La maire de La Seyne doit tenir bon. Notre commune a besoin de logements accessibles à tous. On a connu son faux pas du renoncement au programme équilibré de Costechaude, son erreur de gestion du projet de Bois Sacré qui a failli être dramatique pour les finances de la ville, et ses annonces d'abandon ou mise en sommeil d'autres programmes. Elle ne peut une nouvelle fois céder à la pression de certains riverains du quartier Saint-Jean, même si, pour réussir une bonne intégration urbaine et sociale, elle doit entendre leurs inquiétudes et, peut-être, ajuster son projet d'habitat social prévu sur l'emprise de l'ancienne école Eugénie-Cotton.
La campagne électorale est finie, les annonces démagogiques de refus du « bétonnage » n'ont plus lieu d'être. Même si c'est une alchimie difficile, c'est la réponse aux besoins du plus grand nombre qui doit prévaloir, fût-ce parfois au détriment d'intérêts particuliers.
En la matière, la maire ne peut que recevoir le soutien des républicains, des humanistes et de tous ceux qui s'attachent à la résorption de la précarité face au droit à un toit. Sur ce sujet, le mien lui est acquis.
DE MOINS EN MOINS DE SEYNOIS PEUVENT SE LOGER EN LOCATION
Plus de 3.000 familles domiciliées à La Seyne sont en attente, certaines depuis plus de dix ans, d'un logement social. Sept sur dix de nos foyers, modestes et moyens, disposent de revenus qui les y rendent éligibles. À une moyenne de 12,20 euros de loyer et charges par mètre-carré, près du double de la médiane nationale, la cherté de la location privée à La Seyne a dépassé celle de ses voisines Ollioules et Toulon (11,90 €) et on voit le coût du logement locatif se rapprocher de ceux de Six-Fours (13,40 €) et Saint-Mandrier (13,60 €). La Seyne compte désormais au nombre des 4% de communes françaises où se loger en location est le plus coûteux (voir le site de l'Observatoire des territoires).
Et La Seyne ne respecte pas la Loi qui oblige les communes de plus de 3.500 habitants des agglomérations et métropoles à disposer de 25 % de logements sociaux. Ce n'est pas parce que d'autres communes voisines sont encore bien loin des 19 % que compte La Seyne qu'il faut que celle-ci renonce à ses efforts. La maire paraît enfin l'avoir entendu. Nos concitoyens peuvent l'entendre, comme les Six-fournais qui renouvellent leur confiance à leur maire malgré les nombreuses opérations immobilières qui remodèlent le paysage urbain de notre commune voisine et visent à atteindre l'objectif légal.
TENIR BON, MÊME QUAND CERTAINS STIGMATISENT LES PAUVRES
La Seyne, cependant, doit diversifier son offre de logement locatif social. Nos ensembles d'HLM offrent un nombre significatif d'habitats à loyer très bas, accessibles aux ménages en grande précarité. Ce sont les appartements aujourd'hui fortement financés par des PLAI (Prêt Locatif Aidé d’Intégration) en contrepartie de leur loyer plafonné, dont il est choquant que certains riverains de Saint-Jean osent, selon leurs propos non démentis rapportés par Var-matin, voire confirmés dans une autre édition du même quotidien, affirmer sans que quiconque s'en émeuve que leurs bénéficiaires seraient des « repris de justice, sortants de prison, drogués, alcooliques, familles déviantes »...
Il faut en revanche accroître notre pourcentage de logements sociaux destinés aux foyers de personnes à revenus modestes et moyens, jeunes travailleurs, jeunes couples salariés, retraités pensionnés, qui peinent de plus en plus à se loger et auxquels il faut apporter des réponses. Les opérations de rénovation du bâti des immeubles du centre ancien dont nous avons obtenu le financement d'État en 2019 au titre du programme de rénovation urbaine et dont on espère qu'elles vont enfin voir le jour, doivent le permettre. Nos révisions de 2010 et 2019 du plan local d'urbanisme, que personne n'a alors contestées, permettent aussi de concevoir dans le même esprit d'insertion urbaine raisonnée et de mixité sociale d'une ville harmonieuse des programmes de construction sociale comme celui du quartier Saint-Jean, de l'ancien garage des bus de Réseau Mistral du quartier Moneiret, de la vieille fabrique de pâtes alimentaires devenue l'ancien magasin Altavilla au quartier de la Muraillette, et bien sûr de Bois Sacré. Ce sont autant d'opportunités à saisir auxquelles il serait irresponsable de renoncer.
NUL RÉPUBLICAIN NE PEUT REPROCHER À LA MAIRE DE S'EFFORCER DE L'ÊTRE
Les "Sages" du Conseil constitutionnel, gardiens de la loi fondamentale de notre République française qu'est la Constitution de 1958, ont rendu en 1995 une décision stipulant que « la possibilité de disposer d’un logement décent est un objectif à valeur constitutionnelle ».
Aucun républicain sincère ne peut donc reprocher à la maire de La Seyne de viser cet objectif. Même si elle pourrait le faire avec concertation, pédagogie et démocratie participative. Cependant ça ne semble pas être dans les usages d'aujourd'hui. Mais ça, c'est une autre histoire.