
Les bras m'en sont tombés, ce lundi matin, en écoutant sur France Inter cet invité à la voix jeune tenir des propos que n'auraient pas reniés certains anciens tenants aigris de la droite dure d'il y a cinquante ans, aux accents populistes, fustigeant, certes à mots édulcorés, les cheminots grévistes ou les vilains lycéens et étudiants trop « politisés » empêchant les jeunes sérieux de suivre leurs cours au péril de leur réussite universitaire, et appelant à la tenue « d'assemblées générales de déblocage » des facultés.
Quoi, me suis-je demandé, le vieux GUD, dont beaucoup de ceux de mon âge ont enduré les faits d'armes aux temps de leurs jeunesses estudiantines, renaîtrait-il de ses cendres, certes façon moderne, policée, nullement violente, mais non moins déterminée à briser les mouvements sociaux et pousser les consciences des citoyens-auditeurs, a minima, à s'offusquer des mouvements conduits par de dangereux perturbateurs de l'ordre établi, s'inscrivant pourtant dans les droits garantis par la Constitution de notre République ?
UN "NOUVEAU MONDE" VRAIMENT PLURIEL !
J'ai fini par entendre son nom de la bouche du journaliste : Gabriel Attal. Et comprendre qu'il est député de la majorité parlementaire. « Ce nom me dit quelque chose, mais quoi ?... », me suis-je questionné, me disant in petto « qu'il faudrait que je fouille ça, par curiosité » et aussi que « en tous cas, ce type n'a rien à voir avec les jeunes députés varois que je connais » et que « décidément, cette majorité du “monde nouveau" est sacrément plurielle ! ».
Ce jeune homme-là n'a non plus rien à voir avec les trois élus de la majorité municipale seynoise qui, issus de la gauche, membres des groupes « communistes et apparentés », radical (PRG) et républicains-citoyens (MRC) de notre conseil municipal, sont aujourd'hui aussi adhérents de La République en marche (LREM), et, après que je les aie mis à l'aise en leur indiquant que « nous ne serions pas fâchés pour autant » s'ils choisissaient d'adopter une posture politique distincte de celle de notre majorité communale, m'ont confirmé leur adhésion à notre projet municipal, assument avec constance et efficience leurs missions électives, œuvrent avec l'ensemble des élus de la majorité, n'ont aucune intention de la quitter, et formulent le vœu de voir perdurer l'unité des républicains de progrès qui animent l'administration de notre ville.
UN CHAMPION BIEN FORMÉ AU TRIPLE AXEL
Et je suis parvenu à identifier le gaillard. Là encore, grâce aux médias, rapportant tous azimuts une autre de ses sorties du jour qui m'avait échappée et en a fait bondir plus d'un : son appel en forme d'anathème stigmatisant à... « sortir de la grévitude ». Gabriel Attal est porte-parole de LREM et c'est... un ancien socialiste. Un qui, blâmant les étudiants d'aujourd'hui, s'exprimait il y a quelques années à leur propos en ces termes : « Je ne crois pas que les jeunes sont dépolitisés. Absolument pas. Les jeunes, je pense, ont plus de convictions que jamais. On les a vus dans la rue avec le CPE, on les a vus dans la rue au moment de Jean-Marie Le Pen au second tour (...) ». Impressionnant revirement !
Et j'ai soudain réalisé d'où je connaissais son nom ! C'était en 2012, tandis que les Seynois se mobilisaient par milliers pour défendre leur maternité publique. Il était membre du cabinet de Marisol Touraine, la ministre de la santé de l'époque. Celle, méprisante, qui, après avoir accompagné à La Seyne le candidat François Hollande venu promettre qu'il « y aurait toujours, ici, des accouchements », est, une fois ministre, devenue subitement sourde aux plaidoiries que nous avions alors développées en vain.
Ceci explique peut-être cela. Le bonhomme, manifestement un « pro de la politique », a été à bonne école.