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LES SITES DE LOGEMENT SOCIAL GANGRÉNÉS PAR LES TRAFICS CRIMINELS

Il faut reconnaître que le problème est d'une rare complexité. Depuis deux ans, l’actualité est celle d'affrontements entre bandes rivales pour tenir le trafic de stupéfiants, et trop d'habitants de nos quartiers, notamment Berthe et La Présentation, vivent dans la gêne et la peur.

 

En effet, plusieurs immeubles où ces délinquants sévissent ont fait l’objet de dégradations, les visiteurs sont fouillés, quelques-uns subissent des intimidations physiques, tous ont leur qualité de vie dégradée. Une délégation de locataires a exposé son mal-vivre en des termes sans équivoque en mai dernier au ministre de l’Intérieur, en visite à La Seyne après dix-huit mois d'appels au secours que nous avons lancés à l'État.

 

Sur notre demande municipale, notre office public métropolitain d'HLM Terres du Sud Habitat (TSH) a fait ce qui relève de sa compétence pour atténuer la gêne : réparations multiples, propreté, évacuations de tout ce qui est entreposé pour ralentir l’intervention éventuelle de la police. La difficulté est qu’il faut recommencer chaque jour car, chaque jour, des barrières, des pneus, divers encombrants, sont redéposés. La situation est telle que ce qui est fait sans cesse n’est pas reconnu. C’est à la fois beaucoup et peu au regard de l’ordinaire et des terreurs. Toutes les autorités ont été alertées.

 

Dans ces circonstances, ceux qui subissent exigent un déménagement immédiat. Pour chacun, si cela était réalisé, ce serait peut-être une solution, mais, pour le quartier, hélas, non ! Le problème resterait entier : immanquablement, un autre bâtiment verrait la même situation se profiler. Pour autant, ceux qui en ont fait la demande la voient traitée selon les règles établies.

 

À La Seyne comme ailleurs, il n'y a pas de solution miracle, le problème est profond et ses racines ne datent pas d’hier. C’est l’affaire de notre société dans son ensemble : que faisons-nous pour empêcher les pauvres d’avoir recours au trafic pour survivre ? Les sociologues analysent les cadres désormais perdus depuis des décennies d’une gestion collective bâtie sur un projet commun, les principaux ciments qui assuraient la cohésion de la société  aux côtés des familles et de l’école : l’instruction religieuse, le syndicalisme, les partis politiques, les cercles laïques, les sociétés diverses d’entraide, de jeux, de culture ; ils enserraient l’individu mais lui fournissaient aussi des repères.  Aujourd’hui, l’individu veut le pouvoir pour lui seul, l’écoute disparaît au profit du seul point de vue que chacun veut imposer à tous ; le paradoxe réside désormais dans la quête du bonheur privé et du malheur public.

 

Et que faisons-nous aussi pour que les consommateurs ne trouvent pas dans la drogue le substitut à leur quête de bonheur ? La drogue est le premier « employeur » des jeunes des quartiers populaires français : 230000 « emplois », c’est plus que La Poste, plus que la SNCF, analyse le sociologue Jean Viard. Les familles sont en échec parce qu’elles vivent au jour le jour et parce que le miroir aux alouettes de l’argent gagné vite et sans effort est puissant. Pour l’heure, ceux qui viennent acheter et ceux qui vendent devraient être empêchés.

 

C'est pourquoi nous n'avons eu de cesse de réclamer à l’Etat d’y mettre les moyens de façon urgente et efficace. Rappelons les mots de Victor Hugo : « Vous n’avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l’homme méchant a pour collaborateur fatal l’homme malheureux ! ». À trop tarder, la situation deviendra irréversible, et les oiseaux de mauvais augures’en donneront à cœur joie, désignant des boucs émissaires et des coupables, dont le bailleur, puisqu'il est en première ligne. La bonne volonté et les promesses ne suffisent pas.

 

Une chose est sûre : nos quartiers populaires toulonnais, hyérois, seynois, et désormais ollioulais, sont rendus à un point de bascule  – c'est le ministre de l'Intérieur  lui-même qui l'a dit chez nous –. Nous pouvons enrayer cette violence, il ne tient qu’à nous, élus, autorités, bailleurs, locataires, de ne pas abandonner les quartiers à l’irrémédiable. D'accord ou pas avec sa politique générale, nous avons fait nôtres les paroles du Président de la République tenues lors d'une conférence de presse : « L’ordre public doit revenir et avec lui la concorde ». Nous avons également pris note de la volonté affichée par le ministre de l’Intérieur de revenir à l’ordre républicain. Et nous devons être justes et objectifs : nos exigences ont été entendues, et des moyens policiers sont arrivés à l'automne 2019, ainsi que relaté plus haut.

 

Cela dit, il ne faudrait pas que ces violences, malheureusement bien réelles, cachent l’embellissement du cadre général et réduisent à néant les efforts consentis. Les actions de réhabilitation ont transformé un ensemble de tours et de barres à l’urbanité défaillante en un quartier résidentialisé, fait de rues et de croisements repérés par des noms et des adresses, pour la plus grande satisfaction de ses résidents qui, dans leurs curriculum vitæ, leurs tâches administratives, ne se singularisent plus.

 

De même, n’oublions pas, avant de pointer les manquements de TSH, que la propreté, l’hygiène et la tranquillité dépendent aussi des locataires et de leur sens civique, que les dégradations, nombreuses, répétées, sont le fait d’habitants certes très peu nombreux, mais en déficit d'éducation civique, ou malveillants, en tous cas peu soucieux des autres, mais qui agissent sous le regard passif de la majorité de tous ceux qui subissent. Notre mission est d’abord de construire et d’entretenir, elle ne devrait pas être de réparer, réparer et réparer encore, même si cela est nécessaire, et que, dans l’ensemble, nous nous y sommes employés.

 

Certes, nous sommes perfectibles. Certes, il y a des exemples à charge, mais on ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure ! Sur un parc accueillant plus de 5000 foyers, les manquements, inadmissibles pour ceux qui les subissent, représentent moins d’une centaine de situations. Enfin, il faut tout de même rappeler qu'un bailleur social n'a pas de pouvoir de police, et que quelques locataires refusent obstinément tout traitement sanitaire, rendant inopérants ceux qu'on réalise. Réparer coûte très cher, pour parfois ne rien apporter de plus.

 

Pourtant, aujourd’hui, les finances de TSH sont équilibrées. Elles ne pourront le rester que si tous les habitants comprennent que la ligne des dépenses est limitée. Et nos tutelles doivent admettre que la situation est « extra... ordinaire » et qu’il faut en sortir, que le calme doit revenir, que la tranquillité se réinstaller, et que cette issue a un coût. Nous nous sommes tournés vers les autorités de l'État, elles ont reconnu nos quartiers fragiles de logement social comme QRR« quartiers de reconquête républicaine », elles ont accordé une présence accrue des forces de police, une doctrine d’actions concertées, des moyens d’agir. Et, depuis ces tout derniers temps, notamment avec les opérations « coup de poing » menées en coopération entre les polices nationale et municipale et le bailleur social, les actions convergentes de prévention et de répression ont permis de faire avancer ces quartiers populaires vers des lieux de droit républicain.

 

 

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Publié par Marc Vuillemot

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