L'ami Serge Féraud nous a quittés pour l'autre adret lumineux de nos collines seynoises ou pour d'autres rives radieuses semblables à celles vers lesquelles il a tant donné de coups de pagaie pour le bien des autres.
Il s'est battu en silence contre le mal qui le rongeait, son généreux sourire aux lèvres lorsqu'il était en public, comme il s'est mobilisé avec la même ardeur pour les plus faibles, les plus malheureux, les plus fragiles, donnant sans compter de son temps, de son énergie, de sa chaleur humaine, de son empathie, de son enthousiasme communiquant, entraînant tant de nos concitoyens seynois ou voisins dans son sillage d'homme juste et bon, gardant le cap vers les valeurs universelles de la fraternité.
La Seyne pleure un des meilleurs des siens. Elle a bien eu raison de l'avoir gratifié il y a moins de trois mois de sa médaille de citoyen d'honneur, pour l'œuvre immense accomplie, comme fonctionnaire dans ses temps d'activité professionnelle, et comme citoyen pur, engagé, fraternel, mobilisateur de tant d'autres sur les si justes causes qu'il défendait.
À Christine, son épouse, et à tous les siens, à ses amis, la Ville témoigne son immense compassion par ces quelques mots dérisoires au regard de ce que Serge a été. Puissent les Seynois être nombreux à s'engager, à son image, dans la même trace bouillonnante que celle qu'il nous laisse de sa vie.
Les maires comme tous les citoyens ne sont pas rassurés quant aux sinistres perspectives que nos arrière-grands-pères, depuis le XIXe siècle, pardonnables car ignorants, et nous-mêmes, contemporains sachants donc coupables, lèguerons à nos petits-enfants à une échéance de quelques décennies.
Seynois, nous mesurons les premiers effets de l'évolution climatique, avec l'érosion récurrente des plages de notre isthme des Sablettes du fait de la montée du niveau marin, avec les pluies cévenoles qui transforment les rues de notre centre en canaux vénitiens, avec les températures insupportables du moment, avec le maintien en risque rouge constant de nos massifs forestiers de Sicié, des alertes caniculaires et de pollution l'ozone. Et nous ne sommes pas au bout de nos peines.
S'il est évidemment vital d'édicter des règles préventives et correctives dans la gestion durable de nos territoires, il est compliqué, pour nous, les maires de communes littorales, ayant découvert une récente instruction de l'État, de les mettre en œuvre « à la hussarde » au point de stopper net nombre de projets en cours.
Pour comprendre notre trouble, essayez de résoudre le petit problème ci-après posé au maire de La Seyne...
Soit un périmètre A, référencé QP083009, défini par le décret ministériel n° 2014-1450 du 30/12/2014, du quartier prioritaire « politique de la ville » correspondant au centre ancien de La Seyne, tel qu'arrêté légalement ainsi qu'il apparaît sur le site Internet du Commissariat général à l'égalité des territoires dépendant du Premier Ministre.
Soit un ministre X, chargé de faire en sorte que ce périmètre A fasse l'objet d'un programme de rénovation urbaine touchant à la résorption de l'habitat insalubre, à la requalification du bâti et des espaces et équipements publics, et à la redynamisation commerciale et sociale, qui semble sur le point de pouvoir être mis en œuvre, par une toute récente décision – espérée depuis 2014 et le décret suscité – du Comité d'engagement de l'Agence nationale de la rénovation urbaine finançant ce projet.
Soit un périmètre B, correspondant approximativement au périmètre A ci-dessus cité, donc le même centre ancien de La Seyne, défini en application des articles L.123-1-5-III-2° du code de l'urbanisme, ce quartier étant d'intérêt patrimonial avéré et reconnu par l'Etat, car historique et situé à proximité de deux ouvrages répertoriés, dont l'un – le pont des chantiers – est même classé à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Soit un ministre Y, chargé de faire en sorte que les opérations de rénovation du bâti de ce périmètre B se fassent en conformité avec des prescriptions particulières d'urbanisme qui stipulent que « la restauration de l'image du centre ancien nécessite des interventions architecturales qui s'inscrivent dans le respect des formes et des techniques du bâti traditionnel du vieux centre », décrites dans huit pages de texte officiel (ICI, pages 124 et suivantes).
Soit un périmètre C, récemment publié par l'État, correspondant approximativement aux périmètres A et B ci-dessus cités, toujours le cœur historique de La Seyne, défini par l'étude BRGM/RP-66550-FR, qui définit les zones risquant de subir les effets de l'aléa submersion marine résultant de l'élévation du niveau de la mer consécutive à l'évolution climatique à l'échéance de l'année 2100.
Soit un ministre Z, chargé de prévenir les catastrophes pouvant survenir suite à l'inéluctable montée des eaux, imposant, au titre des articles L.132-2 et 3 du code de l'urbanisme, des prescriptions opposables dans le périmètre C, parmi lesquelles l'obligation, pour les constructions neuves comme pour le bâti existant, que « la cote de plancher habitable ou aménageable soit située à un niveau supérieur ou égal à 2 mètres ».
Soit un particulier P, propriétaire d'un immeuble sis dans les périmètres A, B et C, marchand de sommeil disposé à faire amende honorable pour répondre aux vœux du ministre X, volontaire pour effectuer une rénovation totale des logements qu'il loue sur les trois niveaux sur rez-de-chaussée commercial de son bien immobilier, tout en mettant en valeur la façade ouvragée à la modénature ornementale du XVIIIe siècle de sa propriété en réponse aux incitations du ministre Y et en évitant de mettre en péril de noyade la clientèle de son échoppe rénovée et les locataires de ses appartements en étage, suivant les souhaits du ministre Z.
Question 1 : Selon vous, le magasin du rez-de-chaussée doit-il être installé sur le toit de l'immeuble ou dans le salon du locataire du premier étage ? Justifiez votre réponse en cinq lignes maximum.
Question 2 : Des ministres X, Y et Z, lequel aura le dernier mot ? (la taille, la corpulence, le sexe, l'âge, la forme physique, la pratique du qwan-ki-do ou du Scrabble des trois ministres n'entreront pas en ligne de compte dans votre démonstration).
Question 3 : Quel mode de suicide conseilleriez-vous au maire sollicité pour avis par le propriétaire P souhaitant devenir vertueux en respectant scrupuleusement les prescriptions s'appliquant aux périmètres A, B et C ?
Pour redevenir sérieux, sachez que nous, maires de communes de notre métropole, notamment de celles qui, comme La Seyne, bordent le littoral, sommes sortis plutôt rassurés d'une importante réunion autour des enjeux de risque de submersion marine découlant de la funeste évolution climatique, que nous avons eue ces derniers jours, à notre demande, avec les plus hauts responsables des services varois de l'État.
Eux-mêmes sont bien conscients des difficultés que nous allons rencontrer au regard de l'incongruité de certaines dispositions règlementaires. Le texte officiel sera interprété pour que le mieux ne soit pas l'ennemi du bien. Tout sujet pourra être discuté. On évaluera ensemble, communes et État, en fonction des situations objectives. C'est comme ça qu'on les aime, les fonctionnaires de l'État.
Les échanges étaient indispensables. Beaucoup d'habitants du sud littoral de notre commune se faisaient des idées fausses générant des inquiétudes après la décision concertée du Département du Var et des services de l'État, civils et militaires, d'utiliser un bâtiment de la Marine Nationale situé dans l'enceinte de la pinède du Fort Saint-Elme pour y faire organiser un accueil de 39 mineurs non accompagnés par l'historique fondation catholique des « Apprentis d'Auteuil ».
J'ai donc salué, ce vendredi, l'initiative utile du Comité d'intérêt local des Sablettes et de sa présidente Patricia Dey, qui a invité les riverains plus ou moins proches de Saint-Elme à une rencontre d'information et d'échanges avec Frédéric Baudot, directeur du futur centre d'accueil de ces malheureux adolescents, accompagné du responsable de la formation professionnelle de l'organisme.
Les choses sont désormais plus claires. J'ai vu évoluer avec plaisir, par leurs réactions au fur et à mesure de la réunion, les états d'esprit des gens des Sablettes et des alentours qui, de très réticents ou inquiets au début pour beaucoup, voire farouchement opposés pour certains, ont peu à peu révélé leur grand cœur...
QUAND ON NE SAIT PAS, ON PEUT TOUT IMAGINER
Il est vrai que, lorsqu'on ne connaît pas les tenants et les aboutissants, la porte s'ouvre à toutes les interprétations, surtout lorsque les craintes sont attisées par certaines personnes publiques.
J'avais bien essayé, en avril puis en mai 2018, lorsque le préfet m'avait informé par courtoisie du projet des « Apprentis d'Auteuil », mandatés par le Conseil départemental au titre de sa responsabilité en matière d'aide sociale à l'enfance, de rassurer mes concitoyens, mais, le sujet ayant été exploité un peu trop politiquement, il était difficile de faire entendre une voix apaisante.
« MIEUX VAUT T'OCCUPER D'EUX, SINON C'EST EUX QUI S'OCCUPERONT DE TOI ! »
Ces adolescents, eussent-ils dû fuir leurs pays d'insécurité ou de misère, sont des mineurs de 12 à 18 ans, sans famille, comme le sont d'autres enfants natifs de notre pays. La loi s'applique à tous : le Département a le devoir d'assurer leur protection. Et il vaut mieux le faire dans un centre de vie adapté, avec l'encadrement d'éducateurs, travailleurs sociaux, formateurs en « français langue étrangère », tous qualifiés et expérimentés dans cette mission. Faute d'un nombre suffisant de places dans ces centres, trop de ces jeunes sont livrés à eux-mêmes en étant hébergés dans des hôtels de nos villes, avec seulement un éducateur qui se déplace de l'un à l'autre, dans la difficulté d'assurer un accompagnement éducatif et social permanent.
