Des millions de tonnes de cailloux à embarquer du port de Brégaillon à La Seyne vers Monaco, pourquoi pas ? Comme pour les bateaux du ro-ro qui transportent chaque semaine des centaines de remorques de marchandises vers la Turquie, au nom de la nécessaire réduction des émissions de gaz d'échappement des camions et la fluidité de la circulation sur les autoroutes conduisant vers l'est, l'idée est bien intéressante.
À la condition, bien sûr, que ça ne génère pas de désagréments pour les territoires. Ou au minimum que, s'il devait y en avoir, ceux-ci soient compensés par de justes contreparties pour les populations.
C'est ce que doivent entendre Bouygues et SOMECA, les deux entreprises concernées par le projet monégasque qui consiste à créer un nouveau quartier sur la mer en remplissant de gros cailloux prélevés aux carrières du Revest des caissons immergés de plus de vingt mètres de haut.
UN CAMION DE 40 TONNES DE PIERRES TOUTES LES 2 MINUTES
À raison d'un camion de 40 tonnes toutes les deux minutes, pendant plus de deux ans, la vie des Valettois, dont la commune doit être traversée depuis Le Revest pour accéder au tunnel de Toulon, puis des Seynois, Mandréens, Six-Fournais, risque fort d'être considérablement perturbée.
Encombrement routier, dégradation des chaussées, nuisances sonores dues au déversement constant des pierres dans les barges de transport, incertitude quant au traitement des eaux de lavage des granulats et leur déversement risquant de ruiner les efforts de dépollution de la Rade engagés dans le cadre du contrat de baie, pollution de l'air due aux échappements, particules de poussières en suspension portées par les vents dans les quartiers résidentiels et urbains proches, autant de sujets qui ne semblent pas être réglés. Et rendent donc inacceptable en l'état, c'est-à-dire sans garanties, le projet pour les habitants du "Grand Toulon".
LES MENSONGES DE BOUYGUES SONT INACCEPTABLES
Si encore Bouygues n'avait pas effrontément menti à l'État, à l'Amirauté, à la Chambre de commerce et d'industrie du Var, à l'agglomération et aux communes, en leur laissant croire que la fabrication des caissons de béton géants, pour laquelle toutes ces institutions s'étaient relevé les manches afin de préparer l'installation du chantier, allait se faire sur la côte seynoise de Bois Sacré, créant, nous promettait-on, de 700 à 900 emplois locaux, on aurait pu supporter quelques embarras, vu l'état piteux de l'accès actuel au travail de nos populations.
Mais ce n'est pas le cas. Ces caissons seront construits à Marseille. Alors, que les choses soient claires. Nous exigeons, avec le collectif des sept comités d'intérêt local seynois et les associations de défense de l'environnement qui manifestent leur inquiétude et leur colère, qu'une vraie concertation soit menée et que les services de l'État compétents et des experts indépendants valident, pour chaque désagrément, des mesures destinées à l'empêcher, avec obligation de leurs mises en œuvre et vérifications renforcés et inopinées de celles-ci, et de façon publique, sous contrôle populaire.
UNE MÊME CONSIDÉRATION POUR LES MONÉGASQUES ET LES VAROIS
Les futurs propriétaires des 60.000 m2 de logements du nouveau quartier de Monaco achèteront, dit-on, leurs biens à plusieurs dizaines de milliers euros par mètre-carré, et les actuels résidents des sites avoisinants de la Principauté sont assurés de ne subir aucune nuisance lors du chantier, grâce à des murs anti-bruit et autres aménagements que, là-bas, on n'a pas hésité à promettre.
Ce n'est pas parce que les Varois du "Grand Toulon" sont 78% à être éligibles au logement social qu'ils n'ont pas droit au même respect de leur qualité de vie. En France, depuis 1789, on vit, sauf funestes intermèdes, sous le régime de la République. Ce n'est pas le cas au pays du prince Grimaldi. Faut-il alors annexer Monaco ou réclamer le rattachement de La Seyne et La Valette à l'État monarchique voisin pour que l'Égalité se traduise dans les faits ?
(j'ai dérobé la photo illustrant cet article sur le site "SeLoger" ; je peux la retirer sur simple demande, bien sûr)