26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 01:44

http://dico-santequotidien.e-monsite.com/medias/images/ALERTE.jpgIls ont tous l'air d'être des braves gens, mes concitoyens seynois croisés au cours de cette journée de dimanche d'élection, avec lesquels j'ai échangé des poignées de main, des bises, et des propos sur tel ou tel sujet de leur quotidien. Plutôt de bons citoyens, même, puisqu'ayant été 5% de plus qu'en 2009 à avoir voté pour ce scrutin européen, même si La Seyne est à 4% en dessous de la moyenne nationale des votants, surtout dans nos quartiers populaires. Ce qui, d'ailleurs, est loin d'être réjouissant et mérite d'être spécifiquement réfléchi.

Il n'en reste pas moins que, contrairement à l'élection municipale d'il y a un peu moins de deux mois, car ils ont suffisament de sens politique et de connaissance des institutions, et savent distinguer les enjeux locaux des questions nationales et supranationales, les Seynois ont manifesté par leur vote que, vraiment, ça ne tourne pas rond, et que ça ne peut pas durer. En Europe, donc aussi chez nous.

 

UNE RACLÉE À LA SEYNE !

 Là, on ne rigole plus. À La Seyne, l'extrême-droite - parce que c'est bien de ça qu'il s'agit, certes pas des fascistes ou des nazis, mais en tout cas plus de simples droitiers populistes - était à moins de 11% il y a cinq ans ; elle frôle les 35% aujourd'hui. La droite perd huit points. Et la gauche presque autant si on exclut le vote "Nouvelle Donne", mais encore 4% de plus si on intègre le vote d'extrême-gauche.

Alors, bon, le premier ministre Manuel Valls, relayé par Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, explique avec une emphase de dramaturge qu'il mesure bien qu'il s'agit d'un vrai séisme. Mais il embraye en disant qu'il faut continuer la même politique. Et même lui donner un coup d'accélérateur.

Ça, c'est eux qui le disent. Moi, je veux juste livrer quelques-unes de mes réflexions, sans les juger, d'autant qu'ils appliquent la ligne majoritaire du PS, même si je pense qu'ils nous conduisent droit dans le mur.

 

NE POUVAIT-ON EXPLIQUER L'ENJEU : BATTRE LA DROITE EUROPÉENNE ?

 La première, c'est que La Seyne est une chose, la France aussi, mais que le sujet du jour, c'était le Parlement européen et la présidence de la commission. La droite européenne en sort gagnante, d'après les estimations du soir, et continuera donc, après dix ans d'exactions sociales, à conduire ses politiques dont nos 28 peuples feront les frais, pour le plus grand bonheur des ultra-capitalistes qui jouent de leurs marionnettes qui sont à la barre européenne.

Et mon propre parti en porte une responsabilité : avec son slogan de baratineur de tête de gondole de supermarché, "Choisir notre Europe", qui ne veut rien dire, et en tout état de cause illustre son incapacité à expliquer clairement à nos concitoyens que nos maux ne viennent pas de l'Europe elle-même, mais des choix politiques assumés de ses gouvernants de droite, et que l'enjeu était bien de faire basculer l'Europe à gauche, le PS n'a porté aucun propos d'espoir de changement. D'ailleurs, Vincent Peillon, notre porte-drapeau régional, devant moi, à La Seyne, et devant la presse locale, l'a lui-même déploré !

 

UN RETOUR DE MANIVELLE MÉRITÉ APRÈS AVOIR MÉPRISÉ LE VOTE POPULAIRE

 La deuxième, c'est qu'il faut arrêter de mépriser le peuple. Il y a neuf ans, en 2005, on lui a demandé de se prononcer sur le traité constitutionnel européen. Il a dit explicitement non, parce que pas assez social et trop dérégulateur. C'était clair. Mais les partis au centre des jeux politiques de la Vème République, l'UMP et le PS, ont décidé, au mieux d'être sourds et aveugles, au pire de s'asseoir sur le vote démocratique.

Et le peuple vient de leur rappeler que nos anciens n'ont pas versé leur sang pour que les citoyens, en république, puissent décider de leur devenir et que les délégataires de leurs choix n'en tiennent aucun compte. Eh oui, le seul hic, c'est que le peuple n'a pas la mémoire courte, et qu'il a manifesté une vraie défiance en l'acte démocratique - puisqu'il a été vécu comme ne servant à rien - en donnant ses voix à ceux qui, justement, et tant qu'à faire, jouent contre la démocratie.

 

IL Y A URGENCE : UN PLAN ROUGE POUR LE SOCIALISME

 La troisième, et je ne peux m'empêcher de faire des comparaisons avec une autre récente élection, c'est que, quand les sensibilités de gauche se parlent, et qu'elles parviennent à l'unité autour d'un projet commun, elles gagnent la confiance du peuple. Et même au-delà de leur camp, et nous, Seynois, sommes bien placés pour le savoir.

Oui, le mépris entre partenaires se paye tôt ou tard. Pas de la part des partenaires proscrits par le supposé plus fort d'entre eux, mais de celle des électeurs. Quand on joue la carte de l'union, fût-ce avec ses nécessaires compromis, on défie les lois des mathématiques, et 1 + 1 + 1 + 1 n'égale pas 4, mais beaucoup plus !

Alors, en ce petit matin blême d'un lendemain d'un grave tsunami, je veux dire aux miens - ceux de mon parti, bien sûr, et aussi ceux des mouvements politiques avec lesquels on peut et on doit avancer vers un nouveau front populaire - qu'on a atteint le niveau du déclenchement de l'alerte générale. Et qu'il est plus qu'urgent de mettre en branle le plan rouge.

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Publié par Marc Vuillemot - dans Idées et politique générale