Les habitants de nos quartiers Sud l'ont bien compris, après que, au cours des échanges, ils ont perçu que ce sera « une sorte d'internat comme les autres », que les 12-15 ans seront scolarisés dans les mêmes collèges que les jeunes Français et que les 16-18 ans, selon leur niveau scolaire, leur degré de maîtrise de la langue, et leurs aspirations, iront au lycée ou bénéficieront, soit dans le centre lui-même, soit ailleurs, d'une formation professionnelle. Et que, à défaut de parents, ce sont les « Apprentis d'Auteuil » qui assureront la responsabilité de leur tutelle, par délégation officielle de la puissance publique.
LA SEYNE GÉNÉREUSE ET FRATERNELLE À NOUVEAU RÉVÉLÉE
En outre, en créant dans le centre d'accueil de Saint-Elme un restaurant d'application, la fondation chrétienne veut ouvrir ses espaces aux voisinage et à l'ensemble des Seynois, qui pourront venir y prendre le repas et, au passage, mieux connaître les jeunes et leurs encadrants, ainsi que, si besoin, évoquer d'éventuelles difficultés de voisinage. Comme dans l'environnement de n'importe quel orphelinat, établissement avec internat, ou centre de jeunesse.
Et, lorsque certains participants à la réunion ont trouvé qu'on « a beaucoup à apprendre et s'enrichir les uns des autres », puis que d'autres ont demandé ce qu'ils pouvaient faire, bénévolement, pour se rendre utiles et accompagner cette œuvre humanitaire, et qu'ils ont été applaudis par la salle, j'ai été conforté dans ma conviction : contrairement à ce que certains voudraient faire croire, le mot républicain de « fraternité » n'a pas été rayé de la vie des habitants de nos beaux quartiers littoraux et balnéaires.
Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement, a honoré La Seyne de sa présence ce vendredi, à l'occasion de l'inauguration du tout dernier équipement réalisé dans le cadre du Programme de rénovation urbaine 2006-2019, un « Espace sportif et d'accueil des jeunes » (ESAJ), en fonctionnement depuis quelques mois.
Dans le cadre de l'événement « Berthe en fête », avec des visites du restaurant d'insertion « Le Petit Prince », des espaces socio-éducatifs du collège Henri-Wallon, de la médiathèque Andrée-Chedid, un cheminement à pied dans le quartier pour découvrir les rénovations de l'habitat et des espaces publics, et des rencontres avec des habitants, des acteurs associatifs et publics, l'occasion a été donnée au représentant du Gouvernement de mesurer l'importance de ce programme qui s'achève après avoir duré treize ans.
Le ministre a aussi évalué avec une satisfaction non dissimulée la qualité du travail que les services publics et les associations mènent en matière d'éducation des jeunes, de 0 à 25 ans, soulignant que... « à La Seyne, [nous avons] une longueur d'avance sur bien d'autres territoires ».
Je livre ci-après mon propos inaugural de ce nouvel espace éducatif...
« C'est un vrai lieu de vie que nous inaugurons aujourd'hui. Un lieu de vie intense car il accueille des jeunes. Des jeunes Seynois, de tous horizons, qui se retrouvent ici. Une fabrique de futur. Une illustration du dynamisme et de la détermination des associations, dont les clubs sportifs, et de nos services municipaux. Je reviendrai sur cette dimension essentielle de ces deux jours de fête...
« Inaugurer une telle structure, après quelques temps d'activité et un vrai succès naissant, c'est mieux qu'inaugurer du béton vide.
« Et ce ne sont pas les architectes, n'est-ce pas, Jean-Louis Duchier, qui me démentiront, tant ce qui est recherché – et trouvé –, ici, c'est un espace ouvert et multifonctionnel, éclairé, répondant de belle façon aux normes de haute qualité environnementale, notamment par ses toits végétalisés, entre zones pavillonnaires et habitat collectif, entre école et équipement sportif, c'est un lieu intégré et d’intégration sociale et urbaine. Bravo et merci aux concepteurs, aux entreprises, aux services qui ont voulu et suivi la réalisation.
CE QUI COMPTE LE PLUS : LA COHÉSION HUMAINE, L'ÉLAN D'UN QUARTIER
« Je suis heureux, Monsieur le ministre, d’avoir pu cet après-midi profiter de votre présence pour montrer, pour valoriser publiquement ce qui compte le plus à mes yeux : la cohésion humaine. L'élan d'une ville, d'un quartier, contre les vents et les marées de l'adversité.
« J'aime ce quartier. J'y ai vécu dans mon mon enfance, j'y ai effectué toute ma carrière, j'y ai connu deux générations d'élèves devenus pour la plupart aujourd’hui des adultes accomplis, grâce à leur volonté bien sûr, mais aussi grâce à ce qui y a été mis en place : une "cité éducative" avant la lettre.
« J'aime ce quartier parce que je connais nombre de ceux qui y vivent et qui, eux aussi, y sont très attachés. Ils tiennent, M. le ministre, à la sécurité, à la paix, à plus de justice sociale, ils tiennent au cadre de vie chaleureux que ce quartier sait construire, pour peu qu'on lui en laisse la possibilité.
« Ce n'est pas une vie rêvée ou calculée par je ne sais quel technocrate, dont nous parlons ici et maintenant.
« Vous l'avez aperçue, cette vie communale et de quartier, en ayant parcouru, rapidement, – et je vous en remercie au nom de La Seyne, sincèrement – quelques structures qui sont autant de "fabriques de citoyens", ateliers vivants de culture, d'apprentissage de la vie en commun et de la construction de soi.
QUAND ÉTAT, RÉGION, MÉTROPOLE ET COMMUNE COOPÈRENT, ÇA AVANCE
« Cet Espace sportif et d'accueil des jeunes aura coûté pas moins de 4 millions et demi d'euros. Ça a été rendu possible par une aide importante de l'Etat, via l'ANRU, un effort conséquent de la Ville bien sûr, de la Région Provence, et de l’agglomération Toulon Provence Méditerranée, aujourd’hui Métropole, qui conduit, en lien étroit avec nous, la politique de la ville, notamment le tant espéré programme de renouvellement urbain de notre centre-ville...
« Cette allusion au centre-ville me permet de parler de "territoire à vivre et à partager", de parler de ville, de quartier désenclavé. "Berthe en fête", cette année, c'est l'aboutissement du PRU, commencé en 2006, qui s'achève par ce dernier grand équipement inauguré aujourd'hui, en 2019.
« Demain, Monsieur le ministre, nous célébrerons, profitant de ce week-end de fête, j'y reviendrai, les premiers mois d'activité d'un Centre culturel réhabilité.
« Et vous avez bien sûr pu apprécier la Médiathèque Andrée Chedid, ouverte en janvier 2013 et qui anime le quartier mais qui participe aussi à son attractivité, à son image et à son rayonnement, qui modifie de façon positive le regard que les non-résidents d'ici posent sur ce morceau de ville.
« Car le PRU a apporté aussi cela : on vient ici parce qu'on y a fait de la ville. Des logements construits, reconstruits, rénovés (860 constructions-démolitions et 2500 rénovations, des résidentialisations, des aménagements de parties communes, de la mixité sociale), mais pas seulement.
« Il faut le dire. 350 millions d'euros ont été intelligemment et efficacement investis ici, et les habitants du quartier comme l'ensemble des Seynois se rendent compte de ce que cela a apporté au développement de notre ville et à son image.
« J'ai évoqué l'habitat. Mais comment ne pas évoquer, même rapidement – trop rapidement, si l'on songe au travail des techniciens, des administratifs, la participation des habitants –, bref, une immense tâche collective, comment ne pas évoquer la création ou a rénovation de places, de voies publiques, d'écoles, d'une crèche, d'un centre social, d'un centre culturel, d'une médiathèque...
« Je le répète : c'est immense, ce que nous a apporté la « politique de ville », comme on dit. Le visage et la réalité de Berthe ont profondément changé, et les opérations ont modifié l'entrée de ville au nord, elles ont modifié l'image même de notre commune. Et ceux qui jouent, dangereusement, de la division sociale et urbaine entre quartiers, par une argumentation aux relents nauséeux de relégation, prétendant que "tout est fait ici et rien ailleurs", devraient réfléchir. Le PRU aura profité à toute la ville.
PAS D'AUTOSATISFACTION, IL Y A TANT ENCORE À FAIRE, POUR LE QUOTIDIEN
« Mais, attention, un bilan n'est pas un acte d'autosatisfaction. Cette évaluation, évoquée pour mesurer ce qui reste à faire, n'empêche pas nos populations de continuer à vivre dans des difficultés aussi immenses que l'est le bilan.
« Non, tout n'est pas parfait. Des gros efforts sont en cours, notamment de la part de notre office d'HLM, malgré les dures contraintes imposées au logement social par sa récente réforme, pour que la qualité de vie quotidienne s'améliore. Il est tellement dommage que le travail réalisé sur les infrastructures urbaines et d'habitat se dissolve dans des difficultés du quotidien, d'insalubrité de lieux communs, de dysfonctionnements et dégradations, de logements vacants.
