langue de la colonisation, avait été, des années durant, mise au rebut par les autorités vietnamiennes. Et voilà que, sans oublier ni les affres de la France impérialiste ni les sacrifices de ses soldats qui ont péri ou souffert pour tenter de maintenir sur injonction de la Nation l'ordre colonial sur un peuple qui aspirait à vivre libre et debout, un petit pas vers la Paix du Monde est franchi par le lien entre deux communes portuaires que 10.036 kilomètres séparent...