Si les inégalités d'offres de transport en commun entre quartiers et communes d'un même territoire, conséquences de leurs histoires respectives, perdurent parce qu'on ne se penche pas en continu sur les besoins ou simplement parce qu'il ne se trouve personne pour s'en plaindre, il est certains sites de notre agglomération "Toulon Provence Méditerranée" (TPM) qui font depuis des années l'objet des attentions de l'État et des collectivités pour gagner en équité et devenir des "morceaux de ville comme les autres". Ce sont les quartiers populaires d'habitat social classés prioritaires au titre de la "politique de la ville".
Là, outre les programmes de rénovation urbaine et d'accompagnement social dont ils bénéficient depuis le début des années 80, nous sommes tous — services de l'État et collectivités locales — engagés à leur témoigner un intérêt particulier pour y compenser les inégalités sociales et économiques dont souffrent leurs habitants. Et ce dans tous les domaines de l'action publique "ordinaire" ; ce qu'on appelle le droit commun. Dont celui qui relève de la compétence d'autorité organisatrice des transports urbains qui, après avoir été à la charge des communes, est devenue intercommunale.
AUTANT DE DESSERTES À BERTHE QU'À LA BEAUCAIRE, MAIS POUR PLUS DU DOUBLE D'HABITANTS
Or, comme pour les quartiers résidentiels du sud de La Seyne et de Toulon, le compte de l'égalité n'y est pas encore. La comparaison des offres que j'ai faite entre les ensembles d'HLM de La Beaucaire à Toulon (5910 habitants) et de Berthe à La Seyne (14134 habitants) en attestent. Même si l'écart en faveur du quartier toulonnais n'est pas dans un rapport de 1 à 3 comme dans les zones résidentielles, et même si l'on relève à peu près le même nombre de dessertes par semaine pour chacun des deux quartiers, l'écart en faveur de La Beaucaire rapporté au nombre d'habitants est tout de même dans une proportion de 1 à 2,5. Et l'offre est même 6 fois inférieure à Berthe pour les dimanches.
S'agissant des liaisons sans correspondance permettant aux résidents de ces quartiers d'habitat social de se rendre vers les pôles de services, d'activité économique et de culture de l'agglomération, l'offre est très disparate.
Les habitants de La Beaucaire n'ont ainsi aucune possibilité de gagner la gare de Toulon sans changer de bus et quasiment pas pour rejoindre l'une ou l'autre des gares TER d'Ollioules et La Seyne. Les Seynois de Berthe sont bien mieux lotis, et même beaucoup mieux que leurs concitoyens des quartiers sud de leur commune.
DES LIAISONS À AMÉLIORER POUR "DÉGHETTOÏSER"
En revanche, si les Toulonnais de La Beaucaire disposent d'autant d'offres sans correspondance que ceux du Mourillon pour gagner leur centre-ville, les Seynois de Berthe sont 30% moins bien dotés que les Toulonnais quant aux possibilités de rejoindre les cœurs de ville de Toulon ou de La Seyne, lieux des démarches administratives et de l'activité commerciale et culturelle de niveau communal ou intercommunal.
Il est donc capital, au regard des enjeux de "déghettoïsation" des quartiers prioritaires périphériques, d'accès à la formation, l'emploi, la vie sociale et culturelle, l'incitation des constructeurs à investir au cœur des quartiers populaires pour y faire venir des résidents plus aisés, bref le "brassage républicain" et le "vivre ensemble" des populations, de compléter les efforts déjà accomplis en matière de mobilités.
FAUTE DE TRAM, LE "SUPER-BUS" DOIT STRUCTURER LES QUARTIERS PÉRIPHÉRIQUES D'HLM
Le "site propre" initialement dédié au tramway est réalisé sur toute la traversée du quartier Berthe depuis la fin des années 90, sur presque les deux tiers de son trajet seynois, et le pont de franchissement de la voie ferrée a été livré il y a trois ans ; il est indispensable de mettre les bouchées doubles pour construire et mettre en service le tronçon de site propre qui doit relier La Seyne, via Berthe, à la base terrestre du Technopôle de la Mer, actuel terminus de la ligne U, et d'engager la liaison "carrefour du 8 mai-site des anciens chantiers". En attendant que, à défaut de tramway, le "super-bus" joue ce rôle d'ouverture et de structuration.
Et cette analyse comparée des offres des deux quartiers aura mis en évidence qu'aucune des trois lignes structurantes, reliant à bon débit de desserte l'ouest de TPM à Toulon, les lignes U, 1 et 8, ne dessert la gare SNCF majeure de l'agglomération, permettant l'intermodalité sans correspondance avec les grandes lignes du réseau ferré. Il y a là aussi matière à amélioration pour pousser à l'usage du rail... surtout si le Président de la Région, M. Estrosi, responsable des Trains express régionaux (TER) démontre — ce dont je doute fort au regard de ce qui s'est passé dans les pays d'Europe qui s'y sont essayés — que le remplacement des rames de la SNCF par des trains privés accroîtra l'offre et améliorera le service...