Décidément, le travestissement assumé des faits semble devenu le mode ordinaire de communication municipale à La Seyne. Il ne se passe pas quelques jours ou semaines sans que des affirmations sans fondement viennent justifier une analyse ou une décision. Et, lorsque ces assertions mettent en cause l'ancienne équipe municipale, celle-ci, ou les actuels élus minoritaires qui en sont pour partie issus, sont obligés de rétablir la vérité, parfois à nouveau contestée, contre l'évidence. C'est sans fin.
Après l'absurdité des chiffres de l'audit du Centre communal d'action sociale (CCAS) et l'inadmissible accusation fallacieuse d'une complicité d'associations avec une soi-disant « cinquième colonne islamo-gauchiste », voilà que, en une semaine, l'histoire locale est revisitée pour justifier la modération de la vitesse sur la corniche de Tamaris, et qu'on recuit à une sauce inventée celle du projet de cinéma à « l'Atelier mécanique » !
TAMARIS : UNE PISTE DE CHARS D'ASSAUT OU UNE PROMENADE LITTORALE ?...
S'agissant de la limitation de vitesse à 30 km/h sur la corniche de Tamaris qui, en soi, peut être une bonne idée, il suffisait à la maire d'expliquer sa raison : inciter les usagers autres que les riverains et les promeneurs du littoral à emprunter un autre itinéraire – en l'occurrence la route départementale reliant le centre-ville aux Sablettes par le Pont-de-Fabre, le Pas-du-Loup et Mar Vivo. Tout le monde aurait compris. Pourquoi diable aller raconter que la route de la corniche devrait retrouver son supposé usage paisible de promenade littorale d'antan ? C'est historiquement faux, la route n'a été réalisée au XIXe siècle que pour permettre aux véhicules de desservir la station de villégiature balnéaire que Michel Pacha a créée à cette époque. Le maire de Saint-Mandrier, précédent conseiller général du canton, et ingénieur retraité des CNIM, a par ailleurs récemment rappelé que cette voie servait... aux essais des chars d'assaut que les chantiers navals construisaient. On était loin d'une allée littorale apaisée.
Et il a bien eu raison de préciser que c'est le parti pris d'un usage partagé qui a prévalu lorsque, ensemble, à la métropole, nous avons élaboré le projet de réhabilitation, prévoyant une réduction de la largeur des chaussées pour ralentir les véhicules, des voies pour vélos et piétons, et des haltes en bordure du littoral. C'est ce programme dont nous avons obtenu que la métropole le finance et décide de le réaliser pour près de 40 millions d'euros. Espérons qu'il ne va pas être remis en cause au moment où il démarre !
UN PROJET DE CINÉMA SANS SALLE OBSCURE ?...
Quant au cinéma soi-disant disparu du projet de location de longue durée de « l'Atelier mécanique » à des opérateurs privés, les élus minoritaires des gauches et de l'écologie ont rétabli la vérité sur leur blog face à une grossière inexactitude. Je n'y reviendrai pas et j'invite les Seynois qui seraient encore dans le doute à en prendre connaissance en cliquant ici. La conseillère municipale d'opposition qu'était en 2019 l'actuelle maire n'a pas voté contre la dernière délibération qui permettait de faire avancer le projet. Elle a aujourd'hui changé d'avis, c'est son droit, elle est légitimement élue. Pourquoi ne pas le dire simplement ?
Peut-être est-elle, comme ça m'est arrivé, encline à penser que les opérateurs du programme de réhabilitation de « l'Atelier mécanique », des investisseurs qui patientent depuis des années et dont le rôle n'est pas celui de mécènes de notre commune, pourraient en avoir assez des atermoiements générés par les recours interminables devant la justice administrative, et qu'ils pourraient aller voir ailleurs. Peut-être a-t-elle eu des échanges en ce sens avec les opérateurs lassés d'espérer. Il suffit de l'expliquer à nos concitoyens. Pourquoi chercher à jeter le trouble dans les esprits en inventant, en interprétant, en omettant, et en récrivant l'histoire ?
Croit-on que tous les Seynois sont dupes des arrangements avec les réalités ?
Pense-t-on que la principale préoccupation de nos concitoyens, en cette période de lourdes difficultés sociales et économiques, est d'assister à des joutes entre la gauche et l'écologie d'une part, contraintes de rétablir les faits, et, d'autre part, la droite coalisée à la droite extrême, qui emberlificote sans cesse les réalités alors qu'elle est démocratiquement élue et donc libre de ses choix ?
La majorité municipale est-elle consciente du risque de voir l'autre extrême-droite, celle des militants RN assumés, qui compte les points, tirer parti de ses manœuvres ? En croyant discréditer la gauche, elle se disqualifie elle-même, et le danger est réel de voir demain une majorité de la population seynoise rejeter l'ensemble des acteurs politiques républicains de la commune, faisant le choix le plus sinistre qui puisse advenir dans une ville dont la situation mérite au contraire que la promesse républicaine s'y concrétise.