Le jour même où le premier adjoint de La Seyne faisait distribuer son bulletin de va-t-en-guerre-civile dans les boîtes aux lettres de nos concitoyens, une autre édile d'une commune populaire à la population vulnérable, de la même sensibilité politique que lui, exposait sur une chaine nationale tout le contraire de ce que notre élu seynois décline dans sa publication.
Elle, au moins, pointe la juste cause des risques de ce qu'on qualifie aujourd'hui de « séparatisme ». Pour elle, que M. Colin aurait du mal à traiter de « gauchiste », ce ne sont ni les habitants qui sont intrinsèquement fautifs et mauvais, ni les associations qui constituent une « cinquième colonne » au service d'une idéologie nauséabonde, ni les élus qui sont laxistes pour des raisons démagogiques ou électoralistes. C'est l'État républicain qui n'est pas à la hauteur de sa mission, dans un contexte de crise dont nos habitants sont gravement victimes et où il a obligation de les protéger, et de garantir leur émancipation sociale, professionnelle et culturelle.
Mon amie Catherine Arenou est maire de Chanteloup-les-Vignes, dans la banlieue parisienne. Elle n'est pas de ma sensibilité politique (ancienne LR, aujourd'hui Divers Droite). Je ne suis pas toujours d'accord sur tout avec elle mais, confrontés à des difficultés similaires, nous avons œuvré ensemble, et avec des centaines d'autres maires de toutes opinions, pour plaider la cause de nos habitants fragiles, dans le cadre notamment de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France dont elle est toujours première vice-présidente et dont j'étais président.
La maire de La Seyne, dont je prends acte que, suite à l'interpellation des élus de la minorité municipale des gauches et de l'écologie, elle « se désolidarise » de son premier adjoint – mais est-ce suffisant au regard de la gravité des propos de ce dernier ?... –, pourrait d'ailleurs s'inspirer de ces élus des villes populaires pour lesquels échanger entre eux, coopérer pour rechercher des solutions, interpeller l'État et exiger de lui la bienveillance qu'il doit aux cinq millions de miséreux qui vivent dans nos cités et nos centres-villes dégradés, n'est pas du temps perdu.
La Seyne et notre métropole sont adhérentes de cette association d'élus courageux. Leurs édiles y ont toute leur place pour apporter leur pierre à la réflexion partagée et ajouter leur poids aux efforts de conviction pour secouer un État qui abandonne 10% de ses citoyens. Seront-ils présents, ceints de leurs écharpes tricolores, avec leurs collègues de droite et de gauche, venus de toute la France au rassemblement de maires et d'associations organisé jeudi prochain, 17 décembre, devant l'Assemblée Nationale, et aux autres temps prévus pour exiger du gouvernement qu'il assume ses responsabilités fraternelles et égalitaires ?...
Mais je laisse les visiteurs de mon blog écouter la maire de Chanteloup-les-Vignes, dont, pour ce qui me concerne, je ne partage pas tout le propos, mais dont j'approuve l'essentiel...
Ainsi que je l'évoquais ces jours derniers dans un article de ce blog, plusieurs centaines d'élus locaux et intercommunaux ont alerté par une « lettre ouverte » le Président de la République sur l'aggravation exponentielle de la situation sociale et économique que connaissent les habitants des quartiers populaires urbains fragiles.
Écoutés ce lundi en visioconférence par le Premier Ministre et quatre ministres, neuf de ces maires ont reçu l'assurance que leurs inquiétudes sont partagées par le gouvernement et qu'une partie des mesures qu'ils réclament depuis des mois seront mises en œuvre. Il reste à obtenir les autres et, en premier lieu, à concrétiser les promesses qui, de ce que m'en ont dit certains de ces élus, laissent tout de même apparaître beaucoup de flou.
Mais c'est déjà un pas. Les associations et les habitants de nos quartiers seynois de Berthe et du centre ancien pourront peut-être entrevoir une lueur d'espoir. Les élus de la municipalité seynoise sûrement aussi. Et, parce que l'union fait la force, se joindre aux autres élus, de tous bords, qui vont continuer à pousser et à veiller au grain quant au respect des engagements de l'État...
« LES PROMESSES NE VALENT QUE SI ELLES SONT TENUES »
Il y a eu quelques annonces à l'issue de cette réunion à distance. Mais, comme le formulait mon ami Philippe Rio, maire de Grigny, « les promesses ne valent que si elles sont tenues ». Ainsi, il reste à voir si les moyens financiers nouveaux annoncés ne seront pas, comme trop souvent, des crédits qui existent déjà et dont on modifie habilement le libellé, par effet d'annonce, pour donner à penser qu'il viennent s'ajouter comme des mesures nouvelles...
Il en ne faudrait pas qu'il en soit ainsi de l'accord que les maires ont obtenu pour que 1% des 100 milliards d'euros du plan de relance soient explicitement dédiés aux quartiers populaires en difficulté. Que l'État ne s'amuse pas à prendre les élus territoriaux pour des benêts en labellisant « 1% quartiers prioritaires » le financement d'un tronçon de voie routière, prévu par ailleurs, au prétexte que celle-ci traverse un site urbain fragile ! Ce sont de réels programmes spécifiques, centrés sur les quartiers, le renouvellement et la rénovation urbains, favorisant l'insertion professionnelle des résidents, qui doivent être appuyés par cet apport d'un milliard d'euros.
DES ENGAGEMENTS, MAIS PAS À LA HAUTEUR DES ENJEUX
Nul ne se plaindra, par ailleurs, des autres annonces. Mais elles demeurent très insuffisantes. Depuis 2018, par exemple, les élus réclament le retour aux « emplois aidés » sous une forme similaire à celle que l'on connaissait avant que l'actuel gouvernement ne les réforme, avec une aide financière significative de l'État à la couverture des salaires et cotisations, et non l'aumône de 2500 à 5000 euros annuels accordée aux employeurs acceptant de créer des « emplois francs » dont l'échec est patent.
Or c'est une toute petite demi-mesure que la ministre du Travail a annoncée à l'issue de l'échange. Certes, il est bien que l'État s'engage à porter à 80% le coût de ces « emplois aidés » qui semblent retrouver les faveurs du gouvernement, que les collectivités locales et les associations puissent enfin en bénéficier à nouveau lorsqu'ils étaient réservés aux employeurs du secteur marchand, et que leur nombre soit doublé. Mais ce « doublement » fera simplement passer de 12.000 à 24.000 postes les possibilités d'emploi, très très loin des 200.000 réclamés car nécessaires avant la crise, et aujourd'hui beaucoup plus au regard de l'aggravation exponentielle du chômage de nos habitants précaires.
POURSUIVRE LA PLAIDOIRIE POUR LES PLUS PAUVRES EST UN DEVOIR DE TOUS LES RÉPUBLICAINS
La vigilance et le maintien de la pression revendicative doivent donc demeurer à l'ordre du jour. Les élus se sont donné rendez-vous à Roubaix à la mi-décembre, pour faire le point et faire vivre, sans l'appui de l'État qui en a hélas refusé le principe, le « conseil national des solutions » qu'ils réclamaient, afin de changer de méthode et suivre l'exécution du programme.
