Je n'ai rien dit parce que je croyais être le seul socialiste à être un peu resté sur ma faim l'autre jour, en apprenant par la presse la teneur de l'intervention télévisée du Président de la République. Mais, depuis, je relève que des responsables nationaux de mon parti partagent mon sentiment. De la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, qui a lâché "Ça va comme une socialiste dont le Président n'est plus socialiste", à Emmanuel Maurel, vice-président d'Île de France, qui explique que "face à une crise d'une telle ampleur, il faut des mesures beaucoup plus radicales ; il faut une réorientation de la politique économique", plusieurs cadres du PS ont dit ce que beaucoup de mes camarades seynois m'ont aussi glissé ces derniers jours. Et je ne parle pas de mes concitoyens !
DES EFFORTS POPULAIRES, MAIS DES CONTREPARTIES
Si je suis bien placé pour comprendre la nécessité d'être rigoureux dans la gestion, je crois comme le député Jérôme Guedj qu'il faut "un choc de relance" et "un choc de pouvoir d'achat".
Je le verrai un peu dans l'esprit de ce que, à notre petit niveau communal, ayant dû agir sur les impôts pour éviter la mise sous tutelle de la ville, nous avons, en contrepartie, institué un abattement pour les foyers les plus modestes et un autre pour les foyers où vit une personne handicapée, élargi et amélioré l'offre des services publics, modulé, réduit ou évité leurs tarifications, et créé les conditions publiques de la dynamisation économique privée par des chantiers générateurs de ressources et d'emplois, donc de pouvoir d'achat : rénovation de Berthe et du centre ancien, soutien aux entreptrises du pôle mer, constructions du casino, du port, du crématorium, de la cuisine centrale, etc.
DES PISTES POSSIBLES, RAPIDEMENT
Franchement, si ma confiance demeure entière en François Hollande, dont je pense qu'il tient un propos juste et honnête, je crois que, passé une première phase de gestion drastique, il faut un tournant avec des mesures qui doivent satisfaire la majorité de la population. On ne doit pas s'en tenir à des décisions sur la baisse des allocations familiales pour les plus riches, la taxation à 75% finalement payée par les entreprises et non par leurs rares très riches dirigeants, ou la simplification administrative.
L'amendement, ces jours prochains, par le Parlement, de la loi sur l'accord de flexi-sécurité du travail, en la modifiant dans le sens d'un rééquilibrage en faveur des salariés et des chômeurs, comme des TPE et PME, serait par exemple un premier signe positif.
Et, pour le maire que je suis, une relecture, d'ici 2014, de la décision de réduire les dotations de l'État aux collectivités, alors que celles-ci sont le premier donneur d'ordre du pays en matière d'investissement public, donc de soutien au secteur du BTP, et donc à l'emploi et la consommation, constituerait également une seconde bouffée d'air frais. Une révision de la fiscalité locale de nature à réduire les injustices territoriales apporterait aussi un souffle positif dont bénéficieraient égalitairement les plus humbles, qui sont astreints à des efforts impossibles, comme les classes moyennes, et même les plus aisés, qui vivent mal, en certaines communes pauvres du territoire national, de consentir, au nom de la solidarité, des contributions bien plus lourdes que dans la plupart des autres villes et villages.
Il en va du maintien de l'équilibre du pacte républicain.