Outre les nombreux maires qui expriment leur rancœur, ce sont les présidents et directeurs d'associations, notamment celles qui jouent un rôle majeur de régulation du climat social dans nos quartiers fragiles, qui doivent grincer des dents après les annonces de la Première ministre de ces derniers jours en matière d'accès à l'emploi des habitants des sites populaires urbains.
Malgré les demandes répétées des maires de toutes sensibilités des communes abritant des quartiers populaires vulnérables, l'État demeure sourd à la supplique de revenir sur la décision de M. Macron de 2017 mettant un terme aux dispositifs des "emplois aidés" qui permettaient depuis les années 80 à la fois aux associations et services publics communaux de conforter leurs actions sociales, éducatives, culturelles et sportives en faveur des publics les plus défavorisés et à des personnes éloignées de l'emploi de mettre le pied à l'étrier vers une formation professionnelle et un emploi durable.
Qu'en pensent les maires concernés de notre métropole toulonnaise ?... Leur silence, tranchant avec la colère de leurs collègues du reste du pays, est inquiétant.
LA FIN DES CONTRATS AIDÉS, PLAN SOCIAL D'UNE AMPLEUR JAMAIS VUE
On se souvient sûrement des "TUC" (travail d'utilité collective), suivis des "CES" (contrat emploi solidarité), puis des "CAE" (contrat d'accompagnement vers l'emploi), des "CEJ" (contrat emploi jeune) et enfin des "CUI" (contrat unique d'insertion) brutalement supprimés par décision du gouvernement macroniste jugeant, avec la logique ultra-libérale qui préside à son action, qu'il n'appartenait plus à la puissance publique de s'impliquer dans l'accompagnement des plus fragiles vers l'emploi. L'État fut alors responsable du plus vaste plan social jamais vu, concernant plusieurs dizaines de milliers de personnes. Conséquemment, des centaines d'associations, privées des ressources humaines qui leur étaient apportées par ces dispositifs, ont dû ralentir leur activité régulatrice et émancipatrice, voire mettre la clef sous la porte, abandonnant leurs publics fragiles à leur détresse. Aucun gouvernement depuis 40 ans, même le plus à droite, n'avait osé le faire !
L'ÉTAT REFUSE TOUT ACCOMPAGNEMENT PUBLIC VERS L'EMPLOI
Parmi les mesures que, répondant à la demande de la Première ministre après les révoltes ayant suivi la mort du jeune Nahel, les maires et présidents d'intercommunalités regroupés au sein de leur association "Ville & Banlieue" lui ont proposées (voir ICI), il en était une qui visait à corriger le tir de la compression budgétaire malveillante qui a conduit à la suppression de plus de 400.000 emplois d'insertion : « remettre en place les “emplois aidés” pour les associations et les services publics locaux et d’État, à raison de 100.000 par an pendant trois ans. »
Cette demande simple a été purement et simplement balayée par le gouvernement, comme d'autres visant à lutter pour l'accès à l'emploi des habitants des quartiers fragiles : « abonder de 20 millions d’euros le budget pour pérenniser les “Territoires zéro chômeur de longue durée” [refusé !] et habiliter 50 nouveaux territoires [refusé !], en parallèle au confortement des actuelles “cités de l’emploi“ et leur doublement sur trois ans [refusé !]. »
LE NÉO-LIBÉRALISME NE RÉSOUDRA RIEN
Les quelques "mesurettes" (voir ICI) annoncées par la Première ministre « pour le plein emploi » (sic, il faut oser !) fourmillent de termes qui ont dû faire glousser d'aise le président de la République, boss de la "start-up France" et les ultra-riches qu'il sert abondamment : travail indépendant, Entrepreneuriat Quartiers 2030, bourse French Tech, entrepreneurs à potentiel, Team France Export, projets à l’international, option « entreprenariat » dans les lycées, classes prépas Talents, « Les entreprises s’engagent pour les quartiers », etc.
Mais rien, aucune annonce, aucun programme, aucune échéance, aucun budget, pour tenir la main des plus nombreux, ceux qui sombrent dans la désespérance, dont les meurtrissures sociales les rendent incapables d'entreprendre ou même oser l'imaginer, et les soutenir pour qu'ils (re)mettent le pied à l'étrier afin de chevaucher vers un regain de confiance en eux-mêmes, la formation, l'emploi assisté, et enfin le travail durable, leur permettant de (re)devenir des hommes et des femmes debout, empreints d'une dignité (re)trouvée, gage d'un simple statut de citoyen, de parent, d'être social.
ÉLUS ET ACTEURS ASSOCIATIFS ET DE L'ÉCONOMIE SOLIDAIRE DE LA SEYNE, ÇA VOUS CONVIENT ?
Moi, ça me révulse, comme – la presse nationale s'en fait l'écho depuis ces annonces de pacotille – ça indigne beaucoup d'élus locaux de droite comme de gauche, et d'acteurs associatifs et de l'économie sociale et solidaire. Quel mépris pour les quelque six millions d'habitants de nos territoires urbains précaires qui ne demandent qu'un peu de cette équité que la Nation leur doit !
Et j'avoue avoir de la peine à supporter le silence assourdissant des élus communaux et responsables associatifs et de l'économie sociale en responsabilité sur le territoire de La Seyne face au dédain indigne que l'État manifeste à l'endroit des publics dont eux-mêmes s'occupent pourtant au quotidien.
La Première ministre l'a affirmé : « Je demande donc aux préfets de ne plus installer, via les attributions de logements ou la création de places d’hébergement, les personnes les plus précaires dans les quartiers qui concentrent déjà le plus de difficultés ». Ça peut être un choix salutaire républicain qu'il faut saluer ! Et qui devra être suivi d'effet. À condition qu'on accélère la construction, sinon ce sera la double peine...
Pour l'ouest de notre métropole toulonnaise, il faut donc pouvoir répondre aux besoins des foyers reconnus "DALO" (droit au logement opposable). Et pour cela leur réserver des appartements sociaux à Six-Fours, Ollioules, Saint-Mandrier, et dans les sites seynois et toulonnais qui ne sont pas "quartiers prioritaires" (donc ni La Beaucaire et Pontcarral à Toulon, ni Berthe et le centre ancien à La Seyne).
Chez nous, en effet, cette décision du gouvernement, annoncée ce vendredi lors d'une réunion du comité interministériel des villes (CIV), suppose, au regard de l'ampleur des attentes, qu'on produise de nouvelles résidences et qu'on revienne sur les décisions de renoncer à des programmes qui devaient permettre d'y répondre. Sinon, ce seraient les bénéficiaires du "DALO" qui seraient punis en voyant leurs délais d'attribution d'un toit encore rallongés.
RELANCER LES PROGRAMMES SEYNOIS DE LOGEMENTS SOCIAUX
À La Seyne, il faut arrêter de tergiverser avec les perspectives de constructions de logements sociaux que, par démagogie envers certains riverains, la municipalité freine des quatre fers aux quartiers Peyron-Moneiret et Peyron-La Muraillette, au nord de Gai-Versant, ou au quartier Saint-Jean sur l'emprise de l'école désaffectée Eugénie-Cotton.
Il faut aussi dédier au moins une part des fonciers publics disponibles à la construction de logements sociaux, comme sur les emprises de l'ancien commissariat de police ou de l'ancien collège Henri-Wallon.
Il faut également revenir au nombre initialement prévu de logements sociaux dans le programme de Bois Sacré que la maire, sous la pression de quelques privilégiés, a tenté de faire abandonner, heureusement en vain. Et il faut stopper dans l'urgence le volet de la révision en cours de la zone seynoise du plan intercommunal d'urbanisme afin de remettre à l'ordre du jour le projet raisonnable de constructions intégrées à l'environnement naturel au quartier Costechaude-Mauvèou.
