Mes amis et anciens collègues élus des territoires urbains fragiles de la République m'ont invité à prendre part à la présentation de la « Harangue à la Nation » qu'ils ont lancée, portant la parole des 1514 quartiers prioritaires de France, à l'adresse de l'État, des candidats à l'élection présidentielle, et de l'ensemble des Français.
De droite, du centre, des gauches et de l'écologie, regroupés au sein de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France, que j'ai présidée de 2015 à 2020, ils ont une nouvelle fois parlé d'une même voix ce jeudi au cœur de La Goutte d'Or, ce quartier populaire parisien où nous accueillait Anne-Claire Boux, élue de l'arrondissement, pour que notre nation, comme l'a relevé une journaliste du Monde, « ne cède pas aux discours de haine qui saturent le débat public ».
Même si La Seyne a, de façon incompréhensible, quitté cette association transpartisane, les Seynois de Berthe et du centre-ville doivent savoir qu'ils peuvent compter sur des élus de toute la France engagés pour que le pays ne les abandonne pas.
Après la présentation d'une vidéo de quelques minutes (ci-dessus), ils ont longuement échangé avec la presse nationale et régionale sur un ensemble de constats et d'analyses qu'ils soumettent à la réflexion de la plupart des candidats à l'élection présidentielle.
J'écris "la plupart” car il en est certains, ceux de l'extrême-droite raciste et totalitaire, qu'ils ont jugé à juste titre inutile de convaincre au regard de leurs discours porteurs de haine et de discorde civile qu'il ont d'ailleurs déjà condamnés.
Première vice-présidente de Ville & Banlieue, Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes, a relevé que « c'est la première fois de [sa] vie politique [qu'elle] entend les habitants de nos quartiers être autant vilipendés ».
Elle a ajouté que « nous contestons fermement les idées reçues qui associent mécaniquement nos quartiers à l'échec, à la délinquance ou au communautarisme. Ces déviances ne concernent qu'une minorité bruyante. ». Un propos d'une élue de droite que certains autres élus de droite de chez nous pourraient méditer...
Avec la passion qui les anime, forgée par leur investissement du quotidien en faveur de l'égalité et la fraternité républicaines, chacun d'eux a plaidé pour que la Nation reconnaisse enfin que, comme ce fut d'une aveuglante évidence tout au long de la crise sanitaire, les habitants des quartiers populaires « ont soigné, nettoyé, servi, accueilli », qu'elle « a besoin d'eux », et que, en retour, « ils ont besoin d'elle ».
Dénonçant les inégalités flagrantes que subissent les résidents de nos grands ensembles et nos centres-villes dégradés au travers de nombreux exemples, dont certains sont illustrés par une série de courtes "capsules vidéo" (ci-dessous), ces élus de toutes familles politiques ont appelé d'une même voix à la création d'une « cour de justice d'équité territoriale » pouvant être saisie pour que soit imposée à la puissance publique par décision judiciaire la correction des inégalités constatées.
Ils appellent seulement la Nation à exercer son devoir républicain, comme elle doit d'ailleurs le faire dans le monde rural, lui aussi victime des mêmes types d'abandon.
C'est vrai dans les domaines de l'accès à l'éducation, à la formation professionnelle et à l'emploi, du logement, des énergies, du cadre de vie et de la transition écologique, de la santé et l'alimentation saine, des mobilités, de l'accès à la culture, de la pratique des sports et du droit aux loisirs émancipateurs, du vivre-ensemble dans la sécurité, de la vie sociale, démocratique et citoyenne.
Ces élus des communes et intercommunalités, grandes et petites, de métropole et des outremers, ne sont pour autant pas dans une démarche de présentation d'un catalogue de suggestions, de propositions, voire d'exigences, comme le font en direction des candidats de nombreux groupes d'influence à l'approche des échéances électorales.
C'est au contraire une invitation à ceux qui envisagent de présider aux destinées du pays à la réflexion et à l'échange, en retour de la formulation d'une volonté exprimée par les habitants d'être eux-mêmes reconnus comme actifs, imaginatifs, entreprenants, ainsi qu'en atteste la multitude d'initiatives économiques, sociales, associatives et citoyennes qui germent et s'exercent avec brio dans tous les quartiers populaires.
Ce n'est rien d'autre que l'expression de l'ambition d’une réconciliation républicaine par une relance d’un contrat social universel, un souffle nouveau et une dynamique, pour une nouvelle ambition, une nouvelle méthode de co-production et d’animation pour des solutions locales d’intérêt national, et le déploiement vital de moyens renforcés du droit commun.
Aux acteurs actuels de l'État, aux prétendants à ces fonctions, et à l'ensemble des Français, de tendre l'oreille, de réfléchir, de se projeter. Et, autant que possible, de répondre.
Nos acteurs politiques locaux, puisque La Seyne et la métropole toulonnaise sont concernés, pourraient aussi s'exprimer sur le sujet...
QUELQUES "CAPSULES VIDÉO" D'UNE MINUTE...
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