Et je dois pour conclure nuancer mon propos sur les élus seynois dont je regrettais qu'ils ne se soient pas joints au mouvement national d'élus territoriaux de toutes sensibilités qui ont tiré la sonnette d'alarme pour les quartiers sensibles. Quatre d'entre eux, l'écologiste Cécile Jourda, les socialistes Olivier Andrau et Bouchra Réano, et le communiste Anthony Civettini, ont bel et bien signé la « lettre ouverte » qui a conduit à la rencontre de ce lundi. Au-delà des divergences, c'est tout le conseil municipal de La Seyne, ville la plus pauvre du département, ou au moins ses composantes républicaines, qui serait bien inspiré de rejoindre le mouvement...
Heureusement, il y a Gaël Fickou, notre enfant du pays...
Confrontés à une triple crise sanitaire, économique, sociale (et psychosociale), à laquelle n'échappent que les richissimes actionnaires de l'économie numérisée – et de laquelle, bien au contraire, ceux-ci font leurs choux gras –, nos habitants, de toutes catégories sociales, subissent de plein fouet la situation tragique du moment.
Quand les gouvernants libéraux y répondent par une gestion chaotique, voire en profitant du contexte traumatisant d'abomination terroriste pour restreindre les libertés publiques, surfant sur la peur et jouant de l'infantilisation culpabilisante, il est du devoir de ceux qui incarnent les territoires de hausser le ton pour exiger de l'État la protection due aux plus fragiles de leurs concitoyens. Dans toute la France, les édiles et personnalités locales s'y emploient. Des centaines d'élus et responsables de la société civile des territoires au bord de l'explosion sociale interpellent l'État.
Mais il n'est hélas qu'une seule voix qui s'élève depuis La Seyne. Celle de Gaël Fickou, enfant de chez nous, international de rugby, coprésident de notre club local, qui n'a pas hésité à être dans les tout premiers signataires d'une tribune d'alerte publiée par le journal « L'équipe »...
ALERTE À L'AUTRE VIRUS : CELUI DU DÉCROCHAGE DE LA RÉPUBLIQUE !
C'est un S.O.S. sur la situation des acteurs sociaux et sportifs de terrain, délaissés par les institutions publiques nationales alors qu'ils luttent par une forme d'éducation active contre les dérives possibles des plus abandonnés et vulnérables, qui est lancé par notre Seynois de renom, avec de nombreux autres responsables sportifs et des élus locaux de toutes sensibilités : depuis Natacha Bouchart, maire LR de Calais, Catherine Arenou, maire Divers droite de Chanteloup-les-Vignes, ou Benoît Jimenez, maire UDI de Garges-lès-Gonesse, jusqu'aux élus de municipalités de gauche dont les maires sont socialistes ou communistes, à l'instar de ceux d'Allonnes ou de Grigny.
Depuis des mois, de tous les coins du pays, là ou les petits et grands ensembles fragiles d'habitat social et les centres anciens dégradés abritent les familles, de plus en plus nombreuses, qui sombrent dans la précarité, la maladie, l'isolement, le repli sur soi, la détresse psychologique et sociale, les élus locaux montent au créneau face à un gouvernement qui, à ce jour, reste sourd à leurs cris d'alarme.
Lanceurs d'alertes, des centaines d'entre eux, de tous bords politiques, adressent des appels pressants au ressaisissement de l'État qui, pour l'heure, ne répond à la crise majeure que par des mesures sécuritaires, antidémocratiques et liberticides.
LA SEYNE ÉTONNAMMENT ABSENTE DE LA REVENDICATION ÉGALITAIRE
Et, aussi incompréhensible que cela paraisse, La Seyne est étonnamment absente et silencieuse de ce concert d'initiatives de défense des habitants précaires face à un pouvoir sourd à la détresse des plus humbles de la Nation. La situation s'y dégrade pourtant comme ailleurs, ainsi que l'expliquait il y a quelques jours dans Var-matin le responsable des Restos du cœur, constatant un inquiétant doublement du nombre de ses bénéficiaires depuis quelques mois...
Il semble donc impensable que notre commune soit absente de cette démarche transpartisane, à laquelle participent des maires qui sont loin d'être répertoriés comme des « excités subversifs » tels que François Baroin, maire (LR) de Troyes et président de l'Association des Maires de France, et son premier vice-président André Laignel, maire (PS) d'Issoudun, ou encore Caroline Cayeux, maire (LR) de Beauvais et présidente de l'association « Villes de France » regroupant les communes de taille moyenne comme... La Seyne.
Je ne veux pas croire que cet abandon manifeste du devoir de défense de nos concitoyens face à un État aveugle ou méprisant à l'endroit des plus faibles ne résulterait que d'une volonté de faire table rase d'un passé qui a toujours vu La Seyne, empreinte de sa tradition de luttes sociales, s'investir en première ligne pour obtenir de l'État, quelles que soient les sensibilités de ses gouvernements, qu'il se ressaisisse lorsqu'il est défaillant dans la garantie à tous de la promesse républicaine d'égalité et de fraternité...
DERNIÈRE MINUTE (mise à jour du 22/11 à 17h30)
LE PREMIER MINISTRE RECEVRA CE LUNDI UNE DÉLÉGATION DE MAIRES SIGNATAIRES DE « L'APPEL DU 14 NOVEMBRE »
La mobilisation revendicative, ça ne paye pas à tous les coups. Nous, Seynois, l'avons vu avec notre combat perdu de 2011 pour le maintien de notre maternité publique. Mais ça aboutit aussi : rien que sur le sujet des quartiers vulnérables ces dernières années, sans notre engagement déterminé, unis entre collectivités riches de leurs diversités, nous n'aurions pas obtenu de l'État le dispositif des « cités éducatives », la prolongation jusqu'en 2022 des « contrats de ville », et divers autres appuis.
L'union de bon sens et la détermination faisant la force, le Premier Ministre a bien dû accepter de recevoir en visioconférence une délégation des élus signataires de « l'appel du 14 novembre ».
Ça aura lieu ce lundi 23 novembre. Neuf de mes anciens collègues plaideront au nom de tous auprès de M. Castex la cause des plus fragiles de nos territoires urbains.
Mes encouragements les accompagnent. Une manifestation publique du soutien de notre actuelle municipalité serait aussi la bienvenue...
Note : J'ai "chipé" l'image illustrant cet article sur le site Madinin'Art. Je peux la retirer sur simple demande, bien sûr.
Ils récusent fermement les accusations de complicité des communautarismes, parfois expliquées à des fins électoralistes. Et ils ont bien raison. Les maires des communes qui, comme La Seyne, abritent des quartiers populaires vulnérables en ont marre des mauvais procès qui leur sont faits, alors même qu'ils n'ont de cesse, depuis des décennies, de dénoncer les mal-être socio-économiques qui fragilisent leurs habitants plus que les autres et engraissent le terreau sur lequel les intégrismes peuvent se développer.
