Dans trois jours, il y aura un mois que j'aurai informé le Premier Ministre des inquiétudes que nous ressentons, à La Seyne et à Toulon, depuis une bonne année, autour des violences qui s'accroissent sur fond de trafic de drogue dans nos quartiers populaires urbains fragilisés. J'ai évoqué la question dans un article de ce blog.
Je peux comprendre que le Chef du Gouvernement ait d'autres chats à fouetter que de se pencher dans l'urgence sur le sentiment d'abandon de l'immense majorité des quelque 42.000 Toulonnais et Seynois qui résident dans nos quartiers prioritaires et n'aspirent, même si leurs situations sociales et économiques sont précaires, qu'à vivre dans la quiétude que la nation leur doit, et même des 180.000 autres des concitoyens de nos deux communes qui résident à leur proximité et s'inquiètent à juste titre.
FACE AU SILENCE DE MORT INSTITUTIONNEL.. PRENDRE LE TAUREAU PAR LES CORNES
Je ne m'attendais pas à ce que, d'un coup de baguette magique, les effectifs de police et les moyens de justice flambent, que les moyens de l'éducation scolaire et des temps libres, du sport, de la culture, de la prévention de rue, de l'insertion professionnelle, tombent miraculeusement du ciel, et que les tours où s'enkystent les trafics s'effondrent subitement. Mais j'espérais au moins un retour de quelque subalterne membre d'un cabinet ministériel, m'indiquant que ma missive en forme de S.O.S. était bien parvenue et qu'allait être mise à l'étude la suite qui pourrait lui être réservée. Hélas, seul un assourdissant silence me revient de Matignon.
Le préfet a fait ce qu'il a pu, avec les moyens dont il dispose, dépêchant dans l'urgence et pour quelques jours des C.R.S. dont la présence a bien rassuré la population. Les services de police ont continué avec succès leurs opérations anti-drogue, même si chaque poche de délinquance éradiquée est quasi aussitôt remplacée par une autre. J'ai alerté la députée de notre circonscription qui s'emploie à relayer nos craintes et nos demandes.
Mais on ne peut pas attendre jusqu'à la Saint-Glinglin que les oligarques se réveillent. Avec Mekki Boutekka, notre maire-adjoint à la jeunesse, et l'équipe de notre service municipal en charge des jeunes, nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes pour cette tranche d'âge qui nous préoccupe le plus. Et c'est ainsi que nous avons chamboulé l'organisation du travail de nos animateurs municipaux...
DES SÉJOURS DE PLEINE NATURE, DES LIEUX OUVERTS LA NUIT, DES PROJETS PROFESSIONNELS

Les jeunes de 16 à 25 ans trainent la nuit, risquant toutes les déviances ?... les animateurs travailleront de l'après-midi à minuit, iront chercher les jeunes sur leurs lieux d'errance, et proposeront des activités, dans les Espaces Accueil Jeunes (EAJ) de proximité, ou des sorties en soirée. J'ai pu me rendre compte ce mercredi soir, au cours d'un barbecue à l'EAJ Jules-Renard de Berthe, de l'engouement que ces initiatives suscitent (photo en tête de cet article).
Les jeunes « tiennent les murs » des immeubles où les réseaux sévissent, risquant d'être entrainés dans les trafics par des malfaisants ?... les animateurs les embarqueront dans des minibus pour des séjours d'une quinzaine en camping, leur proposeront des activités physiques de pleine nature, où ça ne leur fera pas de mal de se confronter aux éléments naturels, aux risques, à la nécessaire solidarité d'équipe, au respect vital des consignes des guides sportifs de rafting, de nage en eau vive, de canyoning, d'escalade.

Les jeunes adultes trainent les pieds sans perspective, avec la réplique facile sur le registre « de toute façon, il n'y a pas de boulot pour nous » ?... les animateurs les inviteront et aideront à se former pour qu'eux-mêmes, avec un Brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur ou un Brevet fédéral sportif, puissent s'occuper des plus petits, ou, pour d'autres, à partir de la Maison de la Jeunesse où des militaires rodés tiennent des permanences d'information sur les métiers de l'armée et de la gendarmerie, seront accompagnés pour qu'ils envisagent une insertion dans un métier de la défense, peut-être en passant par une phase de service militaire adapté (SMA), puisque celui-ci n'est plus, depuis le quinquennat de M. Hollande, réservé aux seuls jeunes des outremers.
L'ÉTAT N'EST PAS POUR AUTANT EXONÉRÉ DE SES RESPONSABILITÉS
Le conseil municipal, malgré quelques incompréhensibles réticences de certaines élues minoritaires, a validé ce mardi la démarche. Et la dépense qui ne sera amortie que par une petite aide que la préfecture a pu dégager. On y va donc.
Grand merci aux équipes de nos animateurs municipaux, à ceux des associations et clubs sportifs avec lesquelles ils coopèrent. Ils montrent, si besoin était, une fort belle image du service public si injustement dénigré et fragilisé.
Mais leur dynamisme et leur bonne volonté, bien au-delà de leurs obligations statutaires, n'exonèrent en rien l'État de ses responsabilités. Son silence est inacceptable. Je ne voudrais pas perdre patience...