« Et puis, vous savez, ce qui a justifié le report de l'inauguration de la rénovation du centre culturel Tisot, ces événements tragiques, insupportables, qui ont marqué le quartier ces derniers 18 mois par une vague de violence criminelle due au trafic de drogue, et semé l'angoisse et la terreur chez les braves gens, n’incite pas, loin de là, à la gloriole !
« Et c'est pourquoi je passe du temps, vous êtes bien placé pour le savoir, M. le ministre, – nous étions encore ensemble hier à Paris – à assumer la tâche prenante de président d’une association nationale des maires des communes abritant des quartiers populaires fragiles, parce que j'y vois mon devoir d'élu local de la République, devant porter les besoins de ses concitoyens.
« Cela est utile – je dirais même indispensable - aux habitants de toutes nos villes, et donc de notre ville. Tant reste à faire.
« En réalité, si cette mission de niveau national m'éloigne régulièrement de mes concitoyens et des acteurs de terrain, elle les rapproche de la réponse à leurs besoins.
« Et sachez, vous, les acteurs, publics ou associatifs, vous, les familles, vous, les jeunes, que, avec mes collègues maires, nous contribuons à faire connaître et apprécier vos actions, sur le terrain, vos succès comme vos difficultés. Nous savons qu'il faut faire savoir tout cela, et l'ajouter dans tous les dossiers de nos responsables nationaux, dont ceux de notre ministre de la Ville, qui est toujours à notre écoute.
« Alors, avons-nous des divergences, Monsieur le ministre ? Bien sûr ! Mais sur chaque dossier, nous travaillons. Vous et moi, nous tous ici, notre majorité municipale riche de sa diversité, celles de la métropole et des collectivités partenaires, quelles que soient nos options politiques respectives. Le meilleur moyen de rester soudés, c'est de se parler vrai.
UNE DÉLINQUANCE QUI ASSOMBRIT DES ANNÉES DE BEAUX EFFORTS
« Car, j'y reviens, les événements que ce quartier a connus, comme d'autres de la métropole, à Toulon et Hyères, assombrissent le bilan du PRU que j’évoquais dans un esprit positif, et supposent une solide unité.
« Alors, on se parle vrai. On n'inaugure pas les chrysanthèmes. On ne se congratule pas devant des citoyens que l'on laisserait livrés à eux-mêmes après un dévoilement de plaque et une visite officielle.
« Si aujourd’hui et demain cette fête a un sens, c'est bien celui de réaffirmer la vie, je l'ai dit, la volonté de tous de "faire République", de serrer les rangs pour aller encore mieux vers l'autre et ouvrir ce quartier, donner toutes leurs chances, notamment à nos jeunes.
« Et pour se dire les choses, permettez-moi revenir clairement sur les dramatiques événements qui nous ont conduit, fin 2018, à reporter l'inauguration officielle du Centre culturel Tisot, qui aura lieu demain soir.
« J'emprunte quelques mots écrits récemment par Gilles Triquet, le vice-président de notre office d’HLM, Terres du Sud Habitat, à propos de la situation que vivent nos concitoyens ici à Berthe :
« "Le problème est profond, rappelle-t-il, et ses racines ne datent pas d’hier. C’est l’affaire de notre société dans son ensemble : que faisons-nous pour empêcher certains pauvres d’avoir recours au trafic pour survivre ? Les sociologues analysent les cadres désormais perdus depuis des décennies d’une gestion collective bâtie sur un projet commun, les principaux ciments qui assuraient aux côtés des familles, de l’école, la cohésion de la société : l’instruction religieuse, le syndicalisme, les partis politiques, les cercles laïques, les sociétés diverses d’entraide, de jeux, de culture...". Fin de citation.
« Et j’ajoute à ce constat que, si ce quartier a droit aujourd'hui aux aides du dispositif de "reconquête républicaine", c'est un signe que la sécurité de nos concitoyens, la paix et la tranquillité publique, vont être mieux pris en compte.
« Votre collègue ministre de l'intérieur est venu ici nous le promettre. Tant mieux.
« Mais "reconquête" signifie hélas qu'il y a eu d'abord recul de la République. C'est à cela qu'il faut mettre fin. Et cela ne se fait pas par un claquement de doigts, et encore moins par les propos démagogiques et incendiaires de certains, ne faisant qu'ajouter à la tension.
OBJECTIVEMENT, L'ÉTAT PROGRESSE EN ÉCOUTE DES TERRITOIRES FRAGILES
« Et, devant vous, responsables associatifs en difficulté par la baisse de moyens, devant vous, acteurs de terrain contraints d'agir avec trois bouts de ficelle, je ne laisserai personne dire que les politiques d'austérité, systématiques, aveugles, injustes et inefficaces, qui ne datent pas de l'actuel Gouvernement, ne sont pas responsables, pour une grande part, des situations créées dans la société en général et dans nos quartiers en particulier.
« Monsieur le ministre, mesdames, messieurs, lors d'une visite de chantier ici même, fin 2017, je rappelais devant la presse qu'entre le décret réduisant les moyens du contrat de ville, et la non-reconduction de "contrats d’accompagnement dans l’emploi", c'était tout le tissu associatif animant ces quartiers rénovés qui était en danger. J'ajoutais que "de même, le centre ancien, désormais aussi quartier prioritaire, peinait à voir s'engager le NPNRU, dans l'attente de financements, décourageant les habitants investis dans les conseils citoyens".
« Or, nous le reconnaissons, mes collègues maires et moi, l'année 2018 aura marqué une évolution dans la façon dont l'Etat considère nos quartiers populaires. J'en suis heureux et, Monsieur le ministre, je vous suis personnellement reconnaissant de cela, je l'ai dit et écrit à maintes reprises.
« Bien sûr, l'action de tous, élus locaux, n'y est pas étrangère, tout comme la mobilisation des acteurs de terrain. Manifestement, l'Etat ignorait, quand il ne méprisait pas, les responsables publics, associatifs, économiques, élus locaux, qui travaillent quotidiennement à "faire société".
« Ce regard a évolué, et c'est une bonne chose. Je citerai notamment l'abondement enfin assuré des budgets de la rénovation urbaine dont, j'espère, nous allons bénéficier très vite pour notre centre-ville, et, entre autres, ce qui est illustré aujourd'hui, le projet de "cité éducative", qui résulte de l'une de propositions forgées sur les expériences de plusieurs villes, dont la nôtre, et auquel elle est bien sûr candidate. Ce dispositif renforce et rend complémentaires et cohérentes entre elles les missions d'éducation et de formation des jeunes de 0 à 25 ans et d'appui aux familles menées par l'ensemble des co-éducateurs.
L'OUVERTURE DE L'ÉCOLE EST DÉSORMAIS REDEVENUE PAROLE DE L'ÉTAT
« En la matière, ce quartier sait de quoi on parle. Il a jadis connu l'ouverture des établissements scolaires à leur environnement, la coopération, sur fond de connaissance et reconnaissance mutuelles des divers métiers et fonctions, entre tous les acteurs éducatifs, les passerelles construites entre les divers temps et lieux d'éducation scolaire, péri et extra-scolaire. Mais tout cela, initié lors la création de l'éducation prioritaire, s'est subitement refermé sans autre forme de procès évaluatif, il y a quelques années, au nom d'une prétendue nécessité de "sanctuarisation" de l'École.
« Alors, vous ne pouvez imaginer, Monsieur le ministre, l'espérance que suscite ici cette nouvelle démarche de partenariat et de réouverture, indispensable aux enfants, aux jeunes et aux familles, telle qu'elle a été exposée hier à Paris, tant par le coordonnateur national que par la vice-présidente de la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée Nationale. C'est désormais parole de l'État. Nous allons pouvoir renouer avec l'Education globale.
« Et je reconnais aussi le bien-fondé des décisions de prolonger les contrats de ville, de réduire les effectifs des petites classes en école élémentaire, ou celle, que vous avez annoncée hier, de garantir enfin aux associations des financements pluriannuels.
« Je ne le dis pas parce que vous êtes physiquement présent, Monsieur le ministre : il était temps, grand temps, qu'une lueur d’espoir renaisse et nous remotive, même si tout n'est pas réglé, loin s'en faut, et, notamment, sur les enjeux majeurs de l'accès à l'emploi, qui est le prolongement naturel des efforts éducatifs.
« Nous déplorons ainsi le remplacement, par des "emplois francs" hélas inopérants et des conventions de "parcours emplois compétences", financièrement inaccessibles à beaucoup d'associations employeuses, des marchepieds vers l'insertion professionnelle que constituaient, parce que l'Etat les finançait alors très correctement, les "contrats d'accompagnement dans l'emploi", sans compter l'appui logistique qu'ils apportaient aux associations. Il faut corriger cela. Vous qui êtes à notre écoute, M. le ministre, vous pouvez peser sur le ministère du Travail et sur Bercy !
UN MONDE ASSOCIATIF IRREMPLAÇABLE
« Chers amis, revenons à nos deux jours de fête. Demain nous nous retrouverons à Tisot, ce nom tellement familier ici du centre culturel qui a réussi une belle première saison, attirant des publics de tous les quartiers comme d'autre communes, voire de plus loin, et accomplissant en même temps sa mission « sacrée » d'animation socio-culturelle qu'il nous faut encore conforter et améliorer.
« "Berthe en fête", ce sera aussi la plantation d'un arbre de la Paix, devant l'école Jean Zay, car c'est cela aussi.
