Ce dimanche, contrairement à 2002 et 2017, ce ne sera pas sans états d'âme que j'utiliserai le bulletin où sera écrit « Macron » pour empêcher le fascisme haineux, raciste et stigmatisant de faire vivre à notre pays, et notamment à ceux de ses habitants qui sont déjà les plus ostracisés et les plus malheureux, bien pire que ce qu'il subit déjà avec les politiques ultralibérales que leur impose depuis cinq ans l'autre candidat.
Mais je dois le faire pour mes petits-enfants dont les arrière-arrière-grands-pères, en Auvergne, en Provence et en Italie, ont payé très cher pour s'être engagés contre les dictateurs et collaborationnistes des années 1920 à 1945 dans lesquels des peuples aveuglés avaient hélas placé leurs espoirs.
Et surtout, déjà, doit se préparer le "troisième tour" de l'élection, celui des législatives. Elles peuvent permettre, alors que les Français sont partagés en trois blocs à peu près égaux, d'extrême-droite, de droite, et de gauche, l'élection d'une majorité de députés qui, quel que soit le vainqueur de dimanche, lui imposeront, conformément à la Constitution, un projet et un gouvernement de liberté, de justice sociale et de sauvetage de la planète.
MÉFIONS-NOUS DES SONDAGES : LE PIRE N'EST PAS À ÉCARTER
Les sondages donnent certes M. Macron gagnant à 56 ou 57 %. Je comprends ceux qui souffrent chaque jour un peu plus de ce qu'il nous impose avec arrogance et qui, se croyant assurés au vu des enquêtes d'opinion de ne pas subir le pire que la candidate fasciste projette en tentant de le masquer, veulent montrer leur rejet de la politique d'aujourd'hui en s'abstenant ou en votant blanc ou nul. Nul n'a le droit de les blâmer. Ils sont trop en souffrance.
Les sondages ont cependant montré leurs limites. Mélenchon était crédité de 16% des voix. Il a obtenu 22%. Dans un duel, 6% d'écart, auxquels peuvent s'ajouter environ la moitié des 12 à 13% de gens se disant certains d'aller voter mais n'ayant pas encore fait leur choix, ça peut faire basculer une prévision. Le risque fasciste est réel. Et les luttes qui seront de toute façon indispensables pour contrer les politiques inégalitaires et antisociales que réservent à la France l'un comme l'autre des candidats seraient bien plus dures à conduire face à un gouvernement totalitaire, s'attaquant à la liberté d'expression, encore plus violent, plus policier, tel que le rêve Mme Le Pen qui, ainsi que l'a relevé un éditorialiste de Var-matin, voit « son vernis de dédiabolisation s'écailler » dans la dernière ligne droite et révèle son vrai visage de fanatisme, d'intolérance, de haine et de fracture de la Nation par la stigmatisation de boucs émissaires.
VERS UN TROISIÈME TOUR SOCIAL, ÉCOLOGIQUE ET DÉMOCRATIQUE
Pour la suite, si M. Macron est réélu, je ne crois pas une seconde à ses volontés exprimées ces derniers jours de réorienter sa politique. Il faudra le lui imposer. Outre les luttes sociales, l'élection législative en sera l'occasion. Ne soyons pas trompés par la méthode de M. Macron qui, en monarque républicain, a tenté, cinq années durant, de faire oublier que la Constitution de la France stipule que c'est le gouvernement, sous l'autorité du Premier ministre, qui conduit la politique du pays, et non le Président de la République. Et l'exécutif ne peut le faire que soutenu par une majorité de parlementaires, notamment de députés à l'Assemblée Nationale auxquels la loi accorde le dernier mot sur les sénateurs.
La "tripolarisation" des Françaises et des Français entre l'extrême-droite de Zemmour et Le Pen, la droite de Pécresse et Macron, et la réunion des gauches et de l'écologie, offre une opportunité. En élisant en juin prochain une majorité de députés des familles politiques des gauches et écologistes, autour du projet de « L'avenir en commun » dont les orientations sont les plus partagées avec celles des autres sensibilités des gauches, le futur Président sera contraint de nommer un Premier ministre issu de leur camp et de constituer un gouvernement qui conduira une politique sociale, démocratique et écologique.
Le peuple de France l'a clairement dit à nos partis au premier tour. Ceux-ci doivent l'entendre et, depuis, leurs propos semblent rassurants. L'unité politique par l'union populaire est la voie de la raison. Au vu de ses scores du 10 avril, elle a les atouts pour déjouer les prédictions. Elle le fera. Un autre monde demeure possible.