L'EXIGENCE DE L'ÉTAT NE DOIT PAS RESTER UN VŒU PIEUX
Mais, si les communes doivent jouer le jeu, l'État doit se donner les moyens de son ambition. Il doit être plus ferme que jamais en direction des maires trainant les pieds pour se mettre en règle avec la loi imposant 25% de logements sociaux et durcir les sanctions financières infligées aux récalcitrants. Il doit aussi sanctionner les intercommunalités qui ne font pas vivre comme il se doit les conférences intercommunales du logement (CIL) et, soi-disant par respect des autonomies communales, tolèrent que certaines villes ne conduisent pas les indispensables efforts d'accueil des plus précaires. Il ne faut pas que l'État hésite à retirer cette prérogative aux métropoles trop frileuses et assume lui-même la responsabilité de faciliter l’accès au logement des ménages, d'offrir plus de transparence dans les politiques d’attributions et de favoriser la mixité au sein du parc social.
L'État doit cependant donner aux métropoles et aux organismes d'HLM les moyens budgétaires de conduire une politique ambitieuse de l'habitat pour les ménages les plus fragiles. Les bailleurs sociaux doivent être aidés pour construire de nouvelles résidences ou acquérir des copropriétés en difficulté pour les rénover et louer leurs logements. On en est très loin et aucune mesure budgétaire n'est annoncée. Les particuliers eux-mêmes doivent être bien plus financés qu'aujourd'hui s'ils rénovent des logements, sous réserve qu'ils les destinent à la location sociale.
Appeler à la solidarité territoriale pour garantir le droit au logement pour tous, c'est bien. Mais le droit de chacun à un toit est inscrit dans la Constitution. C'est un devoir régalien d'agir à leur place si les élus des territoires font de l'obstruction.
La droite municipale seynoise est décidément impayable. Après que ses amis de la droite nationale ont créé les conditions de la dégradation des conditions de vie des habitants des logements HLM de Berthe, après qu'elle a elle-même délabré l'environnement social de notre grand quartier populaire, voilà que, par une communication relayée par la presse locale (cliquez ICI), elle fait mine de s'insurger contre une situation dont elle et les siens portent la responsabilité.
La situation des résidents des HLM seynois découle de deux lois contre lesquelles la droite seynoise s’est bien gardée de s’offusquer.
En 2006, la loi « ENL » de la droite UMP portant soi-disant « engagement national pour le logement », a scellé le sort des anciens "offices publics communaux d’HLM", devenus des "offices de l'habitat" aux statuts d’établissements industriels et commerciaux, les soumettant aux règles de la concurrence et dépossédant les élus locaux de leur responsabilité de pilotage au profit de cadres de direction ne relevant plus de la fonction publique. Silence de la droite locale.
En 2018, la loi « ELAN » de la droite macroniste, avec sa logique libérale « d’accroissement des marges financières des organismes », a imposé la fusion des offices de l’habitat qui s’est traduite par l’absorption de l’office seynois "Terres du Sud Habitat" (TSH) par l’office toulonnais "Toulon Habitat Méditerranée" (THM). On a parachevé le renoncement au service public local de logement social répondant dans la proximité aux besoins des locataires. Silence de la droite locale.
Ce contexte est aggravé pour nos habitants par le fait que la municipalité seynoise, comme guidée par une obsession de démantèlement de ce qui existait avant elle, participe au recul de l’accompagnement des citoyens précaires et de la présence publique et associative de proximité. Elle a fustigé depuis des années la Métropole, désormais collectivité de rattachement de notre office d’HLM. Elle ne s’insurge pas contre la centralisation à Toulon des services de THM. Elle engage sans raison la liquidation de la "Maison des services publics" de Berthe plutôt que se battre pour sa pérennité avec, par exemple, le retour en son sein d’une antenne des HLM. Elle ne relaie pas l’exigence des gardiens d’immeubles envisagée en contrepartie de l’exonération de taxe foncière dont THM bénéficie. Elle met en veilleuse la démocratie de proximité permettant l’expression citoyenne des besoins à relayer. Elle fragilise le tissu associatif réceptacle des angoisses des habitants et outil de médiation entre eux et les institutions. Les habitants sont abandonnés. Sortir de l'obstination revancharde et corriger ces errances attesterait d’une empathie avec les résidents qui se sentiraient soutenus pour faire valoir leurs droits. Eux seuls, usagers du service public du logement, et non « clients » comme THM les qualifie désormais, avec l'appui de leurs organisations de locataires, peuvent obtenir satisfaction.
Trois élues seynoises, dont la maire, siègent au conseil d’administration de THM. L’une d’elles est même vice-présidente de l’office THM. C’est plutôt en s’impliquant, fût-ce avec une légitime combativité, dans le partenariat intercommunal tout en accompagnant les résidents désemparés dont il faudrait qu'elles gagnent la confiance qu’en vitupérant par voie de presse qu’elles pourraient faire avancer les choses.
Il n'est pas sûr que le coup de gueule médiatique auquel elles se sont livrées place leurs interlocuteurs métropolitains dans des dispositions de bienveillance à l'endroit de nos locataires en détresse...
Entre autres sujets que le Président de la République devrait aborder lors de sa venue à Marseille ce lundi, il est celui des quartiers populaires urbains vulnérables, grandement abandonnés depuis sa première élection de 2017.
Depuis plusieurs semaines et jusqu'à ce week-end, mes anciens collègues maires, de toutes les régions, de toutes les familles politiques, qui administrent les communes où vivent les 6 millions de résidents les plus pauvres de notre pays, ont rappelé les enjeux, reformulé leurs exigences, remis la pression, relancé des alertes.
On n'a entendu aucune voix s'élever de La Seyne...
TOUT IRAIT-IL POUR LE MIEUX POUR NOS QUARTIERS POPULAIRES ?
C'est que tout doit aller pour le mieux dans notre centre ville et dans nos grands ensembles d'habitat social. Aucun des habitants de La Seyne n'est sûrement contraint de ne pas manger à tous les repas. Le nombre de personnes qui font appel aux distributions d’urgence alimentaire doit diminuer. "Toulon Habitat Méditerranée", l'office d' HLM de notre métropole, n'enregistre sûrement aucune augmentation du nombre de loyers en retard de paiement de plus de trois mois, alors que cet accroissement a été de 10% en un an dans le reste du pays. Aucun Seynois de nos quartiers vulnérables ne doit être en situation de renoncer à ses droits à la sécurité, à l'emploi, à la santé, à l'éducation, aux sports, à la culture. L’affaiblissement des services publics ne doit être chez nous qu'un mythe, la fracture numérique doit y être durablement réduite et consolidée. Aucune de nos associations, elles qui ont effectué un travail remarquable durant la pandémie de Covid, ne doit être aujourd’hui à bout de souffle. Nos programmes de rénovation et requalification urbaine, comme celui de notre centre ancien, prêt et financé depuis 2019, ne doivent rencontrer aucun retard de mise en œuvre.
LE MIRACLE SEYNOIS, EXCEPTION NATIONALE ?
Notre ville populaire doit être l'exception française, le miracle seynois, le réceptacle fabuleux des impacts prodigieux du "collier de perles", de la "cité bleue", du "pont de la réconciliation", du circuit bucolique "il Giro, la balade des gens heureux", des créations comme "The world is yours" ( * ) ou"Le porteur d'écume", de la boutique d'amulettes "La Seyne vous sourit", et de l'idyllique "Berthe village".
Autant d'initiatives municipales aux titres envoûtants qui ont certainement avec bonheur réduit la fracture urbaine, économique, sociale et environnementale, ce qui, en conséquence, ne doit plus justifier que, telle la gueuse suppliant sa pitance, La Seyne n'ait à implorer l'État pour qu'il se penche un peu plus sur ses humbles gens avec la solidarité fraternelle de la Nation bienveillante qu'il a le devoir de déployer.