Et ils le clament dans une tribune. Ce sont des élus des droites, du centre et des gauches. Ceux de notre commune n'ont peut-être pas pris part à sa rédaction – d'autant moins que l'un d'entre eux a naguère joint sa voix au concert des accusateurs – mais je ne doute pas que, les tensions et envolées des périodes de campagne électorale à présent apaisées, ils feront leur son contenu et que, avec leurs collègues de toutes sensibilités, ils réaffirmeront leur attachement au contrat social et laïque de notre République...
Je livre à tous cette tribune dont je trouve la teneur puissante...
Mes pensées d'encouragement et de soutien, en ce matin de reprise du chemin de l'école, vont à mes anciens collègues personnels d'enseignement, d'éducation, d'administration, de direction et techniques qui font vivre les lieux des apprentissages des savoirs et de la citoyenneté, aux enfants et aux jeunes, à leurs familles, et à tous ceux qui, autour de l'École, dans la plupart des quartiers du pays, dont bien sûr à La Seyne, l'une des premières « cités éducatives » de France depuis 2019, complètent et soutiennent, par leurs missions d'éducation populaire, la belle œuvre républicaine de formation et d'émancipation.
Ce retour de vacances, en effet, est plus singulier que jamais. Et son enjeu est capital.
J'ai suivi les inquiétudes exprimées par les professeurs au cours des congés, au fur et à mesure que les annonces de leur hiérarchie du plus au niveau se contredisaient quant aux modalités de ce premier jour dans un contexte inédit. Je les comprends et je suis rassuré par le fait que la plupart de leurs syndicats ont pris des mesures pour les soutenir si besoin et, ce faisant, soutenir l'École de la République en pesant, fût-ce par la grève, sur le gouvernement.
On peut en effet à bon droit être inquiet avec le recul de leur ministère quant à l'hommage dû au professeur assassiné. C'est d'autant plus consternant que, de leur côté, les écoles allemandes vont, elles, assurer un temps d'hommage et de réflexion. Mais on doit aussi garder espoir lorsqu'on voit des chefs d'établissements qui ont choisi, ça et là, contre leur hiérarchie, de maintenir sous leur forme initialement envisagée les temps de symbole, de recueillement et d'élévation des consciences prévus à la suite du drame terroriste.
LES ÉLUS LOCAUX AUX CÔTÉS DE L'ÉCOLE POUR PLUS DE RÉPUBLIQUE ÉGALITAIRE
Je sais que, dans tout le pays, les élus locaux et personnels des collectivités seront aux côtés des acteurs de l'École, pour ce qui les concerne. Il est vital que, pour sa part, l'État ne faillisse pas. Ni, a fortiori, ne renonce et cède un pouce de terrain.
De droite comme de gauche, nombre de mes anciens collègues maires des communes ayant des quartiers populaires sur leurs territoires, sûrement plus préoccupés que d'autres au regard de leur situation sociale, terreau des embrigadements, qui ne cesse de s'aggraver exponentiellement, ont déjà, au cours des vacances scolaires, pris des initiatives, tant, comme me l'a dit l'un d'entre eux ce dimanche, « l'immobilisme, la stupeur et la torpeur sont nos ennemis ». Là, c'est la lettre de Jaurès aux instituteurs distribuée dans tous les foyers d'une commune populaire, ailleurs c'est un rassemblement œcuménique auquel ont pris part les élus de la ville, un peu partout la signature d'un appel transpartisan à l'État, publié par le JDD, pour un soutien aux quartiers vulnérables « où se joue beaucoup de l'avenir de notre cohésion sociale ». Dommage que les édiles seynois aient laissé passer cette occasion de s'associer à cette démarche.
LA STIGMATISATION, AUTRE TERREAU DU PIÈGE TENDU PAR LES OBSCURANTISTES
Tout cela s'exerce sur un fond nauséabond de racisme et d'exacerbation des plus vils instincts par des acteurs politiques aux périlleux propos globalisants et stigmatisants dans une sorte de course folle, comme s'il leur fallait rattraper les plus extrêmes des intolérants (« fermer les rayons hallal », « supprimer les menus alternatifs des cantines », « islamogauchisme », « cinquième colonne », etc.), qui donnent à craindre pour les temps à venir.
Nous étions plusieurs centaines d'élus locaux, de la droite républicaine à la gauche radicale, en passant par des centristes et des écologistes, il y a tout juste un an, à avoir signé une tribune, parue dans le JDD, à tirer la sonnette d'alarme de la stigmatisation. Je la rappelle ci-après...
« La barbe !! La cabale médiatique à travers la retransmission bienveillante des propos les plus indignes à l’endroit des musulmans ainsi que l’inconséquence des prises de position politique au plus haut niveau de l'Etat nous amènent à dénoncer avec force et détermination les raccourcis périlleux vers lesquels notre pays est entraîné...
« Du ministre de l'Education nationale qui déclare par des mots insensés vouloir “signaler les petits garçons qui refusent de tenir la main des petites filles” au directeur adjoint du Figaro qui affirme à la télévision “détester la religion musulmane”, il est de notre responsabilité d'alerter sur les risques que d'aucuns font peser sur la nation en stigmatisant, à dessein, plus de six millions de nos concitoyens. La quête des fameux “signaux faibles” jette désormais le trouble et le soupçon sur une foi qui n'aspire à rien hormis le droit à la normalité. Nul ne peut prétendre combattre le terrorisme ou la radicalisation par l’humiliation, sauf à rechercher obstinément et furieusement l'effet inverse. A chaque menace qui plane sur le pays et à chaque attaque terroriste, nos concitoyens de confession musulmane tremblent doublement : pour la nation, parce qu’ils sont concitoyens, et pour leur foi, parce qu’ils vivent instantanément la méfiance.
« L'initiative malheureuse, maladroite et pour le moins équivoque de l’université de Cergy dans la recherche des signaux faibles n’est là qu’un début. Le début d’un bruit sourd qui se répand comme la peste et qui n’a qu’un nom : délation ! Nous voilà doucement mais tout aussi sûrement revenir vers les heures les plus sombres de notre Histoire. Des jours sombres qui n’augurent rien de bon, hormis la défiance et la crispation. A trop pointer du doigt une communauté de croyants, à en faire une menace potentielle dès lors qu’elle porte une barbe ou un voile, l’on verse non plus dans une société de la vigilance mais dans celle de la suspicion. A persister sur ce lexique, il est à redouter la naissance d’une forme de frustration chez la très grande majorité des musulmans qui perçoit, de plus en plus, les positions stigmatisantes à leur endroit comme la volonté manifeste de les soustraire à la nation. Il ne sera plus question de fracture sociale dans notre pays mais bien d’une déchirure nationale. Dévoyer la laïcité au point de mettre à mal le besoin de fraternité, de refuser l’égalité et enfin d’entraver la liberté, voilà qui contribuera à démembrer la volonté de tous de faire corps dans la République. A ce stade, les conséquences seront autrement plus inquiétantes...
