La députée du Var Cécile Muschotti (LREM) et le président de la métropole Hubert Falco (LR), chacun pour ce qui le concerne, ont agi avec efficience pour aider le groupe industriel seynois CNIM à franchir la mauvaise passe dans laquelle il se trouvait. Et il faut bien sûr s'en féliciter et leur en savoir gré.
Il reste que les solutions retenues questionnent et que ni l'État ni la direction du groupe n'évoquent leurs incidences sur le moyen terme. Certains à La Seyne, et non des moindres parmi les acteurs publics locaux, mélangeant d'ailleurs dangereusement les genres de l'action politique et du rôle syndical, ont peut-être tort de se réjouir trop vite de ce qu'ils mettent un peu exagérément à leur actif...
Oui, la société Paprec est entrée en négociation avec le groupe CNIM pour l'acquisition de la partie Opération & Maintenance (O&M) de sa branche environnement. Sur les sites spécialisés, il est évoqué un montant de 35 à 45 millions d'euros. Peut-être d'ailleurs, à l'heure où j'écris ces lignes, l'affaire est-elle finalisée. À La Seyne, ce secteur représenterait une quarantaine d'emplois sur environ 500 préservés – on l'espère – de ce secteur, répartis en France et à l'étranger dans les unités de valorisation énergétique du groupe.
DES VENTES DE SECTEURS ET LES BANQUES EN APPUI AU CAPITAL
Toujours suivant les mêmes sources du monde de l'actionnariat, après cette cession elle-même faisant suite à celle de la filiale Bertin Énergie Environnement, d'autres ventes seraient envisagées « pour quelques millions d'euros », mais, sans plus de précisions, de secteurs « loin du cœur de métier de CNIM ». Et, comme annoncé, les secteurs stratégiques, dont ceux liés à la défense, l'industrie spatiale et le support à la recherche scientifique, seraient sanctuarisés.
Le problème reste que les banques ayant octroyé des prêts à CNIM transformeraient leurs créances en ce qui pourrait être un ensemble d'obligations convertibles et donc interviendraient sous une forme s'apparentant à une entrée au capital. Si elles y demeurent minoritaires, le danger est moindre. Si tel n'est pas le cas, comme on disait aux comptoirs avant que le coronavirus ne ferme ces hauts-lieux de la démocratie du quotidien, ce ne serait pas la même limonade. D'autant que, malgré son immense savoir-faire, son aptitude à l'innovation, et la détermination de ses personnels, qui se sont dernièrement concrétisés avec des perspectives encourageantes, telles qu'un récent contrat de fourniture et d'essai d'aérostats de surveillance maritime pour Frontex, l'agence européenne de garde-côtes et garde-frontières, le résultat du premier semestre 2020 demeurait négatif de plus de 30 millions d'euros.
L'ÉTAT AU CAPITAL COMME GARDE-FOU
C'est pourquoi la dépendance aux banques est périlleuse si elle n'est pas assortie d'une garantie qu'elles demeureront minoritaires au capital du groupe. Et c'est pourquoi, plus que jamais, le bon sens commanderait que l'État, qui devrait avoir conscience de l'enjeu, pour l'emploi en cette rude période qui s'éternise et pour les secteurs stratégiques, ne s'en tienne pas à octroyer des prêts à partir de son Fonds de développement économique et social (FDES), mais se décide, comme je le réclamais il y a bientôt un an, et au moins jusqu'à ce que l'horizon se dégage durablement, à entrer au capital de CNIM.
Là, chacun, à commencer par les salariés, pourrait souffler. Et ceux qui auraient envie d'en faire un sujet de communication politicienne ne prendraient pas de gros risques.