QU'ES-TU DEVENUE, LA SEYNE, BELLE ET REBELLE ?
Ailleurs, les malheureuses villes populaires clament leur souffrance : « Face à la détresse des habitants qui ont le sentiment d’être abandonnés par la République, nous demandons un plan d’urgence pour les banlieues. Les banlieues sont au bord de l’asphyxie. », écrivaient ensemble en mai dernier dans une tribune des dizaines de maires de droite, de gauche et même de la majorité présidentielle d'aujourd'hui à celui qui promettait en 2017 d'en finir avec « la France des quartiers assignée à résidence » et rappelait en 2022 que « les habitants de nos quartiers populaires sont une chance pour notre République ».
À part quelques initiatives utiles, l'effort de l'État est très loin d'être à la hauteur des besoins d'une situation qui s'aggrave. Une députée, pourtant membre du parti présidentiel Renaissance, d'une circonscription fragile d'Île-de-France livrait ces jours derniers une rude sentence, fustigeant au travers de la personne de l'actuel ministre qui en assume la charge la politique macroniste des quartiers prioritaires : « J’ai rarement vu un ministre faire autant l’unanimité contre lui ». Si même une parlementaire de la majorité le dit...
Partout, les 1500 quartiers vulnérables alertent et revendiquent. Et, non, La Seyne, elle, ne se plaint pas. Elle est bien la seule. Qu'es-tu devenue, La Seyne, belle et rebelle ?
( * ) : "The world is yours" = en dialecte local ayant supplanté l'archaïque et arriéré occitan provençal maritime, ça signifie en langue de la République une et indivisible : "Le monde est vôtre"
Partout ailleurs qu'à La Seyne, qu'ils soient de droite ou de gauche, les maires sont préoccupés par l'impact de l'inflation sur leur capacité à maintenir une tarification sociale permettant à tous les écoliers, quelle que soit la situation socio-économique de leurs familles, de profiter d'une offre de restauration scolaire. Et, pour y parvenir, ils se battent pour obtenir de l'État qu'il les aide, car c'est son rôle au nom des valeurs d'égalité et de fraternité qu'il doit promouvoir et garantir.
À La Seyne, on ne s'embarrasse pas de solliciter cette solidarité nationale : on augmente les tarifs. La décision est prise : les familles les plus pauvres paieront 25% plus cher le repas de leurs enfants à la cantine...
LA CANTINE À 1 EURO, UN OBJECTIF DE RAISON
Pourtant, c'est de notoriété publique, « manger à la cantine, c'est pour un enfant la garantie d'avoir accès à un repas complet et équilibré qui aide à leur concentration sur les apprentissages. C'est aussi un moment important de convivialité, de lien social. Pour une famille, pouvoir payer la cantine à un tarif adapté à ses revenus, c'est un moyen de préserver son pouvoir d'achat face à l'inflation. Or aujourd'hui, les élèves issus de familles modestes sont deux fois moins nombreux à manger à la cantine que les élèves issus des familles les plus favorisées. »
Ce propos n'est pas de moi. C'est une réponse du ministre des Solidarités à une sénatrice communiste. Si même un ministre issu de la droite le dit, c'est que le sujet est préoccupant. C'est d'ailleurs pourquoi le gouvernement, qui ne brille pourtant pas par sa politique sociale, a instauré une aide de 3 euros par repas qu'il propose à plus du tiers des communes françaises pour leur permettre d'offrir aux plus modestes un repas de midi qui, du coup, ne leur coûte que... 1 euro.
UNE AUGMENTATION DE +25% DU TARIF SOLIDAIRE DES CANTINES
La Seyne n'est pas éligible à cette aide qui ne concerne que les 12.000 villages et bourgs de moins de 10.000 habitants qui perçoivent la "dotation de solidarité rurale". Mais, jusqu'à présent, et depuis plus d'une décennie, La Seyne a consenti sur ses ressources propres un effort qui rapprochait le plus bas tarif de l'objectif national du repas à 1 euro. Les plus aidés payaient 1,20 euro par repas, ce qui était déjà beaucoup trop comparé à d'autres communes... et d'ailleurs je m'en veux car, étant maire en 2010 lors de la fixation des tarifs encore en vigueur cette année scolaire, je dois assumer la responsabilité de cette participation trop élevée (voir tableau en bas d'article).
Mais, qu'à cela ne tienne, au lieu de corriger à la baisse, la maire et sa nouvelle majorité ont décidé que ce tarif serait en deux temps, d'ici 2024, porté à 1,50 euro, soit 25% d'augmentation, et 50% au-dessus de l'objectif national, au moment même où les familles subissent de plein fouet la crise de la hausse des prix. Et, dans le texte de leur délibération, ces cyniques gens-là n'hésitent pas à se moquer du monde, stipulant sans rire que « pour les familles qui ne demandaient pas l'aide à laquelle elles pouvaient prétendre, ces nouveaux tarifs se traduiront par une baisse de leur participation ». Il fallait oser.
CERTAINES VILLES SE BATTENT, LA SEYNE FAIT PAYER LES USAGERS-CLIENTS
Parmi les moyennes et grandes communes, celles abritant des quartiers populaires urbains vulnérables, pourtant classés "prioritaires" par l'État, où vivent 6 millions de nos concitoyens les plus pauvres, sont anormalement exclues du dispositif d'aide de l'État. La Seyne en fait partie. Mais qu'elle ne soit pas aidée pour assurer pour tous ce service sanitaire, social et éducatif qu'est la restauration scolaire ne semble pas gêner la maire et sa majorité. C'est tellement plus simple de considérer les usagers comme des clients plutôt que plaider auprès de l'État la cause des plus humbles.
D'autres communes consentent des efforts et s'imposent, en période d'inflation galopante, de ne pas toucher aux tarifications. C'est le cas de la plupart de celles, parmi bien d'autres, figurant dans le tableau ci-dessous. Mais elles ne s'en tiennent pas là. De toutes sensibilités politiques, celles qui sont réunies au sein de l'Association des maires Ville & Banlieue de France interpellent le gouvernement pour qu'il prenne en considération les besoins des habitants fragiles. C'est pourquoi elles réclament sans relâche la création, pour les 800 villes ayant des quartiers prioritaires, d'une "dotation de surcharge scolaire" couvrant une partie des charges supplémentaires inhérentes à la scolarité renforcée au titre de l'éducation prioritaire : classes dédoublées, soutien scolaire, aide aux devoirs, activités périscolaires, et... tarification sociale de la restauration scolaire.
RIEN N'EST JAMAIS ACQUIS, SANS CESSE SE MOBILISER POUR SON TERRITOIRE
Cependant, à La Seyne, si l'on sait endosser pour la parade les uniformes de hussards de la garde napoléonienne, on ne pense pas nécessaire de sonner la charge pour exiger de l'État républicain qu'il fasse vivre la solidarité nationale. Sur l'air de "du passé faisons table rase", l'une des premières décisions de 2020 de l'équipe municipale a été de se désengager de l'association transpartisane Ville & Banlieue, sorte de "syndicat des communes de pauvres"... et de se priver ainsi d'un moyen de pression auprès des gouvernements, ayant pourtant permis de remporter quelques succès avec l'obtention d'un accroissement de la "dotation de solidarité urbaine", de renforts de police, des dispositifs "cité éducative" et "vacances apprenantes", du musée virtuel "Micro-folie", d'une "maison de la justice et du droit" au sein d'une "maison des services publics", et de bien d'autres outils de régulation des inégalités urbaines et sociales.
Mais qu'importe. D'autres maires, de gauche comme de droite, continuent à se mobiliser à notre place et pour nous, pendant qu'on défile en costumes d'époque.
La photo illustrant cet article est extraite du site Internet de l'Agence de services et de paiement, structure gouvernementale gérant le dispositif de cantine à 1 euro. je peux la retirer sur demande.
