Après avoir annoncé, sinon les résultats définitifs, du moins les tendances confirmées du vote pour le deuxième tour de l'élection présidentielle à La Seyne, j'ai pensé devoir inviter le camp de la gauche et de l'écologie à réfléchir sur la suite à donner...
« Je veux tout d'abord remercier et féliciter tous les membres des bureaux de vote, élus, présidents, assesseurs, scrutateurs, fonctionnaires, qui ont répondu à notre appel à assurer un très bon fonctionnement démocratique de ce scrutin.
« Je veux aussi féliciter les Seynois qui ont été près de 72% à se rendre aux urnes, certes un petit peu moins qu'à l'échelle nationale où l'abstention est aux alentours de 26%.
« Les habitants de nos quartiers populaires, Berthe et le centre ancien, se sont un peu moins déplacés, à 63% à Berthe et 65% au centre. Une fois de plus, nous payons sûrement le déficit d'éducation populaire, souvent portée par le monde associatif, qui, depuis 30 ans, souffre de la baisse constante des moyens publics. Mais peut-être aussi le fait que l'alternative du second tour au FN n'offrait guère de perspective très optimiste à nos concitoyens les plus modestes. Les 11% de votes blancs et nuls relevés à La Seyne sont à cet égard significatifs.
UN RÉEL SURSAUT DEPUIS LE PREMIER TOUR
« À l'heure où je vous parle, les résultats à La Seyne placent M. Macron à environ 54% et Mme Le Pen à environ 46%.
« Pas besoin de faire de grande analyse pour, bien sûr, être soulagés par le fait que les démocrates seynois ont pris leur part du barrage au FN. Leurs vœux accompagnent le vainqueur qui devra se pencher sur la nation, et notamment ses territoires en souffrance.
« Mais ce barrage est bien plus fragile chez nous qu'il ne l'est en France, avec environ 10% d'écart.
« La Seyne démocrate et républicaine résiste cependant mieux que le Var et certaines de ses voisines, par exemple Six-Fours ou Saint-Mandrier, où on nous annonce, sur la base de résultats encore partiels, une quasi-égalité entre M. Macron et l'extrême-droite.
« Nos résultats seynois sont à peu près les mêmes au nord et au sud de la commune, avec une progression un peu plus importante de l'extrême-droite au nord.
LA SOLIDARITÉ NATIONALE, REMPART CONTRE L'EXTRÊME-DROITE
« J'observe aussi que, dans nos quartiers populaires, les résultats sont très différents entre le quartier Berthe où M. Macron est majoritaire, voire très majoritaire dans certains bureaux, et le centre-ville où c'est l'extrême-droite qui est en tête. Je ne peux m'empêcher de penser, peut-être à tort, que, à réalité socio-économique similaire, lorsque la puissance publique d'État tergiverse ou gagne du temps pour aider les territoires à entreprendre une rénovation et une redynamisation urbaine d'envergure, comme celles dont les habitants de Berthe ont bénéficié, les résidents des quartiers qui se sentent délaissés par la solidarité nationale manifestent leur détresse.
« Ce n'est pas tous les jours que je suis d'accord avec Mme Royal, mais ça a été le cas lorsque, vers 20 heures 30, à la télévision, elle a répondu "bien sûr" à la question d'un journaliste lui demandant si les gouvernements de M. Hollande étaient pour partie responsables de la montée du FN.
« Oui, la gauche de gouvernement a réalisé des choses utiles, mais insuffisantes, en particulier en faveur des plus humbles des nôtres.
« Mais évoquons l'avenir...
VERS UNE LÉGISLATIVE UNIE POUR LA GAUCHE ET L'ÉCOLOGIE ?
« Comme homme impliqué à gauche, je dois me projeter vers les 3ème et 4ème tours que représentera l'élection législative.
« C'est une constante, on ne pourra pas m'en faire grief : j'ai toujours appelé de mes vœux la plus complète unité de nos diverses sensibilités de gauche. Les scores, notamment du premier tour, de cette élection présidentielle me semblent confirmer le bien-fondé de ce parti pris.
« J'ai d'ailleurs proposé, dès les résultats du premier tour, de laisser ma place de suppléant désigné par le PS pour favoriser l'union, de même que notre titulaire dans la 7ème circonscription, Jimmy Coste, a comme moi accepté de faciliter l'unité en renonçant à sa place de titulaire. Et ça a permis un premier accord entre "Europe Écologie Les Verts" et le Parti socialiste et ses partenaires de « La Belle Alliance », débouchant pour l'instant sur la candidature déjà un peu unitaire de Denise Reverdito (EELV) et Jimmy Coste (PS).
« Mais, si un pas est fait, je considère que l'union n'est pas parachevée à ce jour. Et il y a urgence.
« M. Mélenchon a en effet su recueillir un score plus qu'honorable auprès des habitants de notre partie du Var, bien sûr à La Seyne où le Parti communiste français, qui le soutenait, est toujours apprécié et actif, mais aussi dans les communes où sa sensibilité n'en réalisait plus de significatifs depuis très longtemps. L'ignorer serait contre-productif.
« L'union doit d'autant plus aisément pouvoir s'élargir à ceux qui sont à la gauche de la gauche social-démocrate et écologiste que la quasi totalité des socialistes locaux, ne se situant pas dans les courants socio-libéraux du PS, l'appellent de leurs vœux.
SANS ACCORD, SINON NATIONAL, DU MOINS RÉGIONAL, PEU D'ESPOIR
« Je pense toutefois que la question ne peut pas être traitée à la seule échelle locale. Il faut, a minima, que l'ensemble - je dis bien l'ensemble - des mouvements de gauche et d'écologie se parlent au niveau départemental, sinon national, pour convenir de rapprochements utiles entre leurs projets, afin de ne pas reproduire la division fatale de la présidentielle. Mince, c'est rageant que la division ait entrainé, à 600.000 voix près au plan national, l'élimination du deuxième tour de nos courants de pensée !
« Et, d'ailleurs, pour cette suite, immédiate et plus lointaine, si mon propre parti, le Parti socialiste, s'exonérait de cette volonté unitaire large, je pourrais me sentir enclin à me libérer de sa position nationale pour tenter d'y parvenir chez nous.
« Il me semble en effet que, à l'échelle départementale, ce devraient être des "binômes" de candidats titulaires et suppléants issus des diverses organisations écologistes et de gauche qui se répartiraient les rôles pour porter, dans nos huit circonscriptions varoises, les couleurs de l'unité républicaine, environnementale et vraiment sociale.
« Dans la circonstance, chacun doit évidemment faire des efforts quant à sa propre représentativité et ne pas s'arcbouter sur des postures partisanes.
AUX CITOYENS RÉUNIS EN FORUM DE DIRE LEUR VISION
« Pour l'heure, j'invite nos concitoyens se sentant proches de la gauche et de l'écologie dans leurs diversités, à se retrouver pour un forum citoyen, de même nature que celui que nous avons rassemblé mercredi dernier ici même, et ce le mercredi 17 mai au soir, encore dans cette Bourse du Travail dans laquelle se sont construites tant de luttes pour avancer vers un humanisme social et écologique. »