« Et ce seront, pour la 17ème année, des animations sportives et culturelles, des expositions sur l’histoire et la vie du quartier.
« Bravo et merci aux services municipaux de s'être investis bien au-delà de toute routine ou mission "obligée", les directions, les équipes de la culture, du Centre Tisot, de la Médiathèque Chedid, des sports et de la jeunesse. Bien sûr, épaulés par d'autres services que je ne peux mentionner faute de temps et pour ne pas en oublier, mais qui se reconnaîtront...
« Et puis, coordonnées par le Centre Social et Culturel Nelson-Mandela, je veux citer les associations et tous les bénévoles : l'AMIQ, l'APEA, Femme dans la Cité, l'ASL, CATS, Cités des Talents, l’UFOLEP, le Conseil de Quartier Nord, Les Petits Débrouillards, la MAEFE, Nouvel Horizon, l'Olympique Lutte Seynois, Sud Fraternité, Univers-cité, et d'autres que j'oublie sûrement.
« Je vous félicite et vous remercie pour l’immense, le précieux travail dont vous nous enrichissez. »
APRÈS BERTHE, LE MINISTRE A ANNONCÉ – ENFIN ! – LES MOYENS POUR LE CENTRE-VILLE
1500 quartiers prioritaires urbains fragilisés par les réalités sociales, urbaines, économiques et politiques, grands ensembles d'habitat social ou centres anciens dégradés, dans 900 communes, plus de 5 millions d'habitants, dans des petites villes ou de grandes métropoles, telle est une des réalités de la France. La Seyne est au nombre de ces territoires.
Depuis 40 années, l'État se penche, avec plus ou moins de bienveillance, sur ces « morceaux du pays ». Il faut toutefois sans cesse l'interpeller, attirer son attention, prendre son bâton de pèlerin pour lui formuler des propositions ou l'admonester lorsqu'il aggrave les inégalités par ses choix. Les « banlieues » se sentent parfois moins cajolées que la ruralité. Si c'est en partie vrai, serait-ce parce qu'on y compte moins d'électeurs ?...
Il faut que leurs maires, ensemble, solidairement, s'investissent pour que les habitants de ces quartiers ne soient plus des oubliés de la République. C'est à quoi, avec des dizaines de mes collègues, je m'emploie au sein d'une association d'élus spécialement dédiée à nos enjeux particuliers...
DES MAIRES SOLIDAIRES POUR PLAIDER LA CAUSE DE LEURS QUARTIERS
Chaque mois environ, les maires et/ou présidents d'intercommunalités de ces parts du territoire national où il faut se démener sans cesse pour que, par la rénovation urbaine et l'accompagnement social, soit freinée et recule la relégation vis-à-vis de la République, se retrouvent pour échanger, confronter leurs expériences, évoquer leurs difficultés et leurs causes, élaborer, porter et défendre des propositions auprès du Gouvernement et du Législateur, afin de promouvoir l'égalité et la solidarité que la Nation doit à chacun de ses enfants.
Créer les conditions de ces démarches actives est le rôle que s'est fixé il y a trois décennies l'Association des Maires Ville & Banlieue de France qui regroupe toutes les communes et établissements de coopération intercommunale connaissant ces réalités sociales et urbaines, quelles que soient les sensibilités politiques de leurs équipes exécutives.
DES RÉUSSITES DONT N'AURONT PAS À SE PLAINDRE LES HABITANTS DES QUARTIERS POPULAIRES DE CHEZ NOUS
Ça prend du temps et ça consomme de l'énergie, nous éloignant régulièrement quelques jours de nos communes et de nos concitoyens, mais, en retour, on parvient – pas toujours, hélas – à obtenir des réponses concrètes, des moyens, des améliorations. Ainsi, ces derniers mois, aurons-nous gagné la prolongation jusqu'en 2022 des « contrats de ville » qui devaient arriver à terme cette année, la création du dispositif des « cités éducatives », un soutien d'État de 15 millions d'euros aux associations actives sur nos quartiers, la prise en compte de « l'image des quartiers » dans les politiques de communication et d'information, ou encore l'avancée du concept de « police de sécurité du quotidien ».
De tous ces programmes, La Seyne et l'agglomération toulonnaise n'auront pas à se plaindre, même si c'est toujours très insuffisant, et si nous connaissons des échecs, par exemple avec le refus obstiné de l'État de revoir sa copie sur le démantèlement des « emplois aidés », faisant perdre à nos habitants un levier vers leur insertion professionnelle et à leurs associations un soutien majeur à leurs activités, dont nous commençons à mesurer les effets funestes pouvant gravement porter atteinte à nos équilibres sociaux.
UN DEVOIR DE RENDRE COMPTE À MES CONCITOYENS
Un temps fort annuel, sous forme de la réunion d'une Assemblée Générale des « maires de banlieue », s'est tenu ces derniers jours à Chenôve, dans la banlieue de Dijon, capitale de la Bourgogne.
Nous y avons renouvelé nos instances dirigeantes – accessoirement, mes collègues m'ont fait l'honneur de me reconduire dans mes fonctions de président de l'association – et, surtout, nous y avons fait le point des avancées, des échecs, et des enjeux sur lesquels nous devons poursuivre nos efforts de conviction.
Je dois à mes concitoyens, que je délaisse périodiquement pour la défense collective de nos territoires – mais, unis, nous sommes plus forts pour plaider nos causes ! –, de leur rendre un peu compte du bilan que nous avons dressé de notre implication coopérative au cours de l'année écoulée. Ça se fait en cliquant sur l'image ci-dessous...
Perdues dans le tintamarre des fausses informations, des critiques négatives en tous genres, des injonctions de réaliser l'impossible, et des promesses inconsidérées, il est parfois des nouvelles encourageantes qui passent inaperçues.
Il aura fallu qu'un ami auvergnat m'en parle pour que je découvre cet article du « Figaro », daté du 12 mars dernier, et que je réalise que, finalement, tout ne va pas beaucoup plus mal qu'ailleurs à La Seyne, notamment quand on a atteint l'âge de la retraite...
Comme on peut le voir en cliquant pour l'agrandir sur la reproduction de la page du journal, sur les sept communes du Var ayant été analysées, La Seyne est en troisième position, derrière Hyères et Saint-Raphaël, et devançant, dans l'ordre, Fréjus, Toulon, Six-Fours et Sanary, cette dernière étant antépénultième du classement, et pourtant souvent citée par nos détracteurs locaux comme « Le » modèle vers lequel il nous faudrait tendre...
Bien sûr, toutes les études ont leurs limites, et ce résultat publié ne signifie pas, loin de là, que les moins bien classées ne sont pas des villes agréables à vivre.
En tous cas, nous, Varois, que nous soyons dans ce classement au joli rang d'Hyères ou à celui de Sanary, pouvons être collectivement fiers d'être du département le plus représenté dans ce palmarès, avec le plus grand nombre de communes classées. Et, avec quatre communes repérées (Hyères, La Seyne, Toulon et Six-Fours), notre métropole est l'intercommunalité manifestement la plus attractive du pays lorsque sonne l'heure de la cessation d'activité professionnelle.
Ceci étant, il nous reste des efforts à accomplir, car, si l'on exclut Hyères (14ème), aucune de nos communes varoises ne figure dans la première moitié du classement national.
C'EST L'OFFRE DE SERVICES PUBLICS QUI FAIT LA DIFFÉRENCE...
Au-delà des chiffres, tout de même flatteurs, ce qu'il me semble intéressant de relever, ce sont les critères analysés : l'accès et le coût du logement et les taux d'imposition liés à l'habitation, le climat, l'accès à la prévention sanitaire et aux soins, les services en faveur des seniors, la sécurité, l'offre en matière de commerces et de mobilités, et l'offre culturelle, de sports et de loisirs, accessibles à tous.
Si l'on considère que les sept communes varoises passées au crible du « Figaro » bénéficient toutes du même climat, et que le moindre coût du logement seynois est contrebalancé par les taux des taxes locales plus élevés que chez nos voisins, il semble que ce sont donc sur les autres critères qu'il faut chercher les différences.
Et ça me conduit à considérer que, contrairement à certains contempteurs locaux qui n'ont de cesse de vilipender le service public, soi-disant trop coûteux en finances et en ressources humaines, voire le soutien public à l'activité économique et associative, nous n'avons pas à regretter nos efforts en matière de tranquillité publique et de prévention de la délinquance, de solidarité, d'action sanitaire, d'aides pratiques à nos anciens, d'amélioration des transports collectifs, ou d'accès pour tous les âges au loisir, au sport, à la culture et aux arts. Autant d'actions qui nous ont valu de nous voir décerner le label national « Bien vieillir, vivre ensemble »...
Car c'est bien tout cela, à mettre à l'actif de la ville et, pour une part, de la métropole, qui, si on analyse honnêtement et objectivement, fait la différence.
Attributions des logements sociaux, prévention et exécution des expulsions locatives, tranquillité et sécurité sur fond de délinquance et de criminalité récemment accrues, nécessité d'hygiène urbaine qui se dégrade, contraintes de saine gestion à maintenir après plus d'un quart de siècle d'efforts drastiques pour sauver notre organisme de logement social devenu métropolitain, ces sujets récurrents alimentent les conversations – trop souvent sur fond d'inexactitudes et d'arrière-pensées – entre des milliers de Seynois, locataires ou aspirant à la devenir.
Après avoir été collaborateur puis directeur intérimaire de mon cabinet, mon ami Gilles Triquet a accepté il y a quelques mois d'assurer bénévolement la vice-présidence déléguée de « Terres du Sud Habitat » (TSH), notre historique office d'HLM.