En lisant le quotidien Var-matin, nous apprenons de la bouche de la maire que l'événement Bonaparte « s'inscrit parfaitement dans la démarche du dispositif "Quartiers de Reconquête Républicaine" dont La Seyne fait partie »...
Diantre ! On sait l'importance qu'attache l'équipe municipale à la sécurité et la répression des méfaits, mais j'avoue ne pas comprendre en quoi un événement culturel, patrimonial, festif et convivial peut s'inscrire dans un programme d'accroissement des moyens de la police nationale.
À moins que, outre la première magistrate réincarnée en capitaine des armées républicaines, son adjoint chargé de la sûreté ne se mue en Joseph Fouché, alors ministre de la Police, qui laissa, entre autres sympathiques souvenirs, celui de l'exécution de masse de près de 1700 Lyonnais suspectés d'anti-républicanisme... avant de se dévouer au service du monarque. Tremblons !
"RECONQUÊTE RÉPUBLICAINE", UN CURIEUX AMALGAME
Au nombre de 62 en France, les "Quartiers de Reconquête Républicaine" (QRR), en effet, sont des sites urbains fragiles bénéficiant d'un renforcement des moyens humains et logistiques attribués à la police nationale pour lutter contre la délinquance des trafics et la criminalité. J'avais obtenu en 2019 de Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, que les quartiers de Berthe et du centre-ville, mais aussi ceux de Pontcarral, Sainte-Musse et La Beaucaire à Toulon, fassent partie de la seconde vague de désignations de QRR. Et, il faut le reconnaître, des renforts significatifs ont été alloués aux commissariats de notre territoire, même s'il faut les relativiser au regard des baisses d'effectifs des années précédentes.
C'est bien pourquoi, d'ailleurs, il est incompréhensible que la municipalité seynoise, alors même que la Ville manque cruellement de moyens, fasse du zèle sécuritaire en accroissant ses effectifs de forces de l'ordre communales et en inaugurant un poste de police municipale à Berthe, rompant ainsi avec la convention signée avec l'État qui stipulait que, dans la répartition territoriale entre la police municipale et la police nationale, la présence dans notre quartier Berthe relevait de la seconde.
SPORT ET ÉDUCATION, CIRCULEZ ! PLACE À LA "RECONQUÊTE RÉPUBLICAINE" !
C'est d'autant plus surprenant que, dans le même temps, la maire a fait voter par le conseil municipal des baisses significatives du budget dédié aux subventions communales aux associations qui conduisent dans nos quartiers vulnérables des missions de lien, de prévention, d'action sociale et éducative, de sport et d'accompagnement de la fonction parentale, ce qui, pour certaines de ces structures, devrait entrainer des mises au chômage d'éducateurs ou d'animateurs, et donc un ralentissement de l'activité préventive, en particulier en direction des adolescents et des jeunes, publics les plus à risque de rupture. Ce sont ainsi plus de 383.000 euros qui ont été "économisés" sur l'action socio-éducative et le sport sur les trois derniers budgets par rapport à celui de 2019, l'ultime que, comme maire, j'ai soumis à l'approbation du conseil municipal (1).
Comment ne pas relier ces choix à celui, qui peut laisser rêveur, de consacrer, de l'aveu même de la maire dans le même communiqué à Var-matin, 850.000 euros en deux ans pour les « Événements Bonaparte » ?...
TALLEYRAND : « APRÈS LA RÉVOLUTION, LA MODÉRATION COMMENÇA À ABANDONNER BONAPARTE »...
Tout ça devrait inviter certains à méditer une réflexion du traître cynique que fut Talleyrand, député républicain puis, sans aucune scrupule... ministre de l'empereur tyran Napoléon.
Dans ses Mémoires, il note que, dès la fin des guerres de la Révolution française, « la modération commença à abandonner Bonaparte [qui] jetait déjà les semences qui devaient le conduire à sa ruine »...
Évidemment, toute ressemblance avec quiconque d'aujourd'hui serait bien sûr fortuite.
(1) : Tableau des évolutions des subventions communales de droit commun
« Madame la maire, Nathalie, ne cède pas. Ni pour la friche Altavilla du quartier Peyron, ni pour l'ex-école Eugénie-Cotton, ni pour l'ancien dépôt des bus de Moneiret, ni pour le terrain des anciennes tours A du Germinal, ni pour aucun programme immobilier à vocation sociale. Aménage, fais évoluer, améliore, mais ne cède pas.
« On comprend les inquiétudes des riverains des projets de construction de petites résidences pour reconstituer l'offre locative sociale résultant des démolitions, tant à Berthe qu'au centre-ville, mais on doit entendre aussi les milliers de familles qui sont en attente d'un logement à loyer accessible. Ceux-ci sont de très loin bien plus nombreux parmi tes administrés que ceux qui expriment leurs craintes.
« Et ton devoir est d'agir pour le plus grand nombre.
« Va à la rencontre des futurs voisins des projets. Ils n'ont peut-être pas pris part aux nombreuses réunions publiques qui ont permis de définir ces perspectives de construction et les valider. Expose-leur les raisons et l'historique de ces programmes. Mobilise à tes côtés les institutions publiques qui ont construit avec la Ville les programmes de rénovation urbaine de Berthe et du centre-ville, mais aussi les représentants des habitants des quartiers qui ont participé officiellement aux comités de pilotage des programmes et les ont entérinés au nom de tous.
DES PROJETS RÉSULTANT DE CONCERTATIONS CITOYENNES
« Si tu le souhaites, pour te dédouaner, mobilise-moi pour t'accompagner et assumer. Je te le dois au nom de la continuité républicaine. C'est moi en effet qui ai poursuivi après Arthur Paecht la mise en œuvre du programme de rénovation urbaine de Berthe, qui ai élaboré en 2018-2019 celui du centre ancien que tu déploies aujourd'hui, et qui ai porté les révisions du plan local d'urbanisme de 2011 à 2019. Ce sont là les cadres dans lesquels sont gravés dans le marbre des objectifs urbains toutes ces réalisations indispensables de logements. Ils n'ont fait l'objet d'aucune désapprobation citoyenne car ils ont été très largement concertés avec les gens, les Comités d'intérêt local, les conseils de quartiers, les très officiels "conseils citoyens" et le monde associatif et économique.
« Ces documents officiels sont publics et opposables au sens juridique du terme. Nul n'est censé les ignorer. S'ils ont omis de participer aux débats citoyens qui ont précédé leurs finalisations, nos concitoyens qui s'émeuvent aujourd'hui ont pu et peuvent les consulter pour en connaître la réalité bien modeste et la typologie. En outre, dans le livret de projet 2020-2026 de ton équipe, largement distribué au cours de la campagne électorale, il n'est à aucune page indiqué que tu envisageais de renoncer à tel ou tel de ces programmes. Tu n'as donc pris personne en traître.
SANS LOGEMENT DÉCENT, TOUS LES AUTRES DROITS RESTENT INACCESSIBLES
« Enfin, comme c'est prévu par la loi, dans chaque secteur concerné par les projets de constructions qui soulèvent des émois, fonctionne un "conseil de quartier" animé par un de tes adjoints assisté de fonctionnaires compétents en animation et médiation. Active la démocratie locale si elle s'est un peu assoupie. Tu verras, l'échange, si tu ne convaincs pas tout le monde, permettra au moins de rétablir des éléments objectifs sur les enjeux. À défaut, tu courras le risque que des démagogues, dont certains issus de ta propre majorité, s'emploient à fracturer un peu plus la société seynoise déjà bien fragilisée par les inégalités socio-économiques, culturelles et territoriales. Et ce sont ceux qui détestent la démocratie et la république qui en récolteront les fruits.