« Un sursaut. C'est de cela dont nous avons besoin. Et seuls nos concitoyens, dans un élan fraternel, en sont capables. Enfin, notre nation est une et indivisible. Le président de la République est garant de ce principe. Il est garant de la Constitution. Il est garant de l'application de la loi. Il s’agit de sa responsabilité devant le peuple et devant l'histoire. Il est l'incarnation de l'unité. Nous attendons qu'il se lève et le clame à tous. »
LA GAUCHE SOCIALE ET POLITIQUE A UN RÔLE MAJEUR À JOUER
Au-delà, la gauche française, sociale et politique, a aussi une responsabilité à assumer face aux jeteurs d'anathèmes que l'on entend jusque dans les propos de certains membres du gouvernement. Celle d'être en première ligne, en faisant preuve d'unité, condition de son efficience, et sans omettre de faire amende honorable quant à ses propres errements, pour aider la nation à ne pas tomber dans le piège tendu par les terroristes. Des personnalités diverses ont publié ces jours derniers dans Le Monde une tribune qui nous appelle à la mobilisation...
« Le moment est grave, il ne quittera pas nos mémoires. Samuel Paty, professeur d’histoire et de géographie, a été assassiné par un terroriste islamiste. A Nice, un autre crime ignoble a été commis. Ces actes monstrueux ont pour but de semer la haine et la terreur. Pourtant, cette fois, les appels à l’unité n’ont pas suffi à limiter les tensions au sein de la société française. En démocratie, le débat est souhaitable après de tels évènements. Mais depuis la tragédie du 16 octobre, certains, parfois même au sein du gouvernement, se sont engagés sur la voie des anathèmes et des accusations délirantes. Ils prennent la lourde responsabilité d’affaiblir le pays face aux terroristes en dressant les Français les uns contre les autres. Les assassins et ceux qui les ont encouragés auraient-ils déjà gagné ?
« Il est urgent de nous mobiliser ensemble autour des principes laïques et républicains. Si nous échouons, l’islamisme radical aura remporté, avec l’extrême droite, une victoire décisive en faisant de la question religieuse, et plus précisément de l’islam, le pivot de la politique française, au détriment des urgences sociales, écologiques et démocratiques. Pire, il aura installé des germes durables de guerre civile.
« Pour avancer, il importe d’abord de reconnaître les manquements du passé. Combien d’atteintes à la laïcité et à la liberté d’expression et d’enseignement restées sans réponse ? Combien d’appels au secours ignorés, qu’ils viennent d’enseignants et d’autres agents des services publics devant la dégradation de leurs conditions de travail, ou d’habitants des quartiers populaires devant l’absence de l’Etat, notamment sur le terrain de la sécurité ? Combien de discriminations à l’égard de musulmans ou de ceux qui sont supposés l’être, laissées impunies ?
« Manifestement, le gouvernement considère que l’on pourrait lutter efficacement contre l’islamisme radical sans combattre en même temps, à la racine, le racisme, les discriminations et les déchirures sociales et urbaines des territoires abandonnés. Il feint également d’ignorer qu’existent au sein de l’islam, en France et ailleurs, des forces prêtes à combattre les influences mortifères. Cette absence de vision globale donne toujours une victoire symbolique aux islamistes radicaux. Elle a depuis longtemps favorisé leur implantation.
« Oui, les manifestations agressives d’une idéologie totalitaire allant jusqu’au terrorisme doivent être combattues sans trêve ni repos dans le cadre de l’Etat de droit. Pour cela, de nombreux leviers juridiques existent déjà. Il faut résister à la tentation de réagir à chaque attentat par une loi supplémentaire ou des gesticulations spectaculaires. Les carences relèvent surtout d’une insuffisance de moyensde renseignement et de coordination, notamment dans le suivi des réseaux sociaux.
« Le combat contre l’islamisme radical, les pressions qu’il exerce à l’école et ailleurs pour restreindre les libertés, notamment celles des femmes ou des personnes LGBTI+, appelle des actions construites, déterminées et proportionnées. Ces politiques doivent être conduites dans la durée et mises en œuvre sans faiblir dans un cadre légal défini et protecteur des libertés. Pour être efficace, il nous faut combattre l’intégrisme islamiste en priorité sur le terrain éducatif, social et politique. Là où les fondamentalismes tentent de faire primer le dogme religieux sur les lois de la République, la fermeté de l’action publique est indispensable.
« L’école doit être aux avant-postes de ce combat. Mais elle ne peut pas être laissée seule. Celles et ceux qui y enseignent doivent être reconnus, soutenus et protégés au quotidien, et pas seulement passagèrement au lendemain des drames, particulièrement par un accompagnement humain en cas de difficultés, des outils et une formation pédagogiques renforcés pour permettre à tous les acteurs de l’école de savoir réagir.
« La laïcité définie par la loi de 1905 n’est pas une option : elle est et doit rester la loi de la République. Elle a traversé le XXe siècle, faisons-la vivre en garantissant effectivement la liberté de croire, notamment pour les musulmans, ou de ne pas croire. Plus qu’à la multiplication de lois nouvelles, veillons à l’application effective de celles qui existent déjà.
« La République, promesse inachevée, doit repenser sa présence dans tous les territoires pour faire exister l’égalité réelle par des politiques publiques offensives, avec des moyens humains et financiers substantiels, notamment dans le cadre de la mise en œuvre d’une transition écologique juste. Elle doit, conformément à sa devise, garantir l’absence de toute discrimination et chercher à réduire toutes les inégalités dans un esprit de fraternité.
« Pour nous, il n'y a pas de fatalité à ce que la France tombe dans le piège tendu par les terroristes. Nous ne cesserons jamais de vouloir tisser des liens entre tous les humains, malgré les assauts répétés des obscurantismes. Nous continuerons de lutter partout et toujours contre toutes les formes de racisme, d'antisémitisme et d'intolérance.
« Nous avons parfaitement conscience qu’il existe des désaccords entre nous sur ces sujets et que beaucoup reste à faire pour consolider ces réponses : ce texte se veut d’abordun appel à la gauche, aux écologistes et, au-delà, à tous les républicains, à engager ensemble ce travail à un moment où l’essentiel est en danger. »
J'en terminerai en donnant le lien vers des extraits de la « Lettre de Jaurès aux instituteurs » telle que mise en ligne, en vidéo, lue par le rappeur Oxmo Puccino, sur le site pédagogique Lumni de l'Éducation nationale...
Et le texte original de cette « Lettre aux instituteurs », publiée par La dépêche de Toulouse en 1888, qu'on trouve sur le site de la Bibliothèque Nationale de France, tant il est vrai que le texte proposé aux enseignants pour la lecture aux élèves a quelque peu été.. tripatouillé...
Meilleure rentrée possible à tous. Et, bien sûr, que chacun prenne garde à ce maudit virus, pour lui-même, ses proches, les enfants dont il a la charge et leurs familles, dans des environnements de structures scolaires pas toujours très compatibles avec les précautions sanitaires indispensables...
Ainsi que la ministre chargée de la Ville, Nadia Hai, l'a demandé aux 859 maires dont les communes abritent au moins l'un des 1514 quartiers urbains vulnérables, donc prioritaires au titre de la « politique de la ville » (QPV), la municipalité seynoise a sûrement relayé auprès des nombreuses associations intervenant pour soutenir les habitants de notre centre ancien et de notre quartier Berthe l'information sur le déploiement rapide de 20 millions d'euros de subventions d'État destinés à soutenir leurs actions. C'est le programme « Quartiers solidaires ».