Quelques temps après sa prise de fonction, il a fait un point de la situation et tracé une feuille de route.
Fût-ce un peu long, je tiens à reproduire ci-après son propos qui balaye la plupart des enjeux qui se posent pour le droit au logement locatif social seynois. Et devrait couper le cou à beaucoup d'interprétations, inexactitudes et contre-vérités trop souvent insidieusement instillées...
INACCEPTABLE DE VIVRE DANS LA TERREUR
« Tout d’abord, et parce l’actualité est liée à un affrontement entre bandes rivales pour tenir le trafic de stupéfiants, je veux redire notre compassion pour certains des habitants des quartiers, notamment Berthe et La Présentation, qui vivent dans la gêne et la peur.
« En effet, au moins deux immeubles où ces délinquants sévissent ont fait l’objet de dégradations, les visiteurs sont fouillés, quelques-uns subissent des intimidations physiques, tous ont leur qualité de vie dégradée.
« C’est ce que nous ont dit, à plusieurs reprises, plusieurs groupes d’habitants, lorsqu’ils ont été reçus à plusieurs reprises dans les locaux de notre office d'HLM, anciennement communal et désormais métropolitain, Terres du Sud Habitat (TSH), à son siège, à ses locaux de Berthe, et à l’Hôtel de Ville. Une délégation représentant les habitants a répété en des termes sans équivoque leur mal-vivre le 3 mai dernier au ministre de l’Intérieur, en visite à La Seyne après dix-huit mois d'appels au secours du maire.
« Nous faisons à TSH ce qui relève de notre compétence pour atténuer la gêne : réparations multiples, propreté, évacuations de tout ce qui est entreposé pour ralentir l’intervention éventuelle de la police. La difficulté est qu’il faut recommencer chaque jour car, chaque jour, des barrières, des pneus, divers encombrants sont redéposés. La situation est telle que ce qui est fait sans cesse n’est pas reconnu.
« C’est à la fois beaucoup et peu au regard de l’ordinaire et des peurs. Toutes les autorités sont alertées.
« Bien sûr, je comprends que ceux qui subissent, à L'Abricotier, au Berthe C, exigent un déménagement immédiat.
« Pour chacun, si cela était réalisé, ce serait peut-être une solution, mais, pour le quartier, hélas, non ! Le problème resterait entier : immanquablement, une autre tour verrait la même situation se profiler. Pour autant, ceux qui en ont fait la demande la verront traitée selon les règles établies, je les détaillerai plus loin.
LE NARCOTRAFIC EST UNE PLAIE À REFERMER EN URGENCE
« Je n’ai pas de solution miracle, le problème est profond et ses racines ne datent pas d’hier. C’est l’affaire de notre société dans son ensemble : que faisons-nous pour empêcher les pauvres d’avoir recours au trafic pour survivre ?
« Les sociologues analysent les cadres désormais perdus depuis des décennies d’une gestion collective bâtie sur un projet commun, les principaux ciments qui assuraient aux côtés des familles, de l’école, la cohésion de la société : l’instruction religieuse, le syndicalisme, les partis politiques, les cercles laïques, les sociétés diverses d’entraide, de jeux, de culture ; ils enserraient l’individu mais lui fournissaient aussi des repères.
« Aujourd’hui, l’individu veut le pouvoir pour lui seul, l’écoute disparaît au profit du seul point de vue que chacun veut imposer à tous ; le paradoxe réside désormais dans la quête du bonheur privé et du malheur public.
« Que faisons-nous pour que les consommateurs ne trouvent pas dans la drogue le substitut à leur quête de bonheur ?
« La drogue est le premier "employeur" des jeunes des quartiers populaires : 230.000 "emplois", c’est plus que La Poste, plus que la SNCF, analyse le sociologue Jean Viard.
« Les familles sont en échec parce qu’elles vivent au jour le jour et parce que le miroir aux alouettes de l’argent gagné vite et sans effort est puissant.
DES MESURES ANNONCÉES PAR L'ÉTAT... À CONCRÉTISER
« Pour l’heure, ceux qui viennent acheter et ceux qui vendent devraient être empêchés. L’Etat se doit d’y mettre les moyens de façon urgente et efficace.
« Je rappelle les mots de Victor Hugo : "Vous n’avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l’homme méchant a pour collaborateur fatal l’homme malheureux !"
« A trop tarder, la situation deviendra irréversible, et les "yaka, fokon" s’en donneront à cœur joie, désignant des boucs émissaires et des coupables. Dont le bailleur, en première ligne.
« La bonne volonté et les promesses ne suffisent pas. Une chose est sûre : nos quartiers sont rendus à un point de bascule (c'est le ministre lui-même qui le dit), nous pouvons enrayer cette violence, il ne tient qu’à nous, élus, autorités, bailleurs, locataires, de ne pas abandonner les quartiers à l’irrémédiable. Je fais miennes les paroles du Président de la République tenues lors de sa conférence de presse : "L’ordre public doit revenir et avec lui la concorde". Je prends note également de la volonté affichée par le ministre de l’intérieur de revenir à l’ordre républicain.
LA VIOLENCE A MASQUÉ LES EFFORTS ACCOMPLIS DE RÉNOVATION URBAINE
« Cela dit, il ne faudrait pas que ces violences, malheureusement bien réelles, cachent l’embellissement du cadre général et réduisent à néant les efforts consentis.
« Les actions de réhabilitation ont transformé un ensemble de tours et de barres à l’urbanité défaillante en un quartier résidentialisé, fait de rues et de croisements repérés par des noms et des adresses, pour la plus grande satisfaction de ses résidents qui, dans leurs curriculum vitæ, leurs tâches administratives, ne se singularisent plus.
« De même, n’oublions pas, avant de pointer les manquements de TSH, que la propreté, l’hygiène et la tranquillité dépendent aussi des locataires et de leur sens civique, que les dégradations, nombreuses, répétées, sont le fait d’habitants certes peu nombreux, mais en déficit d'éducation civique, ou malveillants, en tous cas peu soucieux des autres, mais qui agissent sous le regard passif de la majorité de tous ceux qui subissent.
« Notre mission est d’abord de construire et d’entretenir, elle ne devrait pas être de réparer, réparer et réparer encore. Même si cela est nécessaire, et que, dans l’ensemble, nous nous y employons.
« Certes, nous sommes perfectibles. Certes, il y a des exemples à charge, mais on ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure ! Sur un parc de 5.000 foyers, les manquements, inadmissibles pour ceux qui les subissent, représentent moins d’une centaine de situations.
« Enfin, je veux rappeler que nous n’avons pas de pouvoir de police, et que certains locataires refusent obstinément tout traitement sanitaire, rendant inopérants ceux que l'on réalise.
IMPOSSIBLE DE RÉPARER SANS CESSE SANS FRAGILISER LES FINANCES
« Réparer coûte très cher, pour ne rien apporter de plus !
« Pourtant, aujourd’hui, les finances sont équilibrées. Elles ne pourront le rester que si tous les habitants comprennent que la ligne des dépenses est limitée. Et nos tutelles doivent admettre que la situation est "extra...ordinaire" et qu’il faut en sortir, que le calme doit revenir, que la tranquillité se réinstaller, et que cette issue a un coût.
« Je me tourne vers les autorités, elles ont reconnu ce quartier comme QRR, quartier de reconquête républicaine, elles ont annoncé une présence accrue des forces de police, une doctrine d’actions concertées, des moyens d’agir. Gageons que nos actions convergentes permettent de faire dans ces quartiers populaires des lieux de droit républicain.
« Donc, lors de la dernière réunion de notre conseil d'administration, le budget 2019 a été approuvé à la quasi unanimité.
« Le travail conduit depuis 2014 a porté ses fruits. Sans garantie, toutefois, que l’arbre renouvelle sa floraison en 2020 du fait des intentions gouvernementales qui risquent de peser lourd dans le budget de tous les bailleurs sociaux...
DES CONTRAINTES DE GESTION IMPOSÉES FACE AU BESOIN DE PROXIMITÉ
« Cependant, au niveau national, les discussions sur les contraintes imposées au logement social ont abouti. Elles portent sur la clause de revoyure qui permet une adaptation à la baisse de 5 euros des Aides Personnalisées au Logement (APL), qui limite le niveau de la Réduction du Loyer de Solidarité (RLS), qui rétablit le taux de TVA à 5.5% pour les Prêts Locatifs Aidés d’Insertion (PLAI), les autres Prêts Locatifs à Usage Social (PLUS) et Prêts Locatifs Sociaux (PLS) restent à 10%.
« Mais l’exonération de la Taxe Foncière sur les Propriétés Bâties est levée, ce n’est pas une bonne nouvelle. Pour notre organisme les incidences négatives pourraient être d’un montant de 1,5 million d’euros. La vigilance est donc toujours de mise.
« Pour autant, dès cette année, nous nous sommes dotés d’un budget augmenté concernant la proximité (1 million supplémentaire d’euros) pour rendre un meilleur service aux locataires.
« Je remercie l’ensemble de nos personnels, et leur direction : après le travail accompli pour le rétablissement des finances, ils s’engagent résolument pour la réalisation de ces objectifs.
« C’est, avec la rigueur budgétaire, notre priorité pour cette année : améliorer le service de proximité, faire en sorte que les aléas de la vie du locataire trouvent des traitements efficients dans des délais raisonnables.
