BUTI ET MENZEL-BOURGUIBA : À LA RECHERCHE DES ORIGINES DE NOMBREUX SEYNOIS
Des liens ancestraux unissaient ainsi La Seyne à la commune de Buti, en Toscane (Italie). Dès le milieu du XIXe siècle et jusqu'aux premières décennies du XXe, on a assisté à une forte migration économique de l'Italie vers La Seyne demandeuse de main d'œuvre pour sa construction navale, dans une France réputée terre des Droits de l'Homme. Ce premier mouvement a été amplifié par une migration politique : de nombreux Butesi sont arrivés dans les années 1920 pour fuir le fascisme italien. C'est ainsi que beaucoup de Seynois ont des ancêtres venus de Buti. Ils se sont installés chez nous, comme d'autres Italiens venus du Piémont, pas toujours accueillis avec ferveur, relégués dans les quartiers insalubres car alors encore marécageux de la Lune et des Mouissèques, mais, le travail industriel aidant, l'acceptation mutuelle s'est faite en une génération et ils fondèrent de nombreuses familles, d'abord entre époux compatriotes puis, très vite, entre Toscans et Provençaux.
Un ancien jumelage existait mais était tombé dans l'oubli. La création, à partir de 2012, d'un nouveau service communal, sans embauche, mais par réorganisation de nos ressources humaines, la « cellule Jumelages et relations internationales », a provoqué des demandes de la population et cette volonté a abouti, à force de recherches, à renouer des contacts privés puis institutionnels. Le souhait de nombreux descendants seynois de Butesi a débouché en 2014 sur la signature d'un nouveau « serment de jumelage » entre les deux villes. Les relations sont désormais étroites et continues. De nombreux échanges sont organisés tout au long de l'année dans les domaines de la jeunesse (voyages de découverte, accueil en résidence, accueil dans les familles), du sport (tournoi de rugby, de football), de la culture (participation aux fêtes locales, à des manifestations européennes comme la Journée Européenne des langues, un concert lyrique français-italien-allemand, rencontres autour de manifestations culinaires, chorales et philharmoniques), grâce à un tissu associatif et éducatif très engagé dans cette démarche dans les deux villes. L'insertion professionnelle a également profité de la relation : une jeune étudiante de Buti a fait un séjour d’un stage dans les services de la mairie en 2016, une autre en 2017. Une orientation a été prise en 2016 vers des objectifs de développement éducatif et économique mutuels, et des programmes communs, en réponse notamment des appels à projets européens, ont été élaborés dans le cadre « d'Erasmus + » (8 partenaires) et de « Maritimo » (5 villes autour du bassin méditerranéen ). En 2018, un projet « Europe pour les citoyens » ayant pour objectif de favoriser l'implication citoyenne des jeunes a été initié. Aujourd'hui, le service Jeunesse de la ville participe au développement de ces relations par le biais de ses Espace accueil jeunes (EAJ) : des séjours de groupes binationaux d'enfants et d'adolescents sont organisés deux fois par an, en juin et en octobre, à La Seyne et à Buti. Nos jeunes adolescents de l’EAJ Jules Renard iront présenter un de leurs travaux sur l'immigration en avril 2020 à la population de Buti et seront mis en relation avec un groupe de jeunes Butesi. Une soirée en leur honneur est prévue au théâtre de la ville.
