10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 04:45

http://photo.europe1.fr/divers/retraites/22664729-1-fre-FR/retraites_scalewidth_630.jpgVoilà qu’on reparle des retraites. La réforme Fillon-Sarkozy avait amené les socialistes à participer aux manifestations aux côtés des organisations syndicales. Et François Hollande s’était engagé à rétablir un droit à la retraite à 60 ans pour les salariés ayant leurs annuités. Cette mesure de justice a été mise en œuvre dès les premières semaines du quinquennat et a fait honneur à la gauche. Alors...

Ce même engagement prévoyait une réforme négociée avec les partenaires sociaux portant, "dans un cadre financier durablement équilibré, sur l’âge légal de départ à la retraite, la prise en compte de la pénibilité, le montant des pensions et l’évolution des recettes indispensables à la pérennité de notre système de retraite solidaire". Le contexte actuel montre que cette pérennité doit être assurée dans la durée et ne saurait être mise en cause dans ses fondements au motif d’une conjoncture de faible croissance, alors même qu’une politique de relance doit être la priorité absolue. Nos retraites par répartition, les études le confirment, ne sont pas structurellement menacées. Engager une réforme des retraites ne paraît ni urgent ni opportun.

 

FAUT-IL INFLIGER UNE DOUBLE PEINE AUX SALARIÉS ET RETRAITÉS ?

Les retraités et les salariés de notre pays n'ont pas à payer une deuxième fois le prix de la crise. Si le déficit du système de retraites doit atteindre, dit-on, 20 milliards d'euros en 2020, c'est surtout du fait de la rechute de l'activité et de l'emploi ; donc la solution première ne peut consister qu'à tout faire pour sortir de ce marasme.

Il ne semble pas justifié de modifier à nouveau, dans l’urgence, les règles actuelles des retraites dans un sens défavorable, à peine trois ans après une réforme vivement combattue par la gauche aux côtés de la grande majorité des syndicats. Car des mesures d'austérité risquent d'aggraver les difficultés économiques au plus mauvais moment, alors que l'on n'aperçoit même pas encore l'esquisse d'une reprise.

 

NE VAUT-IL PAS MIEUX "BOOSTER" L'ÉCONOMIE ET LA CONSOMMATION ?

L'allongement de la durée de cotisation requise pour avoir droit à une retraite à taux plein aurait un caractère profondément anxiogène. Elle minerait la confiance des ménages et pousserait les salariés à épargner davantage en vue de leur retraite, précisément au moment où il faudrait soutenir la consommation pour relancer l'économie. Et retarder d'une manière ou d'une autre l'âge de départ en retraite, alors qu'on ne peut espérer un retour au plein emploi avant longtemps, ne peut qu'aggraver le chômage, celui des jeunes, confrontés à une pénurie de postes de travail, ou celui des seniors, obligés d'attendre plusieurs années dans une situation précaire entre le moment où ils cessent de travailler et celui où ils peuvent faire valoir leurs droits à la retraite. Ces idées risquent donc de s’avérer gravement contre-productives. Et, sauf à vouloir satisfaire les folles préconisations de la Commission européenne et des droites du continent, on se demande ce que la France aurait à gagner à s'engager dans un tel processus de régression sociale.

 

LES SOCIALISTES DOIVENT PARLER AU GOUVERNEMENT

 Il est essentiel que les socialistes, et même le pays, soient consultés sur des décisions qui sont avant tout des choix de société, des choix d’avenir, sur les moyens d’assurer une protection sociale de qualité, une retraite juste et décente à tous, et de corriger de réelles injustices : pénibilité, petites retraites, inégalités de genre.

Je suis de ceux des socialistes qui pensent que leur parti doit peser sur le gouvernement en qui ils ont confiance pour que priorité soit d’abord donnée à la dynamisation économique et à l’emploi. On sera toujours à temps de revenir plus tard sur le système si les recettes du « redressement productif » ne marchent pas.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Idées et politique générale