« Le 5 juillet 2020, le jour même de ton élection aux fonctions de maire, Laurent Desmard, président national de la Fondation Abbé-Pierre, livrait quelques écrits que je te propose de relire : ”Sans un logement digne et décent, tous les autres droits, à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, à la sécurité… restent inaccessibles. L’abbé Pierre avant nous le répétait sans cesse. Depuis plus de trente ans, tous nos rapports dénoncent la pénurie et le coût exorbitant du logement. Et évidement les conséquences catastrophiques de la crise touchent en priorité les personnes et les ménages les plus modestes. Un peu partout sur le territoire, on voit revenir le fléau de la faim pour des adultes, des jeunes, des enfants. Pour beaucoup d’enfants, la cantine assurait le seul repas équilibré de la journée. Partout la distribution alimentaire a dû être multipliée dans les quartiers, dans les résidences universitaires, dans les squats ou dans les bidonvilles où même l’eau fait défaut. Comment vivre à cinq dans 25 m2 ? Comment faire ses devoirs quand la famille ne partage qu’une pièce à tout faire ? Comment laisser un peu de repos à celle ou celui qui vient de sauver des vies rentre à la maison dans un logement surpeuplé ? Comment, comment, comment ? Il nous faudra maintenant répondre à toutes ces questions…“
« Dans ta boîte à outils de première magistrate, patiemment garnie par tes prédécesseurs, tu disposes de quelques instruments pour apporter certaines réponses. Ces projets immobiliers sociaux, partagés avec tous les partenaires institutionnels de la Ville et validés par les citoyens, en font partie. »
« Celle de La Seyne-sur-Mer incarne pleinement la philosophie et l’ambition du programme des maisons “France Services” : accueillir et accompagner les citoyens pour leurs démarches du quotidien dans un lieu proche, accueillant et convivial. »
Ce n’est pas moi qui le dis. C’est l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT), c’est-à-dire l’institution publique chargée par l'État de promouvoir ces structures de proximité comme celle qu’on appelle communément chez nous la « Maison des Services ».
Notre « Maison France Services » de La Seyne est ainsi citée en exemple de réussite par l’État.
Or voilà qu’elle risque de disparaître. Ce serait une aberration d’une violence inouïe pour les 44.000 usagers qui bénéficient de ses services et en font la deuxième plus active des 2.538 Maisons France Services de France. Ce serait inacceptable. Comme serait intolérable la résignation qu'affiche la municipalité seynoise. À moins que ce ne soit un choix délibéré...
[Je préviens le lecteur que cet écrit est un peu long, mais je me dois de verser au débat qui s'est ouvert sur le devenir de la Maison France Services des éléments précis de l'histoire de cet équipement majeur dans notre environnement urbain.]
À LA GÉNÈSE, UNE MAISON DE LA JUSTICE ET DU DROIT VOULUE PAR L'ÉTAT
Notre Maison des Services a été fondée en 1999, sur sollicitation de l’État qui incitait depuis un an à l’implantation de Maisons de la Justice et du Droit, qui fut le premier des services de proximité rendu à nos concitoyens, assurant une présence judiciaire de proximité, concourant à la prévention de la délinquance, garantissant un accès au droit et favorisant les modes alternatifs de règlement des litiges du quotidien.
Échaudé par les initiatives de l’État qui promeut volontiers de nouveaux équipements en cofinançant leur création et les premières années de leur fonctionnement puis se désengage en laissant aux collectivités locales la charge d’assurer leur pérennité, j’avais, alors adjoint au maire chargé de la politique de la ville, un peu trainé les pieds. J'arguais que la Justice est une compétence régalienne que la Nation se doit d’assumer elle-même. Et je pressentais la difficulté financière qui aurait résulté pour la Ville d’un éventuel abandon de l’État au bout de quelques temps. Apporter une réponse nouvelle aux besoins de la population pour la voir ensuite disparaître aurait été pire que ne pas la créer.
Je pensais m'être trompé, et l'histoire me l'a longtemps prouvé, mais mes inquiétudes d'alors me rattrapent plus de vingt ans après.
UN GROUPEMENT POUR PORTER UN PROJET... D'INTÉRÊT PUBLIC
C’est pour rassurer la Ville que le préfet de l’époque a proposé que la structure nouvelle, appelée à élargir ses missions de service public au-delà de celle d'accès à la justice, soit gérée par un Groupement d’intérêt public (GIP) associant neuf partenaires, dont la Ville, le Département et l'office d'HLM, sous la “tutelle" de l'État représenté par le préfet comme "commissaire du gouvernement". Ce GIP fut créé le 26 avril 1999, il y a presque un quart de siècle (voir ICI).
Et c’est pourquoi, aujourd’hui, si chaque institution apportant ses services de proximité dans le cadre de notre Maison des Services les assure avec ses propres personnels, les cadres et agents assurant la direction, la coordination, la médiation et les services mutualisés sont salariés de ce GIP, garantie de leur pérennité donc de celle de l’ensemble des services rendus aux citoyens à la « Tour du Gère » au pied de laquelle elle est implantée.
SI C'EST D'INTÉRÊT PUBLIC, ÇA SE PROTÈGE ET SE DÉFEND BEC ET ONGLES !
Ce serait donc révoltant que les institutions qui ont présidé à la création de cette Maison des services publics que l’État lui-même qualifie de « véritable institution locale » [voir ICI] et la presse spécialisée « d'îlot d’espoir » [voir ICI] l’abandonnent en rase campagne à son triste sort.
Quant aux personnels du GIP, il est navrant qu'un maire-adjoint s'en tienne à quelques mots de résignation attestant à eux seuls du vil prix qu'il attache au service public et à ses acteurs, contractuels de droit public : « Parmi les employés dont nous comprenons le désarroi, l'un part à la retraite, les deux médiateurs numériques seront repris dans le cadre du label France Service [sic] financés par l"Etat [deux postes avec 30.000 euros annuels, ça m'étonnerait...]. Il reste en effet 4 employés [dont la directrice...] qui seront licenciés et nous ne pouvons que le regretter. C'est toujours une situation terrible à vivre. » Fermez le ban. Circulez. Traversez la rue, vous trouverez un autre job. ( * )
LA MAIRE ET SA MAJORITÉ OPPOSÉES AU SAUVETAGE DU SERVICE PUBLIC
Si l'on ne peut être que dépité à la lecture des écrits de ce maire-adjoint, on doit l'être encore plus du vote émis par le conseil municipal lors de sa séance du 28 mars dernier. Sur proposition du groupe des élus des gauches et de l'écologie, une motion a été soumise à l'assemblée communale, exposant la situation et demandant « que l'État soit saisi et que soit étudiée la pérennité de ce service public, fondamental sur le territoire et le quartier, pour accueillir et accompagner les citoyens pour leurs démarches du quotidien, dans un lieu proche, accueillant et convivial. ».
Les masques sont alors tombés. La position de la maire et de sa majorité est désormais claire, officielle et assumée. La première magistrate l'a exprimé en séance (à 7 mn 49 dans la vidéo en fin de cet article) : « Je vois des élus perdus [aurait-elle perçu que certains de sa majorité auraient eu envie de soutenir cette motion ?...]. Nous votons contre. C'est donc non ! »( * ). Et elle a été majoritairement suivie par ses 24 affidés tandis que, sur les 46 conseillers présents, 19 soutenaient l'initiative républicaine des 4 élus des gauches et de l'écologie et 2 s'abstenaient (voir ICI).
LE DOUBLE LANGAGE DE LA DROITE ET DE L'EXTRÊME-DROITE SEYNOISES
La municipalité seynoise révèle donc sa funeste et triste vision du service public de proximité. Elle révèle aussi son double langage assumé. Ainsi, une autre maire-adjointe affirmait-elle il y a moins d'un an : « Cette France Services est un impératif. Nous avons 45 % de taux de chômage, 65 % de familles monoparentales, une population vieillissante, des personnes en situation d’illettrisme, beaucoup d’habitants bénéficiaires du RSA, certains confrontés à des difficultés multiples de logement, de santé. A tout cela s’ajoute la fracture numérique, et ce sont des personnes que l’on retrouve ici [à la Maison des Services]. » (voir ICI, page 5 sur 7). Et celle-là a voté contre la motion de demande du maintien de la Maison des Services soumise au vote du conseil municipal...