Dans le cadre du réseau « Villes en Méditerranée », une relation avait été instituée en 1996 entre La Seyne et la ville portuaire de Menzel Bourguiba (منزلبورڨيبة), dans le gouvernorat de Bizerte (بنزرت) (Tunisie), appelée Ferryville au temps de la colonisation, abritant jusqu'en 1962 l'arsenal de Sidi-Abdallah de la marine de guerre française. Cette relation s'est récemment élargie vers le gouvernorat de Bizerte. Une rencontre a été organisée avec l'Université de Toulon en 2016. Des contacts réguliers ont lieu au niveau institutionnel. Les liens se sont resserrés avec la diaspora locale, la plupart des Tunisiens et des Français descendants de Tunisiens résidant à La Seyne étant originaires de la région de Bizerte. La branche tunisienne d'une association seynoise devrait pouvoir s'implanter prochainement dans la région de Bizerte et être ainsi l'outil privilégié de prochains échanges. Plusieurs élus de la ville, dans différents domaines, se sont rendus en Tunisie pour participer à des rencontres liées à la nouvelle gouvernance mise en place après les dernières élections locales tunisiennes. Des représentants de Menzel Bourguiba et de Bizerte ont participé aux célébrations et festivités du 14 juillet 2019 à La Seyne et une charte de partenariat a été signée avec Bizerte à cette occasion. Bizerte, La Seyne et Buti sont rassemblées autour des deux projets « Jeunesse » (#SeyneInternationaleet « Comment va la Méditerranée ? », qui débuteront en 2020. En janvier 2020 commencera en effet, sous la houlette de ladirection municipale 0-25 ans, le projet « Jeunesse V » financé par le ministère des Affaires étrangères, intitulé « #seyneinternationale », qui concerne Buti (Italie), Cần Thơ(Viêt Nam), Bizerte (Tunisie) et La Seyne. Ce premier projet va concerner sept jeunes adultes, dont quatre Seynois et un jeune de chaque ville partenaire effectuant un service civique international, pour un séjour de 6 mois sur des missions prédéfinies par les communes et rémunérées. Et l'autre projet, appelé « Priorité à la Jeunesse et à la Méditerranée » (PRIJIM), financé par la Région Provence, « Comment va la Méditerranée ? », est en cours d’agrément. Il concerne Buti, Bizerte ainsi que la Fédération Tofola Chaâbia au Maroc. 18 jeunes entre 15 et 25 ans, soit 3 groupes de 6, par ville en seront bénéficiaires, sur des missions innovantes en matière de préservation de l’environnement, en l’occurrence celui de la Mer Méditerranée que nous avons en partage. Une équipe projet est à l’initiative de ces actions sous l’impulsion de la direction 0-25 ans de la mairie, accompagnée de la « cellule Jumelages et relations internationales » et du tissu associatif, dont le BIJ et le Centre culturel Nelson-Mandela, et ont vocation à s'élargir à d’autres associations œuvrant dans les domaines de la jeunesse et de l’action sociale.
On le voit, avec la région de Bizerte comme avec Buti, les relations seynoises se sont beaucoup fondées autour des vœux des diasporas locales de ne pas oublier leurs racines et de s'appuyer au contraire sur elles pour qu'elles constituent un support d'ouverture au lieu d'un repli identitaire. C'est aussi pourquoi la recherche de la construction d'une relation est par ailleurs fortement encouragée par les représentants, au consulat et à l'ambassade, de la Guinée-Bissau en France. Nous avons même reçu la Première Dame du pays en septembre 2016. S'en sont suivies des relations régulières et chaleureuses avec la présidence et son cabinet et une lettre d'intention est en cours de rédaction. C'est dans le même esprit que des contacts ont été établi, à leurs demandes, avec les consuls généraux d'Algérie et du Maroc que nous avons reçus à l'occasion de la première journée de la coopération décentralisée en 2016. Un travail de mise en relation se construit en fonction des besoins identifiés. Ainsi, le Consulat général d'Algérie est très intéressé par les bateaux-bus de construction locale dans le cadre du désenclavement de la baie d'Alger, et, par ailleurs, une action de coopération décentraliséeest envisagée, dans la mesure où, comme on le verra plus loin, La Seyne est cité pionnière de ce dispositif dans le Var. Quant au Maroc, le Mouvement Tofola Chaâbia, fédération d'associations de loisirs et vacances de mineurs, est notre partenaire dans le dossier « Comment va la Méditerranée »avec Bizerte et Buti, évoqué ci-avant.
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