C'était une demande forte de l'Association des maires Ville & Banlieue de France (AMVBF), dans un contexte où le monde associatif a été en première ligne pour accompagner et aider les plus fragiles de nos habitants lors de la crise sanitaire et l'est tout autant aujourd'hui avec la crise économique et sociale qui s'ensuit et aggrave les difficultés des plus pauvres...
Les formidables associations seynoises qui agissent au quotidien auprès des habitants de nos deux sites urbains sensibles ont en effet plus que jamais besoin d'être soutenues. Je n'ai nul doute que, de leur côté, les élus de la Ville continueront à s'investir avec détermination et sans exclusive, comme l'ont fait depuis 40 ans tous les maires successifs, de droite comme de gauche, dans les dispositifs partenariaux avec l'État et d'autres collectivités et institutions publiques, tels que le « contrat de ville ». Ceux-ci permettent de soutenir les associations qui agissent pour l'éducation et la formation vers l'insertion dans l'emploi et la citoyenneté, pour le droit au logement, aux mobilités, à la culture et au sport, au bien-être et à la santé. Mais qui, aujourd'hui, hélas, doivent de surcroît appuyer les familles pour de plus en plus de besoins du quotidien, comme se nourrir ou se vêtir.
DES INÉGALITÉS PAS TRÈS RÉPUBLICAINES ENTRE TERRITOIRES
Cette annonce d'une aide exceptionnelle de l'État est d'autant plus à saluer chez nous que, malgré le fait que la République est fondée sur une base égalitaire qui supposerait une prise en compte similaire des difficultés de même nature que l'on connaît d'un site urbain vulnérable à un autre, au contraire d'autres départements de la plupart des régions françaises, le Conseil départemental du Var n'apporte plus, depuis longtemps, son appui financier à notre « contrat de ville » et le Conseil régional de Provence Alpes Côte d'Azur a retiré le sien sans tambour ni trompette il y a trois ans.
Les pauvres de chez nous ont pourtant les mêmes besoins de soutien que ceux des autres régions françaises. Et c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles l'AMVBF, avec d'autres, réclame à cor et à cri la création d'une Cour de justice d'équité territoriale pouvant être saisie en cas d'inégalités flagrantes entre territoires.
UNE PETITE – ET CERTES INSUFFISANTE – BOUFFÉE D'AIR PUR POUR LES ASSOCIATIONS
Et c'est bien pourquoi l'annonce de la ministre de la Ville est une bonne nouvelle pour les associations intervenant dans les 21 quartiers prioritaires varois, répartis sur 9 communes, et notamment les plus « compliqués » parmi les 13 de notre métropole toulonnaise, dont les nôtres à La Seyne. Et ces moyens financiers ne sont pas destinés aux seules associations, pour beaucoup « professionnalisées » pour soutenir l'engagement de leurs bénévoles, qui, souvent depuis des années, s'inscrivent dans les dispositifs tels que le « contrat de ville », mais bien aussi à toutes celles qui, reposant sur les épaules de bénévoles pas forcément rompus aux arcanes administratifs complexes, font un travail de fourmi dans la proximité.
Je pense à celles, discrètes et qui n'ont pas toujours pignon sur rue, qui, notamment depuis la crise sanitaire et sociale, redoublent d'efforts pour l'appui du quotidien aux personnes victimes des politiques publiques qui entraînent une détresse et une précarité face au logement, la santé, l'éducation ou l'alimentation. Et qui sont bien loin de constituer la « cinquième colonne » évoquée naguère par un élu local...
ÇA NE RÈGLE PAS LE PROBLÈME DE FOND DE LA FRACTURE SOCIALE DU CAPITALISME, MAIS...
On m'objectera que 20 millions à répartir entre 1514 quartiers, ça ne représente jamais qu'une moyenne de 13.000 euros par site fragile, mais ça peut soutenir une action efficace en réponse solidaire à une difficulté particulière du moment. Et ça vient s'ajouter à d'autres dispositifs que l'Association des maires Ville & Banlieue de France, dont notre ville est membre, a obtenu que l'État mette en place et dont La Seyne est l'une des communes bénéficiaires : les « Cités éducatives », les « Quartiers d'été », les« colos apprenantes », l'opération « 1000 livres », les « 5 millions pour les associations de proximité »...
Lorsque les choses tournent rond, il faut le dire, même si ce ne sont là que des emplâtres sur les jambes de bois des invalides victimes du monde capitaliste (et, à ce propos, l'État serait tout autant inspiré d'entrer, au moins provisoirement, au capital de notre grande entreprise CNIM comme je l'ai réclamé depuis le début de sa crise, pour prévenir le risque de disparition de centaines, voire de milliers, d'emplois locaux...).
Et je gage donc que l'équipe municipale et la préfecture inciteront les acteurs associatifs à se saisir de l'opportunité qui s'offre à eux. Il y en a tant besoin.
Il est toujours aisé, lorsqu'on n'est pas en situation de gestion, de porter des jugements définitifs sur les actes et paroles de ceux qui le sont, surtout lorsque, de part et d'autre, aucun argument factuel tangible ne les corrobore. J'en ai trop souffert pour ne pas m'y risquer aujourd'hui.
Ainsi, la question de l'image qu'on cherche à accoler à tel ou tel groupe social est prégnante dans la stratégie politique de notre temps. Ça a été le cas lors d'une récente réunion de notre conseil municipal au sujet d'une catégorie de notre population que certains globalisent sous le vocable de « jeunes musulmans », notamment ceux qui résident dans nos quartiers vulnérables.
Mais, de plus, l'image de ces quartiers, où vivent six millions de nos concitoyens, déjà altérée par des tacticiens faisant flèche de tout bois, l'est aussi par nombre de médias qui ont une fâcheuse tendance à n'évoquer ces territoires de la Nation que lorsque s'y déroulent des événements dramatiques.
Permettre d'objectiver leur réalité a été le chantier auquel se sont attelés ensemble des élus locaux et des journalistes de toute la France. Le projet est sur le point d'aboutir. Nos habitants et nos acteurs locaux, vivant ou s'investissant dans nos quartiers prioritaires, devraient s'en emparer. Nos élus devraient le promouvoir.
Préoccupés depuis longtemps par l'image dénaturée et dégradante de ces « morceaux de France » qui nuit à l'accomplissement de la promesse républicaine d'Égalité entre tous nos habitants, avec des maires de toutes sensibilités politiques (sauf bien sûr ceux qui érigent la ségrégation discriminante en finalité sociétale...), nous avons eu de nombreux échanges sur la question, notamment chaque fois que des dégradations ou violences urbaines survenaient ici où là en France, enflammant indifféremment l'une ou l'autre de nos communes, faisant parfois tâche d'huile ailleurs, donnant du grain à moudre aux rédactions avides de sensationnel, et, au bout du compte, entrainant une stigmatisation infamante de nos villes et de leurs habitants dont la quasi-totalité est pourtant étrangère aux causes de ces drames qu'elle subit et vit sur fond d'impuissance dans la souffrance, la terreur et la honte.