L'équipe majoritaire de la droite municipale ne se distingue pas en matière de duplicité de la minorité d'extrême-droite du Rassemblement National qui s'est abstenue lors du vote de la motion alors que son chef de groupe publiait trois jours plus tard sur sa page facebook : « Les élus du Rassemblement National de La Seyne-sur-mer n’admettent pas la fermeture de la Maison des services publics synonyme de déni social. Ils ne veulent pas que la municipalité tourne le dos à l’accueil de 44 000 usagés [sic], dont 88% de Seynois chaque année. »( * )
UNE GRAVE RUPTURE AVEC LES POSITIONS RÉPUBLICAINES DE TOUS LES MAIRES DEPUIS 1999
Nous assistons là à une véritable rupture anti-républicaine des élus majoritaires d'aujourd'hui avec tous les prédécesseurs de l'actuelle maire.
Tous les édiles républicains, de droite comme de gauche, chez nous comme ailleurs, s'attachent à répondre aux besoins des populations en difficulté d'accès aux offres de services publics, soit du fait de leur éloignement géographique comme en milieu rural, soit par manque de maîtrise des codes administratifs, des outils numériques ou de la langue, nécessitant un accompagnement humain, comme c’est le cas pour beaucoup de résidents des quartiers populaires urbains fragiles.
Jusqu'en 2020, La Seyne n'échappait pas à la règle. Les trois prédécesseurs de la maire ont eu à cœur de placer l'accès aux services publics et au Droit au centre des grands programmes qu'ils ont construits avec l'État et d'autres institutions publiques pour réduire les effets des fractures urbaines, sociales et économiques dont sont victimes beaucoup de leurs administrés, principalement ceux des quartiers prioritaires de la politique de la ville (Berthe, le centre-ville et les résidences d'HLM réparties sur la commune).
LA "MAISON DES SERVICES", OUTIL DE RÉDUCTION DES FRACTURES SOCIALES
J'en veux pour preuve le "Contrat de Ville 2000-2006" (voir ICI) signé entre Maurice Paul, maire de gauche (PCF) de la commune, l'État et d'autres partenaires, qui fixait parmi les objectifs prioritaires « l'égalité devant le service public et l'accessibilité à des services urbains généralisés » (priorité de l'État, page 5 sur 42), « faciliter l'accès aux services publics » (priorité de la Région, même page), l'« amélioration des services publics, (création de services, accès facilité, plateforme multi-services...) » (priorité du Département, page 7 sur 42), l'offre « à tous les habitants des services collectifs qui leurs sont nécessaires »,« soutenir la Maison des Services » (priorités de la Commune, pages 7 et 12 sur 42), mais aussi « promouvoir l’accès au droit en s’appuyant sur la Maison de Justice et du Droit et sur le Conseil Départemental d’Accès au Droit », « faciliter le regroupement et/ou la coordination en un même lieu de toutes les structures qui traitent de l’économie et de l’emploi », « développer la formation des agents d’accueil à la réception des personnes en grande difficulté (aptitude à poser un diagnostic de situation, problématiques de discrimination, d’illettrisme...) - renforcer le pôle emploi/insertion de la Maison des Services » (priorités partagées, pages 13, 15 et 16 sur 42), etc.
Les dispositifs suivants, signés par les successeurs de Maurice Paul et du préfet de l'époque, ont confirmé ces orientations... et les ont élargies à une volonté d'utiliser la Maison des Services et son environnement pour changer l'image du quartier en ouvrant ses fonctionnalités sociales et urbaines au reste de la ville et de l'agglomération...
LA "MAISON DES SERVICES" ET LA "PLACE DES SERVICES", OUTILS DE RÉDUCTION DES FRACTURES TERRITORIALES
Ainsi, le "Contrat Urbain de Cohésion Sociale 2007-2009 (CUCS), reconductible jusqu'en 2012" (voir ICI) et la "Convention du programme national de rénovation urbaine 2005-2009 (PRU)" (voir ICI) signés entre Arthur Paecht, maire de droite (UMP), l'État, la Région, l'office d'HLM et d'autres partenaires, confortent les objectifs précédents, sont définis comme « le prolongement du Contrat de Ville » et ajoutent la volonté des divers signataires « au travers de projets structurants, de soutenir la dynamique de développement des quartiers, leur ouverture vers l’extérieur, leur intégration dans la ville, et l’émergence de représentations positives parmi la population. » (page 4 sur 58 du CUCS).
La Maison des services, la Place des services et les projets structurants d'équipements publics de leur environnement immédiat prévus puis réalisés (création de la médiathèque Andrée-Chedid, rénovations des écoles et du centre social Nelson-Mandela, création de la crèche du Petit Monde) sont considérés dans le PRU comme moyens, pour l'ensemble des habitants de la commune, « d'avoir accès à des services publics, de bénéficier des mêmes moyens de développement social et culturel, d'éprouver le sentiment d'appartenir à une même ville équilibrée » (page 33 sur 42 du PRU).
Enfin, les sept avenants à la convention de PRU que j'ai signés comme successeur d'Arthur Paecht entre 2009 et 2015 ont confirmé ces orientations d'ouverture du quartier Berthe à son environnement urbain et métropolitain.
LA "MAISON DES SERVICES" A POSITIVEMENT ET DURABLEMENT MODIFIÉ LA REPRÉSENTATION DU QUARTIER
De fait, grâce à la continuité républicaine qui s'est exercée durant deux décennies sur cette partie du territoire, et malgré les freins à l'effort de changement d'image qu'a représenté la cristallisation aux abords de la "Tour du Gère" qui domine la Maison des services d'un important trafic de drogue m'ayant conduit à reloger ses habitants et la murer, les résultats sont au rendez-vous. Un ministre chargé de la Ville, en visite sur place, a ainsi relevé « la modification positive que la Maison des Services et la Médiathèque ont apportée à la représentation que les habitants des autres quartiers ont du quartier Berthe et, en retour, le regain de fierté des résidents sur leur environnement de vie et donc sur eux-mêmes. »
Sur environ 45.000 visites annuelles d'usagers à la Maison des Services, ce qui en fait la deuxième plus importante de France par sa fréquentation, 12 % ne sont en effet pas celles d'habitants du quartier. Sans elle, peut-être ces Seynois d'autres quartiers et résidents des communes voisines n'auraient-ils jamais franchi les murs virtuels du quartier-ghetto qu'ils se représentaient. Cette fonction collatérale de requalification urbaine de notre Maison des Services est indispensable.
C'EST LÀ OÙ ILS SONT, EN UN LIEU UNIQUE, QUE DOIVENT ÊTRE SAUVEGARDÉS ET PÉRENNISÉS LES SERVICES RENDUS, PAS EN DÉMANTELANT L'ÉDIFICE !
C'est pourquoi, sauf à vouloir prendre le risque d'aggraver la fracture de la société seynoise et métropolitaine, déjà prégnante par les écarts économiques et l'histoire de l'incohérence territoriale, l'avenir de la Maison des Services est un enjeu structurant qui va bien au-delà de l'offre de réponses aux besoins sociaux de la population de son environnement immédiat.
Les pistes qui émergent au compte-goutte de l'indicible flou dans lequel la municipalité maintient les usagers et les personnels de la Maison des Services ne sont en rien satisfaisantes. Examinons les perspectives retenues, telles qu'exposées lors de la réunion du conseil municipal du 28 mars et confirmées par le maire-adjoint chargé de la politique de la ville sur sa page facebook...
