Je ne suis pas de ceux qui auront trouvé beaucoup de bienfaits dans les dispositions de la loi dite « El Khomri ».
On se souviendra peut-être de mon adresse aux parlementaires varois pour qu'ils ne votent pas le projet de « loi relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels » qu'on a fait endosser à la ministre du travail.
Je dis bien « endosser » car je n'oublie pas que c'est le directeur de cabinet de son prédécesseur qui, bras armé du Premier Ministre Manuel Valls, est l'auteur du projet de loi, rédigé sans que Myriam El Khomri n'en ait connaissance, et que c'est bien Emmanuel Macron, alors ministre de l'économie, qui, faute d'avoir pu faire entériner par le gouvernement son projet de « Loi Macron 2 », a finalement obtenu gain de cause pour que la « Loi El Khomri » comprenne certaines de ses plus terribles dispositions, notamment relatives au licenciement économique et aux prud'hommes, contre lesquelles Myriam El Khomri a protesté en vain.
On me rétorquera qu'elle avait certes la possibilité de mettre en application le second terme de la célèbre alternative en forme de sentence de Jean-Pierre Chevènement qu'il s'était appliquée à lui-même pour protester contre la « parenthèse libérale » du gouvernement Mauroy II en 1983 : « Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne ! ». Ce n'est pas faux.
À L'HEURE DU BILAN, POUR LES HABITANTS DES QUARTIERS POPULAIRES
Mais, à l'heure du bilan, alors qu'il ne reste que quelques jours de vie au gouvernement, je ne veux pas retenir de Myriam El Khomri que les funestes dispositions de la loi qui porte son nom. Car, tant comme secrétaire d'État à la Politique de la Ville que comme ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, les résidents des quartiers populaires où vivent les personnes les plus éloignées de l'emploi, et parmi eux ceux de chez nous, à La Seyne, n'auront pas eu à se plaindre, loin de là, de la politique qu'elle a impulsée, notamment en matière de stratégies d'insertion professionnelle en leur faveur.
J'ai eu le privilège, ces derniers jours, d'être invité par la ministre, en ma qualité de président de l'association des maires « Ville et Banlieue » de France, à une rencontre d'échanges évaluatifs des dispositions qu'elle a pu mettre en œuvre depuis son arrivée au gouvernement en 2014. C'est déjà en soi une démarche honnête et courageuse, peu banale, à laquelle s'est d'ailleurs aussi livrée une autre femme de ce gouvernement, sa successeur à la fonction de secrétaire d'État à la Politique de la ville, Hélène Geoffroy.
UNE BOÎTE À OUTILS POUR L'HARMONIE TERRITORIALE
Et je crois devoir communiquer ces éléments de bilan à celles et ceux qui, comme moi, pensent que l'harmonie républicaine, sur nos territoires urbains aux populations si diverses, passe par la réduction des inégalités, et, qu'ils soient élus, services publics pour l'emploi, acteurs économiques, associatifs ou sociaux, s'investissent au quotidien pour y concourir. Je le fais non pas pour dresser le panégyrique de Myriam El Khomri, mais pour rappeler à tous qu'ils disposent, grâce à elle et ses équipes — et peut-être un peu aux recommandations que nous, les élus locaux, avons suggérées –, d'une boîte à outils, certes perfectible, mais à préserver, permettant aux plus humbles de nos concitoyens de gagner en dignité humaine.
Et ça se trouve sur ce lien.
Au revoir, Madame la ministre.