ÉLARGIR LA FOCALE DU REGARD POSÉ SUR LES QUARTIERS POPULAIRES
Tant et si bien que, en plus des nombreux sujets dont l'Association des Maires Ville & Banlieue de France (AMVBF) s'empare en permanence pour obtenir de la Nation qu'elle aide les élus locaux à faire vivre les valeurs républicaines sur leurs territoires, nous avons aussi décidé de passer à l'action en direction des médias qui, faisant certes leur travail, aggravent souvent en la ternissant l'image de nos populations et leurs lieux de vie ou de travail, au-delà même des quartiers fragiles eux-mêmes.
Nous avons ainsi chargé l'un des vice-présidents de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France (AMVBF), mon copain Driss Ettazaoui, vice-président MoDem de l'agglomération Évreux–Porte de Normandie, de remuer les méninges du monde de la presse sur les dangereuses conséquences de l'exercice de leurs missions d'information. Nous avons organisé un colloque sur le sujet en mars 2019 à Évreux, où nous avons brassé de l'idée entre élus, pouvoirs publics et monde des médias.
Une idée simple : bien sûr, il faut montrer la réalité des événements, mais il faut aussi donner à découvrir ce qu'il y a de bien dans nos quartiers paupérisés. On ne parlait par exemple jamais du centre culturel de haut de gamme et d'intérêt national destiné aux arts de la scène de Chanteloup-les-Vignes, en banlieue parisienne, mais les images de son incendie criminel ont tourné en boucle sur les écrans. Comme on ne communiquait que peu sur l'école nationale de cuisine du grand chef Thierry Marx implantée au cœur d'une cité de Grigny (Essonne), de la biennale de la danse de Vaulx-en-Velin (Lyon-Métropole), ou de la labellisation nationale de la médiathèque Andrée-Chedid de La Seyne, mais les noms de ces communes étaient – et demeurent – indissociables, dans la représentation collective, de meurtres sur fond de trafics, de rodéos urbains, de violences, de dégradations, voire de fantasmes d'infiltration islamique radicale et terroriste généralisée à toute une population (même si, hélas, il serait insensé d'en nier le danger) ...
DU DÉLIT DE « DIFFAMATION TERRITORIALE » À UN APPUI AUX JOURNALISTES
Des pistes intéressantes ont surgi de ce colloque, dont certaines ambitieuses, à l'instar de la demande de création d'un délit de « diffamation territoriale » permettant de saisir le médiateur des droits. Mais des solutions pragmatiques, en forme de « boîte à outils » au service des journalistes, ont aussi été imaginées.
Et c'est ainsi qu'une équipe composée de journalistes de BFMTV et RMC (eh oui...), immédiatement passionnés, comme leur rédaction, par le sujet, et d'élus et collaborateurs de Ville & Banlieue, s'est attelée à la conception d'un annuaire numérisé permettant aux acteurs des médias d'identifier et contacter des personnes ressources, sur chacun des 1500 « quartiers prioritaires politique de la ville », habitants ou agissant sur place, volontaires pour être interviewés, pour les mettre en relation avec d'autres personnes ressources, disposés à les aider à se faire une idée objective des situations, des causes, des enjeux, des solutions éventuelles, et situer les événements particuliers dans un cadre global, urbain, économique, social et culturel.
L'instrument est prêt. Il s'appelle « Vu des quartiers ». Sa création a obtenu le soutien de l'État. Nous le présentons sur le site Internet qui lui est dédié. Il reste à l'alimenter de suffisamment de contacts pour pouvoir activer son ouverture. J'invite donc tous les Seynois, du quartier Berthe, du centre-ville, ou d'ailleurs, qu'ils soient habitants, ou qu'ils connaissent bien notre environnement urbain pour y agir dans le monde associatif, électif ou professionnel, et qui pensent pouvoir apporter leur contribution à une lecture réelle et objective de nos sites fragiles par les rédactions régionales et nationales, à s'y inscrire pour être sollicités lorsque les médias auront à couvrir tel ou tel événement de notre territoire. Je précise que le respect des lois et règles de déontologie, de confidentialité et de protection des données personnelles est garanti. Seuls les journalistes professionnels accrédités y auront accès. Sans cela, l'État n'aurait évidemment pas validé et soutenu le projet.
On peut toujours râler et s'insurger lorsqu'est dénaturée la réalité de notre vie urbaine compliquée. On peut aussi être acteur de l'émergence de la matérialité et la vérité des faits, des choses et des gens. C'est un acte politique différent, pas « politicien » mais utile. C'est une réponse concrète à ceux qui se font un devoir de stigmatiser pour mieux diviser. Et je ne doute pas que nos édiles seynois, comme le font leurs homologues de communes si semblables à la nôtre, qu'ils soient de droite, du centre ou de gauche, auront à cœur de promouvoir ce projet « Vu des quartiers » déjà unanimement salué...
VOUS SOUHAITEZ DEVENIR UN CONTACT POUR LES JOURNALISTES ?
Mes dernières responsabilités liées à mes anciens mandats de maire de La Seyne et de vice-président de la métropole toulonnaise sont derrière moi depuis ces derniers jours. Me voilà libre de mes mouvements après avoir cédé à des successeurs les ultimes responsabilités que les règlements et statuts me conféraient encore, au-delà de l'élection et des installations des conseils municipal et métropolitain. Mon activité publique sera désormais différente...
QUARTIERS VULNÉRABLES : CONTINUER À DÉFENDRE L'ÉQUITÉ TERRITORIALE
Le 16 septembre, j'ai en effet transmis le flambeau de la présidence de « l'Association des maires Ville & Banlieue de France » à Thierry Falconnet, maire socialiste de Chenôve et vice-président de la métropole de Dijon, lors de la réunion, à l'hôtel de ville de Paris, de l'Assemblée générale annuelle de cette association indépendante et volontariste, réseau actif d'élus de toutes sensibilités politiques républicaines, de tout le territoire national, force de propositions se fondant sur sa démarche d'échanges et de bonne pratiques, en dialogue constant avec les institutions de l'État et les autres associations de collectivités locales (dommage, d'ailleurs, que la mairie de La Seyne, membre actif de l'association depuis la mandature d'Arthur Paecht, pour la première fois depuis 2004, n'ait pas été représentée par un de ses élus à cette réunion annuelle...).
À la demande de mes amis maires membres du Bureau de « Ville & Banlieue », je demeurerai toutefois, comme les autres anciens présidents, une sorte de « consultant bénévole » de l'association.
DROIT CONSTITUTIONNEL AU LOGEMENT POUR TOUS : POURSUIVRE, TOUJOURS...
Et puis, ce dernier lundi, 21 septembre, c'est la présidence de l'office métropolitain d'HLM « Terres du Sud Habitat », que j'assumais au nom de la métropole Toulon Provence Méditerranée, qui a été dévolue à Nathalie Bicais, en sa qualité de vice-présidente seynoise de l'intercommunalité.