>« L'accompagnement numérique va être installé à quelques pas dans le nouveau bureau de la tranquillité publique place Adjedj » : c'est un triple non-sens, attestant d'une méconnaissance totale des places et rôles respectifs des services et de leurs agents. D'abord, le fait même d'avoir installé un « bureau de la tranquillité publique » porté par la police municipale à Berthe est en contradiction avec la répartition territoriale convenue avec l'État dans le cadre de la convention de coopération entre les polices nationale et communale ; c'est ce qui avait justifié l'implantation du commissariat au quartier Saint-Jean en 2004, à proximité immédiate de Berthe. Ensuite, quand bien même la Ville aurait opté pour faire du zèle en élargissant le terrain d'intervention de ses agents, un poste de police n'est pas un espace de médiation. Enfin, et surtout, le rôle des médiateurs numériques n'est pas d'être animateurs d'un club d'informatique, mais d'être en appui des usagers des autres services qui nécessitent une maîtrise des outils informatiques et d'Internet : ils ne peuvent être positionnés que là où sont les autres services, c'est-à-dire au sein même de la Maison des Services. Cette aberration à elle seule est de nature à faire perdre le label d'État France Services.
>« La Maison du Droit et de la Justice, destinée à l'ensemble des Seynois, et pas uniquement aux habitants de Berthe, va être relocalisée à l'espace Hermes » : autre non-sens. Le ministère de la Justice précise en effet que ces "MJD" sont « des structures décentralisées mises en place principalement dans les quartiers populaires des grandes agglomérations », afin de « rapprocher la justice quotidienne des citoyens qui y ont difficilement accès » en permettant un « partenariat entre magistrats, associations et travailleurs sociaux ». Le site entre les quartiers Daniel, La Corderie et Tortel où est implanté l'Espace Hermès et cet espace lui-même ne correspondent en rien à l'objectif et n'est pas dans le périmètre d'un de nos deux quartiers populaires prioritaires. Et, surtout, s'il est exact que notre MJD est destinée à tous les Seynois, ce sont malheureusement très majoritairement les habitants de Berthe qui, vivant dans l'environnement le plus compliqué de la commune en matière d'incivilités et d'insécurité, ont besoin des services de la MJD. Enfin, cette relocalisation ferait perdre une bonne part des atouts qu'elle représente pour l'ouverture positive du quartier Berthe par une offre de service qui n'existe pas ailleurs dans la ville.
>« Les associations liées à l'emploi et à l'insertion professionnelle vont être installées au rez-de-chaussée de Berthe C à côté du bureau de la tranquillité publique ». En prévoyant un troisième lieu, en plus du Bureau de la tranquillité publique et l'Espace Hermès, on parachèverait un démantèlement et une balkanisation de notre Maison des Services, dont l'intérêt réside précisément dans l'unicité d'espace d'un ensemble de services, permettant la mutualisation des moyens humains et logistiques et la médiation pour les gens en difficulté, l'échange entre opérateurs sociaux, les passerelles entre services offertes aux usagers qui sont souvent en rupture avec plusieurs codes administratifs et ont besoin d'un accompagnement global.
> Le fait que l'espace soit « très vétuste et dégradé du fait d'infiltrations d'eau » est l'ultime argument avancé par la municipalité pour justifier son choix de démembrement. Comme dit l'adage, « quand on veut tuer son chien, on l'accuse de la rage ». Qu'on ne fasse croire à personne que les services de la protection maternelle et infantile (PMI) ont accepté d'assurer leurs consultations de jeunes enfants dans un taudis. Ni que l'office d'HLM Toulon Habitat Méditerranée (THM), propriétaire des lieux en ayant pris le relais par absorption de l'ancien office seynois Terres du Sud Habitat (TSH), signataire de toutes les conventions évoquées d'accompagnement social et de rénovation urbaine, qui a assuré les travaux de changement d'usage dans le cadre de la rénovation du quartier ainsi que l'entretien et les réparations, y compris lourdes après l'incendie de 2019, n'est pas en capacité d'effectuer des réfections de plomberie, de plâtrerie et de peinture !
LA "MAISON FRANCE SERVICES" DANS SON ENTIÈRETÉ, DANS SA "MAISON DES SERVICES", DANS SON QUARTIER, DANS SA VILLE ! ET RIEN D'AUTRE !
Il n'est d'autre solution que la pérennité de la Maison des Services, avec toutes les institutions publiques qui ont présidé à sa création et son essor, avec tous les partenaires publics et associatifs qui la font vivre, avec toutes ses offres aux citoyens, avec tous ses personnels, avec toutes les ressources financières et logistiques nécessaires.
Les usagers et les habitants – et pas seulement ceux du quartier Berthe – peuvent et doivent se mobiliser. Ils peuvent notamment signer en nombre la pétition mise en ligne.
La Ville peut et doit revenir sur sa décision.
Les partenaires (Département, Caisse d'allocations familiales, office d'HLM, etc.) qui ont voulu la création de cet outil remarquable peuvent et doivent se remobiliser pour sa survie.
Les institutions qui ont porté les grands contrats territoriaux pluriannuels pour l'accompagnement social, la rénovation et la redynamisation de nos quartiers urbains populaires vulnérables peuvent et doivent s'engager pour sa pérennité. Le quartier Berthe et La Seyne ont bénéficié d'un investissement financier exceptionnel depuis les opérations Habitat et Vie Sociale de la fin des années '70. Ils ont droit, comme la loi et le règlement de l'Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU) le stipulent, à un accompagnement durable pour que les effets de quatre décennies de politiques publiques ne soient pas réduits à néant par l'usure et l'abandon. C'est l'objet du très officiel plan stratégique local (PSL) convenu entre la Ville et l'État qui doit être activé pour cet enjeu capital.
Et l'État doit jouer pleinement son rôle d'activateur. La boucle ne peut être bouclée. Il fut à la genèse du premier service de proximité déployé, la Maison de la Justice et du Droit. Il ne peut pas assister bras croisés au Big Crunch, l'effondrement terminal, d'un instrument qu'il reconnaît lui-même comme étant d'exception. Son devoir est à la (re)mobilisation des institutions fondatrices et celles qui ont rejoint la belle aventure. Il ne doit pas s'interdire de taper du poing sur la table.
C'est son devoir de régulateur qui doit garantir que, quel que soit le moindre recoin de France, la République est constitutionnellement une et indivisible. Tous les résidents de France – et même ceux qui ne font qu'y passer – ont droit à un même accès égalitaire aux services publics.
Dommage que nous ne disposions pas, dans la batterie de nos institutions, d'une Cour de justice d'équité territoriale...
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( * ) : les remarques entre crochets insérées dans les citations du maire-adjoint – sur sa page facebook le 26 mars 2023 –, de la maire – lors de la réunion du conseil municipal du 28 mars 2023 – et du chef du groupe du RN– sur sa page facebook le 31 mars 2023 – sont de moi.
Dans l'imposant rassemblement contre la réforme des retraites qui s'est tenu à Toulon ce samedi, j'ai croisé les quatre élus municipaux des gauches et de l'écologie. Ils étaient à leur place, parmi des milliers de Seynois et Varois, qu'ils fussent en activité, ou jeunes en devenir, ou retraités, chômeurs, ouvriers, employés, cadres, techniciens, salariés du public et du privé, et aussi plusieurs chefs d'entreprises de chez nous. Lorsque le peuple est agressé, la place de ses représentants élus doit être à ses côtés. Du moins, quand on donne un minimum de sens au mot "démocratie"...
En revanche, je n'ai croisé ni la maire de La Seyne, ni aucun de ses colistiers, qu'ils lui soient restés fidèles ou qu'ils soient aujourd'hui dans son opposition, ni aucun de ceux qui, après l'avoir combattue, sont venus renforcer sa majorité, ni aucun des élus de l'extrême-droite seynoise et du groupe des "Indépendants". Mais ça ne veut pas dire qu'ils n'y étaient pas. Car nous étions très, très, très nombreux...
