Nous étions ce mardi autour de Frédéric Cuvillier, Secrétaire d'État à la Mer et aux Transports, de Guillaume Pépy, président de la SNCF, et d'Henri Poupart-Lafarge, patron d'Alstom Transports, pour la présentation officielle, en gare de Vaugirard à Paris, des nouvelles rames de train Régiolis. Nous, ce sont les représentants des douze Régions qui avons financé à la SNCF la commande de 182 de ces engins réellement modernes pour nos lignes de Transports express régionaux (TER). Une commande complétée de 34 autres rames achetées par l'État pour ses trains d'équilibre du territoire (TET), portant à 216 le nombre de trains commandés à l'entreprise française. Quand on dit que les collectivités assurent les trois quarts de la commande publique d'investissement du pays, et que leur réduire les dotations d'État est une hérésie, on en a là un bel exemple...
79 MILLIONS D'EUROS DE COMMANDE POUR 10 RAMES EN P.A.C.A.
Pour sa part, la Région Provence Alpes Côte d'Azur, a financé à 100% la SNCF pour qu'elle commande dix de ces rames (tout de même 79 millions d'euros...), dont la première devait être livrée en février dernier et ne devrait finalement l'être qu'en octobre, en plus de seize autres rames à deux niveaux, dites Régio-2N, achetées auprès d'un autre constructeur, Bombardier, elles aussi en attente de livraison. Passons sur le fait que la Région, qui paye 100%, n'est pas chargée de la commande (puisque c'est bizarrement la SNCF), ni de son suivi, par exemple pour booster lorsqu'il y a des retards de livraison, qu'elle n'est pas propriétaire ni en charge de l'entretien et de la maintenance ; je reviendrai là-dessus dans un autre article : mais on ne peut pas se contenter de jouer la vache à lait !
Considérons plutôt pour aujourd'hui le bon côté des choses : ces Régiolis sont des trains offrant 214 places assises et 161 autres debout, bi-modes et bi-courants (thermiques ou électriques, en 1500 volts ou 25000 volts), et pouvant donc fonctionner sur tout notre réseau régional, suivant les équipements de nos lignes. Ceux-là seront destinés aux lignes Marseille-Salon-Avignon et celle de la Côte Bleue, ainsi qu'à la nouvelle ligne Carpentras-Avignon.
AU-DELÀ DE LA QUALITÉ DU SERVICE, UN SOUTIEN À NOTRE INDUSTRIE
Mais on aurait bien besoin d'en avoir d'autres pour répondre à la croissance du trafic et à la surcharge des trains sur de nombreuses dessertes. On nage en effet en plein paradoxe : on veut bien faire pour le développement durable, on investit des moyens de fonctionnement conséquents pour inciter et faciliter l'usage des transports collectifs, par exemple avec notre "carte Zou !" régionale, on accroît en quatre ans de 30% le nombre des usagers de nos trains, on veut soutenir l'économie du BTP avec tous les aménagements de lignes, de gares et de pôles d'échanges multimodaux, et des acquisitions de matériel roulant fabriqué en France ou en Europe, faisant de nos Régions de bons élèves des politiques publiques nationales et européennes, et, pour nous encourager (je ne parle même pas de nous remercier !), le gouvernement nous réduit les moyens nécessaires à la poursuite de nos missions... Allez comprendre...
Et comprendre aussi, du même coup, comment l'État pourrait ne pas être à l'offensive quand, hasard du calendrier, l'entreprise française à qui on a commandé 216 trains serait à la vente, on dirait d'un côté que "l'État ne peut pas tout" et, d'un autre, ainsi que l'a à juste titre affirmé Frédéric Cuvillier ce mardi, que "L'État est garant de l'excellence française" et "Il est important de maintenir l'emploi et les centres de décision en France. Nous voulons créer une vraie filière ferroviaire en France".
En laissant acheter Alstom par General Electric, conglomérat américano-canadien, troisième entreprise mondiale, qui n'a sûrement que faire de nos petits soucis franchouillards et européens ?...