Je lui souhaite bonne chance pour poursuivre la mission, initiée à la Seyne il y plus de 70 ans, de production et de gestion de ces logements sociaux de plus en plus nécessaires à nos concitoyens dont les niveaux de vie ne cessent de baisser, situation qui va s'aggravant avec la crise sanitaire et économique qui s'ensuit (7 sur 10 des foyers varois sont éligibles à l'habitat à loyer modéré...), et à laquelle il est impératif de répondre en se battant pour obtenir de l'État des moyens accrus pour assurer une meilleure gestion, et en projetant de nouvelles constructions dans l'ensemble des communes de l'aire toulonnaise, qui sont toutes hors-la-loi, hormis La Garde, et y compris la nôtre.
VERS DES ALTERNATIVES SOCIALES ET ÉCOLOGIQUES POUR ICI, POUR LA NATION ET POUR LE MONDE...
Libéré de ces passionnantes obligations, je vais pouvoir me consacrer, après 27 ans passés au conseil municipal, à d'autres formes d'implication. Dont une partie sera politique.
Les choses sont claires, s'il en était besoin : la politique française d'aujourd'hui, soi-disant « ni-ni », est ultra-libérale assumée. Et on ne peut pas se résigner à une telle situation, mortelle pour les plus humbles et les classes moyennes.
Or la porosité entre l'extrême-droite et une partie de la droite est de plus en plus banalisée (on l'a vu chez nous, avec l'intégration de personnes élues sous l'étiquette du Front National dans la nouvelle coalition municipale, ou avec les propos de tel élu, que je croyais centriste, que le groupe municipal du RN a trouvés « fondés », stigmatisant dangereusement par leur globalisation l'ensemble des « jeunes musulmans »).
Les gauches écologistes et sociales ont le devoir de se mettre en chantier pour construire et proposer des alternatives pour les échéances nationales, mais aussi, alors que leurs sensibilités n'ont plus aucun élu, pour les élections régionales et départementales. Je suis de ceux qui, sans aucune velléité de nouvelle implication élective et avec le souci de ne pas gêner les jeunes engagés qui sont notre avenir, veulent apporter leur pierre à cet ouvrage vital d'éducation populaire.
OUI, L'AVENIR EST INQUIÉTANT. RAISON DE PLUS !
J'invite mes concitoyens à ne surtout pas se résigner.
Aux jeunes notamment, pour lesquels ce qui s'est passé il y a près d'un siècle est bien lointain, mais aussi à certains plus anciens qui ont un peu trop la mémoire courte, je dois expliquer que j'ai trop vu, au cours de mon périple d'été en camping-car qui m'a conduit du camp de concentration du Struthof en Alsace à celui d'extermination d'Auschwitz 2-Birkenau en Pologne, en passant par Dachau en Allemagne, Mauthausen en Autriche, et Auschwitz 1, à quelles folies abominables a conduit la réalité sociale, économique et politique des années 1920 et 1930 dans notre Europe, similaire en bien des points à celle que nous connaissons aujourd'hui.
À ceux qui l'auraient oublié ou qui l'ignoreraient, je livre ci-après quelques photos de vacances...
Il n'y a pas si longtemps que ça, des inquiétudes se sont manifestées quant au devenir de « l'éducation prioritaire », ce dispositif qui vise à combler les inégalités de réussite à l'école du fait des situations sociales, économiques, culturelles des familles de certains sites urbains et ruraux vulnérables.
Craignant que, sous couvert de « proximité », cette politique nationale indispensable soit régionalisée et donc soumise aux enjeux politiques locaux, des voix se sont élevées pour alerter.
La création d'un Secrétariat d'État chargé de l'éducation prioritaire annonce-t-elle une redynamisation de cette politique égalitaire dans le cadre régalien national ou l'entame d'une partition suffisamment bruyante pour couvrir la sonnerie du glas qu'on envisagerait de sonner pour elle, comme certains le redoutent après les propos que le Président de la République a tenus en 2018 sur les stratégies de discrimination positive visant à réparer les fractures urbaines, jugées coûteuses et peu efficaces après 40 ans de mise en œuvre ?...
NON, L'ÉDUCATION PRIORITAIRE N'EST PAS DE L'ARGENT JETÉ PAR LA FENÊTRE
Après quatre décennies de renforts de moyens engagés par l'État pour l'éducation, plus ou moins fluctuants suivant les gouvernements, il faut en effet reconnaître, on le voit bien à La Seyne – et on l'a mesuré avec force lors du confinement sanitaire et de l'enseignement à distance –, que les disparités de réussite scolaire entre enfants et jeunes des divers quartiers de résidence demeurent patentes. Et qu'il faut sans cesse sur le métier remettre l'ouvrage. Mais quoi de plus normal ? Les premiers bénéficiaires des années 80 sont devenus des adultes, et les générations nouvelles de nos quartiers vulnérables sont de plus en plus victimes de la pauvreté, principale cause des difficultés que rencontrent leurs enfants à tirer parti de l'éducation pour qu'ils réussissent leur future insertion professionnelle, sociale et citoyenne.
RÉNOVER L'ÉDUCATION PRIORITAIRE POUR L'AMÉLIORER, PAS LA DISSOUDRE...
Il n'y a pas le choix. L'éducation prioritaire doit être poursuivie et confortée. De même que certains sites ruraux, tous les quartiers « politique de la ville » doivent en bénéficier. Ce n'est d'ailleurs toujours pas le cas à La Seyne, malgré mes démarches constantes et les engagements des autorités académiques, puisque seul le quartier Berthe est « réseau d'éducation prioritaire », et non le centre ancien tout aussi socialement dégradé.
Les effectifs des classes doivent demeurer réduits et les communes doivent être aidées par l'État pour le permettre. Les enseignants doivent être mieux soutenus par des renforts humains plus significatifs qu'aujourd'hui. Des moyens de diversification pédagogique doivent leur être alloués par l'État. Leur engagement doit être mieux valorisé et rémunéré.
L'École, à tous ses niveaux, doit être plus et mieux ouverte à son environnement, partie prenante d'un projet éducatif de territoire, permettant une action éducative globale et cohérente, qu'elle soit menée par les personnels de l'Éducation nationale, par les parents et les fratries qui doivent être soutenus, et par les acteurs du socio-éducatif, du sport et de la culture qui ne doivent toutefois pas se substituer aux enseignants, qu'ils soient fonctionnaires des collectivités, salariés ou bénévoles des associations, dans l'esprit des programmes de « cités éducatives », promus naguère auprès du gouvernement par des maires de villes populaires, comme celui que nous avons obtenu pour La Seyne.
Il y a là un chantier dont Nathalie Élimas, la nouvelle secrétaire d'État, doit s'emparer. L'Association des maires Ville & Banlieue de France, portant la parole des territoires urbains sensibles, va certainement la solliciter en ce sens.
L'ÉDUCATION PRIORITAIRE DOIT DEMEURER UNE POLITIQUE RÉGALIENNE DE L'ÉTAT
Mais il faudra aussi l'alerter sur le fait que la régionalisation de l'éducation prioritaire pose question. Dans une académie comme celle de Nice, vouée à fusionner avec celle d'Aix-Marseille, il est à craindre que, une nouvelle fois, les radars de l'État soient focalisés sur les plus importantes métropoles.