En coupant la poire en deux entre les annonces de la police et celles des syndicats, ça a fait tout de même 15.000 manifestants. Avec une telle foule, on ne peut pas voir tout le monde. Ceux que j'ai crus absents et qui y étaient pourtant me pardonneront. Et, s'ils me le font savoir, je présenterai mes excuses et rectifierai sur ce blog en affirmant leur présence.
EN 2011-2012, TOUTES LES SENSIBILITÉS POLITIQUES LOCALES DÉFENDAIENT LA MATERNITÉ DE L'OUEST-VAR
Lorsque, en 2011, il s'est agi de nous battre contre le projet du gouvernement de droite de fermeture de notre maternité publique de l'Ouest-Var, celle où naissaient le plus d'enfants de tout le département (1500 par an), nous étions côte à côte avec plusieurs de mes collègues maires de communes voisines, pourtant de même sensibilité conservatrice et libérale que le gouvernement d'alors, pour tenter de le faire plier.
En 2012, quand la ministre socialiste de la Santé s'est exonérée des engagements pris par François Hollande, devenu Président de la République, affirmant devant la presse et nos concitoyens avant son élection que, lui Président, « il y aurait toujours des accouchements » dans notre hôpital George-Sand, nous n'avons pas changé d'avis : mes collègues maires de droite, désormais dans l'opposition à la majorité nationale, et les élus de notre équipe, qui étions alors supposés soutenir le nouveau gouvernement de gauche, avons continué à nous bagarrer contre celui-ci jusqu'à l'extrême limite pour essayer de sauvegarder un service public essentiel. Arthur Paecht, mon prédécesseur de droite, était avec moi pour remettre aux collaborateurs de la funeste ministre de la Santé d'alors les 22.000 signatures de nos concitoyens plaidant pour le maintien notre maternité. C'était ça, l'esprit issu de la Résistance.
Seynoises et Seynois, vous êtes de sept à huit sur dix à contester l'abjecte réforme du système de retraite que le libéralisme nous promet. Pardonnez-moi l'expression, mais ça aurait "eu de la gueule" que tous vos élus locaux, quelles que soient leurs familles politiques, vous accompagnent ce samedi pour crier votre détermination à refuser l'indicible. C'est ça, aussi, être un(e) élu(e) local(e). Hélas, seuls les socialistes, communistes et écologistes sont toujours à vos côtés.
NE BAISSONS PAS LES BRAS, DURCISSONS LE MOUVEMENT
Mais, Seynoises et Seynois, même si vous vous sentez abandonnés par une partie de vos représentants communaux, y compris par certains ayant donné à croire qu'ils étaient écologistes ou de gauche, ne vous résignez pas. Et, si, malgré l'ampleur du mouvement, l'État et son gouvernement continuent à faire la sourde oreille et à refuser le retrait de leur indicible projet de réforme, et si les organisations syndicales, les collectifs de lycéens et d'étudiants, et les organisations solidaires, nous appellent à poursuivre et durcir le mouvement jusqu'au blocage économique du pays pour préserver ce qui nous est dû, gagné par nos anciens autour d'Ambroise Croizat, ministre communiste de De Gaulle au sortir de la guerre mondiale, nous devrons être au rendez-vous du combat.
C'est le moins que nous devons aux mémoires de ceux qui ont gravé dans le marbre de notre République les voies de la fraternité. À ceux qui, après des décennies de labeur, presque en âge de faire valoir leurs droits, craignent de voir leur horizon repoussé. Et à nos jeunes qui ont droit à un avenir.
ET SOUTENONS LES GRÉVISTES...
Nous sommes nombreux à prendre part aux manifestations. Mais certains salariés, surtout de très petites entreprises, ne le peuvent pas facilement. Des retraités usés par les ans, des personnes fragiles, ne le peuvent pas non plus. Beaucoup aussi, aux revenus très faibles, hésitent à perdre une journée de salaire en faisant grève.
Ceux qui disposent de ressources suffisantes peuvent en revanche aider les grévistes en versant une contribution volontaire aux "caisses de grève" mises en place par les syndicats pour compenser les pertes de salaire des travailleurs les plus modestes engagés dans l'action et perdant donc une part de leurs salaires.
Pour cela, par exemple et parmi d'autres initiatives, la France Insoumise organise le #GrevEvent que j'invite à découvrir en cliquant sur l'image ci-dessous...
Mensonges sur une supposée urgence à rétablir les comptes du système de retraite, mensonges sur une pension minimale prétendument promise à 1200 euros, mensonges sur une pseudo prise en compte de la pénibilité, mensonges sur l'espérance de vie, mensonges, mensonges, mensonges !
Amis Seynois, la très grande majorité des Françaises et Français est lucide face aux affirmations fallacieuses des bonimenteurs, du Président de la République et son Gouvernement jusqu'aux parlementaires de la droite, autour de leur très réactionnaire chef M. Ciotti, qui se frottent les mains de voir à la manœuvre les soi-disant tenants du « ni droite, ni gauche » pour tenter de réaliser ce qu'eux-mêmes n'ont pas osé entreprendre en 2010 lors de la réforme Woerth sous le gouvernement Fillon-Sarkozy.
Oui, toutes les enquêtes d'opinion l'indiquent : de 65 à 80 % de nos concitoyens sont hostiles à cette réforme qui va démanteler l'édifice solidaire et fraternel qu'ont bâti nos anciens au temps du Conseil National de la Résistance.
Demain, samedi 11 février, à 10 heures 30, soyons des milliers de Seynoises et Seynois à Toulon, sur la place de la Liberté. Nous le devons notamment aux plus jeunes d'entre nous.
UNE TRÈS GRANDE MAJORITÉ DE FRANÇAIS OPPOSÉE À LA RÉFORME
Malgré le scandaleux matraquage de désinformation et de mensonges d'État que nombre de médias s'emploient à relayer à longueur de journée, vous connaissez l'enjeu et vous avez certainement pris connaissance des analyses de tous ceux, des plus modérés aux plus radicaux, qui sont hostiles à cette très dangereuse réforme.
Mais je me dois de vous livrer tout de même la position arrêtée par mon parti, la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS), qui, comme toutes les organisations des socio-démocrates, socialistes, communistes, écologistes et insoumis, invite les Françaises et Français, quelles que soient leurs opinions, à renforcer la démarche salutaire de prévention du pire engagée par l'ensemble des syndicats de salariés et des organisations de jeunesse des lycéens et des étudiants.
Prenez-en connaissance en cliquant sur les images de nos documents pour les agrandir.
LE SAMEDI, CHACUN PEUT VENIR RENFORCER LE MOUVEMENT
Le samedi, c'est possible pour presque tous de prendre part à un rassemblement. Si nous ne faisons pas effort maintenant, alors que le projet de loi est en débat à l'Assemblée Nationale, tous ceux nés après 1960 et les générations à venir vont subir de plein fouet les décisions guidées par seuls intérêts du monde de la grande finance.
Le gouvernement ne dispose pas d'une majorité absolue. Il peut reculer... s'il prend enfin conscience du refus catégorique de notre peuple.
Seynoises et Seynois, portons demain plus nombreux que jamais la voix de notre ville aussi belle que rebelle, fière d'avoir su se battre pour défendre la République au point de s'être vu décerner la Croix de Guerre pour avoir « résisté aux exigences de l'ennemi ». L'ennemi, aujourd'hui, c'est la classe mondiale des dominants qui font de l'argent sur l'argent et la crise internationale, toujours en campagne sans scrupule pour écraser le peuple, des plus humbles de nos concitoyens aux patrons des moyennes, voire grandes, entreprises qui savent, eux, ce que représente la valeur du travail et de la solidarité par la cotisation sociale partagée.