« FAIRE SOCIÉTÉ », LA VOCATION D'UN ORGANISME D'HLM
« En premier lieu, un postulat : lorsque le dialogue fonctionne, lorsque les faits sont éclairés, lorsque nous travaillons ensemble pour l’intérêt général, les difficultés sont, souvent, comprises et surmontées. Désormais nous avons des relations suivies avec les trois associations élues représentant les locataires.
« Notre volonté d'organisme HLM est de "faire société". C’est à dire interagir entre individus en se référant à des règles et des valeurs communes de manière à ce que le cadre de vie partagé soit entretenu et respecté par les uns et les autres.
« J’ai parlé de valeurs, je retiendrai : Intégrité, Rigueur, Vérité, Inventivité (autant que possible), Générosité (contrairement à se qui est propagé, nos loyers sont parmi les plus bas de France).
« Pour les règles : Partir du réel, Négocier, Parler vrai, Agir juste.
« Aussi, nous avons préparé un livret du locataire qui permettra à ce dernier, pas à pas, sur sa tablette ou son ordinateur, de créer et de suivre son propre dossier, ses demandes et le suivi de celles-ci, depuis chez lui. Evidemment, ce même livret nous conduit à une obligation de moyens et, si possible, le plus souvent, de résultats.
« Je pourrais, en miroir, aborder la question d’un point de vue négatif. Il s’agirait alors de combattre les désirs d’insatisfaction… vous savez, ceux qui ne trouvent grâce à rien. Pas même au fait que nous avons installé un standard performant, le mois dernier, qui permet l’enregistrement et le suivi de la quasi totalité des demandes.
UNE ABSOLUE NÉCESSITÉ D'OBJECTIVITÉ
« Il n’échappera pas aux observateurs que ce refus de voir les progrès effectifs est très utile aux contempteurs invétérés pour alimenter leurs dénonciations diverses. On a beau savoir deux ou trois choses de l’être humain, on reste stupéfait par les affabulations, les mensonges produits pour nuire ou pour obtenir un bénéfice ! La calomnie est une manière redoutablement efficace d’attiser la haine des ignorants.
« Pour en revenir au positif, le respect et la politesse conditionnent la vie civile. D’ailleurs, le mot "civilités" est utilisé pour décrire des rapports harmonieux entre les gens. Tentons d’y souscrire en toutes circonstances.
« Je suis persuadé que l’adhésion doit l’emporter sur la contrainte… que je ne rejette pas (c’est bien pourquoi je défends les règles). Mais ma conviction est que l’avenir se bâtit sur la cohésion, la co-construction, le partage.
« Les contraintes s’imposent au cadre de notre action – malheureusement lorsqu’elles sont un frein, et heureusement lorsqu’elles sont un aiguillon – : d’un côté la Caisse des Dépôtset la Caisse de Garantie du Logement Locatif Social, en gardiens de la rigueur, exigent des économies ; de l’autre, les locataires exigent des moyens supplémentaires au nom de leur droit au bien-être.
« Nous, nous devons ne pas dévier des buts de notre action et concilier les deux.
LA VERTU EST DANS LE JUSTE MILIEU DES CHOSES
« La mission d’un organisme de gestion d’un parc de logements sociaux est de proposer aux familles à revenus modestes ou les plus exclues d’accéder à un logement de qualité.
« Il lui incombe de les construire, de les gérer, de les entretenir. Si les organismes publics venaient à disparaître, ce serait une tragédie pour les populations (l’exemple des Anglais est édifiant, eux qui sont réduits par l’urgence à se voir proposer des maisons de bois préfabriquées). De même, laisser le parc se dégrader, la vie des locataires se liquéfier, serait un crime.
« Certes nous ne pouvons pas nous affranchir du monde réel, des incivilités, des coûts que représentent celles-ci, des retards, de la malveillance, mais cela n’empêche pas de s’attacher à travailler avec intelligence sur le monde des possibles.
« Car, en effet, je ne conçois cette mission de conciliation, entre logiques opposées, que sous le rapport de l’intelligence, c’est-à-dire un état objectif des situations, une formulation claire des difficultés, la reconnaissance des contraintes à partager, la recherche conjointe des mesures concrètes en l’état des situations.
« Il vaut mieux, selon moi, viser juste plutôt que parler fort. Les moralisateurs, comme les malveillants, apportent un surcroît de maux plus grandement néfastes. Il me paraît donc utile de parler et d’agir avec discernement, retenue et compréhension.
« Je me vois plus "tisserand" que "pasteur" : je veux croiser les fils d’une saine gestion avec la trame de la proximité efficiente, plutôt qu’enfiler le costume d'un guide : "In medio stat virtus" (la vertu est dans le juste milieu)...
« Je terminerai en avançant quelques idées plus concrètes sur quatre sujets majeurs : l'attribution des logements, les expulsions locatives, la sécurité et la lutte contre la délinquance, et l'hygiène.
EN FINIR AVEC LES AFFABULATIONS SUR LES ATTRIBUTIONS DE LOGEMENTS
« L’attribution des logements est une tâche complexe car elle crée, de facto, des mécontentements.
« Trop de demandes pour trop peu de disponibilités, et, par définition, une seule demande satisfaite à la fois. Les listes d’attente sont longues, en nombre et en durée. Les refus, pour dossiers mal remplis, incomplets ou par inadéquation entre la typologie demandée et la composition familiale, sont nombreux. Cette réalité entraîne des frustrations, des incompréhensions.
« A cette situation s’ajoutent les logements réservataires de la préfecture, des collectivités, d'entreprises et d’autres encore, qui nourrissent le sentiment que certains bénéficient d’un "coupe-file". Cela se complique avec les incohérences des dossiers présentés au nom de la "loi Droit Au Logement Opposable (DALO)" qui assure à chacun un logement : l'État ne tient aucun compte du lieu géographique de vie dans la présentation des candidats ! Résultat : beaucoup d’attributaires, des familles sans toit de l'est de Toulon par exemple, refusent le logement. Non seulement l’appartement reste vacant, mais son attribution "saute un tour", aggravant la vacance, l'incompréhension et les insatisfactions sur l'air de "tel appartement est vide depuis trois mois : pourquoi ne me l'attribue-t-on pas ?" ! Pourquoi la préfecture ne propose-t-elle pas des logements "DALO" à des sans-logis de proximité ?
« Par ailleurs, j’ai souhaité que soit établi très vite – et cela a été fait dès la première réunion du conseil d'administration suivant mon élection à la vice-présidence – une double grille de cotation, l’une pour hiérarchiser la demande, l’autre pour décider de l’attribution, instaurant mécaniquement une équité de traitement et une transparence, puisque la grille et les critères sont publics.
« De plus, la Commission d'Attribution des Logements (CAL) est désormais présidée par le représentant de la Caisse d'Allocation Familiales, ce qui est un gage de respect des règles.
« Et nous avons repris le rythme d’une commission mensuelle.
« Il est à souligner que la loi logement de 2018 (loi ELAN) conditionne, encore plus strictement que par le passé, l’attribution d’un type de logement à la composition familiale correspondante. Elle prévoit, en outre, une mise à jour triennale sur l’ensemble du parc.
EN FINIR AVEC LES TRÈS RARES EXPULSIONS... ET LEURS EXPLOITATIONS
« Quoique rarissimes, de l'ordre d'une dizaine par an pour plusieurs centaines de foyers légalement "expulsables", les évictions auxquelles un bailleur social est contraint sont bien souvent un constat d'échec, une source d'incompréhensions, d'interprétations, et d'enjeux qui sont bien éloignés des intérêts des familles.
« De même qu’il ne faut pas se dérober aux responsabilités qui sont les nôtres pour ne pas donner de mauvais signaux aux rares "locataires de mauvaise foi", il sera utile, pour tous, à la fois pour l’organisme qui, après avoir éliminé toutes les voies de recours, se tourne vers le préfet qui autorise l’expulsion, et pour les représentants des associations qui défendent le droit à être sous un toit, de ne pas laisser grandir la démesure, "l’hubris", cette volonté d’aller dans l’excès, au-delà des possibles.
« Dénonçons les responsabilités là où elles sont réellement, et ne demandez pas à l’Office les réparations de la vie qui incombent à d’autres. Comme le colibri, nous faisons notre part… et, certes, elle n’est pas suffisante.
« Là aussi, nous devons conjuguer, discerner, ce qui relève de la compréhension et ce qui serait une complaisance malvenue, discriminer solvabilité et abus, enfin ne pas désespérer tous ceux – l’immense majorité – qui acquittent leur loyer, nonobstant les difficultés qu’ils rencontrent aussi.
« C’est pourquoi, selon le vœu de la municipalité, nous participerons, en plus des procédures déjà en place – activation des services sociaux jusqu’à examen en Commission de coordination des actions de prévention des expulsions locatives (CCAPEX) que préside le préfet et le président du Département – à la création d’une Commission d’Ultime Recours (CUR) qui, in fine, décidera de la bonne ou de la mauvaise foi des personnes endettées. C'est là une constance depuis que Marc Vuillemot est maire.
« Vous me permettrez de paraphraser le philosophe Baruch Spinoza, dans L’Ethique : "Porter secours à ceux qui ont besoin dépasse largement les forces et les moyens [de TSH], cela s’impose donc à la société toute entière et concerne l’intérêt commun". Et j’ajoute : "et donc l’Etat, en l’état !".