Les élus locaux seynois et toulonnais, en lien avec les syndicats d'enseignants et associations de parents, auront intérêt à veiller au grain ; ce ne sera jamais du temps perdu que de se déplacer pour tanner avec vigueur les autorités académiques et ministérielles pour que les sites locaux d'éducation prioritaire ne soient pas les dindons des farces marseillaise et niçoise, leurs quartiers fragiles se taillant la part du lion des moyens que l'État doit continuer à engager. Sans cette ardeur revendicative et sans cadre national de suivi et d'évaluation, la situation pourrait gravement se dégrader dans certains territoires.
Ce serait tout de même le comble de générer de l'inégalité accrue en voulant, si la création d'un ministère dédié n'est pas de la poudre aux yeux, conduire une politique visant, justement, à combattre la plus injuste des iniquités, celle qui savonne la planche de l'avenir des petits de la République qui ont eu la malchance de naître et vivre dans des contextes sociaux dégradés !
Ma mission de maire n'est pas tout à fait achevée. Les statuts de l'Association des maires Ville & Banlieue de France stipulent en effet que son président que je suis depuis 2015 ne sera remplacé que lors de la prochaine réunion de son assemblée générale décalée de juin à septembre pour cause d'épidémie virale.
Ça a donc été un honneur de conduire, une ultime fois, la délégation d'élus de nos territoires urbains vulnérables qui a été reçue ce jeudi à Paris par Nadia Hai, la toute nouvelle ministre en charge de la « politique de la ville » du gouvernement Castex.
NADIA HAI VEUT S'INSCRIRE DANS LES PAS DE SES PRÉDÉCESSEURS
J'aurai ainsi côtoyé, depuis mon élection aux fonctions de maire en 2008 et jusqu'à ma défaite, pas moins de huit ministres ou secrétaires d'État chargés des questions urbaines sensibles. Et plus particulièrement trois hommes et trois femmes ayant assuré cette fonction depuis mon élection, il y a cinq ans, à la présidence de « Ville & Banlieue ». Des belles personnes, pour moitié du gouvernement Hollande, pour l'autre moitié de l'actuelle majorité nationale, qui, fortes de notre « amicale pression » constante, se sont approprié les sujets qui préoccupent au quotidien les maires des « banlieues » et ont, parfois en rencontrant de réelles difficultés – notamment du côté de Bercy et des ministres en charge de la « tirelire nationale » –, porté au cœur des politiques publiques les enjeux qui préoccupent les élus de nos territoires complexes : la rénovation urbaine, l'accompagnement social des plus humbles, l'éducation pour tous vers l'insertion professionnelle donc sociale, la tranquillité publique, la sécurité urbaine et le droit à la justice, la prévention ou la lutte contre les communautarismes, notamment ceux exacerbés par certaines radicalisations religieuses, la guerre contre les économies parallèles reposant sur les drogues, et tant d'autres sujets. Nadia Hai, récemment promue à cette belle fonction, s'est dite déterminée à s'inscrire dans les pas de ses prédécesseurs.
Ce fut une belle expérience que d'avoir été amené à plaider, cinq années durant, la cause des presque six millions d'habitants du millier de territoires urbains fragiles de notre nation, ensembles d'habitat social et centres anciens dégradés, qui ont eu – et auront encore longtemps, notamment avec la crise économique et sociale qui découle de la crise sanitaire, s'ajoutant aux politiques européennes au service de la mondialisation financière – besoin que s'exerce la solidarité bienveillante de la puissance publique.
LA SEYNE ET LA MÉTROPOLE TIRENT PROFIT DE LEUR IMPLICATION DANS « VILLE & BANLIEUE »
La Seyne, comme des centaines d'autres communes et intercommunalités, a bénéficié de cette implication désintéressée de maires de toutes sensibilités politiques. Sans l'Association Ville & Banlieue, et mes collègues maires qui l'ont fait vivre à mes côtés, dont sa première vice-présidente de droite, ses vice-présidents et membres de son bureau, socialistes, communistes, écologistes, de droite et du centre, nous n'aurions pas pu faire avancer pour chez nous les sujets de la rénovation de Berthe et du centre ancien, l'accompagnement des formidables associations et structures d'insertion qui évitent le pire des impacts de la fracture sociale, l'obtention de quarante fonctionnaires de police nationale pour nos quartiers métropolitains difficiles, ou, plus récemment, les dispositifs de « cité éducative » dont bénéficient les jeunes seynois de tous les quartiers, y compris ceux qui ne sont pas répertoriés comme « zones prioritaires ».
La métropole Toulon Provence Méditerranée vient de confirmer sa volonté de poursuivre son implication dans notre association d'élus des territoires urbains « sensibles ». C'est important pour les quartiers précaires de Hyères, Toulon et La Seyne. C'est important aussi que La Seyne, en tant que commune, continue à s'y investir comme le font de nombreuses villes dont les intercommunalités auxquelles elles appartiennent sont elles-mêmes adhérentes. On l'a vu, cet engagement coopératif avec d'autres territoires de tout le pays est porteur de résultats probants.
METTRE À PROFIT MON EXPÉRIENCE POUR LES TERRITOIRES...
Quant à moi, ainsi que le stipulent les statuts de « Ville & Banlieue » qui font des anciens maires présidents de l'associationdes membres de droit de son Bureau associatif, et comme me l'ont demandé mes collègues qui, eux, poursuivent leur difficile mission d'édiles de nos communes populaires, j'ai accepté de continuer à m'y investir, à leurs côtés, même sans mandat électif, en accompagnement de leurs réflexions et initiatives, comme le font mes prédécesseurs anciens présidents Pierre Cardo (LR), Damien Carême (EELV) ou Renaud Gauquelin (PS).
Sans gêner les représentants qui seront désignés par notre métropole et notre ville au sein de l'association, dont je souhaite qu'ils s'emparent plus que jamais de l'opportunité que représente l'action de « Ville & Banlieue » pour nos plus humbles concitoyens et l'harmonie entre nos populations, tout en restant à ma juste place, je suis disposé à mettre à profit mon expérience et mon temps désormais libéré d'autres prenantes obligations communales...
Sur la photo, de gauche à droite : Yasmine Boudjenah, vice-présidente, première adjointe (PCF) de Bagneux (92), Gilles Leproust, secrétaire général, maire (PCF) d'Allonnes (72), moi-même (GRS), Nadia Hai, ministre (LREM) déléguée à la Ville, Marc Goua, membre du bureau, maire (PS) de Trélazé (49), Driss Ettazaoui, vice-président (MoDem) de l'agglomération d'Évreux (27) – Membres du Bureau absents excusés du fait de leurs obligations municipales ou intercommunales : Catherine Arenou, première vice-présidente, maire (Divers droite) de Chanteloup-les-Vignes (78), Thierry Falconnet, vice-président, maire (PS) de Chenôve (21), Hélène Geoffroy, vice-présidente, maire (PS) de Vaulx-en-Velin (69), Jean-Jacques Chatel, trésorier, ancien maire (PS) de Mainvilliers (28).