Hormis les associations sportives scolaires, il n'y a à La Seyne qu'un seul club de rugby, qu'un seul club de handball, qu'un seul club de basket-ball, qu'un seul club de volley-ball. Et certains sont même intercommunaux. Il est vrai que ces sports de balle, contrairement à tel autre plus populaire, se pratiquent plutôt de façon organisée que sur le mode du loisir et de la détente, dans une clairière forestière, un coin de place urbaine, une plage (au grand dam parfois des gens qui bronzent !), ou un autre lieu public ou privé, fût-il loin des normes règlementaires d'aménagement ou de sécurité. Et qu'ils comptent du coup moins de pratiquants, même si certains, tel le rugby, historique chez nous, ou le handball, dont les seniors retrouvent la Nationale 1, bénéficient d'une popularité croissante.
TOUS QUARTIERS, CONDITIONS SOCIALES, ORIGINES ET CULTURES
Du coup, enfants, adolescents, jeunes et adultes, y compris vétérans, quel que soit leur niveau sportif, le temps qu'ils y consacrent, l'envie qu'ils ont ou pas de participer à des compétitions, se retrouvent, issus de tous les quartiers, de toutes les conditions sociales, de toutes les cultures et origines, au sein de l'association unique qui leur permet de s'adonner à leur pratique de détente, de socialisation, d'entretien physique, physiologique et psychologique. Et les dirigeants de ces clubs sont eux-mêmes riches de leurs diversités. Une richesse qui profite à tous.
Lorsqu'il y a plusieurs clubs offrant la pratique d'une même discipline sportive sur un territoire, mis à part les petits clubs "loisirs", par exemple de quartier ou d'entreprise, le risque existe que ceux-ci, sans le vouloir, et souvent sous la pression involontaire de licenciés ou parents de jeunes licenciés, cristallisent des postures qui, sans aller jusqu'à générer un repli communautaire ou social, peuvent freiner la réalisation d'un des beaux objectifs que promeut le sport : la connaissance et la reconnaissance mutuelles, par l'activité commune de leurs temps libres, de gens, jeunes et moins jeunes, qui ne se seraient peut-être jamais rencontrés, parce qu'ils n'habitent pas le même quartier, parce qu'ils ne se ressemblent pas, parce qu'ils ne sont jamais amenés à se croiser.
LES VALEURS DES PIERRE DE COUBERTIN ET AUTRES LÉO LAGRANGE
Et, lorsque la localisation des équipements sportifs, diversement répartis sur le territoire, amène à une attribution de créneaux d'utilisation ne favorisant pas les échanges entre clubs, on peut finir par se regarder en chiens de faïence. On a connu ça à d'autres époques, lorsqu'un club n'accueillait quasiment que des licenciés d'un seul quartier, sur un seul stade du Nord de la commune. Et ce n'est pas vraiment l'esprit humaniste qui prévalait lorsque les grands pionniers du sport moderne, tels Pierre de Coubertin, rénovateur des Jeux olympiques en 1894, ou Léo Lagrange, tout premier sous-secrétaire d'État aux sports en 1936, ont posé les fondements sur lesquels des millions de nos concitoyens s'adonnent à leur loisir favori et se construisent de belles valeurs citoyennes.
Statutairement maire de tous, en partie garant de l'unité et la concorde communale, j'ai le devoir de me questionner sur cette réalité, comme l'a d'ailleurs fait il y a quelques années le député-maire d'une commune voisine. La disparition récente d'un club de plusieurs centaines de licenciés, suivie de l'intégration réussie de ceux-ci dans les autres, notamment l'un d'entre eux, si elle a d'abord été vécue comme un choc, a finalement attesté que le sport est un vrai beau facteur d'intégration sociale.
ET SI ON Y RÉFLÉCHISSAIT UN PEU ?
Trop respectueux de la liberté d'association gravée dans le marbre de la loi de 1901, je ne me permettrai pas de forcer à la fusion, maniant par exemple l'arme des subventions communales, mais j'ai le devoir, en ces temps difficiles de crise qui induisent égoïsme, repli sur soi et rejet, de poser la question et d'inviter les formidables bénévoles, qui portent à bout de bras leurs clubs, à échanger entre eux sur le sujet. Et, peut-être, ouvrir quelques pistes de partage...