EN FINIR AVEC LES MANQUEMENTS GRAVES À LA TRANQUILLITÉ ET LA SÉCURITÉ
« Dois-je rappeler que la sécurité publique, la lutte contre la délinquance et la criminalité, relèvent de la responsabilité de l’Etat ?
« Il revient à un organisme d'HLM et à une mairie d’assurer une mission de "tranquillité". Entendez bien, il s’agit de gardiennage au sens civique du terme : propreté, respect des voisins, etc. Nous avons fort à faire, et, je le concède, nous sommes largement perfectibles. C’est bien pourquoi nous nous employons à corriger les manquements.
« Nous remobilisons les gestionnaires d’immeubles, nous serons vigilants sur les attendus. Bien sûr, cela ne peut se faire d’un claquement de doigts, il y faudra du temps, mais la volonté est là. Le service de proximité est en pleine réorganisation de manière à corriger ce qui n’allait pas.
« Par ailleurs, et devant l’ampleur du désarroi des habitants, soumis aux agressions verbales et physiques de quelques-uns, nous avons missionné une entreprise spécialisée qui, sur le terrain, montrera, je l’espère, les bonnes directions à prendre…
« Voici, entre autres, ce que les responsables de cette société nous ont dit après leur évaluation initiale de la situation : "Finalement, peu de troubles à la tranquillité dits 'classiques', mais deux vrais problèmes persistent : la présence de narcotrafiquants et les perturbations qu’ils entraînent, et la présence des rats risquant d’entraîner un sérieux souci sanitaire."
« Je connais les contraintes de la puissance publique d'État, sa volonté de faire cesser les trafics, ses réussites réelles, encore récemment. Mais, pour nos populations, c’est un fait, elle est perçue comme cette horloge qui indique l’heure et en sonne une autre... Les arrestations n’arrivent pas à cacher l’impuissance constatée à stopper définitivement le narcotrafic, l’occupation des appartements par des dealers, les tirs à l’arme de guerre. Je forme le vœu que l’Etat saura dans les semaines qui viennent donner au citoyen l’assurance qu’il peut entrer et sortir de chez lui en toute sécurité, même à une heure avancée de la nuit.
« Et, là aussi, j’aimerais une juste mobilisation de tous plutôt que la dénonciation d’un fautif utile, une instrumentalisation grossière des frustrations, agitée à des fins très éloignées du bien vivre des gens.
« Ce ne sera qu’avec la mobilisation et l’action de tous les acteurs que ces dérèglements, ces intimidations, ces violences, seront bannies. Ou du moins réduites.
EN FINIR AVEC LA SALETÉ, LES RATS ET LES CAFARDS, PAR UN EFFORT PARTAGÉ DE TOUS
« L’hygiène, enfin, est devenue depuis quelques années un souci majeur. Les rats prolifèrent, les cafards aussi. Cela découle, affirment les spécialistes, des négligences de trop de résidents. On ne cesse de le répéter : il faut ne rien jeter par terre et surtout pas de la nourriture !
« Les cafards, c’est vraiment une affaire qui relève du comportement de chacun. D’abord, en période de crise de prolifération, il est impératif d'autoriser l’intervention des techniciens : un seul appartement non traité dans un immeuble suffit à anéantir les efforts de tous. Ensuite, au quotidien, c’est l’affaire de tous : nettoyer régulièrement, ne pas laisser traîner de nourriture, de miettes… ainsi les cafards ne proliféreront pas ! Comme l'a écrit il y a longtemps le savant maghrébin Ibn-Khaldûn (1332-1406), "[comme il n’y a rien à manger], il n’y a pas d’insectes dans les maisons des pauvres".
« Les rats, c’est plus délicat. Cependant les mêmes règles sont valables : ne pas laisser de nourriture, jeter ses ordures dans des sacs fermés mis dans les containers à poubelle. Çà, c'est de la responsabilité individuelle. Mais il faut qu’ils existent, suffisamment nombreux et en logettes. Et ça, c’est une responsabilité qui incombe à TSH et à la Ville devant signaler les défaillances à la Métropole.
« Le rat est un animal intelligent. Il faut réduire son territoire pour que lui-même régule sa population. On a indiqué que la prolifération de ces bêtes s'arrêterait à la fin des chantiers de rénovation urbaine. On y est depuis des mois, et les rats demeurent. En réalité, je soupçonne que les conduites du réseau de chaleur installé il y a quelques années sont une autoroute pour les muridés ! Si c’est le cas, agressés d’un côté, ils se transportent de l’autre… et ressortent en un autre lieu. Les empêcher d'y pénétrer réduirait le périmètre et rendrait plus efficaces les traitements. Il semble que les techniciens en charge du réseau de chaleur refusent pour l'instant la fermeture des accès. Il n'est pas imaginable que la situation ne soit pas prise à bras-le-corps.
« C’est donc une responsabilité autant collégiale qu'individuelle. Agissez et faites agir… il n’y a pas de fatalité, l’hygiène dépend de tous et de chacun. »
Les efforts que nous avons déployés avec pugnacité depuis environ deux ans n'auront pas été vains. MM. Castaner et Nuñez, respectivement ministre et secrétaire d'État à l'Intérieur, en visite ce vendredi dans les quartiers populaires vulnérables de notre métropole toulonnaise, ont annoncé des mesures qu'il faudrait être de mauvaise foi de ne pas reconnaître.
Elles seront certes probablement insuffisantes, et il faudra sûrement que je reprenne mon bâton de pèlerin pour plaider encore la cause de la sécurité et la quiétude, mais un pas est d'autant plus fait que, acceptant de venir à la rencontre d'habitants et d'associations, les ministres ont pu, une heure durant, à la Maison des services publics de Berthe, entendre la détresse et la terreur exprimées par ceux qui vivent au quotidien la situation infernale que leur impose depuis des mois une nouvelle génération de dangereux narcotrafiquants.
Ce seront donc 22 policiers supplémentaires qui viendront, en septembre, renforcer les effectifs des policiers locaux. Contrairement à ce qui avait été envisagé, les 55 départs à la retraite prévus dans l'année seront tous remplacés. Quelques autres agents seront affectés auprès de la police judiciaire et quelques moyens matériels et logistiques viendront aussi améliorer les conditions d'exercice des forces de l'ordre.
DES SOUTIENS LOGISTIQUES EN APPUI AUX MOYENS EN HOMMES
En outre, la stratégie de coopération entre police d'intervention et police judiciaire, qui a été imaginée et mise en œuvre à grand renfort de moyens à l'occasion d'une vaste opération menée il y a une quinzaine de jours, sera confortée en vue même d'une possible généralisation à l'ensemble du pays. Sous l'égide conjointe du préfet et du procureur de la République, la coopération des services a ainsi permis d'arrêter et déférer à la justice tous les chefs d'un réseau, et de réaliser d'importantes saisies de drogue, d'armes et d'argent.
Chacun sait hélas que d'autres trafiquants viennent presque aussitôt prendre la place de ceux qui ont été interpellés, mais, grâce à une amélioration annoncée des moyens d'information et de signalement, les effectifs supplémentaires obtenus permettront d'intervenir dès l'installation d'un nouveau réseau et, espérons le, de mener la vie rude au narcobanditisme.
DES ENGAGEMENTS À TRADUIRE EN ACTES
Je veux croire que les engagements pris seront tenus. Bien sûr, ils l'ont été par un ministre pris le doigt dans le pot de confiture du mensonge à propos des tout récents événements du 1er mai à l'hôpital parisien de la Pitié, ce qui, en période de crise sociale rude, fait pour le moins mauvais effet.
Mais, après avoir estimé et exprimé que M. Castaner devait mûrir l'idée de rendre son tablier pour ne pas nuire à l'image d'une République qui ne peut souffrir d'un propos volontairement ou non erroné de la part d'un de ses importants acteurs régaliens, je veux bien prendre acte de son repentir formulé publiquement lors de son passage chez nous, face aux nombreux journalistes et parlementaires, maires, cadres de la police et de la justice qui l'accueillaient. Et lui donner crédit pour ses engagements pris et répétés avec solennité.
UNE REGRETTABLE FAUSSE NOTE QUI AURAIT PU TERNIR LA VISITE
Je ne veux pas passer sous silence l'esprit de responsabilité des manifestants qui attendaient le ministre à La Seyne pour lui exprimer leur désapprobation de la manière exagérément violente et sans discernement dont, en divers lieux et en diverses occasions, interviennent les forces de l'ordre face aux mouvements sociaux.
Après être allé les saluer car partageant leurs inquiétudes, j'ai tenté d'obtenir qu'ils puissent formuler leurs avis aux représentants du gouvernement et qu'ils ne soient pas repoussés par les policiers loin des lieux de la visite officielle, tout cela en vain face à des fonctionnaires de sécurité disant appliquer « des ordres venus d'en-haut ». Les manifestants, nullement violents, ont pris sur eux d'obéir aux injonctions des policiers leur intimant l'ordre de se retirer. C'est responsable de leur part et il est d'autant plus dommage qu'ils y aient été contraints que les ministres ont par ailleurs fait preuve d'une vraie écoute des habitants.
Hormis ce « couac » regrettable, et même s'il reste fort à faire, notamment pour améliorer l'accès à l'emploi, à un logement digne et à des services publics facteurs d'égalité, je me dois d'être objectif et, une fois n'est pas coutume, de reconnaître que la semaine qui vient de s'écouler aura été profitable à La Seyne.
