C'est tout de même étrange que les médias, dont la presse régionale provençale et azuréenne, ne parlent presque que des longues mais nécessaires palabres entre les diverses sensibilités des gauches et des Verts pour parvenir à l'unité de projet du « pôle social et écologiste » en vue des élections législatives, et surtout en pointant les points de difficultés, tandis qu'elle n'évoque que fort peu les bisbilles au sein de l'extrême-droite d'une part et du pôle néolibéral et de droite d'autre part.
C'est bizarre parce que, tout de même, pour une fois, les progressistes sont à deux doigts de s'entendre largement. Tandis que chez les autres, il semble que c'est loin d'être gagné...
L'EXTRÊME-DROITE TRÈS LOIN DE LA VOIE DE SON UNITÉ
Du côté des fascistes et fascisants, les voix obtenues à la présidentielle sont finalement très partagées : Zemmour et Dupont-Aignan ont récolté dans le Var plus du tiers des voix de l'extrême-droite (16%), modérant ainsi (ouf !) le vote pour Le Pen (31%). Dans les Alpes-Maritimes, c'est encore plus marqué : plus de 16% pour les premiers et moins de 27% pour la seconde.
Les mouvements politiques de ces trois-là ne semblant guère disposés à s'entendre, un scénario similaire reproduit aux législatives pourrait écarter de légitimes inquiétudes. Aucun républicain ne pleurera de les voir se tirer dans les pattes.
LE CAMP LIBÉRAL ÉCLATÉ EN DE MULTIPLES PARTIS CONCURRENTS
Du côté des néolibéraux de droite et macronistes, ce n'est guère évoqué, mais ça ne semble pas aller beaucoup mieux. Outre La République En Marche (LREM) et le MoDem, qui déjà se tirent la bourre, s'ajoutent ça et là à la cacophonie le parti Agir, le Parti Radical, les partis des gens jadis de gauche aspirés par les sirènes du ni-ni macronien (les anciens socialistes de Territoires de Progrès ou de la Fédération progressiste, les anciens écolos de En Commun, les anciens souverainistes de gauche de Refondation républicaine), et surtout le parti Horizons, dont sont membres ou proches pas mal de figures varoises et maralpines de droite naguère engagées chez Les Républicains, ayant entrainé avec eux des bataillons entiers de leurs troupes.
RÈGLEMENTS DE COMPTES ENTRE BONS AMIS DE TOUJOURS
Que vont penser les Seynois de l'éclatement de la majorité de Mme Bicais, qui feint d'être unie autour de la candidature de M. Vincent alors que plusieurs de ses membres lui préféraient M. Capobianco, adjoint démis, sans compter le départ de M. Mansour, autre adjoint à la maire, des Républicains pour Horizons et, pire, le soutien de M. Tassisto, lui aussi adjoint, à Mme Le Pen qui n'embarrasse manifestement pas sa chef de file ?
Et quid de la députée LREM sortante, Mme Guérel ?
Et que vont ainsi comprendre les Toulonnais des candidatures concurrentes déjà annoncées de MM. Chenevard et Vitel, membres il y a quelques mois du même parti Les Républicains ?
SUR L'AIR DE « J'ARRIVE, EFFACEZ-VOUS »
Que sera l'issue des décisions des instances macronistes pour la circonscription de la grande ceinture toulonnaise (d'Évenos à Solliès-Pont en passant par le nord de Toulon) où la légitimité de la députée LREM sortante, Mme Muschotti, est vivement contestée par M. Falco, tout nouveau macroniste qui annonce soutenir contre elle la candidature de M. Musso, autre récent transfuge de la droite, alors qu'elle est seule députée de la majorité présidentielle issue de la gauche dans la grande aire littorale varoise, et donc a minima unique caution locale du refrain « et de droite et de gauche » (autre version du « ni-ni ») du Président réélu ?
Sans compter l'autre candidature de droite, celle, légitimiste des Républicains, en la personne de M. Argento.
MIEUX VAUT PERDRE UN PEU DE TEMPS POUR BIEN FICELER L'UNITÉ DE PROJET
De tout ça, on n'entend beaucoup moins parler que du report de quelques heures des discussions entre les Insoumis et leurs partenaires écologistes, socialistes et communistes.
On n'est pas à quelques jours près, l'important est que l'accord sur le projet soit obtenu au niveau national.
ET MIEUX VAUT RÉFLÉCHIR À DEUX FOIS AU CHOIX DES CANDIDATS QUI DEVRONT INCARNER LE PROJET PARTAGÉ
Quant aux candidatures uniques des gauches et de l'écologie, il sera impératif, lorsque les huit circonscriptions du Var seront réparties entre les divers mouvements politiques, de ne pas faire d'erreur de casting.
Il faudra qu'elles soient incarnées par des personnes adhérant clairement et totalement au programme partagé de l'Union Populaire, connues et reconnues dans leurs territoires, irréprochables quant à leur esprit unitaire, faisant consensus entre toutes les sensibilités par leur ancrage politique à gauche, et, pour celles et ceux qui siégeraient déjà dans des collectivités locales, par leurs histoires personnelles d'élus jamais entachées de quelque concession aux libéraux qui, dans les communes et cantons, administrent la quasi totalité du département.
Déroger à ces exigences risquerait de faire voler en éclats la démarche de rassemblement qu'attendent nos concitoyens. Ce serait une faute politique très grave.
Pur hasard, j'ai été questionné par un journaliste de Var-matin sur le sujet. Un article est paru ce 3 mai, jour anniversaire de la victoire du Front Populaire en 1936, que j'ai voulu évoquer en illustrant cet article de documents d'époque...