Vous avez dit inégalités territoriales d'offres de mobilités d'aujourd'hui ? Je le pense. Et je vais tenter de le démontrer en quatre temps. Regardons avec un premier article, s'appuyant sur les données de population de notre Institut national de la statistique (INSEE) et les informations que nous pouvons pêcher sur le site de Réseau Mistral quant aux lignes de bus et de bateau-bus.
Si l'on compare les lignes, les arrêts et les nombres de dessertes quotidiennes par ligne des deux grands quartiers urbains et périurbains entourés sur la carte ci-dessous, on découvre un certain nombre d'éléments qui rendent perplexe...
Il s'agit des quartiers du Mourillon, du Cap Brun et des Ameniers à Toulon (entourés de bleu), et, pour La Seyne, de ceux de Balaguier, Tamaris, Les Sablettes, Les Plaines et Janas (entourés de rouge).
Ces deux sites se faisant face ont une population à peu près identique d'environ 26.500 habitants chacun, une surface habitée similaire (le sud de la zone seynoise est recouvert par la forêt de Janas), et en commun une même typologie de quartiers littoraux résidentiels, sans importante zone d'entreprise ou commerciale ni fonctionnalités de services publics justifiant des déplacements d'autres personnes que les résidents, mais des commerces et services de proximité, et des zones balnéaires à forte valeur ajoutée d'économie du tourisme et des loisirs, y amenant des environs ou de très loin nombre de visiteurs.
TROIS FOIS PLUS D'OFFRES AUX "MOURILLONNAIS" QU'AUX "SABLETTOIS"
L'analyse chiffrée que j'ai menée met nettement en évidence que les offres de transports publics sont près de 3 fois plus importantes pour le quartier toulonnais que pour le quartier seynois. Et même près de 4 fois pour les offres du dimanche.
Si l'on peut à bon droit admettre un écart d'offre en faveur d'une ville-centre, puisque l'État lui-même le considère en ayant conçu un dispositif de bonification de ses dotations financières à ces communes offrant des services à toutes celles de leurs alentours, il est difficilement admissible que cet écart soit du simple au triple.
En outre, le réseau offre 9 fois moins de solutions aux Seynois de ces quartiers de rejoindre le cœur de la ville-centre de l'agglomération en trajet direct sans correspondance qu'aux Toulonnais du Mourillon et du Cap Brun. Ils ont d'ailleurs plus de 2,5 fois moins de possibilités de gagner leur propre centre-ville seynois que les "Mourillonnais" d'atteindre celui de Toulon sans emprunter au moins deux autobus.
AUCUN MOYEN DE GAGNER LA GARE TGV DE TOULON SANS CORRESPONDANCE
De Janas à Balaguier en passant par Mar-Vivo et les Sablettes, il n'y a par ailleurs absolument aucun moyen de gagner sans changer de bus la gare de Toulon, seule de l'agglomération avec celle d'Hyères à être desservie par les grandes lignes (TGV et Intercités). Et ce ne seront pas les 250 dessertes hebdomadaires en trajet direct vers la modeste gare de La Seyne (trains régionaux) qui consoleront les Seynois du sud face aux plus de 9.000 dont bénéficient les "Mourillonnais" vers leur gare toulonnaise. Et qui les inciteront à délaisser la voiture pour emprunter le réseau ferré.
Comment, dès lors, sans réparer ces anomalies, peut-on prétendre à l'égalité républicaine à laquelle nous sommes tous attachés et que nous devons à nos concitoyens, et compter, pour une redynamisation économique profitable à toute l'agglomération, sur le potentiel balnéaire, naturel, aquacole et halieutique, hôtelier, touristique et de loisirs, qu'offrent, au moins autant que le littoral toulonnais, les quartiers de La Seyne qui bordent la mer au sud et à l'est ?