LA MATERNITÉ DE LA SEYNE : UN COMBAT PERDU, MAIS MENÉ
Le plus symptomatique des combats que nous avons menés aura sans doute été celui, qui n'a hélas pas abouti, que nous avons engagé en 2011 pour la défense de la maternité de notre hôpital George-Sand, l'établissement de l'Ouest toulonnais, implanté à La Seyne, service majeur du Centre hospitalier intercommunal de Toulon – La Seyne (CHITS).
La maternité de La Seyne, avec ses 1500 naissances par an, était en effet le site d'accouchements le plus important du Var, et on pouvait imaginer, avec un gouvernement d'alors serinant que les réorganisations de la carte hospitalière ne contraindraient à la suppression de services de natalité que lorsque moins de 250 nouveau-nés y verraient le jour, notre service ne serait pas concerné.
Mais l'affaire avait été sournoisement préparée par le bras armé de l'État, à savoir l'Agence régionale de santé (ARS) de la région Provence, avec la complicité active de la direction du CHITS. Tout avait été planifié pour que les médecins invoquent eux-mêmes le danger, dans un hôpital pourtant loin d'être insalubre et vétuste puisqu’il avait ouvert ses portes à peine vingt ans auparavant...
En fermant d'abord le service de biologie médicale, on a justifié le risque encouru, faute d'analyses rapides, pour le service de chirurgie pédiatrique. On a donc ensuite fermé celui-ci. Et, à partir du moment où on n'a plus disposé de plateau pédiatrique, on a expliqué qu'il devenait périlleux d'accoucher à La Seyne. Mais ce qui allait devenir dangereux, c'était surtout le temps de trajet entre les communes de l'Ouest Var et l'hôpital toulonnais de Sainte-Musse, alors que le second tube du tunnel de Toulon n'était pas en service.
Nous avons tenté de plaider la cause, en écrivant, en étant reçus par toutes les autorités, quitte à forcer leurs portes, en sensibilisant les maires voisins qui, hormis ceux de Six-Fours et de Bandol, ont été très actifs à nos côtés, comme la plupart des organisations politiques, syndicales et associatives, de toutes sensibilités, et en mobilisant nos populations pour d'importantes manifestations publiques.
À l'issue d'un périple de quinze jours où, accompagnés de volontaires, nous avons gagné Paris à vélo depuis La Seyne, en faisant halte chaque soir dans une commune connaissant aussi les affres des politiques libérales de santé publique, comme d'autres fermetures de maternités, de services d'urgences, voire d'hôpitaux entiers en milieu rural, ce qui a donné un retentissement national à notre combat – et même international, avec un article dans un journal chinois, Le Quotidien du Peuple ! –, nous avons, avec notre prédécesseur Arthur Paecht, lui-même ancien médecin des hôpitaux et cheville ouvrière de la construction de notre hôpital deux décennies auparavant, qui nous avait rejoint à Paris, remis au cabinet de la secrétaire d'État à la Santé de l'époque, Nora Berra, une pétition de plus de 22000 signatures.
Début 2012, alors que le gouvernement faisait obstinément la sourde oreille à nos appels de détresse, François Hollande, candidat à la présidence de la République, a répondu à notre invitation à venir à La Seyne, accompagné de Marisol Touraine, alors secrétaire nationale du Parti socialiste chargée des questions sanitaires. À nos côtés, devant les caméras de la presse, alors que nous avions planté notre tente sur les pelouses de l'hôpital pour confirmer notre détermination à sauver notre service public, il a alors affirmé, la main sur le cœur, que, s'il était élu, « il y aurait toujours, ici, des accouchements »...
Il le fut, Madame Touraine fut nommée ministre de la Santé, on nous expulsa du ministère où nous étions venu rappeler la promesse présidentielle, et, moins de deux mois plus tard, la maternité était subrepticement déménagée, sur fond de menaces constantes proférées par une hiérarchie sans scrupule à l'endroit des personnels hospitaliers qui, comme les Seynois et leurs voisins, refusaient l'irréparable.
Nous n'avons jamais pardonné le mensonge et le renoncement de ceux qui étaient supposés partager notre vision d'un service public d'autant plus égalitaire que notre hôpital, au service d'un bassin de 200000 habitants, est implanté au cœur du plus important quartier populaire urbain fragilisé du Var, dont les résidents, plus que les autres, faute de pouvoir s'offrir les services sanitaires du privé, ont besoin d'une bienveillance publique en matière de prévention et de soins.
Mais le bulldozer du démantèlement du service public était sur sa lancée, et les populations de l'Ouest-Var ont appris à leurs dépens que ce n'était là qu'un épisode de nombreux autres renoncements à défendre les acquis républicains du Conseil National de la Résistance...
C'est pourquoi nous exerçons une veille constante dans ce domaine vital de la santé. Nous sommes ainsi depuis des mois aux côtés des personnels médicaux, soignants et non-soignants de notre CHITS qui se mobilisent dans relâche, non pour eux-mêmes qui exercent leurs missions avec abnégation dans des conditions d'extrême difficulté faute de moyens humains et logistiques, mais pour que le service d'urgence hospitalière dû à nos populations puisse être assuré dans les meilleures conditions possibles, et dans la durée.
C'est aussi pourquoi, avec les maires d'Ollioules et de Saint-Mandrier, nous n'avons pas hésité à nous mobiliser aux côtés des personnels de la clinique Malartic voulant sauver leur établissement en difficulté financière, qui relève certes du secteur privé puisque du domaine mutualiste, mais qui, conventionné et ne pratiquant pas de dépassements d'honoraires, exerce dans l'ouest de notre département une véritable et irremplaçable mission de service public.
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