Le premier acte de résistance, c'est d'aller voter dimanche. Quatre-vingt-un ans après le 18 juin 1940, jour où le général Charles de Gaulle a appelé à ne pas se résigner à la victoire de l'Allemagne nazie tandis que, déjà, les futurs collaborateurs, emmenés par Pétain, s'étaient rapprochés de l'ennemi pour négocier les conditions de la reddition, ouvrant la voie aux souffrances que le peuple de France endura pendant cinq années, résister demeure plus que jamais à l'ordre du jour.
À l'heure où le collectionneur d'œuvres originales de Louis-Ferdinand Céline (L'Express - 2011), l'extrémiste de droite M. Mariani, pourrait, si l'esprit de résistance des Provençaux ne se traduisait pas ce dimanche dans un vote de refus de l'indicible, accéder aux rênes de la Région, il n'est pas inutile de prendre le temps de la réflexion sur l'arme préventive pacifique que représente le bulletin de vote.
Céline, écrivain collaborationniste frappé d'indignité nationale au lendemain de la guerre de 39-45, qu'apprécie tant M. Mariani, n'était pas seulement un vigoureux antisémite. Il fut l'auteur de nombre de pamphlets aux accents d'abomination envers l'Autre, le Différent, l'Étranger, quel qu'il soit. Si ce n'était si tragique et écœurant, on pourrait sourire des mots de M. Mariani qui a affirmé il y a quelques jours préférer « aider un groupe qui s'occupe de perpétuer les traditions provençales que SOS Méditerranée [une association de sauvetage des naufragés fuyant les horreurs de leurs pays] » lorsqu'on sait ce que pensait Céline des Provençaux :
C'est contre ces choix assumés d'exclusion en tous genres qui ont conduit jusqu'à l'extermination de millions de gens que, répondant à l'appel du général de Gaulle, des Français et des étrangers, de toutes les régions de la métropole, des outremers et des colonies d'alors, de toutes religions, athées ou libre-penseurs, de toutes couleurs de peau, de toutes sensibilités politiques, se sont levés, les uns après les autres, pour contribuer au retour de la liberté et de la démocratie.
On ne doit plus jamais en arriver là. Pour l'éviter, l'arme inoffensive du bulletin de vote est à notre disposition ces deux prochains dimanches.
« Le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! » (Charles de Gaulle - BBC - juin 1940)