Si l'on se rend sur la page du site Internet de la Ville dédiée aux documents soumis à la concertation citoyenne pour le « Nouveau programme national de rénovation urbaine » (NPNRU) du centre ancien de La Seyne, on accède à un certain nombre de jolies plaquettes qui s'apparentent plus à des prospectus publicitaires qu'à des dossiers officiels.
Mais, en cherchant bien, on finit par découvrir les intentions municipales en matière d'accueil de la petite enfance pour le cœur historique de la commune.
Le projet de reconstruction d'une crèche de 70 places, dont seulement 30 % du coût était prévu à la charge de la commune grâce à des aides acquises de l'État et de la Région, est enterré au profit d'un « tiers lieu » offrant... 10 places.
UNE CRÈCHE POUR INCITER À L'INSTALLATION DE FOYERS DE JEUNES SALARIÉS NOUVEAUX RÉSIDENTS
Les choses sont claires : alors même que l'axe central du NPNRU est, suivant la loi, le développement de l'habitat par la rénovation, la restructuration d'îlots et la construction de nouveaux immeubles, pour lutter contre l'habitat indigne afin de maintenir les habitants actuels et faire venir de nouveaux résidents dans une logique de mixité sociale, la maire semble faire peu de cas des futures familles dont l'arrivée est tant espérée pour la redynamisation du centre ancien, notamment de jeunes couples de salariés.
Au-delà de cette question d'anticipation des réponses aux besoins des familles, se pose la question du devenir des subventions sur lesquelles les partenaires s'étaient entendus pour financer une crèche neuve de 70 places. Sur un budget de plus de 3 millions d'euros (hors taxes), l'État couvrait la moitié des dépenses et la Région un cinquième.
UNE MÉDIATHÈQUE À LA PLACE DE LA CRÈCHE ? D'ACCORD, MAIS ELLE ÉTAIT AUSSI PROGRAMMÉE !
À la place du programme de crèche est désormais prévue la construction d'une médiathèque. C'est également un réel besoin. D'ailleurs, le projet de NPNRU que nous avions élaboré en 2019 prévoyait la création d'un tel équipement. Mais l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), établissement public d'État qui alloue les subventions pour le compte de celui-ci, était explicite : même s'il était reconnu utile, ce type d'équipement ne pouvait être subventionné. Les 4 millions d'euros qui étaient prévus pour sa réalisation seraient entièrement à la charge de la commune. Il paraît dès lors étrange que les nouveaux documents stipulent que cette médiathèque sera « financée par l'ANRU ». À suivre attentivement, donc.
En tous cas, même si l'ANRU a changé son fusil d'épaule (grâce à l'économie résultant de l'abandon de la crèche ?), les Seynois pouvaient espérer deux équipements publics dynamisateurs du cœur de ville, l'un à vocation sociale et éducative, et l'autre à vocation culturelle et d'émancipation. Ils n'en auront qu'un. On fait vraiment table rase du passé. Ce serait étonnant que le président de la métropole, institution porteuse du projet de NPNRU, laisse faire...
Pour les dubitatifs, voici les éléments tangibles qui justifient mon analyse :
LE PROJET GLOBAL DE LA MÉTROPOLE POUR LE CENTRE-VILLE DE LA SEYNE TEL QU'IL A ÉTÉ VALIDÉ PAR L'ÉTAT (2019)
LE CHAPITRE DU PROJET 2019 RELATIF À LA CRÈCHE, EXPOSANT QU'ELLE EST LE SEUL ÉQUIPEMENT SUBVENTIONNABLE AU TITRE DE L'ANRU
L'ANNEXE BUDGÉTAIRE DU PROJET 2019 EXPOSANT LE FINANCEMENT PRÉVU POUR LA CRÈCHE
LE CHAPITRE DU PROJET 2019 RELATIF À LA MÉDIATHÈQUE
L'ANNEXE BUDGÉTAIRE DU PROJET 2019 EXPOSANT LE FINANCEMENT PRÉVU POUR LA MÉDIATHÈQUE
LE NOUVEAU PROJET 2021 POUR LA PETITE ENFANCE EN CENTRE-VILLE N'ANTICIPANT PAS L'ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE
LE NOUVEAU PROJET 2021 POUR LA MÉDIATHÈQUE, SIMILAIRE À CELUI DE 2019, MAIS RELOCALISÉ LÀ OÙ DEVAIT ÊTRE CONSTRUITE LA CRÈCHE