Invité ce mercredi du journal du 6-9 sur France Info (à écouter ICI), suite à la rencontre du Président de la République avec les patrons des cent plus grandes entreprises de France, j'ai pu rappeler l'urgence d'une réelle ambition et de véritables moyens à engager pour la revitalisation de nos centres anciens dégradés et nos ensembles d'habitat social fragilisés, à la fois en matière de rénovation de l'habitat et des espaces publics et en matière de lutte pour l'accès à l'emploi des personnes qui en sont les plus éloignées.
QUATRE ANS QU'ON S'IMPATIENTE POUR LE CENTRE ANCIEN SEYNOIS...
Quatre années se sont écoulées depuis l'annonce du Nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU), sur lequel nous comptons, puisque nous y sommes éligibles, pour la rénovation et redynamisation du centre historique de La Seyne, et les moyens ne sont toujours pas au rendez-vous. Sur deux cents quartiers retenus, dont le nôtre, seuls cinq ont pour l'instant, au début de 2018, obtenu le feu vert de l'État pour engager leur réhabilitation. Pendant cette insupportable attente, la situation continue à se dégrader...
Dans le même temps, des dispositifs concourant à l'insertion des personnes sans emploi qui ont porté leurs fruits, notamment les « emplois aidés », ont été supprimés. Je ne crois pas que ce soient les stages d'une semaine en entreprise qu'effectuent les élèves de 3ème, présentés comme la panacée de l'insertion professionnelle par le Chef de l'État, qui constitueront une solution sérieuse, ni que, sans contrainte ou incitation, en ne comptant que sur sa bonne volonté, le monde de l'entreprise, en eût-il l'envie et les moyens – et si, à La Seyne, c'est très généralement le cas, c'est loin de l'être partout –, puisse résoudre à lui seul le problème du chômage massif dont souffrent beaucoup de nos habitants.
Relégation urbaine et exclusion professionnelle et sociale sont les deux pires maux dont nous souffrons.
COMME POUR LE QUARTIER BERTHE, MAIS DES ENJEUX IMPORTANTS POUR TOUTE LA VILLE
Nous avons pu agir sur le quartier Berthe qui a totalement changé de visage et où, fait rare en France, les efforts conjugués de Pôle Emploi, des associations de proximité, de formation et d'insertion, des entreprises locales, des pouvoirs publics communaux et nationaux, ont permis de réduire fortement le chômage. Tout cela pour un coût limité à 12 à 15% à la charge de la commune.
Mais la requalification urbaine, économique et sociale de notre centre ancien est au point mort. Et c'est d'autant plus affligeant que ce ne sont pas seulement les habitants et acteurs de ce quartier qui en souffrent. Le cœur de ville doit pouvoir jouer tout son rôle de centralité fédératrice, pour les habitants de toute la commune, pour ses commerces et services, pour les entreprises du technopôle de la mer, pour celles du site des anciens chantiers navals, et pour la dynamique touristique, portuaire, balnéaire, patrimoniale et culturelle de tout notre littoral. La métropole, puisque c'est désormais elle qui, en lieu et place de la commune, a compétence pour entreprendre ce nécessaire chantier, doit se voir attribuer les moyens de l'engager.
UN PROGRAMME PLURIANNUEL PRÊT À DÉMARRER DÈS QUE LES MOYENS SERONT ALLOUÉS
Notre plan d'intervention qui, comme pour Berthe, s'étalera sur plusieurs années, touchera à la fois à la rénovation de l'habitat insalubre et indigne, dans la droite ligne des opérations que La Seyne conduit en aidant les particuliers habitants et bailleurs depuis vingt ans, la diversification du logement pour plus de mixité sociale, la poursuite des aménagements des espaces publics, à l'image de ce que la ville a déjà fait pour les places des Seynois de la Mission de France, Bourradet, Martel-Esprit et Perrin, des rénovations ou créations d'équipements publics, à l'instar de la Maison de l'Habitat, celle du Patrimoine ou celle de la Jeunesse.
Mais le plus gros chantier sera la transformation des quais du port, de telle sorte que la circulation automobile soit repoussée loin des terrasses de café, avec report d'un certain nombre d'anneaux d'amarrage des bateaux après la passe du Pont Levant, et création d'une « place urbaine » sur les emprises actuelles des terrasses et des voies de circulation, dédiée aux piétons, au transport en commun en site propre (bus ou trolleybus à haut niveau de service) et aux modes doux de déplacements, à l'image de ce qu'était le port d'antan.
L'objectif est une réactivation de l'activité économique des commerces, en agissant sur la zone de « l'hyper-hypercentre », limitée entre le port et le marché du cours Louis Blanc, via la rue piétonne Cyrus-Hugues et les voies transversales reliant les places publiques réhabilitées. Ce sera un travail de longue haleine, qui prendra des années, mais le pari est fait que la transformation du port en véritable « façade » d'entrée de cœur de ville provoquera une dynamique. Pour peu que des commerçants volontaires s'emparent avec volontarisme de l'opportunité que la puissance publique s'efforcera de leur offrir...
Tout ce projet sur les infrastructures devra être, comme c'est le cas à Berthe depuis longtemps, et déjà depuis 2015 au centre-ville, assorti de mesures d'accompagnement social, de formation et d'insertion, de culture, de solidarité, portées les associations accompagnées par la Ville.
LA BALLE EST DANS LE CAMP DE L'ÉTAT
Dans quelques heures, au Conseil des Ministres, seront présentées les orientations que l'État entend assigner à sa politique en faveur des quartiers. Son Chef aura eu le temps de les mûrir depuis le moment, en novembre dernier, où il a demandé aux acteurs de la « politique de la ville », de co-construire avec lui, en formulant des propositions, la nouvelle saison du retour de la République dans des quartiers qui se sentent de plus en plus abandonnés.
Un signal assorti de moyens à la hauteur des enjeux est attendu avec impatience. Non seulement par les gens qui vivent notre centre historique, mais aussi par tous les Seynois, et au-delà.