
Décidément, il ne se passe pas une semaine sans qu'un nouveau sujet ne vienne apporter son lot d'inquiétude à notre territoire. C'est cette fois le président de la Région Provence, à qui la loi confie la compétence de la formation professionnelle, qui est venu ajouter un sujet de stress supplémentaire.
L'analyse qu'il fait de l'impact de la future réforme de l'apprentissage sur les centres de formation d'apprentis (CFA) de nos six départements, si elle est bien exacte — et pourquoi ne le serait-elle pas ? —, fait craindre pour le devenir de 39 de nos 55 CFA régionaux. Dont tous ceux du Var, et, naturellement, celui de... La Seyne.
M. MUSELIER N'A PAS TORT DE TIRER LE SIGNAL D'ALARME
La raison me dicte d'attendre le vote de la loi et les probables amendements qui modifieront les termes du projet gouvernemental. C'est prévu pour le mois prochain. Mais mieux vaut prévenir que guérir et, ça en étonnera sûrement beaucoup, je comprends et soutiens le choix du président Muselier dans la décision forte qu'il vient de prendre de suspendre le plan d'investissement régional des CFA. Par prudence budgétaire, sûrement, mais aussi certainement pour tirer le signal d'alarme avant que l'irréparable ne soit commis.
Un peu localement égoïste, j'en conviens, je pense d'abord aux besoins de formation aux métiers nécessaires à la dynamique économique de l'ouest de la métropole toulonnaise, en plein essor dans le cadre de notre Technopôle de la mer dont les entreprises, des très petites aux très grandes, scientifiques, de haute technologie, ou d'industrie innovante, dopent l'économie territoriale et ne sont pas pour rien dans les chiffres de l'emploi, encore fragiles mais bien meilleurs qu'aux alentours régionaux.
L'ÉCONOMIE LOCALE A UN BESOIN VITAL DES MÉTIERS DE LA MER
L'Institut de promotion et de formation aux métiers de la mer Michel-Serra (IPFM) — tel est le nom du CFA seynois — construit sur un terrain mis à disposition par la commune de La Seyne, créé et géré par la Chambre des métiers et de l'artisanat, initialement du Var et aujourd'hui de la région Provence Alpes Côte d'Azur, assure chaque année la formation initiale et continue de plus d'un millier de jeunes et d'adultes. On ne peut s'en priver.
Outre M. Muselier, auquel j'ai demandé qu'il nous précise la nature de son inquiétude, j'ai donc saisi Émile Guérel, notre députée de l'ouest varois, pour qu'elle se mobilise sur la question auprès du gouvernement et de ses collègues parlementaires, afin qu'elle puisse rapidement rassurer à la fois la Région, les chambres consulaires, les acteurs économiques et sociaux, et, bien sûr, l'ensemble de nos populations fières, à juste titre, de l'essor économique de notre territoire.
Mais je crois aussi de mon devoir d'interpeller la Chambre des métiers et de l'artisanat sur le contenu des formations, du CAP aux BTS et à la licence Pro, dispensées à l'IPFM de La Seyne. Je partage en effet avec nombre de chefs d'entreprises, et pas des moindres, la nécessité de recentrer sur les métiers de la mer l'ensemble des parcours proposés chez nous, ceux qui ont nécessaires à la dynamique locale. Il n'est pas logique qu'une très grande société locale, celle qui a la charge des futurs sous-marins nucléaires d'attaque, en soit à aller chercher des soudeurs... en Bretagne. Mais c'est une autre histoire.