L'ESPOIR D'UNE AMÉLIORATION QUI DÉBORDERA DES QUARTIERS FRAGILES
Après l'annonce de la sélection de notre commune pour bénéficier du nouveau dispositif des « cités éducatives » que j'exposais dans un récent article de mon blog, les engagements pris par l'État pour améliorer la prévention et la répression de la criminalité qui gangrène nos quartiers éclaircissent un peu l'horizon de la reconquête républicaine de nos sites urbains en déshérence.
Et donc de tout notre territoire communal et métropolitain car, comme le rappelait à juste titre mon collègue Jean-Pierre Giran, maire d'Hyères, ville qui connaît les mêmes affres de la délinquance que La Seyne, l'amélioration espérée de la situation de nos zones en souffrance rejaillira immanquablement sur tout leur environnement.
Comme quoi, même si l'on peut et doit espérer plus et mieux, ceux qui s'évertuent à dénigrer sans cesse l'action patiente, constante et pugnace, coûteuse en temps et en énergie, que nous menons pour obtenir l'attention bienveillante de la puissance publique sur les Seynois, prédisant que mes efforts de conviction seraient vains, auront une fois encore parlé pour ne rien dire...
Il y a presque deux mois que j'ai publié sur ce blog un article dont la mention « 1/2 » dans le titre laissait présager qu'il serait suivi d'un autre portant la mention « 2/2 ». Il a tardé à venir.
J'attendais en vérité avec impatience de connaître une décision gouvernementale : les quartiers populaires fragiles de La Seyne allaient-ils pouvoir bénéficier d'un nouveau dispositif que, avec d'autres maires, nous avons proposé à l'État de mettre en place, la « cité éducative » ?...
C'est chose faite depuis ce jeudi. La Seyne figure bien au nombre des 80 sites présélectionnés parmi les 130 communes françaises qui se sont portées volontaires. Et c'est une réelle satisfaction.
Convaincus par l'expérience qu'une insertion sociale et professionnelle réussie est le meilleur rempart contre la délinquance, et que l'accès à un métier et à un statut de citoyen passe par des efforts conjugués de l'ensemble des « co-éducateurs » que sont les enseignants, les formateurs, les maîtres d'apprentissage, les chefs d'entreprises accueillant des jeunes, les éducateurs, les animateurs périscolaires, socio-éducatifs, sportifs et culturels, qu'ils soient publics ou associatifs, ainsi que la famille, plusieurs de mes collègues maires et moi-même avons consacré de longs mois à élaborer des propositions pour parfaire, développer et rendre cohérentes et complémentaires entres elles toutes les actions menées sur un territoire en direction des enfants et des jeunes.
UNE PROPOSITION DE MAIRES PRISE EN COMPTE PAR L'ÉTAT
À partir des expériences de communes comme Grigny ou Chanteloup-les-Vignes (Île-de-France), Vaulx-en-Velin (Métropole de Lyon), Allonnes (Pays de la Loire) ou chez nous à La Seyne, nous avons travaillé des semaines durant pour déboucher en mai dernier sur ce qui constituait un volet du fameux « Rapport Borloo », et un autre des « Cahiers de la co-construction » (voir ICI, page 66), proposant au Président de la République de « mettre le paquet » en matière de logistique pour une démarche éducative globale dans les territoires qui sont à la fois les plus en difficulté mais où l'effort éducatif est constant, souvent depuis des années. Si M. Macron a mis en bloc au panier nos suggestions et demandes il y a un an, nous avons persévéré dans notre effort de conviction et son ministre de la Ville et du Logement, M. Denormandie (ci-contre), a fouillé dans la corbeille pour en ressortir quelques pistes utiles.
Parmi elles, l'État a retenu notre proposition, optant pour engager environ 100 millions d'euros en trois ans pour soutenir les actions conduites, et, reprenant même le titre du label « cité éducative » que nous avons suggéré, a lancé un appel à projets auquel, évidemment, La Seyne a répondu.
LES EFFORTS DE LA SEYNE RÉCOMPENSÉS
Le dossier de déclaration d'intention seynois a été retenu. Les 3 à 25 ans de La Seyne en profiteront donc. Nous devons créer toutes les conditions pour que nul ne reste sur le bord du quai au moment où le train de la redynamisation économique de notre territoire est en phase d'accélération. Être en perspective de devenir un adulte disposant d'une qualification et d'un emploi, un parent digne et respecté, un citoyen actif, est vital pour se prémunir des tentations, hélas de plus en plus nombreuses, de sombrer dans les déviances de la délinquance, voire de la criminalité.
Grand merci à tous ceux, élus, acteurs de l'École, des services communaux, du monde associatif, qui, déjà bellement investis dans la conduite de notre projet éducatif de territoire, ont mis les bouches doubles pour construire le projet. Et tous mes encouragements pour sa finalisation puis sa mise en œuvre à la prochaine rentrée.
ÉDUCATION ET SÉCURITÉ PUBLIQUE : DEUX VOLETS COMPLÉMENTAIRES
Après l'obtention d'une Brigade spécialisée de terrain (BST), du classement de nos sites populaires vulnérables en Réseau d'éducation prioritaire (REP), en Zone de sécurité prioritaire (ZSP) et en Quartier de reconquête républicaine (QRR), et tout récemment du titre de « Ville amie des enfants », reconnaissons que nos efforts ne sont pas vains, que les fonctionnaires conduisent un travail indispensable et qu'il est profondément injuste de les dénigrer, et que, pour un maire, le temps passé en déplacements, souvent consommateurs de temps et d'énergie, auprès des plus hauts niveaux de l'État pour interpeller, sensibiliser et convaincre, n'est pas du temps perdu.
Dotée de meilleurs outils d'éducation, de formation et de prévention, en amont des moyens de la surveillance, de la protection, de l'investigation et de la répression, la trousse à outils seynoise pour l'égalité, la solidarité et une vie paisible et digne devient plus performante.
Il ne reste qu'à espérer que les annonces ne seront pas que des « labels », mais que les moyens matériels, financiers et logistiques suivront comme il en est fait la promesse. Mais je me garde bien, comme toujours, de tout procès d'intention.
Cela faisait des années que je plaidais auprès de l'Éducation nationale la cause des deux écoles primaires qui accueillent les enfants de notre centre-ville. Il n'était pas normal que, implantées dans un quartier urbain fragile, la maternelle Anatole-France et l'élémentaire Jean-Baptiste-Martini ne bénéficient pas des mêmes renforts en ressources humaines d'enseignement que les écoles des autres sites reconnus prioritaires par l'État.
C'est désormais chose faite. Je salue la décision prise par le directeur académique du Var en vue de la prochaine rentrée scolaire.
Tout le monde était conscient de la nécessité de mieux accompagner les enfants des quartiers urbains où sévissent de lourdes inégalités sociales, économiques et culturelles. La Nation a le devoir de contribuer à l'égalité des chances pour tous, en « donnant plus à ceux qui ont moins ». C'est le principe de ce qu'on appelle « l'éducation prioritaire », mis en œuvre depuis le début des années 80, en site urbain dégradé comme en zone rurale isolée.
Le quartier Berthe bénéficie ainsi d'une attention particulière de l'Éducation nationale. Il est classé « réseau d'éducation prioritaire renforcé » (REP+). Mais notre cœur de ville, pourtant autant paupérisé, s'il est, comme Berthe, reconnu « quartier prioritaire de la politique de la ville » (QPV), ne peut pas être également REP+ du fait d'une impossibilité d'ordre administratif (*). Cette situation ubuesque concerne une infime poignée de QPV de France, dont notre centre ancien, tous les autres QPV étant automatiquement aussi REP+.
Et c'est normal : lorsqu'on agit sur la rénovation urbaine et de l'habitat, sur la redynamisation économique et pour l'accès à l'emploi, à la santé, à la culture, à l'action socio-éducative ou aux sports, il serait inconséquent de ne pas intervenir aussi sur l'éducation scolaire, clé majeure de l'insertion.
Je demandais donc depuis dix ans que, même si elles ne sont pas « labellisable REP+ », nos deux écoles bénéficient des mêmes appuis de la part de l'Éducation nationale, permettant notamment l'allègement des effectifs des classes, notamment de CP et CE1, pour un suivi plus personnalisé des élèves en difficulté. L'inspecteur d'académie vient de m'adresser un courrier qui répond enfin à ma sollicitation. Et je lui en sais gré.
Comme président de l'association des mairesVille & Banlieue de France, je réclamais depuis des années aux ministres successifs de l'Éducation nationale que cette anomalie soit corrigée pour les endroits du pays où elle existe. Une nouvelle fois, je ne regrette pas mon implication nationale qui m'éloigne parfois de ma commune, mais qui aura permis à La Seyne de bénéficier des résultats de la pugnacité que, avec des dizaines de maires de villes abritant des quartiers fragiles, nous essayons de déployer afin d'obtenir la bienveillance de l'État en faveur des plus humbles de nos concitoyens.
Des maîtres supplémentaires vont devoir être affectés et la commune, pour sa part, sera au rendez-vous et, notamment s'il y a des dédoublements de classes, elle assurera les conditions matérielles nécessaires.
( * ) : ce sont les résultats scolaires et des conditions socio-économiques des élèves des collèges qui déterminent si l'établissement et les écoles d'où sont issus les jeunes doivent être classés REP+. Or le collège Paul-Éluard, où sont scolarisés les enfants du centre-ville, accueille des jeunes de plusieurs autres quartiers moins ou pas du tout en difficulté, lui interdisant de bénéficier du classement en REP+. Du coup, les écoles du secteur de scolarisation n'en bénéficient pas non plus.