24 février 2025 1 24 /02 /février /2025 17:01

 

« On entre en mairie, on engage la révision du Plan local d'urbanisme. Stop au béton ! »

 

Ça, c'est, quatre mois avant son élection, une déclaration de celle qui allait devenir maire en juillet 2020 , rapportée par Var-matin qui lui demandait quelle allait être sa première décision si elle était élue.

 

Fort heureusement, surtout pour les 3000 foyers seynois qui attendent désespérément un logement, ces choses-là ne se font pas d'un claquement de doigts. Et en tous cas pas contre la Loi.

 

Revue de détail de la "réformette" de l'urbanisme seynois qui n'a fait l'objet que d'un simulacre de concertation et qui est soumise à enquête publique jusqu'à la mi-mars avant son adoption par le conseil métropolitain...

 

 

UNE CONCERTATION RÉDUITE AU MINIMUM RÈGLEMENTAIRE

 

Dans un monde démocratique, une évolution d'un plan local d'urbanisme (PLU) suppose une vraie concertation avec la population. Il avait ainsi fallu près de deux ans de réunions tous azimuts avant de soumettre à enquête publique le projet de révision du PLU de 2010. La modification avait du coup été votée à l'unanimité par le conseil municipal.

 

Il est probable que, la Ville n'ayant pas demandé à la Métropole, compétente en matière d'urbanisme, de mettre en place suffisamment de temps et d'espaces d'échanges, la modification n°5 du PLU seynois, en cours d'enquête publique de mi-février à mi-mars, entrainera des incompréhensions, des frustrations ou des oppositions. À moins que la municipalité ait considéré qu'il n'y a pas lieu de se concerter avec ses habitants, tant, à deux près, les modifications proposées sont anecdotiques et s'inscrivent, à quelques adaptations près, dans les orientations du PLU révisé en 2019 par l'équipe municipale précédente.

 

 

RÉPONDRE AUX EXIGENCES ÉGOÏSTES DES BIEN LOGÉS OU RECHERCHER L'HARMONIE ?

 

On est en effet bien loin des promesses de "stop au béton" de 2020. On ne fait qu'adapter à la marge les orientations d'urbanisme. Sauf pour Costechaude et Les Esplageolles. En ce sens, seuls s'en plaindront ceux qui sont arcboutés sur une obsession de refuser tout nouveau logement... surtout s'il est social et proche de chez eux.

 

La disparition des Orientations d'aménagement et de programmation (OAP) de Costechaude s'appuie sur la décision du tribunal administratif de Toulon qui n'a ordonné leur suppression que parce que la desserte routière a été jugée insuffisante : « les requérants sont fondés à soutenir qu’une urbanisation immédiate de la zone de Coste Chaude ne s’inscrit pas en cohérence avec l’orientation du PADD qui prévoit de conditionner ce développement de l’urbanisation par l’amélioration des conditions de desserte. » Les autres arguments démagogiques développés par l'équipe municipale alors candidate à l'élection sont donc caducs et on pourrait y revenir lorsque le chemin de Mauvèou aura été recalibré. Sauf que le site serait désormais classé en zone agricole. Prétexte habile pour éviter à l'avenir la diversification sociale de l'habitat...

 

Mais rien n'est joué et rien n'interdit à nos concitoyens soucieux de conjuguer avec harmonie une réponse aux besoins de logement et une démarche environnementale ou agricole de faire valoir leurs avis auprès de la commissaire enquêtrice. Entre l'OAP de 2019 et le zonage agricole, il peut y avoir un moyen terme. C'est ce que j'ai moi-même plaidé en écrivant à la commissaire-enquêtrice chargée de recueillir les avis quant à cette évolution du PLU seynois (voir mon avis EN CLIQUANT ICI).

 

 

DES PROMESSES INTENABLES HEUREUSEMENT NON TENUES

 

Costechaude est en effet le seul site du sud de la commune où il est possible de répondre un peu aux besoins de logement de tous standings. Les autres OAPs, confirmées ou créées, toutes situées au nord de la ville, ne font que confirmer les vocations à l'urbanisation des espaces, ce qui ne ravira certes pas leurs voisinages qui ont pu croire aux engagements impossibles à tenir à Moneiret, Gai Versant, La Muraillette, Bois Sacré, etc, mais permettra de produire de l'habitat et des activités comme c'est nécessaire.

 

Quant au centre ancien, le retrait de l'OAP du quartier Beaussier (Calmette & Guérin) confirme le renoncement de la commune à la création de logements neufs, dont au moins 35% de sociaux, de typologies adaptées aux besoins des familles, privilégiant une majorité de T3 ou plus, dans une démarche globale et cohérente, absolue nécessité au regard de l'offre de trop petits logements de la vieille ville, souvent insalubres ou indécents, et de la nécessité de mixité sociale dans ce quartier fragile.

 

Enfin, la disparition de l'OAP des Esplageolles questionne. Nul ne peut en effet croire que la raison en serait un projet de « réalisation d'une passerelle d'évitement du port » dont tous les experts estiment que c'est une chimère. La commune doit expliquer ce qu'elle a derrière la tête sur cet espace urbanisable d'entrée du cœur de ville, là où étaient envisagés des activités tertiaires comme une maison médicale et du stationnement en étages. Là encore, jugeant que, quand il y du flou, il y a un loup, j'ai fait connaître mon avis à la commissaire-enquêtrice.

 

 

LA SÉGRÉGATION SPATIALE AGGRAVÉE

 

C'était juré, on allait voir ce qu'on allait voir dès le lendemain de l'élection de 2020 ! Et on accouchera finalement, presque six ans plus tard, d'une réformette de l'urbanisation seynoise. Sur les 2500 hectares de la commune, on perd 3 hectares de zones urbanisables et on en gagne autant en zones agricole ou naturelle. On ne dira pas que c'est de la mauvaise volonté de la municipalité, mais l'essentiel avait été fait avec les évolutions du PLU de 2010, 2015 et 2019. Les chiffres ci-dessous parlent d'eux-mêmes. Après avoir vendu du rêve, la municipalité d'aujourd'hui aura fait ce qu'elle aura pu faire, comme celle qui l'a précédée et s'inscrivant dans ses pas...
 
 

Entre 2008 et 2020

Equipe Vuillemot

En hectares

Entre 2020 et 2025

Equipe Bicais

+ 8 % ESPACES NATURELS – 1 %
+ 40 % TERRES AGRICOLES + 25 %
– 65 % SURFACES D'ULTRA-URBANISATION [UA] – 2 %
– 78 % SITES D'URBANISATION FUTURE [AU] – 48 %

 

Mais le peu qu'elle aura pu réaliser, ça aura été en fragilisant les possibilités de progression de la mixité sociale en centre ville et en confortant la ségrégation spatiale d'une ville où le sud est résidentiel et le centre et le nord concentrent déjà, et concentreront encore plus demain, les populations les plus fragiles, sans pour autant disposer des moyens de résoudre significativement le problème de l'accès au logement pour tous.

 

Et on continuera à payer l'amende que l'État nous inflige pour non conformité avec la Loi imposant 25% de logements sociaux. Mais quelques privilégiés auront des légumes de qualité en circuit court.

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